~ Le Lai de l'Ainulindalë ~* - Version imprimable +- Forum Tolkiendil (https://forum.tolkiendil.com) +-- Forum : Tolkiendil - www.tolkiendil.com (https://forum.tolkiendil.com/forum-4.html) +--- Forum : Arts (https://forum.tolkiendil.com/forum-16.html) +--- Sujet : ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~* (/thread-8738.html) |
~ Le Lai de l'Ainulindalë ~* - Daeron - 12.01.2019 Chers amis, Je me suis permis dans le texte ci-dissous, de reprendre l'intégralité de l'Ainulindalë en le versifiant à la manière d'un lai. Je ne vous cache pas que j'aurais aimé voir ce texte écrit dans ce style par Tolkien lui-même. Si l'écriture ne fut pas très longue, la correction fut une autre histoire et je tenais à remercier chaleureusement Chiara Cadrich pour ses corrections et suggestions apportées à ce texte. J'espère ne pas mettre trop écarté du texte original et que cela plaira à ceux qui le liront. Je mets en pièce jointe ce texte en PDF. Bonne lecture. LE LAI DE L’AINULINDALË Rien n'était au commencement, à part Eru en son néant. La solitude était trop grande et son humeur un peu chalande. De sa pensée il engendra ; les Ainur, on les nommera. Par des sentences fort cordiales s'adressant à la collégiale il proposa différents thèmes pour donner vie à son mythème. Et un à un, chacun chanta, dirigé par le potentat et différencier les Ainur écoutant, aimant sans détour. À fur et mesure chacun s'étudia pour ne faire qu'un, et entonner à l'unisson ce que donneraient tous ces sons. Exquis, ce thème subjugua l'assemblée qui se prosterna devant Eru, sa mélodie, et ses accords en harmonie. Ilúvatar, une autre fois leur soumit un morceau de choix encor plus grand et merveilleux que son chant des plus harmonieux. Il la nomma Grande Musique et les Ainur d'Eru l'Unique doué de la Flamme Immortelle pourront prouver, devant l'autel, qu'ils ont bien ce don en jouant de moult verve et grand talent. Alors des voix éblouissantes en mélodie étincelante telle la harpe ou bien le luth l’orgue, la trompette et la flûte dans une harmonie si parfaite, Ilúvatar, le cœur en fête, emplit tout cet espace vide nuancé de couleurs vivides. Une musique absolue vint émerveiller l’ouïe du divin ; des douces mélodies en fuite s'enchaînent quasiment fortuites en allégro et crescendo, et semblent tirées au cordeau. Mais du fond de la mélodie de cette assemblée esbaudie commence à monter en puissance un contre-chant de dissonances. La composition de Melkor ne suivait ni thème ni corps s'aventurait bien au-delà de l’œuvre de ses frères las. La tempête et les turbulences des tourbillons de discordance les Ainur furent engloutis laissant leur œuvre inaboutie dans ces flots enflés de sarcasme en provoquant bien du marasme. Dans tous les sens les pensées fuient supplantées par d’ignobles bruits ; capharnaüm, cacophonie couvrent les chants de ces bénis en violence et en fureur jetant consternation et peur. Ilúvatar leva la main gauche tout en souriant, serein et relança le même thème qui fit prélude à ce dilemme ; il s’ensuivit une bataille Eru sans faire de détail en puissance monta d’un ton laissant ses ouailles à tâtons. Dès lors qu’ils stoppèrent les chants Melkor assura les devants ; alors la mine grave, Eru leva la main droite d’un coup et un troisième mouvement sortit du Chaos, enivrant. Tout en douceur et tendrement il naquit en frémissement en douce harmonie élégante prenant une force croissante. Face à face, Eru et Melkor dans cette joute à coup d’accords au trône haut d’Ilúvatar tonnèrent courroux et fanfare. Mais sans aucune inspiration sombrant dans la répétition le vil Ainur vint à faiblir sans cesser de surenchérir. À cet instant, las de tout ça Ilúvatar se redressa et cette fois de ses deux poings, il mit fin au vain contrepoint d’un accord venant de l’Abîme unissonnant aux sons des cîmes. Eru prit la parole et dit : “ puissants sont les Ainur, pardi et Melkor en est sûrement l’un des plus forts évidemment; mais apprenez qu’Ilúvatar est détenteur de tous les arts et ces thèmes que j’ai chantés je vous les montrerai d’emblée pour que vous puissiez enfin voir ce que j’ai concocté plus tard. Et toi, Melkor, nul ne jouera un thème qui n’est pas de moi. Celui qui ose le tenter étant l’instrument de mon gré ne pourra pas créer de thèmes qu’il eût imaginé lui même.” Les Ainur ébaubis de peur à l’écoute de la clameur sans vraiment comprendre les mots que Eru leur dit aussitôt et Melkor honteux et confus, la vengeance encor à l'affût, tous saluèrent la grandeur qui s’élevait, dans sa splendeur. Delà les régions harmonieuses, emmenant l’assemblée radieuse, alors qu’ils arrivaient au Vide il annonça d’un ton avide : “Ainur, voyez votre Musique !” Et cette vision magnifique devant leurs yeux leur apparut dès qu’Eru leur offrit la vue. Et dans le Vide, en suspension une sphère en gravitation semblant tout à fait différente de l’atmosphère environnante. Piqués par la curiosité ils se mirent à l’observer et furent fort émerveillés de ce qu’ils avaient pu créer. “Voyez encor votre Musique !” réitéra Eru l’Unique. “Ceci présent vient de votre art et chacun trouvera plus tard les créations issues des chants que vous avez chantés avant. Quand à toi Melkor, tu verras tes secrets et tu comprendras qu’ils ne sont qu’infime partie, tributaire de gloire aussi.” En ce temps-là, d’une voix claire, Eru parla à ses confrères, et ce discours fut si limpide qu’ils le prirent d’un air avide en découvrant ce qui était par le passé et ce qui est à présent, sans en délaisser ce qui sera...en destinée. Tous ces mots ne leur échappèrent, tels des enfants devant le Père qui, ne voulant pas tout montrer, garda pour lui quelques secrets. La vision d’un Monde nouveau leur paraissait si doux si chaud et tout à coup, stupéfaction ! ça attira leur attention. Voilà qu’une myriade d’êtres venant à peine d’apparaître en leur demeure aménagée peuplait ce Monde à peine né. Ils comprirent que ce fut Lui au troisième thème, celui où ils avaient baissé la garde en le laissant seul par mégarde ; et les Enfants d'Ilúvatar naquirent ainsi du nectar. Les Bénis ne purent étouffer la folle envie de les aimer comme le ferait un grand frère ; ils y voyaient l’esprit du Père. Ces Enfants nés de ses deux mains étaient qui Elfes, qui Humains les Premiers-Nés et Successeurs, vivant dans la même demeure, cernée des orbes flamboyants au bout des Profondeurs du Temps parmi d’innombrables étoiles peintes sur le céleste voile. Les Ainur, du moins, les plus forts allèrent vers ce lieu. Melkor, le premier arriva sur place se prit pour roi en son palace, croyant en son rôle majeur lors du thème si tapageur. Se croyant tel un souverain pour les Elfes et les Humains il désirait les dons promis qu’Ilúvatar avait transmis au moment de la création de la demeure en la région. Entre-temps les autres Ainur admiratifs des alentours du vaisseau de ce vaste Monde ne voyant pas le vent de fronde destiné à un triste sort par le condescendant Melkor. Les Elfes nommèrent la Terre, Arda, la création des Pères, dont les Ainur Exaltés, avec soins, inspectèrent tous les recoins. Ils sondèrent l’air et le vent, le fer, l’or, la pierre et l’argent tout ce qui la constituait ; ils portèrent un intérêt particulier à l’élément faisant les mers et océans : l’eau leur semblait bien plus porteuse de l’écho des voix mélodieuses émises en Grande Musique cette grande œuvre génésique. C’est à ce moment que les Elfes nommèrent les Ainur adelphes ; celui se rapportant à l’eau reçut le patronyme Ulmo tandis que celui de Manwë aux airs et vents fut attaché. Aulë méditant de la Terre en un Ainur simplement fier doté de talent et savoir autant que Melkor en pouvoir. Ilúvatar dit à Ulmo : “Melkor dispense bien des maux en ton domaine, une guerre, imaginant un froid d’hiver. Fais attention à cette neige ainsi qu'à ce givre, ce piège. Il a aussi dans sa besace sorti de son esprit fumasse la chaleur et le feu ardent détruisant tout de son mordant. Mais vois ces nuages changeants et la pluie tombante à torrent ils te rapprochent de Manwë l’un de tes frères, le plus doué.” À ces mots, Ulmo répondit : “En vérité, l’eau me ravit… elle est devenue bien plus belle que l’imaginait mon cœur, elle ne me parut pas si changeante au froid et aux chaleurs ardentes. Je m’en vais rejoindre Manwë et ensemble on pourra te jouer des mélodies pour te ravir et nous pourrons mieux te servir.” Au cours de la contemplation alors qu’ils miraient la vision, elle fuit en laissant sa place à l’obscurité faisant face ; s’étant épris de la beauté qu’ils avaient pu examiner, les Ainur restèrent pensifs devant ce retrait agressif. Bien qu’étant inquiets, les Ainur écoutèrent Eru à son tour : “Je sais que vos esprits désirent revoir ce Monde et vous ravir devant la beauté atypique venue de la Grande Musique. Alors je vous le dis : Eä ! Et que toutes ces choses soient ! J’épandrai la Flamme Éternelle, brillant comme une sentinelle trônant au cœur du nouveau Monde en oscillation vagabonde.” Une lueur venant au loin scintillant à brûle-pourpoint les Ainur ont les yeux brillants devant tant d'émerveillement. À ce moment, un choix se fit ; descendre sur Eä suffit ou rester près d’Ilúvatar pour qui se sentait moins castar. Les plus vaillants et débonnaires prirent la route de la Terre ; Eru posa des conditions aux élus de l'expédition. Leurs pouvoirs auront pour limite ce nouveau Monde où ils habitent ne seront plus nommés Ainur mais les Valar depuis ce jour. À leur venue en ce bas Monde et un arrière goût immonde de noter que rien ne ressemble à la vision perçue ensemble. Car la Grande Musique fut la naissance d’un enfant nu ainsi fut le commencement avant l’avènement du Temps. Dans ces déserts inexplorés des souvenirs immémorés, les travaux qu’ils entreprirent et la prophétie à accomplir, les occupèrent un moment au bord des Profondeurs du Temps. Les grands espaces, en leur sein, sont l’endroit parfait au dessein des Valar et de leur demeure ; ils accueilleront en clameur tout les Enfants d’Ilúvatar bien avant qu’il ne soit trop tard. Manwë, Aulë et Ulmo firent la plus grande part à construire ; c’est non sans l’aide de Melkor narcissique encor et encor cherchant à faire selon ses dires et l’urgence de ses désirs. Soudain, des colonnes noirâtres ne venant pourtant pas de l’âtre, montèrent en direction des cieux dans un acte irrévérencieux ; Melkor en être vil et fourbe, mit le feu aux forêts et tourbes et clama aux autres Valar : “Tous les Enfants d’Ilúvatar, tant Elfes, Humains, Premier-Nés que Successeurs iront d’emblée en mon royaume, ici présent, portant mon nom évidemment.” Même si dans l’esprit d’Eru, sans se soucier ni peu ni prou, il était frère de Melkor, malgré les moult désaccords, Manwë fit appel aux esprits pour contrecarrer le mépris qui tant accablait cette Terre et les exactions de son frère. “Tu ne prendras pas ce royaume ; les callosités dans nos paumes prouvent que nous l’avons bâti avec l’amour et l’empathie pour les Enfants d’Ilúvatar que tu aimeras tôt ou tard.” Ce fut à nouveau la discorde entre Melkor et la concorde formé par les autres Valar en œuvrant chacun dans son art. Melkor gagna d’autres régions pour espérer trouver légions mais au fond du cœur le désir qu’il pourra un jour asservir vraiment le royaume d’Arda malgré les dires du Vala. Donc afin de mieux s’intégrer les Valar muèrent au gré de la vision qu’ils eussent vu pour les Enfants et leurs vertus ; allant où bon leur semblerait tout en splendeur et beaux attraits afin de se confondre en eux et pour les comprendre un peu mieux. Lors ils aimèrent se vêtir mâle ou bien femelle à choisir, les différences de toujours depuis qu’ils étaient juste Ainur, réglées par les tempéraments et non le choix des vêtements. Et les Puissants avaient le choix pas forcément de reine ou roi pour les Enfants d’Ilúvatar se promenant de toutes parts revêtus de leur seul esprit tout volutes et draperies. Et en faisant descendre à eux des compagnons venus des cieux ils fondèrent l’ordre en Arda, instaurèrent le concordat. Et Melkor vit ce qui fut fait ; les Valar qui déambulaient de par le Monde aux yeux de tous dans ce jardin où la joie pousse. mais son envie irrésistible de devenir aussi visible emporté par la déraison sembla une triste saison. Sa forme était sombre et terrible, il semblait fort et invincible ; en un haut mont sur l’océan. Coiffé dans les nuages blancs, de glace, de flamme et nuée, aux yeux de braise et de fumée dans cette chaleur foudroyante et cette froidure mordante, il apparut en destructeur semant la crainte et la terreur. Ainsi, en Arda débuta la bataille des potentats entre Melkor et les Valar sans aucun secours des Eldar Les Valar peu à peu construirent et Melkor se mit à détruire, inlassablement et sans cesse, de toutes furies et bassesses contre ce qu’ils avaient créé ; les verts vallons furent comblés, les fonds marins anéantis, les hautes crêtes aplanies les terres fertiles détruites Et tout recommençait ensuite. Pourtant, rien ne fut fait en vain ; la reconstruction du destin d’Arda, maintes et maintes fois sans jamais y perdre la foi et que leurs imaginations changea en cours d'évolution. La Terre néanmoins prit forme Lent produit d’un labeur énorme. Tous les Enfants d’Ilúvatar y vécurent plus ou moins tard en leur demeure pour longtemps, au fond des Abîmes du Temps de façon incommensurable, ceints des étoiles innombrables. Encore merci Chiara. RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Chiara Cadrich - 13.01.2019 Il n'y a vraiment pas de quoi, cher Daeron ! Cette pré-lecture était un vrai plaisir. Je ne sais pas à quoi tu as carburé, mais je veux le même pétrole ! Voici en quelque sorte le premier chant de la légende des siècles d'Arda. RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - sam sanglebuc - 13.01.2019 tel des enfants devant le Père qui, ne voulant pas tout montré, garda pour lui quelques secrets. Montré plus que montrer ? Coquille ou choix osé ? Coquille ou choix oser Font un lai en-chanter Merci à tous les deux ! RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Daeron - 13.01.2019 Merci pour la remarque sous cette belle forme...c'est corrigé ! Par chance, si Chiara n'avait pas effectué les corrections, il y aurait eu plus de coquilles que dans un sac de moules ! RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Zelphalya - 13.01.2019 Bravo ! Belle performance Ça fait plaisir ! Je n'ai pas encore pris le temps de finir la lecture, il faudra que je le fasse. Une petite remarque : "De sa pensée il engendra ; les Ainur, il les dénomma." Je ne crois pas qu'on puisse dire que ce soit Eru qui les nomma Ainur. RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Daeron - 13.01.2019 "les Ainur, on les nommera" te conviendrait mieux ? RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Zelphalya - 13.01.2019 Ça me semble plus exact en tout cas RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Daeron - 13.01.2019 j'ai corrigé en espérant que cette forme au futur ne choque pas car tout le texte est au passé sauf le présent qui se trouve dans les dialogues. RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Dwayn - 15.01.2019 Diantre ! Quel travail :o Quelque chose à publier dans le prochain A&H, non ? RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Daeron - 16.01.2019 Non, je ne pense pas que ce genre de texte ait sa place ans l'arc et le heaume. Même si c'est dans la thématique, ce n'est qu'une réécrire versifiée de l'Ainulindalë sans aucune liberté. les dialogues sont sont quasiment identiques à l'original...D'ailleurs, tout est tiré de l'original. Je n'ai fait que écrire les vers à fur et mesure de la lecture, ce qui va très vite. RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Irwin - 16.01.2019 (16.01.2019, 11:12)Daeron a écrit : ... ce qui va très vite. (C'est impressionnant ! Je n'ai regardé que le début : j'attends de pouvoir le faire plus attentivement avec le texte original en parallèle) RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Mùriel - 16.01.2019 Merci pour ce poème qui a illuminé ma soirée ! Et chapeau bas, l'artiste ! RE: ~ Le Lai de l'Ainulindalë ~ - Daeron - 17.01.2019 Merci pour ces avis favorables ! J'ai longtemps hésité à faire ce travail car il n'y avait pas vraiment de créativité mais plus une réécriture en fin de compte. L'original étant déjà superbe, je craignais de m'attirer les foudres des puristes (ou peut être qu'ils préfèrent rester silencieux) en touchant à l'Ainulindalë. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire mais beaucoup moins pour les corrections. Bref, je suis assez fier de moi et c'est en partie grâce à mon co-correcteur. |