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Bonjour! Dans les calendrier de la terre du milieu, les mois de l'année sont traduit selon leur sens litteral (Nínui= Watery) et leur mois correspondant (Nínui= Fevrier)
Or, dans le cas de Cerveth (Juillet), il n'y a que la traduction en le mois correspondant. Et le mois de Juillet étant étymologiquement rattaché au nom d'un empereur romain, je doute que Cerveth en soit la traduction littérale.
Ma question est donc, existe-t-il une traduction litterale de Cerveth?
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Non, pas à ce jour à ma connaissance. Diverses théories ont été proposées ("Poterie", "Récolte", "Moisson", "Coupe".. sur la base de diverses possibilités étymologiques alors à notre disposition), mais rien de certain. Bertrand Bellet récapitulait cela dans "Les mois et les saisons en Terre du Milieu" in Tolkien, le façonnement d'un monde, vol. 2 (Astronomie et Géographie), 2014, p. 63-64. A moins qu'une publication récente ait apporté un complément, on en est toujours là.
D.
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Je pense qu'on peut facilement admettre que le q. Cermië et le sind. Cerveth, qui désignent le même mois, possèdent le même élément initial. Première question, faut-il découper en q. cerm-ië, sind. cerv-eth (option la plus courante) ou en q. cer-mië, sind. cer-veth ?
Le premier choix dégage d'une part un suffixe q. -ië, marqueur habituel des noms abstraits et d'autre part un suffixe sind. -eth, non apparenté, mais probablement de même sens. Le problème est que cela laisse l'élément cerm-, particulièrement difficile à analyser, d'autant qu'il nécessite d'être à nouveau subdivisé en quenya, vu que le groupe rm ne peut que résulter d'une suffixation et que se pose alors la question de la voyelle devant être rattachée au m et de la raison de sa disparition. Une possibilité serait de postuler un nom q. #cerma, qui aurait la forme d'un nom d'outil, ce qui renverrait à une racine primitive KER- (voir ci-dessous), en admettant l'élision du a final devant le suffixe -ië. La difficulté subsistante est que cela ne fonctionnerait pas en sindarin, car dans ce cas il ne devrait pas y avoir (si je ne m'abuse) de mutation m > v dans l'élément initial.
Le second me semble plus intéressant depuis que nous connaissons l'existence d'un suffixe -mië dénotant "une action unique" (< *-(u)mē ; PE 17, p. 68 ). Dans ce cas, le suffixe sind. -veth ne serait pas apparenté et découlerait de la mutation de l'adj. meth "final, dernier", apparenté à methed "fin". Alors certes, il n'existe pas de racine KER- attestée, mais c'est du moins une forme qui correspond à la phonologie du quendien primitif. De plus, comme Bertrand l'a déjà indiqué (je ne me souviens plus s'il a été le premier à le faire), la proximité avec KIR- "couper, fendre, raser" pourrait suggérer un lien avec la moisson, plus précisément avec la fauche, sans qu'on puisse en être sûr. Dans cette optique, le nom quenya désignerait plus spécialement la "fauche" et le nom sindarin la "fin de la moisson". La variation KER- / KIR- pourrait indiquer une différence d'orientation : dans le second cas, fendre pour séparer ou passer au travers, dans le premier, couper pour rassembler. Cela reste néanmoins hypothétique, bien que cela aiderait à comprendre l'adoption de certa comme nom quenya pour les cirth.
Si on restait sur l'hypothèse #cerma, cela pourrait être un nom d'outil servant à faucher : faux, faucille, etc. Dans ce cas-là, la signification en quenya resterait globalement la même, mais se fonderait sur l'instrument plutôt que sur l'acte, mais cela me semble moins probable à cause de la difficulté phonologique que cela entraîne en sindarin.
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Merci pour la référence Hisweloke et pour l'analyse Elendil.
Citation :La difficulté subsistante est que cela ne fonctionnerait pas en sindarin, car dans ce cas il ne devrait pas y avoir (si je ne m'abuse) de mutation m > v dans l'élément initial.
Par pure curiosité car je ne me suis jamais vraiment penché sur l'étude du sindarin, pourquoi ce postulat ?
A première vue, la mutation m > v ne me semble pas rare ; par exemple, j'ai souvenir de Q Aman > S Avon mais il s'agit là il est vrai d'un m initial si on prend la racine (✓MAN).
Je n'ai pas le PE 17 sois les yeux mais n'y aurait-il pas des indications sur le sujet ?
aravanessë
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Ce qu'en disait Bertrand.
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(Et évidemment de rappeler, p. 96, à la suite de Jim Allan 1978 encore, que les mois du calendrier elfique font penser au calendrier révolutionnaire, sans que les correspondances soient parfaites. Juillet ~ Messidor, mois des récoltes (lat. messis).
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Pas d'info à ce sujet dans le PE 17 (très parcellaire pour les Appendices, hélas).
(16.11.2021, 17:38)aravanessë a écrit : Citation :La difficulté subsistante est que cela ne fonctionnerait pas en sindarin, car dans ce cas il ne devrait pas y avoir (si je ne m'abuse) de mutation m > v dans l'élément initial.
Par pure curiosité car je ne me suis jamais vraiment penché sur l'étude du sindarin, pourquoi ce postulat ?
A première vue, la mutation m > v ne me semble pas rare ; par exemple, j'ai souvenir de Q Aman > S Avon mais il s'agit là il est vrai d'un m initial si on prend la racine (✓MAN).
Le seul mot sindarin non composé qui semble présenter une mutation consonantique donnant f après un r est le sind. carfa- "parler", mais il est apparenté au q. carpa- (racine KARAP-), de même sens et dérive donc de p. Les exemples donnés par Bertrand sont corrects, mais concernent tous des mots composés (souvent anciens, certes), où la mutation a lieu en position initiale du deuxième membre, ce qui correspond plutôt à la seconde option proposée plus haut.
Cela dit, il est vrai que plusieurs mots noldorins semblent présenter une mutation m > v en position finale après un r : farf (q. farma), parf (q. parma), etc. Ma remarque n'est donc peut-être pas fondée.
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Merci Elendil pour ta réponse, je n'avais pas en tête l'exemple du S carfa- pourtant également présent dans PE17, uniquement des composés comme le Q formen > N forven dans les Etymologies. Mystère donc malgré une hypothèse a priori plus plausible que l'autre.
aravanessë
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N.B. Tiens, je n'ai pas ce farf (q. farma) dans le dico. sindarin & noldorin. ^^
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VT 46, p. 15.
A ton service s'il faut relire les A&C pour le dictionnaire, bien que je ne puisse le faire immédiatement. Pour l'heure je suis déjà très pris par le gros projet de Sosryko ; les gloses à vérifier, corriger ou rajouter se comptent par centaines.
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