L'avantage, avec la fin de la diffusion de la première saison, c'est que les showrunners reviennent sur le processus et expliquent leurs choix dans les interviews, désormais. J'ai vu passer plusieurs points intéressants, mais aussi agaçants. Ils étaient vraiment dans la lignée des what if..., au fond, avec un traitement plutôt désinvolte de la matière : dans leur manière d'établir des équivalences entre le mithril et le vibranium marvélien, par exemple, je sens que ça ramène à l'idée que le fonds mythologique tolkienien, pour eux, c'est assez interchangeable avec le "background" des mondes imaginaires à la mode (collectifs ou non). Ceci explique cela.
Je pense qu'ils ont vraiment conçu l'affaire comme une tambouille à laquelle ils ont arrimés (volontairement ou non) des considérations plus commerciales et moins purement esthétiques. Cela ne veut pas dire que ce soit le pire dans ce qu'ils ont fait : je pense aux Harfoots, cela peut être sympathique (justement parce que c'est beaucoup, beaucoup plus simple à traiter que des attentes mythologiques, car pour moi, leur Galadriel et leur Sauron sont évidemment ratés si je prends quelque chose de tolkienien comme référence - ils en font quelque chose de très basique dans l'absolu). Leur Gandalf suscite au moins une forme de sympathie quand il cherche à savoir s'il est bon ou mauvais. Bon... c'est dérivatif et complètement opposé aux intentions de Tolkien, qui ne voulait spécifiquement pas de Gandalf au deuxième âge, pas d'hobbits présents dans la narration de celui-ci. Il avait ses raisons pour cela.
Je ne sais pas grand chose des showrunners, à part qu'ils semblent avoir orbité autour de J. J. Abrams (qui est controversé, je trouve qu'il y a du bon et du moins bon dans ses réalisations, ses approches et ses procédés habituels) et qu'ils ont travaillé plutôt sur des projets de SF (ils doivent bien connaître les mondes imaginaires de "geeks"). Je les soupçonne d'avoir sous-estimé la spécificité d'une partie au moins des tolkienophiles et des amateurs de Tolkien qui tiennent à l'œuvre et à l'univers d'une façon différente et plus profonde que les amateurs des grands univers de fiction (notamment ceux qui sont collaboratifs, directement liés à l'écran dès l'origine).
Dans l'affaire de Galadriel/Sauron, je soupçonne un traitement incomplet de la cohérence et des motivations : ça ne tient pas complètement debout, même pas du tout sur certains points, parce qu'ils ont favorisé d'autres aspects et avaient besoin de forcer les choses pour aller du point A au point C en passant par le point B...
Mais les productions récentes ont habitué à ce genre de traitement assez désinvolte, qui fait tâche lorsque l'attente d'une partie du public est une forme de cohérence, de réalisme ou de possibilité de profondeur au-delà des fils du marionnettiste. Je pense par excellence à la dernière trilogie Star Wars ici comme référence de se côté désinvolte et de la rupture qu'il produit (les gestionnaires de la cohérence du nouveau canon de Star Wars se sont arrachés les cheveux pour justifier a posteriori la "bonne idée" de faire revenir Palpatine des morts, par exemple : ils n'ont pas réussi, mais le plus grave, c'est que cette idée a mis à mal la finalité de la saga et des deux premières trilogies). Cette trilogie Star Wars a d'ailleurs montré qu'on peut complètement modifier une perspective d'un volet à l'autre. Mais cet univers est aussi l'exemple de certains procédés borderline que je trouve très intéressants pour étudier les choix scénaristiques dans ces grands univers populaires (Darth Maul qui revient des morts, Ahsoka Tano inventée après l'épisode III mais j'ai toujours trouvé qu'elle ne pouvait pas s'intercaler comme un cheveu dans la soupe à l'histoire originelle, malgré toutes les tentatives des scénaristes...).
Je prends ces exemples, parce que pour moi, ça ne fonctionne pas : le Anakin Skywalker de l'épisode III est un personnage qui n'est pas conçu comme ayant eu une apprentie entretemps qui serait devenue un personnage aussi important pour lui ; Darth Maul a été conçu pour périr à la fin de l'épisode I et ne pas revenir, à plus forte raison parce qu'il était trop proche de Palpatine/Sidious et que sa survie poserait des problèmes de cohérence. Or, Maul était un personnage favori des "fans" et une fois les quelques histoires sur sa jeunesse publiées (donc une prise en compte de l'intérêt pour le personnage qui restait dans le cadre parfait de la cohérence interne) on a vu qu'il y avait du potentiel commercial et dramatique pour le faire revenir, mais au risque de nuire à la cohérence interne de la fiction cette fois-ci. Ahsoka a été inventée et interposée dans l'histoire d'une façon similaire, car on lui supposait un potentiel attractif fort, ce qui a été ensuite confirmé - mais là encore, il faut accepter la supériorité de cette attraction sur le principe de cohérence pour apprécier complètement cette inclusion.
Idem, donc, du côté de TROP, avec les Harfoots - sauf que cette fois-ci la source les omettait explicitement, à l'instar de Gandalf (même si, je sais, certains utilisent deux ou trois phrases à propos d'Olórin pour faire mine que tout ça est possible ).
Je pense qu'ils ont vraiment conçu l'affaire comme une tambouille à laquelle ils ont arrimés (volontairement ou non) des considérations plus commerciales et moins purement esthétiques. Cela ne veut pas dire que ce soit le pire dans ce qu'ils ont fait : je pense aux Harfoots, cela peut être sympathique (justement parce que c'est beaucoup, beaucoup plus simple à traiter que des attentes mythologiques, car pour moi, leur Galadriel et leur Sauron sont évidemment ratés si je prends quelque chose de tolkienien comme référence - ils en font quelque chose de très basique dans l'absolu). Leur Gandalf suscite au moins une forme de sympathie quand il cherche à savoir s'il est bon ou mauvais. Bon... c'est dérivatif et complètement opposé aux intentions de Tolkien, qui ne voulait spécifiquement pas de Gandalf au deuxième âge, pas d'hobbits présents dans la narration de celui-ci. Il avait ses raisons pour cela.
Je ne sais pas grand chose des showrunners, à part qu'ils semblent avoir orbité autour de J. J. Abrams (qui est controversé, je trouve qu'il y a du bon et du moins bon dans ses réalisations, ses approches et ses procédés habituels) et qu'ils ont travaillé plutôt sur des projets de SF (ils doivent bien connaître les mondes imaginaires de "geeks"). Je les soupçonne d'avoir sous-estimé la spécificité d'une partie au moins des tolkienophiles et des amateurs de Tolkien qui tiennent à l'œuvre et à l'univers d'une façon différente et plus profonde que les amateurs des grands univers de fiction (notamment ceux qui sont collaboratifs, directement liés à l'écran dès l'origine).
Dans l'affaire de Galadriel/Sauron, je soupçonne un traitement incomplet de la cohérence et des motivations : ça ne tient pas complètement debout, même pas du tout sur certains points, parce qu'ils ont favorisé d'autres aspects et avaient besoin de forcer les choses pour aller du point A au point C en passant par le point B...
Mais les productions récentes ont habitué à ce genre de traitement assez désinvolte, qui fait tâche lorsque l'attente d'une partie du public est une forme de cohérence, de réalisme ou de possibilité de profondeur au-delà des fils du marionnettiste. Je pense par excellence à la dernière trilogie Star Wars ici comme référence de se côté désinvolte et de la rupture qu'il produit (les gestionnaires de la cohérence du nouveau canon de Star Wars se sont arrachés les cheveux pour justifier a posteriori la "bonne idée" de faire revenir Palpatine des morts, par exemple : ils n'ont pas réussi, mais le plus grave, c'est que cette idée a mis à mal la finalité de la saga et des deux premières trilogies). Cette trilogie Star Wars a d'ailleurs montré qu'on peut complètement modifier une perspective d'un volet à l'autre. Mais cet univers est aussi l'exemple de certains procédés borderline que je trouve très intéressants pour étudier les choix scénaristiques dans ces grands univers populaires (Darth Maul qui revient des morts, Ahsoka Tano inventée après l'épisode III mais j'ai toujours trouvé qu'elle ne pouvait pas s'intercaler comme un cheveu dans la soupe à l'histoire originelle, malgré toutes les tentatives des scénaristes...).
Je prends ces exemples, parce que pour moi, ça ne fonctionne pas : le Anakin Skywalker de l'épisode III est un personnage qui n'est pas conçu comme ayant eu une apprentie entretemps qui serait devenue un personnage aussi important pour lui ; Darth Maul a été conçu pour périr à la fin de l'épisode I et ne pas revenir, à plus forte raison parce qu'il était trop proche de Palpatine/Sidious et que sa survie poserait des problèmes de cohérence. Or, Maul était un personnage favori des "fans" et une fois les quelques histoires sur sa jeunesse publiées (donc une prise en compte de l'intérêt pour le personnage qui restait dans le cadre parfait de la cohérence interne) on a vu qu'il y avait du potentiel commercial et dramatique pour le faire revenir, mais au risque de nuire à la cohérence interne de la fiction cette fois-ci. Ahsoka a été inventée et interposée dans l'histoire d'une façon similaire, car on lui supposait un potentiel attractif fort, ce qui a été ensuite confirmé - mais là encore, il faut accepter la supériorité de cette attraction sur le principe de cohérence pour apprécier complètement cette inclusion.
Idem, donc, du côté de TROP, avec les Harfoots - sauf que cette fois-ci la source les omettait explicitement, à l'instar de Gandalf (même si, je sais, certains utilisent deux ou trois phrases à propos d'Olórin pour faire mine que tout ça est possible ).