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03.05.2008, 12:36
(Modification du message : 04.05.2008, 15:03 par Tinakë.)
Non contente de vous abreuver de mes récits telle une bardesse prolixe, je vous soumets ici une histoire de mon bien-aimé frère, qui n'a pas accès à Internet actuellement.
Je lui retransmettrai vos remarques.
Bonne lecture!
Détour en bois doré
Sur la disparition des Elfes et l’avènement des Hommes
Préambule
Avec le retour d’une royauté en Terres du Gondor, par l’accession au trône longtemps abandonné d’Elessar, fils d’Arathorn - honneur et majesté lui soient rendus pour ses hauts faits – marquant l’entrée dans le Quatrième Age de ce monde, le temps des Elfes s’éteignit doucement. On n’en vit bientôt plus que sur les chemins menant aux ports, où de beaux bateaux blancs les emmèneraient en grand nombre au delà des mers de l’Ouest, les éloignant ainsi des terres que leur génération avait su préserver de la grande ombre. Une douce complainte où se mêlaient le chant et les larmes les accompagnaient dans leur lente progression… […]
« Où partez-vous nombreux,
Chers enfants de l’Etoile ?
Vous semblez désireux
Que se gonflent les voiles…
Mais la paix en ces terres
Est enfin revenue ;
Au-delà de la mer
Vous ne les verrez plus.
Est revenue la joie
En tous lieux maintenant ;
Ne resterez-vous pas
Profiter de ces temps ?
Pourtant vous choisissez
Ces rivages de quitter,
Désirant accéder
Aux lointaines contrées.
La Terre du Milieu
Ne pouvant vous suffire,
Pour être plus heureux
Choisissez de partir.
Inconnus sont ces lieux
Ou vous vous en allez ;
Un pays merveilleux
Je puis imaginer.
Le cadeau généreux
Ne me feriez-vous pas,
De m’énoncer un peu
Ce qu’il y a là-bas ?… »
Extrait du chant de Miretor
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03.05.2008, 21:37
(Modification du message : 03.05.2008, 21:43 par Imrahil.)
Extrait du chant de Miretor... ca sonne bien, mais par contre le début me choque un peu :
Tinakë a écrit :On n’en vit bientôt plus que sur les chemins menant aux ports, ou de beaux bateaux blancs les emmèneraient en grand nombre au delà des mers de l’Ouest, les éloignant ainsi des terres que leur génération avait su préserver de la grande ombre.
Leur génération ? Les elfes sont immortels...
De même : grand nombre - grande ombre, ça sonne bizarre
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Par génération, je pense que mon frère voulait dire: leur dernière génération, ceux qui restaient encore (les plus vieux ayant eu plus d'occasions de mourir, il en reste moins).
Pour grande ombre et grand nombre, je le lui transmettrai.
Merci pour ces remarques en tout cas, même si ce n'est pas trop facile pour moi d'y répondre...
Au fait, existe-t-il des frère et sœur jumeaux dans le monde de Tolkien?
Je vous mets la suite du texte. Vous allez voir, son style est très différent du mien...
Introduction
Voici un extrait du carnet de bord d’Abragor ; ce soldat Gondorrim écrivit en effet, quelques temps après l’avoir vécu, cet épisode important qui se passa au cours d’une mission effectuée sous le règne d’Elessar, en ces temps Roi du Gondor, et dont il devait se souvenir pendant bien longtemps.
Au cours de ma vie à Minas Tirith, un évènement inattendu survint. Il me semble que cette histoire mérite d’être racontée; en effet ce fut sûrement la mission qui me troubla le plus…
Lors de la traversée de nombreuses terres, je découvris un peuple qui m’était alors totalement inconnu, qui me semblait même dangereux.
Des groupements d’Orques s’étant rassemblés après la destruction du grand Anneau, notre bon Roi Elessar, craignant la descente en masse de ces créatures le long du Grand Fleuve, dans le but d’attaquer les bourgades entourant la cité nouvellement reconstruite d’Osgiliath, mit de nombreuses troupes à surveiller les rives de l’Anduin. Leurs principaux rôles était de protéger les petites villes éparpillées dans nos régions, et les grandes routes ou circulent de nombreux chariots commerciaux.
On m’avait chargé de porter un message aux armées situées non loin du Celebrant, et un autre bien plus au Nord, près de la rivière aux Iris.
Je pensais donc longer les Montagnes Blanches, puis remonter jusqu’à la Limeclaire et faire parvenir mon premier message. Cette partie du voyage se passa sans encombre, bien que longues et humides furent les terres que je dus traverser. J’entamai alors la seconde partie de mon périple, désirant remonter le Grand Fleuve jusqu’à ma destination finale.
Quelques jours après avoir quitté mes frères du champ du Celebrant, je me trouvai à la hauteur de la Lothlorien, forêt à première vue profonde et sombre. Je ne pouvais penser que cette forêt si calme ait pu un jour connaître les tourments de la guerre, du temps ou le Grand Anneau régnait. Fatigué par ma longue chevauchée, je songeais aux légendes terrifiantes que les mères racontent à leurs petits enfants sur des bois ensorcelés et des sorcières malveillantes. Je me moquais bien de ces histoires ; après tout, notre Roi lui-même semblait posséder des liens étroits avec de nombreuses forêts, semblables à celle-ci. Sa femme, Reine du Gondor, appartenait d’ailleurs, selon certains, à un peuple de ces forêts lointaines.
Je décidai de m’arrêter pour passer la nuit au sud de cette forêt.
Alors que j’allais me préparer à poser mon campement parmi quelques arbres, je fus surpris par un groupe d’Orques. J’avais déjà solidement attaché à un arbre le cheval brun qui m’avait été confié pour cette mission. Il m’était impossible de fuir même s’ils étaient encore loin.
Je les revois encore courir vers moi…
Ils me semblaient être une petite dizaine ; prenant mon arc, j’en abattis deux, l’un possédant une épée et l’autre une grande lance. Leur armure étant presque inexistante, une flèche bien placée ne leur permettait pas de se relever. Ils se rapprochaient ; je tirai mon épée. Au moment où j’aperçus un archer resté à l’arrière, ce dernier tira une flèche, qui par bonheur atteignit le bouclier que je venais de saisir.
Un lancier fondit sur moi. Je parai et lui donnai un large coup d’épée ; il tomba avec un cri rauque et laissa place à un autre lancier. Ce dernier m’attaqua ; je me protégeai avec mon bouclier. A cet instant, je sentis qu’une deuxième flèche venait de s’y écraser. M’apprêtant à repasser à l’offensive, je sentis brusquement une douleur aigüe au côté droit. En effet, un quatrième lancier venait de projeter son arme contre moi. Cette dernière avait comme rebondi sur mon armure, mais mon côté avait tout de même été touché.
J’entendis également un hennissement derrière moi. Tournant rapidement la tête, je vis mon cheval fléchir sous un autre trait de l’archer. Reculant de quelques pas, je vis un orque muni d’une longue épée émoussée, apparemment le chef de ce petit groupe, sourire de sa bouche mauvaise et crier je ne sais quel cri de guerre à ses affreux compagnons. Sur ce, les deux derniers lanciers se ruèrent sur moi avec force ; je me dissimulai derrière mon bouclier, et attaquant le lancier qui m’avait blessé, je lui tranchai la tête. Mais l’autre lancier, m’attaquant sur ma gauche, fit glisser sa pointe sur mon bouclier, et me toucha à la jambe. Je me sentis défaillir, mais restai encore debout. J’entendis à ce moment mon cheval tomber ; il venait de se faire atteindre par une seconde flèche, qui lui fut fatale, et le fit s’écrouler. Le dernier épéiste, se jetant sur moi fendit quelque peu mon bouclier, puis me porta un coup sur l’armure ventrale. Tombant sous le coup, je sentis encore une flèche atteindre mon épaule gauche, et tacher de rouge mon armure, déjà très abîmée. Je m’écroulai sous le poids de la souffrance, heurtant l’arbre sur lequel j’avais auparavant attaché ma pauvre monture qui gisait maintenant près de moi.
Mais avant de fermer les yeux pour longtemps, je vis l’archer, l’épéiste et le dernier lancier s’écrouler, tous comme frappés par une arme brusque et invisible…
Il s’agissait en fait d’Elfes de la Lothlorien. Ils étaient quatre, grands et habiles… Surpris par le bruit du combat, ils étaient venus voir et avaient empêché les Orques de m’achever.
Ils me transportèrent ensuite dans la forêt, en compagnie d’un autre Gondorrim et ami, portant le nom de Milthonar . En effet, ce dernier portait également un message, celui-ci destiné aux hommes situés à Carrock, près des Monts Brumeux, et était parti environ quinze heures après moi. M’ayant rattrapé, car lui n’avait pas de destination intermédiaire, il tomba face aux Elfes qui me transportaient, me reconnut dans mon inconscience, et fut alors également conduit en Lorien, forêt qu’il ne connaissait pas plus que moi.
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Pas encore lu le texte mais Elladan et Elrohir sont jumeaux, malheureusement je ne crois pas qu'il soit fait mention de deux jumeaux de sexe différent...
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04.05.2008, 16:07
(Modification du message : 23.05.2008, 19:50 par Imrahil.)
Bon OK ! La, ça va être coton...
Personnellement j'ai toujours eu du mal avec les histoires du quatrième age, chez Tolkien la destruction de l'anneau amène une longue période de paix (quasiment). Les orques sont censés fuir dans les montagnes jusqu'au combat final entre le bien et le mal, et la dés le début de ton texte : des orques ! En grand nombre pour attaquer Osgiliath !
Mais bon passons la dessus pour le moment...
Citation :Sa femme, Reine du Gondor, appartenait d’ailleurs, selon certains, à un peuple de ces forêts lointaines.
Un gondorien a le droit d'employer le mot elfe, il se fera pas manger...
Citation :Mais avant de fermer les yeux pour longtemps, je vis l’archer, l’épéiste et le dernier lancier s’écrouler, tous comme frappés par une arme brusque et invisible…
Ton gondorien vient de se farcir 7 orques a lui tout seul, tu souffres du syndrome playstation ou tu pratique le jeu de rôle trop intensément ? Ton héros a déjà au moins le potentiel guerrier d'un Boromir...
(A moins bien sur qu'il y ait une raison qu'on apprenne plus tard, du genre les orques étaient malades, ou avaient 7 ans... )
Citation :Il s’agissait en fait d’Elfes de la Lothlorien. Ils étaient quatre, grands et habiles… Surpris par le bruit du combat, ils étaient venus voir et avaient empêché les Orques de m’achever.
Un peu plus de description ferait pas de mal, mais bon quand on va s'évanouir on a pas trop le temps...
Citation :Ils me transportèrent ensuite dans la forêt, en compagnie d’un autre Gondorrim et ami, portant le nom de Milthonar . En effet, ce dernier portait également un message, celui-ci destiné aux hommes situés à Carrock, près des Monts Brumeux, et était parti environ quinze heures après moi. M’ayant rattrapé, car lui n’avait pas de destination intermédiaire, il tomba face aux Elfes qui me transportaient, me reconnut dans mon inconscience, et fut alors également conduit en Lorien, forêt qu’il ne connaissait pas plus que moi.
Un gondorien pas un gondorrim...
Mais dis moi les elfes de Lorien ont ils ouvert un gite d'étape ? Parce que ils sont plutôt du genre renfermés normalement...
Bon soit ils emmènent le blessé pour le soigner a l'intérieur, mais le collègue je vois pas l'intérêt...
D'autant que celui ci ne devrait il pas porter son message et celui du blessé par la même occasion ?
Bref, ton texte souffre (il me semble) de petits accrocs historiques et logiques, mais pour ce qui est de la forme, tu te débrouille très bien !
La narration a la première personne est bien réussie et les descriptions des combats ne manquent pas de détails...
N'hésite pas a poursuivre ! (si tu peut redresser le tir historique en trouvant des pourquoi....)
Si tu souhaites écrire d'autres histoires sur le quatrième age, tu n'est pas obligée de baratiner sur la paix (c'est chiant au bout d'un moment), en effet la guerre a continué entre humains, comme on l'apprend dans l'appendice sur les rois de la marche :
Citation :et le roi d'occident avait bien des ennemis a soumettre avant que l'arbre blanc ne puisse croitre en paix. Et partout ou le roi Elessar aller guerroyer, le roi Eomer allait de compagnie, et la cavalerie de la marche déchaina son tonnerre au delà de la mer de Rhûn et sur les lointaines plaines du Sud...
J'espere qu'il y a de quoi orienter ton imagination.
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Tinakë a écrit :Au fait, existe-t-il des frère et sœur jumeaux dans le monde de Tolkien? Quand on étudie "le grand-arbre aux aïeux" de Sam, on peut noter que Rose, son épouse, a un frère né la même année qu'elle (Wilcome, en 1384).
Gémellité à confirmer...
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Hello Jumeau d'la Jumelle!
Pour ma part, je ne suis pas très doué ni pointilleux en ce qui concerne les commentaires, mais je peux te donner quelques idées pour le rendre un brin plus passionant. (Au passage, ce genre d'histoire m'a rappelé les backgrounds que je lisais sur Turambar... Certains étaient très bien faits... avec l'idée d'une aventure du héros qu'on incarnait et que l'on racontait de manière progressive...)
Mais pour en revenir à ton texte, quelques petites notes pour commencer:
Citation :La Terre du Milieu
Ne pouvant vous suffire,
Pour être plus heureux
Choisissez de partir.
Ici, comme le sujet du dernier vers se trouve 8 lignes plus avant, on l'a oublié, et ce vers sonne alors comme un impératif... pas forcément ce que tu souhaitais...
Citation :Leurs principaux rôles étaient de protéger les petites villes éparpillées dans nos régions, et les grandes routes ou circulaient de nombreux chariots commerciaux.
Citation :bien que longues et humides furent les terres que je dus traverser
Le p'tit coup de poésie fait bizarre, non?
J'aurais plutôt mis: "bien que les terres que je dus traverser furent longues et humides" (Au passage, je crois que la langue francaise appelle un subjonctif pour cette subordonnée > fussent)
A toi de voir...
Citation :Sa femme, Reine du Gondor, appartenait d’ailleurs, selon certains, à un peuple de ces forêts lointaines.
Pareil qu'Imrahil: bizarre que les sujets du Gondor, surtout ceux vivant à Minas Tirith ignorent qu'Arwen soit une elfe...
Maintenant, pour la description du combat, chapeau!
Des phrases courtes, des angles de vues successifs qui se suivent rapidement, une superposition d'actions et de sentiments, orchestré à merveille tout ça! (J'ai le droit de plagier ta manière de faire? )
Par contre, la fin, ca bug un peu...
Citation :Mais avant de fermer les yeux pour longtemps, je vis l’archer, l’épéiste et le dernier lancier s’écrouler, tous comme frappés par une arme brusque et invisible…
Ca fait, c'est vrai, très jeu vidéo... et du coup un peu nubi comme manière de faire
Pour arranger ca, tu peux utiliser le simple trou noir: l'avantage principal est que ca permet un peu de suspense: le gars est vaincu par ko, entouré de x orcs... il est dans une situation plutôt critique, et comme on sait que l'auteur aura la bonté de ne pas faire mourir son héros tout de suite, la question qu'on se pose est: "par quel miracle va-t-il s'en sortir?"
Et du coup, après ce moment de suspense haletant (toujours faire souffrir le lecteur, c'est le secret! ) tu reprends ton texte au moment où le guerrier se réveille dans une infirmerie elfique et où les elfes lui font un topo de la manière dont ils l'ont sauvé... A mon avis, c'est plus intéressant comme ca
Enfin, une idée de style que tu peux ou non utiliser selon tes goûts:
Pour rendre le récit passionant, ne pas commencer ton histoire quand elle est déjà terminée!
Là on s'imagine un vieux guerrier qui couche sur papier ses mémoires, et du coup on sait que quelque soient les aventures qu'il a vécu, il en est sorti vivant! Nada suspense, et ca te force à faire un récit d'encore meilleure qualité pour pâlier ce défaut...
Pour arranger cela, fait commencer ton texte un peu ds ce genre (attention! Mr le coq prétentieux va pondre un oeuf! )
"6° jour de captivité.
J'ai perdu le compte des jours. Quel mois, quelle année, je ne sais. Cela fait trop longtemps que je suis parti...
Je suis assis en ce moment-même au fond d'une grotte humide, il pleut à verse dehors et la mort me guette. Je n'ai jamais connu pire situation, et ce sont là peut-être bien les derniers mots que j'écris..."
Bon etc... je vais pas m'ridiculiser un peu plus!
Mais l'idée est là: le gars est ds une situation critique, comment il va s'en sortir, je ne sais pas... et pour garder le suspense, ton guerrier relate sur papier durant les heures qui lui restent avant je ne sais quel évènement crucial, tragique, épique, comment il a fait pour se retrouver dans une telle situation...
A mon avis, ca peut aussi t'aider pour ton texte
Well, j'espère ne pas avoir été trop barbant...
Au plaisir de te relire!
(Un dernier conseil: n'hésites pas à ouvrir un compte ici: pour deux raisons: les textes que tu écris ds le monde tolkiennien ; les questions que tu peux te poser en écrivant ces textes et qui trouveront peut-être ici une réponse! )
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15.05.2008, 13:25
(Modification du message : 10.10.2008, 10:16 par Tinakë.)
Ouf! Désolée de répondre si tard, mais j'ai eu de gros soucis d'ordinateur, qui n'avaient aucun lien avec la migration du site.
Donc; j'ai eu une conversation avec mon frère, il dit qu'il ne pourra pas se remettre à cette histoire avant les grandes vacances. Il ajoute que ce texte subira beaucoup de modifications, que ce n'est qu'un premier jet.
En attendant, vu que l'histoire est finie, je peux continuer à la poster ici en me contentant de corriger les fautes d'orthographe.
Par contre, je dois pouvoir répondre à certaines de vos remarques, que je retransmettrai à mon frère.
Le flou au sujet des Elfes est voulu car servira la suite de l'histoire.
Ah bon? On ne dit pas Gondorrim ou Gondorhim, sur le modèle de Rohirrim? Je me coucherai moins bête ce soir
Au sujet du déroulement de l'histoire, des deux gars qui se retrouvent en Lorien malgré l'urgence des messages à amener... Peut-être y a-t-il une solution à cela. Mais ce texte se veut d'abord une réflexion sur les Elfes du Quatrième Age, si bien que le premier chapitre n'est qu'une introduction pour rentrer dans le vif du sujet.
C'est aussi pour cela qu'on ne maintient pas le suspense: "Le héros va-t-il triompher des Orques?" ou ce genre de question. Bref, en gros, si vous attendez de l'action, ne lisez pas la suite...
De même, le coup du gars qui relate sa vie sur papier alors qu'il est dans une situation critique, je ne sais pas si ça sera possible; ce texte aura une suite, mais comme expliqué plus haut, le but n'est pas du tout de créer du suspense.
Voilà voilà, je crois ne pas avoir dit trop de bêtises...
J'espère ne pas vous avoir dégoûtés de lire la suite... Personnellement, je trouve que c'est un texte à visée originale, plus une description qu'une histoire dans laquelle on s'identifie un héros pour vivre des choses incroyables avec lui.
Vous comprendrez peut-être mieux en lisant la suite...
Tinakë,
Totis visceribus!
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J'ai pu avoir des nouvelles plus précises sur cette histoire. Mon frère bien-aimé a pour projet d'écrire trois histoires qui se suivent, dont celle-ci est la première. Et il y aura en plus des anecdotes à rajouter, des poèmes... Il m'a légué tout un dossier d'écrits, plus ou moins dans l'ordre, sans compter les brouillons, les anciennes versions... Je me sens comme Christopher Tolkien devant les écrits de son père!!
Et ce qui explique le rythme du texte, c'est qu'il se veut d'abord une réflexion "philosophique" sur les Elfes, et pas un roman d'action.
Voici toujours la suite... et merci pour toutes vos remarques!
Quand je me réveillai, j’étais calme et serein, allongé dans une étrange couverture, soyeuse au toucher, légère et d’une couleur indéfinissable entre le gris et le vert. Je regardai autour de moi ; j’aperçus tout d’abord deux êtres, situés trop loin de moi pour que je puisse clairement les distinguer, s’éloignant doucement. Leurs tenues vestimentaires que je pouvais percevoir n’avaient rien d’orque (de toute façon, ces derniers ne font que rarement des prisonniers, et ne les allongent pas sur des lits…).
Tournant la tête, j’aperçus mon ami assis auprès de moi. Heureux de me voir réveillé, il se rapprocha de moi avec un sourire, m’apprit le lieu où nous étions et me fit part de ses observations sur les Elfes, habitants de cette forêt. Etant arrivé un soir, j’avais dormi pendant presque deux jours pour enfin me réveiller vers midi. J’avais été soigné par le savoir de mes sauveurs. J’étais surpris de retrouver cet ami, et heureux de ne pas être seul sur ce territoire inconnu. Nous étions tous deux dans un endroit déboisé, et pourtant la voûte des arbres environnant nous couvrait. Les arbres, inconnus dans nos régions et dont la taille était démesurée, étaient pour certains parcourus de traits lumineux, signe d’un soleil éclatant au-dessus de nous. Je vis mon armure déposée près de mon lit ; elle était propre, mais toujours très abîmée. Plus loin étaient entassées toutes mes modestes affaires (constituées principalement d’une couverture, de provisions et de la selle de mon cheval…). A part une légère douleur à la tête, je me trouvais dans une assez bonne forme physique, et je ne portais d’ailleurs aucune trace visible de mes blessures.
Je décidai donc de tenter de me lever, ce que mon ami n’encouragea pas, préférant attendre un ordre d’un de ces êtres de la forêt. Il semblait encore plus craintif que moi, et comme son épée n’était plus à sa ceinture, on sentait qu’il restait d’autant plus sur ses gardes.
Et soudain, sortant de l’ombre des grands arbres, apparut devant nous une Elfe, belle et gracieuse. Elle était toute enveloppée de blanc et d’argenté, et à son front brillait un diadème éclatant aux reflets bleutés. Son visage était lumineux, et ses cheveux d’or reflétaient par endroit le soleil. Ces mêmes reflets se voyaient aussi sur son visage, et lui offraient un certain éclat supplémentaire. Ses yeux semblaient étrangement fermes, mais pourtant doux également ; ils étaient tristes mais pleins de bonté. On pesait dans ces mêmes yeux tout le temps qu’elle avait passé sur cette terre. Il ne manquait qu’une chose pour un visage parfait : en effet, ses lèvres ne souriaient pas, et semblaient simplement ne refléter que la lassitude et la tristesse, qui au fil du temps s’étaient accumulées et avaient pris progressivement possession de cet être. Elle avait un air presque dur, mais ces yeux nous rappelaient sans cesse la profonde paix qui régnait maintenant dans ce lieu. Il nous était difficile de traduire les sentiments qu’elle pouvait ressentir. En effet, comme tous ceux de sa race me semble-t-il, elle ne laissait percevoir qu’une seule expression, celle de la tristesse, peut-être même de la lassitude du temps qui passe, dure et se fait long…
Elle nous intriguait tous deux.
La lenteur de ses pas et le calme de sa progression sur l’herbe et sur les fleurs qui recouvraient le sol nous rassérénaient quelque peu.
S’étant rapprochée de nous, elle parla ainsi :
« Bienvenue à vous,
Oh ! nobles étrangers ;
Vous êtes ici chez vous,
Soyez nos invités. »
S’adressant à moi elle prit ainsi la parole :
« J’ai pansé vos blessures,
Vous me semblez bien mieux ;
Restez sans votre armure,
Vous reposer un peu. »
Elle se tourna ensuite vers Milthonar :
« Quant à vous son ami,
Depuis votre arrivée,
Avez veillé sur lui,
Sans craindre enfin soyez. »
Comme elle nous parlait pour la première fois, je fus heureusement surpris de l’entendre en Langage Commun, ne pensant pas que ces êtres, tellement différents de nous à première vue, puissent, si loin des autres peuples, connaître cette langue. Admiratif de ces paroles magnifiques, bien que parfois in explicites, je tentai une question, désireux de savoir si cette belle dame était la reine de cette forêt. Elle sembla rire intérieurement de ma question avant de nous répondre quelle n’était auparavant qu’une servante de la gardienne de la Lothlorien. Devant nos airs d’incompréhension, elle reprit alors en ces termes :
« Ma Maîtresse n’est plus là, elle a quitté ces Terres,
Elle a rejoint les siens au-delà de la Mer.
D’abandonner ces lieux, il était temps pour elle,
De repartir là-bas vers une terre nouvelle. »
Tous ses mouvements étaient calmes et lents, presque doux. Et sa voix chantante, mélodieuse et pleine de tendresse, nous permettait tous deux de rêver à un lieu lointain, et de nous abandonner à une terre calme, remplie de paix et d’amour. A elle seule, cette Elfe nous présentait toute l’élégance et l’aspiration de sa race … Elle était jeune, mais semblait pourtant avoir vécu tous les âges, et avoir parcouru bien plus de dix vies d’homme.
Sans nous laisser le temps de poser d’autres questions, elle reprit :
« Demeurez quelques temps
En ces lieux de repos ;
Surtout profitez-en,
Vous partirez bientôt. »
Ces quelques paroles nous troublèrent encore un peu plus. Nous devions profiter de cette forêt tout en étant prêts à partir. Même si la crainte nous quittait peu à peu, nous ne savions que faire de nos journées dans cette forêt étrange.
Elle inclina légèrement la tête puis nous quitta de son pas lent, nous laissant seuls. J’aurais aimé la suivre pour connaître ce peuple qui m’intriguait de plus en plus. Néanmoins, ne connaissant aucune de leurs coutumes, j’aurais probablement été très rapidement chassé d’ici. Mon ami à mes côtés semblait ne plus être inquiet. Il respirait l’air de cette forêt, tournant sur lui-même pour admirer la végétation.
Quelques instants plus tard, sans aucun échange entre nous, mon ami et moi partîmes ensemble profiter de cette forêt. J’étais tiraillé entre l’espoir d’apercevoir à nouveau quelques-uns de mes sauveurs, et la crainte que j’éprouvais à leur égard qui me forçait à espérer que nous pourrions nous promener seuls.
Cette forêt magnifique nous offrait tous deux matière à réflexion. Elle paraissait infinie et immortelle. Pendant le jour, il y avait continuellement des bruits d’oiseaux que nous ne pouvions voir, tout comme les cors que nous entendions et qui semblaient se répondre. Tout en admirant les grands arbres que le temps avait recouverts de mousse, nous aperçûmes quelques Elfes de loin. C’était la première fois qu’il m’était donné d’observer des Elfes. Ils ne semblaient pas si différents de nous vus de l’extérieur, bien qu’étant légèrement plus grands en moyenne, et possédant des oreilles pointues. Ils s’éloignaient cependant de nous dans toutes leurs occupations journalières, du moins toutes celles que je vis. Rêvant ou méditant sans cesse, je n’en vis aucun effectuer le moindre travail manuel ou agricole. Ils semblaient toujours être loin de tout ce qui les entourait. Ils étaient très étranges. Leurs pas étaient légers, comme s’ils ne faisaient que frôler l’herbe. De plus, ils ne dormaient jamais, et semblaient simplement s’assoupir et rêver les yeux ouverts. De quoi rêvent-ils ?…
Le soir venu, alors que nous nous apprêtions à nous étendre dans nos couvertures pour passer la nuit, mon ami me fit part de son opinion sur ce peuple : les Elfes étaient renfermés sur eux-même personnellement et pourtant certains étaient un peu accueillants, bien qu’on ne puisse parler d’accueil chaleureux ou de courtoisie au sens où nous l’entendions nous. Il n’y avait chez eux en quelque sorte qu’une tolérance bienveillante. La nuit ne suffit pas à élucider chaque mystère de ce peuple, dont je ne me souciais aucunement il y a encore peu de temps. Le matin venu, après un réveil des plus silencieux, nous vîmes deux Elfes nous offrir une sorte de pain blanc dans de larges feuilles. N’osant dire un mot, nous ne fîmes qu’un sourire. Après une légère inclination, ces deux Elfes repartirent d’un air lointain. Comme tous ceux de leur race, on ne saurait distinguer s’ils vivaient dans leur long passé, ou s’ils avaient déjà les yeux tournés vers le futur. Après un frugal petit déjeuner (mais suffisant, car nous n’éprouvions aucune faim), mon ami et moi recommençâmes notre promenade de la veille. La forêt, identique depuis notre arrivée, nous offrit bientôt la vision d’un Elfe assis sur la branche la plus basse d’un arbre énorme et sans fleur. Il paraissait rêver, ou plutôt espérer. Il nous présentait bien l’état d’esprit de tous les elfes que nous ayons vus. En effet, ils nous semblaient tous étranges comme s’ils vivaient tout à un autre palier que nous, et paraissaient tout voir dans une autre dimension. Ils ne se parlaient que rarement, et quant ils le faisaient, c’était d’une voix chantante et calme. Le reste du temps ils ne faisaient que se sourire, mais le regard qu’ils échangeaient ressemblait plus à une contemplation réciproque qu’à une quelconque critique. Ils semblaient en paix avec eux même et avec leurs semblables, heureux me paraît-il, d’être là où ils étaient et de cette vie qu’ils menaient. Chacun cependant avait le cœur totalement tournés vers l’Ouest… Aucun ne nous regardait avec une grande curiosité, celle que nous aurions utilisée dans le cas inverse de leur visite chez nous. Quelque chose d’autre m’intrigua également : tous ces Elfes se connaissaient et paraissaient vivre ensemble depuis toujours et aucun ne semblait avoir de nom… Peut-être n’apportaient-ils pas suffisamment d’importance à l’existence pour s’individualiser … Ils semblaient pourtant tous être libres, et malgré leurs ressemblances ils paraissaient ne pas se lasser de se voir… Peut-être avaient-ils cependant une identité propre qui m’était cachée, des activités les différenciant qui m’étaient inconnues. Ce peuple me semblait totalement libre, sans attache d’aucune sorte ; ils n’avaient aucune obligation quotidienne et aucune idole… Mais cela signifiait-il qu’ils se sentaient au-dessus de tous et maîtres de chaque chose ? Ils n’ont pourtant rien créé… Cet état d’esprit, en étroit parallèle avec une liberté totale pourrait-elle chez eux se traduire par un égoïsme commun (celui d’un peuple tout entier), d’où la froideur chez certains, et leur souhait à tous de quitter cette terre, et ainsi toutes les autres races qu’ils jugent souvent « indignes de leur présence »…
De plus, je ne vis dans ce peuple aucun enfant ; bien que possédant chacun un âge indéfinissable pour moi, je puis affirmer que l’esprit de jeunesse n’en habitait plus aucun. Cela explique sûrement la lassitude, voir même la décrépitude de certains de ces êtres ;en effet, les enfants nécessitent un don d’amour immense, par lequel ils entraînent ensuite une grande joie de vivre chez leur entourage. Ils possèdent une simplicité contagieuse nécessaire à toute vie heureuse. Il en découle une constante et commune espérance en l’avenir, provenant de l’amour partagé par les proches. Et un manque d’espérance les empêche de voir loin, tout du moins au-delà de leurs rivages tant espérés. Les Elfes ont déjà le cœur tourné vers l’Ouest, et ne peuvent donc avoir de l’amour pour cette terre ; en revanche, le peuple des Hommes étant plus pragmatique, il tient à se rapprocher des choses matériels de ce monde et peut donc aimer en réalité. Et l’Amour est nécessaire pour réaliser de grandes choses. Ce ne furent pas les Elfes, mais bien les Hommes qui purent vaincre le mal qui emplissait autrefois ces vastes terres ; non par la force de leur bras, leur courage et leur bravoure, bien qu’ils n’en manquèrent point, mais par cet Amour empli d’espérance, qui les rendait plus puissants que leurs adversaires.
Pendant que je remuais toutes ces idées qui s’embrouillaient de plus en plus dans ma tête, le soleil passa au zénith et commença progressivement à redescendre, belle métaphore de la longue vie des Elfes de la forêt.
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mmmh... un lien de parenté avéré
Je n'avais pas lu le premier jet mais ça m'a plu !
Un peu dense tout de même... mais j'attend la suite
Par contre, les "oreilles pointues" vont en faire bondir plus d'un !
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Oui, je sais que c'est dense. Je changerai la mise en page quand j'aurai le temps. Et puis, c'est une suite de réflexions et d'observations, alors c'est plus difficile à lire qu'un roman d'aventure!
(13.10.2008, 10:56)Nostoreth a écrit : mmmh... un lien de parenté avéré Mais je crois que nous n'avons pas du tout le même style d'écriture, mon frère et moi. Hormis un penchant naturel à mettre des points de suspension partout!
Citation :Par contre, les "oreilles pointues" vont en faire bondir plus d'un ! Mr. Green
C'est vrai ça... encore ce fichu préjugé. J'en parlerai à mon frère.
Et puis, pour les Chinois, plus on a de grandes oreilles, plus l'espérance de vie est élevée, alors...
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Pour le lien de parenté, je faisais surtout référence à la profusion de détails, la richesse. Et c'est sûr, votre style diffère mais je lirai l'un comme l'autre avec beaucoup de plaisir !
Pour ce qui est des dites oreilles, bah, moi ça ne me gêne pas outre mesure.
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19.10.2008, 19:14
(Modification du message : 19.10.2008, 19:15 par Juliεη.)
Lire les oeuvres de ton frère est pour le moins déconcertant Tinakë. Il m'a montré à quel point je faisais désormais partie de ces lecteurs médiocres, incapables de tenir une histoire s'il n'y a pas une masse folle d'actions à en vomir, des types qui canardent dans tous les coins, etc...
Néanmoins, et pour ma défense, je dirais qu'aucun lecteur, qu'il soit jeune ou vieux, qu'il lise un roman ou un essai, n'a jamais aimé les gros paragraphes massifs et lourds. Il faut un minimum d'aération et de présentation.
En ce sens que j'ai déjà lu, et lit encore ce genre d'écrits dénués d'effets à suspens et d'actions. Néanmoins, leurs auteurs font en sorte de compenser la monotonie du fond par une diversité de forme. A savoir que dans la présentation, le tout paraît dès lors plus léger, aérien et le plus important : comestible.
Dans son récit, ton frère a utilisé -consciemment ou non- cette présentation... mais une fois seulement : quand l'elfe se met à parler en vers. 3 strophes de quatres vers qui aèrent le sujet.
Là se trouve une solution au problème : insérer une forme d'art dans les réflexions du personnage, forme qui nécessairement ne ressemble pas à un pavé. Ce peut-être un poème, un dessin, ou si tu fais fusionner les deux un de ces textes en forme de dessein (j'ai perdu le nom, anagrammes je crois, mais pour te faire comprendre, ton frère a par exemple la possibilité de donner à un passage de son texte la forme d'un arbre).
Il existe une autre méthode : entrecouper le récit d'intitulés. J'ai lu des auteurs qui utilisaient cette méthode. De façon primaire, ça peut être la date du jour où le personnage écrit sa lettre, ses réflexions. De manière plus poussée, c'est l'insertion de mini-titres ou mots clés mis en gras, (voire encadrés de symboles) en tête des paragraphes qui développent une idée commune.
enfin, la dernière et la plus courante : le dialogue. Ecrire ses réflexions et mémoires n'exclut pas la présence de dialogues!
Bref tout ce genre de petits choses qui cassent la monotonie du récit.
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Le but de mon frère n'est pas d'écrire une histoire distrayante, "d'aventure", mais plus une réflexion philosophique sur les Elfes. D'où l'absence de dialogue, la densité des paragraphes... mais on pourra arranger ça si c'est vraiment indigeste!
Voici toujours la suite... Je vous la mets en gros paragraphes bien lourds, en attendant l'aération.
Un soir venu (ce devait être la fin du quatrième jour ), elle revint sans que nous ne l’ayons entendu s’approcher, et elle nous dit :
« Messieurs il se fait tard,
Et la nuit va venir ;
Préparez le départ,
Soyez prêts à partir.
Restez encore ici
Parmi nous sommeillez ;
Demain avant midi,
Vous nous aurez quittés. »
Elle marqua alors un temps de silence, long et pesant… Nous ne souhaitions ni l’un ni l’autre quitter cet endroit de repos et de paix.
Enfin elle reprit :
« Mais avant ce moment
D’adieu et de tristesse,
Restez un peu de temps,
Soyez dans l’allégresse.
Ce soir soyons heureux :
L’année va débuter ;
Venez vite tous deux
Accourez au banquet.
Et demain vous irez,
Accompagnés des miens,
Tous deux me retrouver,
Près du fleuve voisin. »
Sur ce, elle se retourna sans un regard ni un sourire.
Mon ami et moi restâmes quelques instants sans faire aucun mouvement, de peur de briser le silence qui venait de s’installer.
Après un regard complice, nous sortîmes du lieu quelque peu déboisé où nous nous étions installés pour passer la nuit, et, suivant quelques Elfes empruntant le même sentier que nous, nous arrivâmes dans une grande clairière. De nombreux Elfes y étaient déjà présents, toujours très silencieux comme à leur habitude, et d’autres débouchaient des nombreux chemins partant de cette même clairière. Cette dernière, bien plus spacieuses que toutes celles que mon ami et moi avions découvertes depuis notre arrivée, comportait en plein centre une table immense, large, et très épaisse, provenant d’un bois dur. De nombreux fauteuils l’entouraient, de maintes formes, tailles et décorations. Je les estimais environ à moins d’une petite cinquantaine. Sur un signe des deux bras étendus, notre « porte-parole » elfique fit signe à l’assemblée de s’asseoir. Un Elfe à notre gauche nous invita également à prendre place sur de petits fauteuils, simples d’apparat, situés presque à l’extrémité de la grande table. Après l’installation de chaque Elfe, je sentis le besoin d’admirer l’exactitude avec laquelle les sièges avaient été préparés ; en effet, les grands côtés de la table étaient chacun précisément remplis de convives, et seules les extrémités étaient inoccupées, ce qui m’intrigua. L’une de ces extrémités ne comportait aucun fauteuil ; l’autre cependant en possédait deux, et des plus riches. Bien que je ne pus les admirer que de loin, ils me semblèrent dominer tous les autres, de part les sculptures et les multiples décorations qui y étaient présentes. Leurs occupants devaient-être –ou avoir été– de grands chefs ou de puissants guerriers, pour mériter ces couleurs et ces formes si travaillées. Je surpris quelques regards –toujours rêveurs– d’Elfes sur ces fauteuils, qui semblaient pour eux posséder une signification symbolique immense et m’étant totalement inconnue…
Autour de nous, six grands feux venaient d’être allumés, dont quatre aux différentes extrémités de la table. Cela me fit penser aux longues veilles durant lesquelles les soldats de Minas Thirith aiment à vanter leurs actions méritoires sur des champs de batailles lointains, oubliés de tous, et dont le temps a amplifié la valeur et la bravoure du narrateur…
De nombreuses chandelles étaient disposées sur la table, et répandaient une légère lumière autour d’elles, me permettant d’observer les personnes qui m’entouraient. Les ombres jouaient sur leurs visages, et excepté mon ami qui avait l’air aussi gêné que moi, chaque autre convive semblait serein et heureux, bien que je ne vis aucune expression de joie pendant toute la soirée.
La clairière permit presque soudainement à la pleine lune de nous inonder de sa blanche lumière. Mais cette dernière, bien que très claire, était insuffisante, voire oppressante…
Quelques étoiles étaient déjà présentes dans le ciel.
Ce lieu réunissait bien plus de variétés florales que tout ce que nous avions vu auparavant. Nous pouvions à peine distinguer leurs nombreuses couleurs dans la nuit, mais le parfum qui s’en dégageait nous faisait presque rêver. Il est vrai, je m’en rappelle maintenant, que nous étions au début du printemps.
Une douce musique semblait bercer tous les convives, mais elle m’était à peine perceptible… Etait-ce des Elfes qui, cachés parmi les grands arbres nous entourant, jouaient de la cithare et du flûtiau, ou simplement une rivière toute proche faisant rouler des pierres ?…
Soudain, provenant des différentes allées menant à la clairière, s’approchèrent quelques Elfes, droits et dignes, portant chacun un beau plat argenté ou une carafe de grande taille et de même teinte. Entourant la table, ils firent à tour de rôle se servir les convives. D’autres déposèrent en divers endroits de la table de petites corbeilles en osier, contenant une sorte de pain blanc de différentes formes et tailles. Je crus reconnaître dans ces corbeilles ce que nous donnaient chaque jour depuis notre arrivée des Elfes au moment des repas. Enfin un Elfe me présenta un grand plat d’argent contenant diverses viandes (je penchai pour de l’agneau et du blanc de poulet, à l’aspect), différents légumes (des variétés de choux et de carottes) et quelques petits œufs durs dont la coquille avaient été ôtée. M’étant servi, je remerciai l’Elfe par un sourire ; ce dernier me le rendis en clignant des yeux, comme s’il voulait me donner un signe de sa bienveillance à mon égard.
Nous n’avions, mon ami et moi, pas échangé un mot. Eux parlaient peu également, et leurs voix chantantes n’usaient pas du Langage Commun.
Le repas, nous changeant de l’ordinaire par la variété des mets, se prolongea avec l’arrivée de plateaux où étaient disposés de nombreux fruits (des oranges et différents types de pommes). Certains Elfes apportèrent également quelques biscuits noirs (que je pus ensuite distinguer comme étant aux noix).
On me servit un étrange vin, me changeant de l’eau que j’avais reçue pour toute boisson depuis le début de repas, un vin très fort au goût de miel. N’étant pas rassuré par cette nouvelle boisson, je refusai d’un petit geste de la main un deuxième verre qu’un Elfe attentif voulut me servir, mais je dois admettre que cette boisson n’a pas son pareil sur toutes les terres du Gondor.
Sentant que le repas touchait à sa fin, nous hésitions mon ami et moi à quitter la table, et préférions rester assis comme tout le monde. La table fut rapidement débarrassée par les Elfes apparemment « de service », mais chacun restait cependant à sa place. Le murmure des rares discussions du repas fit alors place au silence complet.
Après quelques instants, où chacun put goûter au bruit du vent dans les feuilles des arbres, un grand Elfe se leva. Je ne saurais dire s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, même quand il commença à parler, tant sa voix était douce. Je reconnus à sa forme fixe et ses vers réguliers qu’il s’agissait d’un poème.
L’Elfe parlait en sa propre langue ; certaines phrases seulement furent dites en Langage Commun, je pense qu’elles nous étaient particulièrement adressées, à nous deux, qui ne connaissons pas la langue elfique. Les quelques paroles dont je me souvienne traitaient en termes simples du nouvel an des Elfes, fête de la chute de Dol Guldur, et du futur départ vers une autre contrée indéfinissable…
Quand il s’arrêta, après de longues minutes, les feux n’étaient plus que de chaudes braises rouges vifs. Il me semble bien m’être quelque peu endormi avec elles pendant le poème. Il était déjà très tard pour Milthonar et moi, mais cependant aucun Elfe ne paraissaient ressentir de la fatigue. L’Elfe qui s’était levé pour dire le poème se rassit, et il fut remercié simplement par des regards ou des légers sourires sincères de ceux de sa race, mais il ne semblait pas en attendre plus de la part de l’assemblée. Après avoir attendu quelques instants, tous les Elfes se levèrent ensemble après avoir entonné un chant mélancolique et calme. Chacun semblait repartir du sentier par lequel il était venu, et, quand ils se croisaient, ils se faisaient mutuellement un petit sourire presque complice, comme voulant rendre espoir à l’un de leur frère. C’était peut-être leur façon de se souhaiter une agréable nuit de méditation, de souvenir et d’espérance.
Le chant continuait encore ; il me mettait mal à l’aise, comme s’il entraînait chez moi une quelconque réminiscence. Quand il s’étouffa quelque peu tout autour de nous, nous nous levâmes, mon compagnon et moi, pour reprendre la direction de notre petit lieu de repos. Optant pour le chemin qui nous semblait être le bon, nous n’osions pas encore échanger nos impressions, de peur de troubler l’autre dans ses pensées. Après avoir marché quelques temps, nous nous arrêtâmes, peu confiants dans la direction prise. Il était vrai que de nombreux chemins se croisaient dans cette forêt, et de nuit il était presque impossible de se souvenir de l’itinéraire pris à l’aller. Fatigués par toutes les découvertes de la soirée et las de cette marche hasardeuse, nous nous assîmes chacun de part et d’autre de la route, adossés à un arbre. Prenant la parole, j’exprimai à mon camarade l’admiration que j’éprouvais pour les organisateurs de cette soirée, si simple et pourtant si réussie, même pour nous qui n’étions pas habitués à ce genre de divertissement. Milthonar ne put, quand à lui, s’empêcher de faire une comparaison avec les fêtes données à Minas Tirith. Le banquet de ce soir était sans aucun doute moins bruyant que chez nous, chacun préservant beaucoup sa dignité et son recueillement, et même s’il n’y avait eu ici aucun excès, de la joie put tout de même se lire sur tous les visages des convives, mais ailleurs que sur les lèvres. Cette fête nous sembla tous deux être quelque peu « passive », sans aucun attrait particulier. Mais était-ce par habitude ou encore le signe d’une envie démesurée de partir vers l’Ouest, désir entraînant de la lassitude pour tous ceux de ce peuple n’ayant encore quittés les rivages ?
S’approchèrent alors de nous deux Elfes, grands et beaux comme tous les autres. Ils venaient, me sembla-t-il, du lieu de la fête. Avec eux s’avançait la mélodie, très lente. Nous voyant assis de côté du chemin, je pense qu’ils découvrirent la raison de notre arrêt ; l’un d’eux sembla même esquisser un sourire d’amusement, mais peut-être fusse le jeu de la lune sur ses lèvres qui me donna cette impression.
Alors qu’ils se faisaient de plus en plus proches de nous, mon ami et moi nous levâmes, ne sachant comment leur demander leur aide sans les sortir de leur étrange et invisible torpeur.
S’étant arrêtés à quelques pas de nous, ils échangèrent un léger regard de connivence ; dans un même geste, ils nous invitèrent à les suivre, les bras légèrement tendus et la main à mi-hauteur, paume vers le ciel. Nous commençâmes alors à marcher lentement, eux deux nous précédant de deux pas. Malgré mes interrogations nombreuses, je nous sentais tous deux tellement éloignés de ces Elfes, que je craignis de ne pas vraiment pouvoir comprendre l’état d’esprit dans lequel ils vivaient, et vivent peut-être encore aujourd’hui. Je restai donc silencieux.
Ils nous conduisirent, sans jamais quitter le sentier, jusqu’à un carrefour d’où partaient quatre voies. Se retournant vers nous, ils refirent ensemble le même geste de la main, indiquant cette fois-ci un coin de forêt délimité par deux chemins, que nous reconnûmes plus tard comme « notre » parcelle de forêt.
Souhaitant alors engager la discussion, pour enfin parvenir à obtenir des réponses à mes nombreuses interrogations, je me décidai à demander si l’on viendrait nous chercher le lendemain pour partir au bord du fleuve, suivant les ordres de l’Elfe. Je n’eus le temps de formuler ma requête… Semblant au courant de ma demande, l’un d’eux me précisa, en termes simples du Langage Commun, qu’il ne fallait pas nous inquiéter de notre départ, que l’on nous accompagnerait jusqu’à la bordure de la forêt.
Après un court instant de silence que personne n’interrompit, les deux Elfes s’inclinèrent légèrement et repartirent par un autre sentier sans nous regarder, en reprenant leur chant. Chacun d’eux avait une mélodie unique, semblant compléter l’autre. Leurs chants s’unissaient au doux vent du soir et montaient faire trembler les feuilles des arbres autour de nous. Certains de ces arbres semblaient même vibrer plus que d’autres, comme s’ils comprenaient les paroles de ces chants, et y réagissaient. Ils semblaient presque vivants…
Revenus dans la clairière qui nous tenait lieu de refuge, je réfléchissais encore. Cette fête était-elle vraiment pour la nouvelle année commençante ? Ou serait-elle plutôt en l’honneur de Celles et de Ceux qui la fêtèrent jadis en ces mêmes lieux ?
Réfléchissant à tout cela, j’aperçu vite mon ami étendu près de moi, la respiration paisible et régulière. Décidant de l’imiter, je m’allongeai près de lui dans ma couverture.
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(10.10.2008, 10:22)Tinakë a écrit : J'ai pu avoir des nouvelles plus précises sur cette histoire. Mon frère bien-aimé a pour projet d'écrire trois histoires qui se suivent, dont celle-ci est la première. Et il y aura en plus des anecdotes à rajouter, des poèmes... Il m'a légué tout un dossier d'écrits, plus ou moins dans l'ordre, sans compter les brouillons, les anciennes versions... Je me sens comme Christopher Tolkien devant les écrits de son père!! Désolé de déterrer les morts, mais connaîtrons-nous un jour le fin mot de l'histoire?
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Avec quelques mois de retard...
Je rappelle que ce récit a plutôt un but de réflexion "philosophique"...
Au petit matin, Milthonar et moi nous réveillâmes presque en même temps. Nos cœurs étaient tristes de quitter ces bois ; même sans comprendre ses habitants, nous nous étions en effet attachés à ce lieu, à ce calme et à ces êtres. Debout dans la clairière, nous n’osions parler ensemble pour ne pas rompre le silence de l’endroit, et avions tous deux commencés à ranger nos maigres affaires. Nos petits ballots terminés, constitués d’un petit sac de cuisine et d’une couverture, nous avions d’un commun accord revêtu l’armure que nous n’avions pas portés depuis plusieurs jours, qui nous avaient parus bien plus nombreux que la réalité. En remettant cette protection qui m’avait maintes fois sauvée la vie, je paraissais me remettre dans la vie normale et habituelle, comme après un long intermède.
Pendant ce temps, trois Elfes s’étaient approchés derrière nous. Ils venaient du carrefour tout proche ; deux d’entre eux nous prirent nos bagages et le dernier nous fit signe de le suivre, toujours de la même façon. Après un regard rapide à mon ami, je lui emboîtai le pas, retrouvant le poids important que mon armure faisait sentir à son porteur. Ils marchaient peu rapidement et sans faire aucun bruit, comme si une discrétion volontaire de notre part à tous était nécessaire.
L’Elfe de tête, le plus grand des trois si je ne me trompe, nous entraîna au lieu du départ, au Nord de la forêt, à une assez grande distance de notre lieu d’asile, où elle nous attendait. Les deux Elfes qui portaient nos affaires suivaient toujours, et achevaient la légère colonne que nous formions. Je remarquai alors que, quand les Elfes marchent, ils font des enjambées plus importantes que nous les hommes, car ils sont tous plus grands que nous. Par ces grands pas qu’ils faisaient, ils étaient encore plus imposants, rêveurs, semblant plus calmes et maîtres de tout ce qui les entourent. Leurs pas étaient lents, mais grands et sûrs, comme si la végétation se pliait sous leurs pas, et nous fûmes bientôt en vue d’ajoncs, et entendîmes des clapotis, annonçant la proche présence du fleuve. Il s’agissait en fait d’un petit cours d’eau, affluant du Grand Fleuve. Nous entendions les cailloux qui roulaient à cause du courent assez fort de ce petit ruisseau qui s’enfonçait dans la forêt.
Cela devait faire plusieurs heures que nous marchions quand enfin nous arrivâmes au lieu prévu pour notre dernière rencontre avec les habitants de la forêt, car le soleil était déjà presque au zénith. C’était au bord d’un tout petit affluent qui allait se jeter plus loin dans le Grand Fleuve. Plusieurs Elfes étaient là, assis en cercle fermé au bord du ruisseau parmi les derniers arbres de la lisière de la forêt, et semblaient nous attendre. Je les estime dans mes souvenirs à environ une vingtaine. Ils tournèrent la tête dès notre arrivée et certains esquissèrent un léger sourire de bienvenue. Sur tous leurs visages, plus ou moins expressifs, se lisait la bienveillance qu’ils éprouvaient à notre égard. Alors que nous nous rapprochions, je la reconnus ; elle était la seule de ce petit groupe à continuer de nous regarder longuement. Nous étions maintenant à quelques mètres du cercle qu’ils formaient. Voyant l’extérieur de la forêt si proche de nous, je me rendis compte réellement de notre départ imminent. Cette « aventure » en ces lieux, qui avait en fait été pour moi plus une expérience personnelle, me paraissait maintenant avoir été très courte. Peut-être le temps s’écoule-t-il plus rapidement sous ces arbres, aussi vite que les Elfes quittent les rivages à l’Ouest… Tout en essayant de graver ce dernier moment en ma mémoire, je me sentis alors si proche de ces lieux, que je voulus que les choses s’accélèrent, afin de vite oublier toutes mes pensées qui allaient vers ces bois.
Voyons que nous n’osions trop nous approcher d’eux de peur de troubler la perfection de ce cercle et le silence qui régnait, l’Elfe que nous « connaissions le plus » fit signe à l’un des siens, le plus proche de nous ; ce dernier se leva, fit quelque pas dans notre direction et nous invita à nous asseoir à l’emplacement que laissaient deux Elfes qui s’étaient levés pour aider nos guides à déposer nos affaires au pied d’un grand arbre. Elle se leva délicatement, en faisant briller au soleil sa longue robe argentée. Après un long moment d’attente pendant lequel elle nous avait tous deux observés, elle se tourna vers le centre de sa forêt et parla ainsi :
« La joie s’en est allée,
De tous nos territoires.
Nous sommes oubliés,
Avons perdu la gloire-
-Faisant auparavant
Des nôtres le renom ;
Voilà très simplement
Pourquoi tous nous partons.
Il est passé le temps
Où nous étions nombreux ;
Etant peu maintenant,
Nous ne sommes plus heureux.
Abandonnant nos terres
Il faut tourner la page ;
Nous allons voir la mer
Et quitter ces rivages.
Des Elfes passe le temps,
Commence alors le vôtre ;
N’oubliez cependant
Pas ce qu’on fait les nôtres. »
Par ses mots enfin je comprenais un peu plus les réactions et l’état d’esprit des Elfes, tout comme la pesanteur qui règne dans la forêt. Mais je ne prends pas ce que l’on pourrait appeler « destin » comme une fatalité. Seulement ces événements devaient être et sont aujourd’hui. Le flambeau se passe, et est actuellement à nous, les Hommes…
Elle reprit après un temps de silence :
« C’est à vous maintenant,
Petit peuple des Hommes
De faire vivre à présent
Tout ce que l’on vous donne.
Sachez qu’en ce moment
Est vôtre le pouvoir ;
L’user dorénavant
Devient votre devoir.
Faites régner la paix
Au dessus de la guerre ;
Qu’elle soit à tout jamais
Présente sur ces terres. »
Elle s’arrêta quelques instants, mais continua de nous regarder tous deux.
Mon ami et moi ressentîmes un lourd poids sur les épaules, qui nous était jusqu’alors inconnu. C’était sans doute la première fois que des Elfes, sans traiter les Hommes d’égaux, leur confiaient leur propre tâche et semblaient avoir foi en eux. Il était venu le temps des Hommes, et les Elfes quittaient peu à peu les rivages d’une terre qui leur avait été demandé de maîtriser, de diriger et d’aimer…
Ses yeux quittèrent les cimes des arbres environnants, et baissant les yeux sur nous :
« A chacun de vous deux
Je dirai simplement
Que ce temps fut heureux
Avec vous un moment. »
Se tournant d’abord vers mon ami :
« Va-t-en dans ton pays
Pour dire à tous les tiens,
Que demeurent vos amis
Les Elfes de Lorien. »
Elle fixa quelques instants le visage de mon compagnon.
Ce dernier, ne sachant comment réagir, baissa les yeux et se contenta d’un léger sourire de remerciement.
Puis, se tournant vers moi, elle me dit :
« Ton corps était blessé
A l’orée de ces bois,
Et nous t’avons soigné ;
Tu iras dire au Roi
Quand tu seras rentré,
Que tous ceux de ces lieux
Tiennent à saluer,
Ce guerrier valeureux.
Sommet de ses espoirs,
Il a gagné le cœur
De l’Etoile du Soir,
En prouvant sa valeur.
Même au-delà des mers
Chacun se souviendra
Des combats légendaires
De vous tous, soldats. »
Elle s’arrêta quelques instants pendant lesquels je pus me souvenir que, selon les bruits qui courent à la Tour Blanche, notre Reine proviendrait d’une de ces forêts, et serait même parente de la Gardienne de certains bois… Mais n’étant moi-même qu’un jeune soldat, et étant arrivé depuis peu à Minas Tirith, je ne savais que penser de tout cela.
Mais brusquement se fit entendre dans mon esprit une voix calme, douce et que je pouvais entendre clairement. Relevant les yeux, je vis que l’Elfe me regardait fixement. Je me souviens précisément de ses paroles :
« Ta dernière mission sera bien la plus étrange ; une unique tâche dont on murmure déjà l’importance, et reparlera souvent au-delà de la mer, mais qui restera longtemps cachée pour beaucoup d’hommes de cette terre. Tu t’appelleras désormais Elenion, ou « Fils de l’étoile », pour les être immortels. Puisse en effet la lumière d’Ëarendil, notre astre protecteur, t’indiquer la route à suivre pour accomplir ton devoir, et représenter le peuple des Hommes lors de la renaissance de ce qui nous et cher à tous. »
Je fus tout d’abord surpris qu’elle ne m’adresse plus directement la parole à voix haute, et sans forme régulière. De plus, je ne comprenais pas le moindre sens à tout cela, et ne pouvais pas même dire si cette sorte de prophétie me concernait réellement, si elle s’avérerait qui plus est bénéfique ou néfaste pour moi, ni quand elle devrait s’accomplir. Ne voulant pas faire durer ce temps de silence pesant, je fis une légère inclination de la tête, comme signe d’acquiescement ; elle me le rendit avec un semblant de sourire et une pointe d’amusement dans les yeux.
Elle reprit pour nous deux après quelques instants:
« Maintenant hâtez-vous,
Rejoignez vos contrés ;
Et prenez avec vous
Ce que j’ai apporté. »
Sur ce, elle fit amener par deux grands Elfes une dague pour chacun de nous, magnifiquement décorée, et un peu de nourriture sous la forme de galettes dont nous avions pu, mon ami et moi, apprécier l’importante consistance et les effets nourrissants lors de ces derniers jours. Après avoir reçu de ses propres mains le petit coutelas qu’elle me tendait, je pus observer ce dernier sous tous les angles. A mon avis, il devait avoir appartenu à je ne sais quel guerrier elfe valeureux lors des grands troubles qui secouèrent ces terres, à l’époque où nos pères durent risquer leurs vies pour la liberté de leurs enfants et de ceux qui suivraient… Le fourreau vert comme les marais de Nindalf était orné artistiquement, sans surcharger l’ouvrage, et révélait une lame magnifique qui possédait, semble-t-il, quelques inscriptions dans la langue même de ceux qui la fabriquèrent. Mon ami était également comme sous le charme de sa dague, qu’il avait déjà, par une très fine lanière de cuir retenant le fourreau, attaché à sa ceinture. La nourriture apportée était quant à elle sous la forme de petits pains peu épais, et entourée de feuilles fines et larges. Il y avait également une petite quantité de fruits, de tailles et de formes variables, rouges ou violets pour la plupart ; ils étaient contenus dans une espèce de fin tissu, transparent avec des reflets pourprés. On aurait dit le résultat d’un long et méticuleux tissage de fins et beaux fils d’araignées qui formaient un enchevêtrement admirable…
Après nous avoir elle-même remis tout cela dans deux petits sacs, la belle Elfe reprit :
« Ceci en souvenir
Des grands Elfes des bois ;
Il est temps de partir,
Ne nous oubliez pas. »
Plus loin sortirent à ce moment des arbres deux êtres de ce peuple qui amenaient par la bride deux chevaux ; l’un d’eux portait sur lui la selle et le harnais de mon ancienne monture, et je compris qu’il m’était adressé. Quand ils furent tout près de nous, le cheval de mon ami voulut se débarrasser de celui qui le traînait pour rejoindre son maître ; mon ami se jeta presque sur lui pour le caresser. Il l’ausculta sous tous les angles, après quoi il me fit un large sourire, satisfait de l’état de la monture qu’il affectionnait tant. Ayant également pris mon cheval par la bride, je me retournai vers la femme Elfe et avec mon ami, nous fîmes un léger signe de tête accompagné d’un sourire de remerciement.
Après nous avoir répondu par une légère inclination de la tête, elle continua à parler, et nous indiqua la route du Nord :
« Ce chemin, prenez-le,
Ne vous retournez pas ;
Et la paix sachez-le,
Longtemps demeurera. »
Sur ce, elle ouvrit les bras en signe d’adieu, et comme d’encouragement ; il s’en suivit une légère inclination de notre part auxquels tous les Elfes nous entourant répondirent.
Après ses derniers mots, j’aurai souhaité la remercier pour ces ultimes moments comme pour tous les autres, mais ne sus trouver les mots.
Obéissant tous deux, nous nous sommes alors retournés sans même nous regarder, et avons commencé à marcher, calmement, comme si la marche des Elfes nous avait imprégnés, longeant le cours d’eau vers le Grand Fleuve qui nous permettrait tous deux de continuer nos missions respectives, avant de rentrer chez nous… Nous tenions nos chevaux par la bride car nous n’osions monter dessus de peur qu’ils ne nous éloignent trop vite de la forêt.
Je regrettais au fond de moi de quitter tous ces Elfes, et elle en particulier, belle et douce, que je ne vis sourire…
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