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Le Noldo et la Mer
#1
Le soir tombait sur le rivage
Bercé par un clapotis lent,
Un elfe errait seul sur la plage
Accablé par le poids des ans.
 
Visage grave et traits tirés,
Il s'approcha de mes eaux claires
Semblant vouloir me confier
Son désarroi et ses misères.
 
"Salut à toi, noble élément,
D'Ulmo demeure et forteresse,
Deviens ce soir mon confident,
Sois le témoin de ma tristesse.
 
Souvent l’histoire de ma race
A maintenu un étroit lien
Avec un messager vivace
Que tu comptes parmi les tiens.
 
Nés sur les bords de Cuivienen,
Mon peule quitta ton parent.
La route fut longue et incertaine
Jusqu’à tes rives, cher océan.
 
La peur qu’en eux tu suscitas
Fut vite apaisée par Ulmo.
Et ton Seigneur leur affréta
Une île pour glisser sur ton dos.
 
Tu les menas en Valinor
Où nous coulâmes des jours heureux,
Lorsque notre ennemi Melkor
Commit ce crime si odieux.
 
Comme tu le sais, Belegaer
Là débuta notre tourment.
Nos cœurs aspirant à la guerre,
Nous prononçâmes le serment.
 
Puis aveuglés par la colère,
Usant pour encre de leur sang,
Oui, nous avons occis nos frères
Pour parapher ce testament.
 
Souillant ainsi Alqualondë,
Drapant de pourpre tes eaux claires,
Laissant ces corps inanimés,
Nous avons fui vers d’autres terres.
 
Et c’est en Terre du Milieu,
Depuis les bras de Gelion,
Que nous affrontâmes le feu
Pour les Joyaux de la Couronne.
 
Que de mémorables batailles,
Tant dans la joie que dans la peine !
Mais au tréfond de nos entrailles
Rien n’assouvissait notre haine.
 
Te souviens-tu à ce propos
De la terrible forfaiture ?
Dior tué, c’est dans tes flots
Qu’Elwing évita sa capture.
 
Même une fois, l’ennemi vaincu
Notre serment nous aveuglait.
Ils devaient nous être rendus
Et non confiés à Eönwë.
 
Ainsi dans son camp, faufilés
Recouvrant notre précieux bien
Nous fûmes punis par leur pureté
Qui brûla le sang sur nos mains.
 
Dernier méfait, tu achevas
Ce triste et meurtrier serment
Emportant mon frère avec toi
Me laissant seul dans le tourment.
 
Mais tu t’en doutes, Belegaer
Je ne suis point ici ce soir
Pour te parler de nos misères
Mais pour m’acquitter d’un devoir
 
Dans la défaite et la victoire
De nos histoires, tu fus témoin
C’est pourquoi je déclare ce soir :
De leur raison, sois le gardien »
 
Levant le bras d'un geste lent,
Portant le poids de ses remords,
Il me fit don de son présent
Et prestement quitta mon bord
 
Voilà comment en cette nuit
Confiant cela à mes flots,
Cet elfe triste me choisit.
Son fardeau devint mon joyau
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#2
Bravo, j'aime beaucoup ta complainte.
Je crois que j'ai deviné !
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#3
On en avait parlé sur le Discord donc je confirme que j'adore !

Comme nous l'avions également dit vite fait, je me permet de faire quelques commentaires, pas forcément pertinents, mais sur des passages que je ne suis pas sûr d'avoir compris :

(06.04.2021, 18:57)Alcarhatal a écrit : Tu les menas en Valinor
Où nous coulâmes des jours heureux,
Lorsque notre ennemi Melkor
Commit ce crime si odieux.

Ici j'ai l'impression que c'est le crime odieux qui a déclenché les jours heureux (il faudrait un équivalent de "jusqu'à ce que" à la place de "lorsque" non ?)

(06.04.2021, 18:57)Alcarhatal a écrit : Ainsi dans son camp, faufilés
Recouvrant notre précieux bien
Nous fûmes punis par leur pureté
Qui brûla le sang sur nos mains.

Qui brûla "le sang sur les mains" ? ça me paraît étrange : ici je pense donc au sang qu'ils ont sur les mains (au sens figuré, forcément) et je comprends que ce sang-là brûle (donc disparaît puisque je suis dans le figuré), donc un peu comme si la "pureté mentionnée" effaçait les crimes du narrateur. J'ai l'impression qu'il y a trop de raccourcis poétiques et je ne comprends plus trop...
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#4
Malgré quelques problèmes de métrique (mais je pinaille), je réitère mes congratulations pour ce texte.
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