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où résident les familles des Rôdeurs?
#1
différents sujets du forum m'ont poussé à écrire ces quelques réflexions. Il y a d'abord quelques citations, puis une partie réflexion et enfin un court texte romancé qui répond à la question.
Bonne lecture.


Où résident les familles des rôdeurs ?
L'Arthedain, comme les autres royaumes du nord ont étés détruit par le Roi sorcier.
« Arahael, son fils, fut élevé à Fondcombe, et de même tous les chefs après lui. » (SdA app A, I, III)
« Aragorn...fut alors emmené vivre avec sa mère dans la maison d'Elrond » (SdA app A, I, V)
« ...Gilraen prit congé d'Elrond et retourna auprès de son propre peuple en Eriador » (SdA app A, I, V)
« ...il y avait sans doute bien davantage de gens de l'extérieur dans l'ouest du monde à cette époque que ne l'imaginaient ceux de la Comté. » (SdA L1, IX)

« Mais les terres du nord étaient depuis longtemps désolées, et la route du nord était rarement employée » (SdA L1, IX)


Un simple Rôdeur! s'écria Gandalf. Mais, mon cher Frodon, c'est exactement ce que sont les Rôdeurs: les derniers restants dans le Nord du grand peuple, des Hommes de l'Ouest. Ils m'ont déjà aidé dans le passé; et j'aurai besoin de leur aide dans les jours à venir; car, si nous avons atteint Fondcombe, l'Anneau n'est pas encore en repos. (SdA L2, I)

mais ils étaient à présent peu nombreux, et on les voyait rarement. Quand ils apparaissaient, ils apportaient des nouvelles des régions lointaines et racontaient d'étranges histoires oubliées, que l'on écoutait avec empressement; mais les gens de Bree ne se liaient pas d'amitié avec eux (SdA L1, IX)

« Grands-pas » suis-je pour un gros homme qui habite à une journée de marche d'ennemis qui lui glaceraient le cœur ou qui réduiraient son petit bourg en ruine s'il n'était gardé sans répit. (SdA L2, II)

Les Rôdeurs y vont, dit Gandalf. La Chaussée des Morts, dites-vous. C'est ainsi qu'on l'a appelée de longues années, mais son vrai nom, Prosper, c'est Fornost Erain, le Norchâteau des Rois. (SdA L6, VII)

(...) ils trouvèrent une source d'eau claire au flanc de la colline et à coté des traces de pas qui ne remontaient pas à plus d'un jour ou deux. Dans le vallon même, ils virent les traces récentes d'un feu et d'autres signes d'un campement hâtif. Il y avait des rochers éboules au bord du vallon, du coté de la colline.(...) Ces découvertes intéressèrent fort Grands-Pas : (...) 
« (...)Ce sont eux qui ont laissé le bois pour le feu. Mais il y a aussi plusieurs nouvelles traces, qui n'ont pas été laissées par les Rôdeurs. » (SdA L1, XI)

Ces feuilles, dit-il, j'ai fait de longues marches pour les trouver, car cette plante ne pousse pas dans les collines dénudées, mais dans les halliers, loin au sud de la Route (...) Il est heureux que j'aie pu la trouver, car c'est une plante cicatrisante que les Hommes de l'Ouest ont apportée en Terre du Milieu. Ils l'appelèrent Athelas, et elle croit à présent de façon très clairsemée et seulement près des endroits ou ils résidèrent ou campèrent dans les temps anciens; et elle est inconnue dans le Nord, sauf de quelques-uns de ceux qui vagabondent dans les Terres Sauvages. (SdA L1, XII)

Dans les derniers jours du dernier âge (...), il y avait un homme appelé Dirhael [ > Dirhoel ], et son épouse était Evorwen [ > Ivorwen ], fille de Gilbarad et ils résidèrent dans une hidden fastness dans les terres sauvages d'Eriador ; étant issus de l'ancien peuple des Dúnedain... (HoMe XII The Peoples of Middle-earth)

Le Roi sorcier est dans les parages de Bree :
Il avait lui même posté des esprits malfaisants dans les tumulus abandonnés des Hautes brandes. (CLI 3A, IV, 2 et note 19)

Et s'éveillèrent les créatures de la Lande et tous les esprits malfaisants (…) aux aguets dans la Forêt vieille et les Hautes brandes. (CLI 3A, IV, 2)

Felagund, Lúthien chantent (Silm, quenta, XIX)
Lúthien et beren chantent sans tristesse (Silm p219)
« Tout ceux qui errent ne sont pas perdus » (SdA L2, II)
« Les Dúnedain s'évanouirent dans l'ombre et devinrent un peuple furtif et errant » (SdA App 1, I, III)
[SIL p:285, 286] + ou – 2000 2A: S se proclame roi de la terre. Le Roi sorcier a détruit l'Arthedain.

Aragorn (et par extension tout son peuple?) ne veut pas d'un royaume incomplet, il cherche l'unité des royaumes et leur restauration (SdA appendice A, I, V « Elle ne sera l'épouse d'aucun homme moindre que le roi de Gondor et d'Arnor réunis »), mais cela nécessite la défaite du « souverain actuel ».

Où vivent les familles des rôdeurs ?
Cette question m'est venue alors que mon frère souhaitait refaire une partie de JDR dans l'univers de Tolkien, en incarnant un rôdeur dans la période située entre le Seigneur des Anneaux et Bilbo. Au lycée notre enthousiasme pour le SdA manquait de maturité, même s'il répondait je pense à ce besoin important d'évasion (cf essai sur les contes de fées)
L'age venant, cet attrait est devenu plus profond, et la lecture en est devenue plus riche. Il n'est plus question d'une partie de JDR pour la simple détente (là, nous avons D&D avec nos enfants), mais d'un partage littéraire et spirituel.
Aragorn, même s'il a choisi une vie d'errance, a été élevé à Fondcombe, comme les chefs des Dúnedain avant lui. Il a en ce lieu un pied à terre, une demeure. Des rôdeurs dont il est le chef, on sait qu'ils ont une mission qui prend toute leur énergie : la surveillance et la protection des gens simples de la Comté et de Bree. Il leur arrive de loger au Poney fringant, mais ils dorment la plupart du temps dans la nature.
Mais leur pays, leur ancien royaume est maintenant une terre désolée, où rares sont les voyageurs.

fastness : vieux dico « fortress, stronghold »
mountain fastness : nouveau dico « repaire de brigands »
je prend l'autre sens de fast : rapide, fast ness devient non plus ferme-té mais rapide(i)-té
la force des dúnedain en exil n'est plus leur forteresse de pierre, matérielle et périssable, mais leur dé-installation permanente, leur confiance n'est plus dans le matériel mais dans le spirituel. Campement évoque donc cette précarité, cette mobilité.

Réponse romancée à la question:

Une bande de trolls des collines descendait de l'Emyn Uial. Haldred, qui les surveillait depuis de long mois avait pu nous en informer. Depuis quelques heures régnait dans le campement cette atmosphère mitigée d'excitation et d'angoisse. Les plus petits y trouvaient une occasion nouvelle de jeu, à leurs yeux pleine d'une promesse de liberté. La vigilance parentale semblait alors s'être relâchée avec les préparatifs, bien que ce fut le contraire : pas un ne devait manquer à l'appel le moment du départ venu. Quant aux plus grands, ils accueillaient avec abnégation ce nouveau déracinement et son cortège de désagréments. Fort heureusement, l'automne n'en était qu'à son début et l'absence de feu qu'imposait la discrétion ne les ferait pas souffrir.
Les coffres légers furent chargés sur de vieux chevaux dociles pendant que commençait le rendu. Ce lieu où nous habitions depuis plus d'un an ne nous appartenait pas, pas plus que cette terre : le Roi sorcier d'Angmar l'avait jadis soumise, détruisant notre royaume. Nous étions en exil sur la terre de nos pères.
Débarrassés des mottes de terre herbeuse qui les recouvraient, les troncs furent entreposés à l'écart, redonnant à ces trois pans de mur partiellement écroulés leur statut de ruine. Ce qui fut au présent notre campement redevenait simple vestige du passé. Nos demeures ne nous appartenaient pas, nous les rendions à chaque départ. Quand tout fut remis en état, les plus petits montèrent sur les chevaux et nous nous engageâmes dans le lit de la rivière, pendant que le vieux Marl effaçait les dernières traces et brouillait nos odeurs. Les trolls n'avaient que peu d'odorat, mais il y avait toujours le risque qu'un renifleur les accompagnât. Cet affluent de l'Uialduin était peu profond, l'eau vive et fraîche n'atteignait pas nos genoux. Mais il y a deux hivers de ça, XXX avait rendu son dernier souffle, trébuchant dans les eaux glacées de la Lune. Ce n'est qu'après avoir parcouru péniblement environ trois lieues que nous quittâmes le lit de la rivière. Et la marche reprit à rythme soutenu, égayée par les va et vient des petits, autant pour fuir les serviteurs du seigneur ténébreux que pour réchauffer nos jambes.
D'après les rôdeurs affectés à cette région, nous pouvions nous rendre près de l'ancienne Tarmabar. L'endroit était paisible depuis plusieurs années. Un crochet sur notre route nous permit de passer à proximité de Caras Celairnen. Dans la plupart des lieux autrefois habités par les Hommes de l'Ouest, se trouvait, pour qui sait les chercher, des havres, vierges des souillures du Roi sorcier d'Angmar. Malgré son immense malice, il n'avait été capable de mener la même politique de terre brûlée que son maître. Alors qu'il ne poussait plus que de la cendre dans les Terres brunes, les dúnedain trouvaient encore de quoi subsister dans l'ancien Arthedain. Au détour d'une ruine, se cachaient quelques tubercules de saison et des légumes verts. Un peu plus loin, les enfants firent provision de pommes croquantes. Toutes ces graines avaient étés ramenées par Elendil, de la terre bénie de Núménor et elles survivent ça et là, partout où le nom d'Elbereth était invoqué.
Notre périple dura environ douze jours, sans feu, malgré quelques averses. La joie des petits était retombée depuis quelques jours, et les grands se taisaient. L'année dernière, XXX ne s'était pas tue :
« J'en ai assez de votre comportement de lâches, les gens de Dun, eux, ont pris possession d'une terre, ils ne sont pas perdus, à tourner en rond ! »
Et elle nous avait quitté, pour épouser un chef de clan. XXX, alors qu'il assurait la vigilance de la vieille route du nord l'avait aperçu près de l'ancienne cité de Larach Duhnann.
Notre choix se porta sur les ruines d'une ancienne demeure située à proximité de Tarmabar. Les gestes étaient les mêmes : dégager de la terre qui le recouvrait une portion de mur, couper les arbres pour la charpente, la recouvrir de mottes herbeuses. Puis dans un second temps aménager l'intérieur, sortir les quelques ustensiles de la vie quotidienne et installer les témoins de notre passé, livres ou œuvres d'art, gardiens de la sagesse de la terre de l'Ouest. Notre héritage nous donnait de lourdes responsabilités quant à ce monde et ceux qui l'habitent. Et jour après jour, nous devions nous adapter à lui.
Cet hiver, un événement très important était en préparation. Le rassemblement des héritiers d'Isildur, à Fornost Erain. Environ tous les deux ans, si la région était vide des serviteurs de Sauron mais sous l'étroite surveillance de rôdeurs, tous ceux qui le pouvaient convergeaient alors vers l'ancienne capitale. De grandes tentes ouvertes, des flammes claires brillant dans une nuit glacée et sèche ; jeunes et vieux dansèrent, firent mémoire des rois de jadis ; la présence de Beren et Lúthien réchauffait les cœurs, et l'on chanta des chants sans tristesse ( ).
Et la vie reprit son cours. La recherche de la nourriture, l'éducation des petits, le départ des plus grands au gré des mariages ou des appels. XXX avait engagé sa foi et partirait rejoindre XXX , XXX nous avait quitté il y a trois étés pour servir avec les forgerons de Bareketta. Les seuls d'entre nous à rester sédentaires étaient les artisans, tisserands, menuisiers ou forgerons, dans les repaires secrets et fortifiés. Ils n'y assuraient la plupart du temps qu'un service de sept années, avant de reprendre la route de l'exil.


J'ai utilisé dans ce petit récit divers noms inventés par ICE, et les XXX sont des prénoms.
Mes compétences linguistiques très faibles m'empêchent d'en inventer.
Marl : prénom
Uialduin : rivière
Tarmabar, Caras Celairnen, Bareketta : villages
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#2
(05.01.2014, 10:01)sam sanglebuc a écrit : fastness : vieux dico « fortress, stronghold »
mountain fastness : nouveau dico « repaire de brigands »
je prend l'autre sens de fast : rapide, fast ness devient non plus ferme-té mais rapide(i)-té
la force des dúnedain en exil n'est plus leur forteresse de pierre, matérielle et périssable, mais leur dé-installation permanente, leur confiance n'est plus dans le matériel mais dans le spirituel. Campement évoque donc cette précarité, cette mobilité.

Imagination amusante, mais absolument pas crédible, ni du point de vue étymologique, ni du point de vue matériel. Dans le cas présent, c'est évidemment la signification forteress, stronghold qui convient. De plus, le nomadisme consomme énormément de ressources et ne se conçoit que chez les peuples qui ne pratiquent pas l'agriculture. La remise en état d'un bâtiment nécessite des efforts considérables, qu'il n'est pas envisageable de répéter fréquemment dans le cadre d'une économie de subsistance. Toute personne ayant rénové ou simplement réhabilité une maison en ruine le confirmera.

Et je n'évoque pas même l'idée de masquer ensuite toutes traces du passage des Dúnedain, ce qui nécessiterait aussi pas mal de travail, pour un résultat aléatoire. Comment masquer le remplacement récent (et périodiquement nécessaire) d'une poutre, par exemple ?
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#3
D'abord, concernant l'étymologie : mes compétences dans cet art sont minimes, je ne me situe donc pas à ce niveau.
Dans mon approche, j'essaie plutôt d'imaginer comment Tolkien aurait pu répondre à cette question d'un lecteur : « comment vivent les familles des Dúnedain ? »
Certains passages ont été longuement travaillés, d'autres à peine esquissés.
Les Dúnedain vivaient dans des « hidden fastness », des forteresses cachées. Tolkien interroge la cohérence interne de son œuvre. Au hasard d'un stylo posé sur le « ness », il lit hidden fast. Ça ne veut rien dire (donc pas d'étymologie), mais il fait alors le lien avec l'exil, la précarité de ce peuple.

Ensuite, concernant le réalisme : campement et moyens de subsistance.
Ce que j'appelle le rendu est plus spirituel que matériel. Le vieux Marl efface les traces de pas qui conduisent à la rivière. Que les Trolls et les orcs sachent qu'il y a eut un campement ici n'a pas d'importance. Il faut seulement qu'ils ne puissent pas atteindre le prochain. Quand je dis « tout fut remis en état », c'est quelque chose de très sommaire. Et les Dúnedain ne sont pas de simples hommes. Dans le film « le dernier trappeur », ce couple, certes sans enfants déménage régulièrement pour suivre le gibier, reconstruit à chaque fois une nouvelle maison en fuste et toiture végétale. Et ce ne sont pas des descendants de Númenor. Regardez l'activité d'Aragorn : quand prend il le temps de dormir ?
L'agriculture des Dúnedain n'est pas celle du monde réel ! Elle leur vient de Númenor, héritage des elfes et des Valar. L'agriculture du monde réel ressemble plus à celle de Númenor corrompue par Sauron (productivisme forcené, pollution à outrance, déforestation irréversible) ou à l'image biblique (tu travailleras la terre à la sueur de ton front...) qu'à celle de Yavanna.
L'agriculture réelle qui ressemble le plus à mon avis à celle des elfes est la permaculture (cf une émission de France culture « terre à terre » d'il y a quelques années). Fondée sur une observation très attentive des comportements et interactions des plantes, micro-organismes et animaux, elle ne connais ni le labour ni l'arrachage. J'imagine donc l'agriculture des elfes comme leur art/artisanat, qui ne connais qu'une mince frontière entre le désir et l'objet du désir. Je ne vois pas un elfe peiner derrière sa charrue, mais plutôt comme un cueilleur, en dialogue avec la nature. Ces jardins « au détour d'une ruine » dont je parle sont magiques aux yeux d'un hobbit, bénis au dires d'un Dúnedain et tout simplement normaux pour un elfe. Ainsi la subsistance des familles des rôdeurs me paraît tout à fait réaliste.
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