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Souvenirs en la vallée
#1
Une petite balade nostalgique.
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La garde serrait les rangs, prête à défendre son roi et sa reine. L’officier scrutait la pénombre inquiétante des bois qui surplombaient la grande route de l’Est. Les récits de désastres survenus dans les déserts du septentrion hantaient sa mémoire de Gondorien.

Longeant de sombres bosquets, ils cheminaient sur la lande par un vent d’ouest vif et frais qui délavait le ciel de ses nuées blanches. La troupe quitta enfin la route, empruntant vers le nord, un sentier se perdant dans un bois de conifères tordus et couverts de mousses grises.

Le couple royal chevauchait à présent en avant de l’escorte. La haquenée de la reine allait bon train, comme à l’approche de l’écurie. Sa cavalière semblait perdue dans ses pensées moroses, vaguant au temps incertain des Elfes, entre présent et souvenir. À ses côtés, sur son destrier, le roi partageait son trouble, ému de revenir au refuge de son enfance. L’esprit assailli d’images d’autrefois, tous deux anticipaient la douleur – l’absence du maître des lieux.

Bientôt le sentier se perdit sous la pénombre des arbres, les contraignant à démonter puis à ralentir le pas sur le tapis d’aiguilles qui étouffait les sons. Arwen et sa jument se coulaient avec aisance dans le labyrinthe végétal. Aragorn peinait, tout comme autrefois, les ramures entrelacées entravant sa progression. Derrière eux, l’escorte dispersée s’efforçait de maîtriser ses chevaux, meurtris aux flancs par les branches basses. Curieusement, les gardes trouvaient toujours plus facile de progresser de biais, ou même de revenir sur leurs pas.

.oOo.
A suivre...
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#2
Oh... Sad Je ne me suis pas fendu d'un petit message pour te dire que j'étais ravi d'avoir l'occasion de relire une de tes nouvelles autour des membres de la Communauté! "Tavernier, on a soif!" Very Happy
Bladorthin
"Et puis, bien sûr, je compose quelques chansons. Ils les chantent à l'occasion, uniquement pour me faire plaisir, je pense..." (SdA, II,1)
Chaine Youtube: le Hobbit chanté en français
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#3
Merci Bladorthin !
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Puis le sol devint très inégal, encombré de rochers coupants. Les montures refusant d’avancer, Aragorn entonna un petit air elfique à l’oreille de Roheryn, qui finit par traverser la rocaille, guidé par la détermination et la confiance de son maître. Les gardes durent, de l’épée, écarter quelques serpents agressifs, sans toutefois les tuer, pour complaire à leur dame.

Des vapeurs flottaient dans l’air sous les branches et leur montaient à la tête, chargées de senteurs enivrantes de résine et de miel. Certains parmi l’escorte durent mobiliser toute leur force de caractère pour résister à cette brume de sommeil. D’autres se sentirent assaillis de dangers. Des craquements sourds et des froissements furtifs fusaient des arbres noueux. Un énorme tronçon de branche sèche tomba avec fracas devant eux. Ils durent lutter contre un enchevêtrement croissant de racines et de branches, sentant sourdre autour d’eux la rumeur désapprobatrice de la forêt en colère.

Ignorant délibérément ces menaces et faisant taire leur peur, les hommes arrivèrent soudain au bord d’un précipice. Une fine bruine s’élevait du gouffre, aux fragrances entêtantes et aux volutes hypnotiques.

.oOo.
A suivre...
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#4
Le maître des lieux n'est plus là, mais arbres et pierres en gardent mémoire ; mais ce n'est pas le pays de Houssaye.
Serait ce Fendeval ? Et qu'y cherche la dame sinon des frères ?
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.
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#5
En effet Sam, ça y ressemble...
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La reine Arwen, la gorge nouée, fouillait du regard la brume autour d’eux, s’attendant à chaque instant à voir surgir du brouillard, de sveltes silhouettes d’archers brandissant leurs armes sous les frondaisons de mélèzes. Mais la garde d’Imladris s’était évanouie.
– Par ici, souffla la reine en suivant l’arête du précipice sur leur gauche.
Aragorn se surprit, lui aussi, à anticiper les chuchotements de bienvenue et à regretter les quolibets amicaux, qui ponctuaient autrefois la lente avancée des voyageurs fatigués.
Enfin Arwen retrouva l’entrée dissimulée de la vallée secrète : l’à-pic se fit moins vif et les volutes dévoilèrent par instants un petit chemin muletier qui descendait dans les brumes, environné de sapins. L’écho confus d’une puissante rivière montait du vide, tamisé par le brouillard dense mais lumineux.

Ils descendirent longuement par l’étroit chemin, chaque homme tenant sa monture par la bride, à la suite de la reine.

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A suivre...
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#6
Soudain la brume se dissipa au détour d’un lacet : une large vallée se dévoila, surmontée d’un arc-en-ciel scintillant.
Sous un précipice d’une douzaine de toises, une pente raide de pins s’adoucissait en un dévers de chênes et de hêtres, pour se terminer par un espace clos en pentes douces de champs et de vergers. La vallée de la combe fendue était alimentée à l’est par une puissante chute d’eau, du pied de laquelle s’élevait un fin brouillard. La rivière traversait la vallée en chantant, et s’échappait vers l’ouest par un étroit défilé. L’air se réchauffa au fur et à mesure qu’ils dévalaient les degrés, révélant des effluves de sève et de pollen.
Des bosquets aux multiples nuances de vert avoisinaient de petites cultures qui luisaient dans l’air serein. Une harde de chevaux paissait au loin près du défilé occidental, dans les ombres projetées par un soleil déclinant. À présent, un ciel radieux régnait au-dessus de la combe, sans la moindre nuée. À l’orient de la vallée, sur les pentes supérieures près de la chute, de petites chèvres blanches gambadaient et faisaient tinter leurs clochettes en un joyeux chant de bienvenue.
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A suivre...
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#7
La douceur printannière effleurait les voyageurs de ses fragrances de vergers en fleurs. Les sons enchanteurs du renouveau allégeaient leurs membres fatigués et les transportaient en une époque d’innocence et de paix lorsque le monde était jeune. L’escorte devait à jamais se remémorer cette descente sinueuse parmi les terrasses de la vallée secrète, où s’attardait encore un peu de la splendeur des créatures féeriques qui avaient vécu là, en marge du temps des mortels.

Mais pour Arwen, chaque joie vécue autrefois dans la vallée, meurtrissait à présent son âme en ravivant la mémoire de son père le semi-elfe. Elrond s’en était allé, emportant Vilya avec lui. Le pouvoir des Hauts-Elfes s’était retiré de la combe, n’y laissant que la grâce du souvenir et la bénédiction du semi-Elfe, halo bienfaisant d’enchantements qui ravissait le cœur.

Pourtant, chaque souvenir heureux réveillait le deuil de la reine, dont les pas moururent d'eux-mêmes. Son visage creusé accusait les stigmates de sa condition mortelle.

Son époux la prit doucement par la main, la menant par le pont de pierre étroit et sans parapet. La rivière coulait sur un lit de galets multicolores, qui chatoyaient parfois comme des gemmes au fond du courant impétueux.

L’escorte contempla le grand château d’Elfes qui élevait ses pinacles non loin de la chute d’eau. Tous grimpèrent la courte pente et atteignirent le perron de la dernière Demeure Accueillante à l’ouest de l’ancien monde.

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A suivre...
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#8
Quelle chance d'arpenter de nouveau ce magnifique paysage... Un grand merci pour cette enluminure dans notre quotidien!
Bladorthin
"Et puis, bien sûr, je compose quelques chansons. Ils les chantent à l'occasion, uniquement pour me faire plaisir, je pense..." (SdA, II,1)
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#9
Merci Bladorthin !


Le portail s’ouvrit silencieusement et une compagnie s’avança pour les accueillir. La reine Arwen, qui redoutait ce moment, put enfin étreindre ses frères en laissant libre cours à son trouble. Ses larmes coulèrent longuement, emportant l’amertume et la peine dans les rires des retrouvailles.
Imladris était encore sa demeure.

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#10
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Le bassin d’argent luisait sous la lune. Lentement, Arwen souleva l’aiguière et y versa un peu d’eau. À la surface qui se troubla un instant, elle perçut le regard perçant et le sourire énigmatique de Galadriel, qui semblait l’encourager.

Arwen étendit alors la main au-dessus de l’eau, adressant une brève prière par-delà les abysses de la mer.

Le noble visage d’Elrond apparut, aussi grave qu’en ce jour où ils s’étaient quittés dans le royaume du Sud. Mais bientôt, le seigneur elfe arborait son sourire discret, tandis que le rejoignait Celebrian, son épouse à la longue chevelure d’argent.

Galadriel avait légué son miroir à Arwen, avec la complicité de ses frères. La reine calmerait son chagrin en contemplant le bonheur des siens, réunis en Valinor.
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A suivre...
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#11
Galadriel dans son miroir... Soupir... Grosse nostalgie...
Bladorthin
"Et puis, bien sûr, je compose quelques chansons. Ils les chantent à l'occasion, uniquement pour me faire plaisir, je pense..." (SdA, II,1)
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#12
Et ce n'est qu'un reflet, une image sur l'eau. Plus la moindre étreinte ou caresse avec lui, ni elle. Rien que le souvenir...
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.
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#13
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Le foyer chatoyait dans la Salle du feu. Les Dúnedain avaient adopté les traditions d’Imladris, où demeuraient encore quelques elfes qui souhaitaient s’attarder un peu en Terre du Milieu.

Sous la houlette d’une ancienne suivante d’Arwen, des jeunes filles humaines coiffées de couronnes de fleurs chantaient en Sindarin. Des jeunes gens déclamaient le lai de Tinúviel, encouragés par un Dúnadan, maître du savoir venu consulter la bibliothèque des fils d’Elrond. Le roi Elessar avait ordonné que plusieurs copies fussent réalisées, pour enrichir ou reconstituer les bibliothèques royales d’Annúminas et de Minas Tirith. Imladris accueillait à présent la jeune génération des Dúnedain d’Arnor, dernier refuge de la culture de l’ancien Ouest.

Alors que l’assemblée se laissait bercer par les strophes elfiques, Arwen, enfin rassérénée, posa son regard lumineux sur ses frères. Les jumeaux, par leurs attitudes, par la grâce et la force qui émanaient d’eux, lui rappelaient leur père, dont tous trois avaient hérité la chevelure de nuit.

Elladan s’entretenait avec Aragorn des progrès du royaume d’Arnor, des fondations réalisées et des entreprises qu’il préconisait. Il évoquait avec ferveur les terres à repeupler, les campagnes militaires à accomplir, les avant-postes à rebâtir, les cultures à semer. Se pouvait-il que la part humaine de ce frère se révélât plus forte en fin de compte ?

Le cœur d’Arwen balança un instant. La séparation au-delà des cercles du monde, serait une tragédie pour les jumeaux. Mais peut-être une telle séparation permettrait-elle à chacun d’eux de suivre sa propre destinée ?
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A suivre...
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#14
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Sa harpe à la main, Elrohir, de son côté, semblait revivre les scènes lointaines des batailles épiques du premier âge, par le pouvoir du haut-elfique qui donne forme aux mots ailés. Son fin visage, habité par le souvenir, se tourna un instant vers sa sœur.

Elle sut alors qu’il partageait sa nostalgie, son sentiment ineffable de perte. Car une part irrémédiable de la beauté du monde s’en était allée, à jamais inaccessible pour les exilés à qui Valinor se dérobait.

Mais un rire cristallin retentit sur la majestueuse véranda – de jeunes novices des Dúnedain jouaient, insouciants et joyeux, sous le regard de marbre des vénérables statues elfiques.

Certaines choses ne changeaient jamais…

Arwen sourit en elle-même. Elle aiderait son roi à transmettre ce qui pourrait subsister de la beauté et du savoir de jadis. Mais la vie poursuivrait son propre cours, rythmée par le besoin de ces enfants, de réinventer le monde.

Imladris, ancrée dans le souvenir, dérivait déjà comme un vaisseau emporté par la marée du temps. Mais peut-être surgirait-elle de temps à autres des légendes, pour rappeler aux humains ce que les forêts, les rivières et les arcs-en-ciel auraient à leur dire.
.oOo.
Fin
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#15
Merci !
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.
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#16
Une de tes plus belles réussites... La nostalgie qui en émane rappelle celle qui nous étreint à la fin du Seigneur des Anneaux. Merci!
Bladorthin
"Et puis, bien sûr, je compose quelques chansons. Ils les chantent à l'occasion, uniquement pour me faire plaisir, je pense..." (SdA, II,1)
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