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29.05.2018, 15:46
Il ne s'agit pas précisément d'une demande (sauf relecteurs éventuellement intéressés), mais d'un projet qui occupe une bonne part de mon temps libre depuis le début d'année : rien moins qu'un essai de traduction du Livre des Psaumes en quenya, ou plus précisément en parmaquesta, le quenya livresque, différent sur bien des points du tarquesta ("langue noble", donc quenya standard parlé) de la Complainte de Galadriel. - Par exemple, le rhotacisme ñoldorin z > r ne s'applique pas en parmaquesta, ce qui nécessite une certaine vigilance étymologique, dans la mesure où Tolkien orthographie souvent les mots concernés avec un r .
Je passe sur la question de l'anachronisme, qui pourrait bien sûr être débattue. Je rappellerai juste que Tolkien lui-même a traduit en quenya les prières du Notre Père, de l' Ave Maria, du Gloria Patri, du Sub Tuum Praesidium, du Gloria in Excelsis Deo et de la Litanie de Lorette, ce qui constitue un précédent intéressant. Par ailleurs, cette démarche s'inscrit dans la suite de celle de Helge Fauskanger, pionnier de l'étude des langues elfiques sur Internet, qui a traduit l'intégralité du Nouveau Testament et plusieurs livres de l'Ancien en quenya. - Je renvoie à son site les personnes curieuses de connaître les textes en question et les motivations de Helge : voyez la section "Post-Tolkien Quenya Compositions".
Autant que faire se peut, le vocabulaire attesté en quenya a été utilisé, mais il m'a plus d'une fois fallu recourir au qenya des premiers textes linguistiques tolkieniens, éventuellement en adaptant la phonologie, ou à des dérivations à partir de mots apparentés. Autant que possible, j'ai tracé l'origine de tous les mots utilisés, en explicitant mes choix le cas échéant, dans un lexique qui fait désormais une bonne douzaine de pages sur deux colonnes. J'ai toutefois essayé de limiter au maximum ces excursions créatives, même si je reconnais volontiers que dans de rares cas, il a fallu forger un néologisme à partir de rien. - Ainsi, vu qu'il n'y a pas de mot pour "soufre" ou pour "grêle" qui soit attesté en langue elfique, je me suis résolu à trouver une dérivation raisonnablement crédible à partir des racines elfiques attestées et des solutions suggérées par analogie avec les langues indo-européennes.
J'ai déjà complété 25 psaumes et ait entamé la traduction d'une poignée d'autres. Je ne compte plus le nombre de corrections successives menées à bien pour garder une cohérence d'ensemble et affiner la formulation de certains passages au fur et à mesure que je comprenais mieux le fonctionnement phonologique et grammatical du quenya. Pour la traduction, ne pratiquant pas l'hébreu, je me suis principalement basé sur la Chouraqui, une traduction juive extrêmement littérale, avec l'appoint de plusieurs traductions complémentaires pour mieux saisir le sens et la traduction possible des passages concernés, notamment la Bible de Jérusalem et la King James. Au rythme où je progresse, il me faudra encore deux ans pour voir la fin de ce projet...
Pour ne pas inutilement rallonger ce message, je vous donne le premier psaume (très court), accompagné de la traduction de la Bible de Jérusalem. Notez que des révisions ultérieures restent fort possibles, notamment en ce qui concerne l'ordre syntactique, car pour l'instant je n'ai pas encore cherché à mettre cette traduction sous forme poétique :
- Mána quén yë lá χilya hrúaron oré, lá χauta úcarindo-tiessë, lá χamu yaiwo-χammanna. (1)
Heureux l'homme qui ne suit pas le conseil des impies, ni dans la voie des égarés ne s'arrête, ni au siège des rieurs (2) ne s'assied,
- Mal fasta Yahwëo axandë ar hlussa axanzyá aurë lómisseyë.
mais se plaît dans la loi de Yahvé, mais murmure sa loi jour et nuit !
- (Nás) wai alda ana sírí alanwa, ya lúmezyassë yavë. Olassiezya lá quelë ; ilqua caritazya alë.
Il est comme un arbre planté auprès des cours d'eau ; celui-là portera fruit en son temps et jamais son feuillage ne sèche; tout ce qu'il fait réussit
- Laumë hrúain, naltë wai siltina ya þúlë fara.
rien de tel pour les impies, rien de tel ! (3) Mais ils sont comme la bale qu'emporte le vent.
- Sië hrúar lá oryuvar i Námiessë, ar lá úcarindor faimo-ocombessë.
Ainsi, les impies ne tiendront pas au Jugement, ni les égarés, à l'assemblée des justes.
- An Yahwë ista faimo-tié mal hrúa-tië wanya.
Car Yahvé connaît la voie des justes, mais la voie des impies se perd.
(1) La lettre χ désigne le son [x], comme c'est occasionnellement le cas chez Tolkien, même s'il orthographie souvent les mots correspondant avec un h, dans la mesure où ce son devient [h] en tarquesta.
(2) Comprendre : moqueurs.
(3) La répétition "rien de tel !" semble être un choix éditorial de cette traduction et ne pas figurer dans l'original hébreu, car on ne la retrouve pas dans les autres traductions que j'ai consultées.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
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Très belle initiative ! Je paierais cher pour avoir une version audio de cela un jour (peut-être via Glǽmscrafu ?)
Bon courage, Elendil
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29.05.2018, 18:06
(Modification du message : 29.05.2018, 19:12 par Aikanáro.)
Bravo ! Surtout que la parmaquesta est moins connue que la tarquesta.
Mára káne.
Une petite question de détail : pourquoi ne pas avoir traduit Yahvé par Eru ?
Tolkien a peut-être fait pareil, mais je n'ai plus la référence.
Anar kaluva tielyanna
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Félicitations pour ton beau projet Elendil
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(29.05.2018, 18:06)Sefanwë a écrit : Bravo ! Surtout que la parmaquesta est moins connue que la tarquesta.
C'est vrai, mais outre l'adéquation que je vois entre un texte de l'Ancien Testament (par opposition au Nouveau) et la forme d'écriture la plus conservatrice des Elfes, l'intérêt est de faciliter les transcriptions ultérieures. En effet, le tarquesta a l'inconvénient de générer des homophonies, qui nécessitent ensuite d'être résolues pour obtenir une transcription correcte en tengwar. Même Tolkien s'y est occasionnellement laissé prendre et n'a parfois pas suivi ses propres indications. Or j'escompte bien calligraphier le tout ultérieurement...
(29.05.2018, 18:06)Sefanwë a écrit : Une petite question de détail : pourquoi ne pas avoir traduit Yahvé par Eru ?
Tolkien a peut-être fait pareil, mais je n'ai plus la référence.
C'est une excellente question, qui nécessite une réponse circonstanciée. À ma connaissance, Tolkien ne cite jamais ce nom dans ses écrits linguistique (et même pas du tout, pour autant que je me souvienne). Mais je ne traduis pas parce qu'il s'agit d'un nom propre. De la même manière, Tolkien transcrit Marie par Mária et Jésus par Yésus, plutôt que de les traduire.
Incidemment, il faut aussi tenir compte du fait qu'on rencontre une multitude de noms de Dieu dans l'A.T., et le Livre des Psaumes est particulièrement riche de ce point de vue. Outre Yahvé, on trouve occasionnellement le nom Adonaï, qui signifie « Seigneur » et que je traduis logiquement par Héru. On y rencontre aussi une foultitude de variantes sur la racine El, qui est le nom sémitique habituel pour « Dieu, un dieu », notamment la plus classique, Elohîms et sa variante Elohaï. Les traductions rendent généralement Elohîms par « Dieu » et les autres variantes par « mon Dieu », ce que j'ai (pour l'heure) adopté en traduisant le premier par Eru et les autres par Erunya. Je n'exclus pas de revenir sur cette distribution ultérieurement, le jour où je prendrai le temps d'analyser le détail des significations de chacune de ces variantes théonymiques.
(29.05.2018, 18:06)Sefanwë a écrit : Mára káne.
Bonne valeur ?
E.
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(29.05.2018, 20:57)Elendil a écrit : Bonne valeur ?
Je voulais dire "Bon courage". J'ai dû me planter quelque part.
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Sacré projet
Félicitations et bonne chance pour la suite !
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Petite question, maintenant que je relis le sujet : je vois que les adaptations de Maria et Jesus (respectivement Mária et Yésus) comportent un accent long, alors je me demande pourquoi Yahwé n'en contiendrait pas. Comme je ne connais pas les raisons qui ont poussé Tolkien à mettre ledit accent, je ne pourrais bien sûr pas me prononcer : je soulève juste la question.
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(30.05.2018, 15:25)Dwayn a écrit : Petite question, maintenant que je relis le sujet : je vois que les adaptations de Maria et Jesus (respectivement Mária et Yésus) comportent un accent long, alors je me demande pourquoi Yahwé n'en contiendrait pas. Comme je ne connais pas les raisons qui ont poussé Tolkien à mettre ledit accent, je ne pourrais bien sûr pas me prononcer : je soulève juste la question.
Dans la mesure où hw est un groupe consonantique, il ne peut être précédé d'une voyelle longue, donc la question ne se pose pas en l'espèce.
Cela dit, c'est une bonne question. Pour l'instant, j'ai transcrit Jacob par Yaco, Sion par Sion et David par Lavir (oui, le quenya est très restrictif en matière de consonnes). Dans tous ces cas de figure, on pourrait imaginer que la première voyelle puisse être longue. Si quelqu'un a le temps de s'informer sur l'accentuation vocalique en hébreu, je suis preneur.
NB : Voici un exemple concret de mes difficultés : la conjonction de coordination vë "comme" est bien attestée dans la Complainte de Galadriel. J'ai longtemps hésité à l'écrire wë ou vë, selon qu'elle aurait une étymologie en *wē ou en *bē, sachant que Tolkien semble avoir hésité entre les deux au cours du temps. Je pensais avoir eu raison de trancher pour wë, compte tenu de l'étymologie mieux assurée de formes apparentées, comme la désinence possessive-adjectivale en -wa/-va. Sauf qu'en fait, je conclus désormais qu'il faut l'écrire... wai, car Tolkien affirme dans une note de 1968 que vë s'écrivait antérieurement vai, tout en maintenant la parenté avec la désinence susmentionnée (cf. VT 49, p. 32 n. 10).
Et cette question n'était pas neutre, parce qu'il fallait que je trouve une explication compatible avec la désuétude du pronom personnel vë ("nous" inclusif) en tarquesta pour cause d'homophonie avec la conjonction vë, sachant que l'étymologie (bien attestée) dudit pronom était précisément *wē. Or cette homophonie devait ne pas remonter plus haut que le tarquesta, sans quoi l'explication de Tolkien ne tenait plus... D'où cette nouvelle étymologie élaborée en 1968, je pense.
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Tu connais forcément ce site, mais au cas où :
http://biblehub.com/multi/psalms/1-4.htm
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De fait, je connaissais, mais je te remercie. D'ailleurs, je préfère Unbound Bible, qui propose un plus large choix, et notamment la Bible de Jérusalem, une des meilleures traductions françaises. Et malheureusement, il semble n'exister aucun site proposant la mise en parallèle de la TOB et de la Bible de Jérusalem, ce qui serait l'idéal pour moi. Sans compter que la Chouraqui n'est disponible dans aucune version parallèle et que la traduction de la Pléiade n'existe même pas en version électronique...
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C'est donc à moi de te remercier, car je découvre ! C'est un site assez impressionnant je dois dire.
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(29.05.2018, 20:57)Elendil a écrit : À ma connaissance, Tolkien ne cite jamais ce nom dans ses écrits linguistique (et même pas du tout, pour autant que je me souvienne).
On peut citer l'expression nai Eru tye mánata « que Dieu te bénisse » (PE17:75) utilisée par Tolkien pour exemplifier une formule quenyarine de souhait. On retrouve également Eru un peu plus loin dans un essai, PE17:105.
Citons aussi le PE22:165 où Tolkien donne Eru-indonen avec sa traduction « par la volonté de Dieu ».
(29.05.2018, 20:57)Elendil a écrit : Mais je ne traduis pas parce qu'il s'agit d'un nom propre. De la même manière, Tolkien transcrit Marie par Mária et Jésus par Yésus, plutôt que de les traduire.
Eru est employé de paire avec Mária et Yésus dans les Ave Maria du Vinyar Tengwar n°43.
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Oui mais, là encore (si je ne m'abuse), il ne s'agit pas du Tétragramme à proprement parler, mais plutôt du mot « Dieu » en tant que tel. La difficulté semble demeurer.
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(31.05.2018, 14:19)Lomelinde a écrit : On peut citer l'expression nai Eru tye mánata « que Dieu te bénisse » (PE17:75) utilisée par Tolkien pour exemplifier une formule quenyarine de souhait. On retrouve également Eru un peu plus loin dans un essai, PE17:105.
Citons aussi le PE22:165 où Tolkien donne Eru-indonen avec sa traduction « par la volonté de Dieu ».
Tout à fait, ces exemples montrent bien que Eru est la traduction adéquate pour "Dieu", terme qui traduit lui-même le nom Elohims dans l'Ancien Testament.
(31.05.2018, 14:19)Lomelinde a écrit : Eru est employé de paire avec Mária et Yésus dans les Ave Maria du Vinyar Tengwar n°43.
En effet. Comme le signale Dwayn, c'est bien l'expression "mère de Dieu" (et non "mère de Yahvé"), par exemple, qu'on trouvera dans l' Ave Maria, ce qui est parfaitement cohérent avec ce qui précède.
J'en profite pour signaler ici les néologismes employés qui me semblent les plus douteux, c'est-à-dire ceux qui ne s'appuient sur aucune étymologie elfique adéquate : - χelulo "grêle", de χelcë "glace" et ulo "pluie" (invention personnelle, faute d'étymologie claire pour les différents termes désignant la grêle en anglais, français, latin, etc.)
- χendalat "paupière", de χen, χend- "œil" et du qenya lat, latt- "clapet, rabat, petite porte, capot" (calque sur l'angl. eyelid)
- ancúmië "orgueil", de nucumna "humilié" en remplaçant le préfixe nu- "dessous" par an- "très, extrêmement", en considérant que la racine correspond au qenya cúmë "tas, charge, fardeau, pile"
- alamoinwa "salaire", de ala- "bien", moia- "travailler, être affligé" (apparenté à mól "esclave") et -nwa, terminaison participiale passive perfective (calque sur le latin de-seruire)
- natyar- "accuser", de tyar- "causer" et na "vers, en direction de" (calque sur le latin ad-causare)
- úrondo "soufre", de úr "feu, chaleur" et ondo "pierre" (calque sur l'étymologie latine de sulphur)
Tous ces termes sont éminemment contestables ; je regrette fort l'absence de la moindre indication de Tolkien qui permettrait de les éviter. En particulier, les deux premiers sont vraiment insatisfaisants, mais je n'ai pas trouvé mieux pour l'heure.
J'avoue une faiblesse pour ancúmië, qui se base sur une analogie ténue, mais qui me semble relativement défendable. Les trois derniers sont assez arbitraires, mais utiliser les étymologies latines me paraît être le moins mauvais choix, compte tenu du fait que le latin est l'une des principales sources d'inspirations de Tolkien pour le quenya (pour autant, alamoinwa n'est pas terrible...)
Bref, si vous avez des alternatives à suggérer (ou, mieux, si j'ai laissé passer un terme authentiquement tolkienien), je m'avoue intéressé.
E.
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Je viens de passer cette semaine une étape notable dans ce projet : j'ai terminé les 30 premiers psaumes. Pour fêter cela, quoi de mieux qu'une traduction ? J'ai choisi un texte peu connu : le Psaume 151.
Ceux qui ont lu la Bible savent sans doute que le Livre des Psaumes en contient pourtant 150 seulement, même en tenant compte du fait que la numérotation varie légèrement entre la tradition massorétique (juive, pour faire court) et celle de la Septante et de la Vulgate (les plus célèbres versions grecque et latine du corpus chrétien). Ce qui est tout à fait exact... tout au moins dans les Eglises occidentales. En effet, le canon orthodoxe connaît un cent-cinquante-et-unième Psaume, d'ailleurs considéré comme "hors numérotation", qui fait office de colophon à l'ensemble du recueil.
On a longtemps cru que ce psaume était très tardif et avait été rédigé directement en grec, ce qui aurait expliqué son exclusion du texte massorétique. Toutefois, la découverte des Manuscrits de la Mer Morte, vraisemblablement rédigés par la secte juive des Esséniens vers le IIe ou le Ier siècle avant notre ère a changé la donne. En effet, ces manuscrits ont livré une version hébraïque de ce psaume, d'ailleurs assez différente de celle collectée par la tradition orthodoxe.
J'ai ici traduit la version orthodoxe en me basant principalement sur le texte de la TOB, car ni Chouraqi ni la Bible de Jérusalem ne proposent de traduction de celui-ci :
- Ela lindë Lavirna intecinwa ar avanόtë. Yá amaχties rëa maχtanen anat ‘Oliat.
Voici le psaume autographe sur David et hors numérotation. Lorsqu’il lutta en combat singulier avec Goliath.
- Anen níca imbí χánonyar ar winyamo marsë atarinyawa. Nestanen mámai atarinyawa.
J’étais le petit parmi mes frères et le plus jeune dans la maison de mon père. Je faisais paître les moutons de mon père.
- Mányat acárastiet tantá, leperinyar eferyanier tantilá.
Mes mains ont fabriqué un instrument, mes doigts ont ajusté une harpe.
- An man nyarë sé Χérunyan ? Issë, i Χéru, hlazë.
Et qui fera l’annonce à mon Seigneur ? Lui, le Seigneur, lui, il écoute.
- Issë eleltayë tercánozyá ar amápiesen mámallon atarinyawa ar elpiesen elpazyό laivenen.
Lui, il a envoyé son messager et il m’a enlevé aux moutons de mon père et il m’a oint de l’huile de son onction.
- Χánonyar nér vaní yo χallai, mal i Χéru lá fasta tessë.
Mes frères étaient beaux et grands mais le Seigneur ne s’est pas complu en eux.
- Etettulien omentienna aianon ar ninna oχortayes naiquettalí cordonizyainen.
Je suis sorti à la rencontre vers l’Etranger et contre moi il a lancé des malédictions par ses idoles.
- Mal inyë amortayë macil pá ciucazyá, awácirien cazyá ar ocόlien nattiré waχáya Izrailό χínillon.
Mais moi j’ai tiré l’épée à son côté, je l’ai décapité et j’ai enlevé l’opprobre loin des fils d’Israël.
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Question très annexe : je vois que la majuscule de "l'Étranger" (verset 7) n'est pas retranscrite dans le texte quenya. Y a-t-il une raison particulière à cela ? Plus généralement, y a-t-il des spécificités dans la gestion de la casse en tengwar ?
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Les tengwar permettent de tenir compte de la casse. Sauf erreur, il semble que les majuscules soient exclusivement réservées aux noms propres et non aux débuts de phrase.
Pour la majuscule à "l'Etranger", je ne la comprends pas : les autres traductions que j'ai vues (il y en a peu) n'en mettaient pas. Incidemment, je ne crois pas que les caractères hébreux comportent des majuscules et la minuscule grecque n'apparaît qu'au IXe siècle. C'est donc ici un choix éditorial de la TOB, que je préfère ne pas suivre.
D'ailleurs ma traduction s'écarte légèrement de la TOB sur d'autres détails : je traduit "annoncera" au lieu de "fera l'annonce" et "j'ai coupé sa tête" au lieu de "je l'ai décapité" (dans ce dernier cas, faute d'un verbe adéquat attesté en quenya).
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Deux exemples des révisions périodiques que je mène et qui affectent ici le Psaume 1 (ce qui est désormais assez rare, vu le nombre de fois où je l'ai relu) :
- Tánen « in that way » > Sië « thus » (c'est plus léger et il est possible que Tolkien ait décidé de rejeter tánen, alors que sië ne pose pas ce problème).
- fastas > fasta « pleased » : de l'adjectif fasta, j'avais déduis le fait que le verbe fasta- (attesté) signifiait « avoir plaisir à », alors qu'il s'avère, après vérification, qu'il signifie « plaire à ». Du coup, il est ici préférable d'employer l'adjectif et de sous-entendre la copule : « [is] pleased ».
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Y a-t-il un tengwa différent pour z ou ss en parmaquesta ?
Si oui, j'ai oublié la référence.
Par exemple, comment transcrire lúmezyasse.
Anar kaluva tielyanna
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C'est la disparition du son [z] en quenya ñoldorin qui a conduit à un remploi du tengwa pour représenter le double ss (son [s:]), puisque celui-ci représentait précédemment [z].
En parmaquesta, la présence du son [z] fait qu'un [s:] sera représenté par un double ou par un doté d'une barre souscrite, comme les tengwar ordinaires.
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Une autre question :
Je suppose que tu ne comptes pas faire la même chose en sindarin, du moins pas immédiatement, mais je me demandais dans quelle mesure c'est possible. Y aurait-il besoin de faire beaucoup d'innovations (non seulement lexicales mais aussi grammaticales) pour s'adapter à la prose du Psalmiste ?
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Caveat : Mes connaissances en sindarin sont nettement moins avancées qu'en quenya.
A supposer qu'on ait désormais une vue suffisante des mutations consonantiques du sindarin (ce qui n'est pas impossible), je pense qu'on pourrait sans doute traduire l'un ou l'autre psaume, mais certainement pas tous. Il nous manquerait en effet du vocabulaire (qu'on pourrait compléter en partie grâce aux équivalents en quenya), mais surtout des connaissances décentes sur le fonctionnement du verbe en sindarin (il reste encore des incertitudes sur les terminaisons pronominales de certaines personnes, c'est dire...)
Cela dit, j'ai vu sur Elfling au moins deux tentatives déjà anciennes de traduire un psaume en sindarin. L'une d'entre elles comportait un nombre énorme de néologismes basés sur le quenya, ce qui avait entraîné de longues discussions. (NB : je reviendrai sur la question des traductions antérieures en quenya dans un prochain message.)
En fait, il serait sans doute plus facile de traduire un psaume en qenya des années 1920 ou même en eldarin commun plutôt qu'en sindarin, même si ce n'est pas impossible. Pour le noldorin des années 1930 ou le gnomique des années 1920, on pourrait aussi tenter la traduction d'un psaume court, à condition de bien le sélectionner. Par contre, pour le telerin, pour l'adûnaïque ou pour le westron, il faudrait une chance énorme pour arriver à en traduire un, vu que nos connaissaces de ces langues sont très parcellaires.
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(29.05.2018, 15:46)Elendil a écrit : Il ne s'agit pas précisément d'une demande (sauf relecteurs éventuellement intéressés), mais d'un projet qui occupe une bonne part de mon temps libre depuis le début d'année : rien moins qu'un essai de traduction du Livre des Psaumes en quenya, ou plus précisément en parmaquesta, le quenya livresque, différent sur bien des points du tarquesta ("langue noble", donc quenya standard parlé) de la Complainte de Galadriel.
Superbe projet et superbe travail.
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Cette fois, ça y est, je suis tombé sur un os de belle taille dans le Psaume 32 : comment traduire "mulet" ? Evidemment, pas la moindre forme attestée chez Tolkien. Idem pour "âne", d'ailleurs.
Manque de chance, quasiment toutes les langues européennes semblent tirer le nom de l'un et de l'autre des noms latins correspondants, mūlus et asinus. Deux noms qui ne seraient pas d'origine indo-européenne, mais viendraient d'une langue sémitique non identifiée, dont je n'ai pu trouver la racine. Le grec ancien est dans le même cas de figure.
Pour l'heure, j'ai opté pour múlus, calque sur le latin, du fait que cela ne cause apparemment aucune homonymie gênante, mais c'est un pis-aller. J'ai renoncé au grec pour des raisons de phonologie. Si quelqu'un connaît le nom et l'étymologie de ces animaux en finnois, cela me serait bien utile, encore que je crains que le finnois les ait emprunté directement ou non au latin. Et si quelqu'un a une meilleure idée que la mienne, il est vraiment le bienvenu.
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(Modification du message : 14.06.2018, 23:11 par Dwayn.)
Petite tentative : le mulet étant un bâtard entre un cheval et un âne, pourquoi ne pas utiliser l'expression "semi-cheval", calquée sur celle, attestée, de "semi-elfes" (Pereldar) ?
Le préfixe pour "semi-" : per- ;
"Cheval" : rocco.
On pourrait peut-être tenter un "perocco" ? Il y a peut-être des mutations à opérer, mais je n'en ai pas idée.
Concernant l'étymologie de "aasi" en finnois : https://en.wiktionary.org/wiki/aasi#Etymology …
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(14.06.2018, 22:31)Elendil a écrit : Manque de chance, quasiment toutes les langues européennes semblent tirer le nom de l'un et de l'autre des noms latins correspondants, mūlus et asinus. Deux noms qui ne seraient pas d'origine indo-européenne, mais viendraient d'une langue sémitique non identifiée, dont je n'ai pu trouver la racine. Le grec ancien est dans le même cas de figure.
Je n'ai pas vraiment d'explications à apporter ici, mes connaissances ont leurs limites. Je note toutefois l'existence d'un asilu en gotique, à Jean 12:14 : bigat þan Iesus asilu [...] ( Jésus trouva un ânon). Le mot est rare, car attesté seulement en composé ailleurs une autre fois dans la Bible gotique. Il s'agit sans doute d'un emprunt au latin par Wulfila.
Citation :Si quelqu'un connaît le nom et l'étymologie de ces animaux en finnois
En finnois, le mot est muuli. Il s'agit pour moi d'un import. L'étymologie est donc accessoire ici.
ᛘᛅᛚᚱᚢᚾᛅᚱ ᛋᚴᛅᛚᛏᚢ ᚴᚢᚾᛅ᛬
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Pour le gotique, l'emprunt au latin semble probable. Idem pour le finnois, bien qu'il ait pu y avoir des intermédiaires. Rien à glâner dans ce sens, donc.
Par contre, l'idée de Dwayn me semble excellente. C'est sans doute le mieux qu'on puisse trouver actuellement, même si ça ne résoud rien pour l'âne. Heureusement, je n'aurai pas besoin de ce mot pour les Psaumes ! Du coup, j'opte pour perrocco, car je ne vois pas de raison de supposer l'assimilation des deux « r ». Merci !
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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