12.07.2007, 23:51
Il aurait été trop facile de continuer sur ma lancée et de rendre publiable une partie des notes qui serviront à rédiger Le fait religieux. Je me suis donc lancé sans attendre dans le deuxième article que je projette d'écrire.
Et pour bien prouver qu'aucune logique ne guide mes pas , je n'ai pas commencé par l'introduction (sauf l'interminable sous-titre : "Abrégé des coutumes et lois successorales chez les peuples du Nord-Ouest de la Terre du Milieu, en particulier de celles s’intéressant à la Royauté") mais par les coutumes successorales des Nains.
Il faut dire que c'était un chapitre rapide, vu le peu de connaissances que l'on a à ce sujet. :cry:
Si vous avez des commentaires, n'hésitez pas.
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On connaît peu de chose sur la société naine chez Tolkien. Seul le peuple des Barbeslongues (Anfangrim dans la langue des Sindar) est décrit un tant soit peu en détail. Et encore cela se réduit-il essentiellement à une description de la famille royale dans la seconde moitié du Tiers-Âge. Les évènements liés à l’Expédition d’Erebor et à la tentative manquée de reconquête de Khazad-dûm ne donnent à peu près aucune lumière sur la société civile chez les Nains de l’époque.
Passons tout d’abord en revue ce que l’on sait des races des Nains : il en existe sept, descendant des sept Pères des Nains (ou tout au moins dirigées par les descendants de ceux-ci [1]). Il semblerait que les demeures originelles de ces races aient été dans des chaînes de montagnes formant des bandes parallèles et courant du Nord au Sud, à raison de deux races par chaîne de montagnes (à l’exception du peuple de Durïn, seul à habiter les Monts Brumeux). D’Ouest en Est, ces races étaient ainsi nommées en langue commune : Barbes de Feu, Barbeslarges, Barbelongues, Poings de Fer, Barbesraides, Cheveuxnoirs et Pieds de Pierre [2]. De ces races, seules les trois premières vivaient dans le Nord-Ouest de la Terre du Milieu et furent l’objet des contes de Tolkien. Les seules choses que l’on sache au sujet des quatre autres races sont qu’elles restèrent en contact avec les trois races de l’Ouest (et envoyaient des représentants lors des conseils de la race naine qui se tenaient sous le Mont Gundabad avant que celui-ci ne soit envahi par les Orques [3]) et qu’elles participèrent à la grande Guerre des Nains et des Orques (TA 2793-2799) [4].
Les deux premières races furent à l’origines des cités de Nogrod et Belegost (Tumunzahar et Gabilgathol en Khuzdul) dans les montagnes d’Ered Luin. Nogrod semble avoir été dirigée par un Seigneur, et Beren avoir tué l’un d’entre eux à la bataille de Sarn Athrad [5]. Mais l’on sait que l’histoire de la chute de Doriath fut lourdement remaniée par Christopher Tolkien en vue de la publication du Silmarillion [6]. De fait, la mention de ce duel n’apparaît dans aucun manuscrit de la série History of Middle-Earth qui soit contemporain ou postérieur au Qenta Noldorinwa. En revanche, l’existence d’un Seigneur à Belegost est parfaitement attestée à travers l’histoire d’Azaghâl et du heaume qu’il donna à Maedhros [7]. Au vu de l’histoire des Pères des Nains et de la lignée royale des Anfangrim, il est donc permis de supposer l’existence d’une monarchie héréditaire dans chacune des deux forteresses des Montagnes Bleues. Sans doute partageaient-elles des points communs avec celle des Anfangrim, mais aucun texte ne vient l’attester de façon sûre. De même, on sait que de nombreux Nains de ces deux forteresses vinrent renforcer le peuple de Durïn après la destruction de celles-ci, occasionnée par la ruine du Beleriand à la fin du Premier Âge [8]. Mais le sort des lignées seigneuriales de Nogrod et Belegost reste à ce jour inconnu.
Chez les Barbeslongues, Durin est dit être l’ancêtre de tous les rois des Anfangrim [9]. L’examen de l’Appendice A du Seigneur des Anneaux procure de nombreuses informations concernant la succession royale chez le peuple de Durïn. On y voit une succession royale classique par primogéniture. De plus, la quasi-absence de toute naine dans les annales tendrait à prouver que seuls les mâles peuvent hériter du trône. Cette analyse est renforcée par le fait que Dáin Pied de Fer est nommé dans l’Appendice A l’héritier légitime de Thorïn II. Et ce avant même que ne périssent Fili et Kili, pourtant plus proches parents de Thorin II, mais en lignée maternelle (leur mère Dís étant la sœur cadette de Thorin II). Dáin Pied de Fer était lui le cousin au deuxième degré de Thorin. C’est donc à une succession royale par primogéniture avec application de la loi salique qui s’applique chez les Anfangrim.
On notera cependant que l’organisation territoriale du royaume tendrait vers la féodalité. Des descendants de Durïn en ligne cadette fondèrent à plusieurs reprises de nouvelles mines séparées du royaume principal. Ainsi des mines des Monts de Fer qui furent colonisées (ou recolonisées [10]) par Grór, le benjamin de Náin I et des Cavernes Scintillantes, dont Gimli devint le Seigneur après la chute de Sauron. Il en eût certainement été de même pour la Moria si l’expédition menée par Balïn avait été couronnée de succès [11]. Ces colonies deviennent de fait des seigneuries indépendantes, gouvernées par les successeurs du colonisateur initial. Bien qu’elles soient nominalement vassales du roi des Anfangrim, elles semblent dans les faits avoir été totalement indépendantes en matière de gouvernance intérieure. Même en cas de guerre, elles ne sont pas tenues de venir à l’aide de leur suzerain (ainsi du refus de Dáin de tenter une reconquête de la Moria avec la bataille d’Azanulbizar).
1. The Peoples of Middle-Earth, The History of Middle-Earth, Vol.XII, p.322
2. Ibid., p.301
3. Ibid
4. The Return of the King, The Lord of the Rings, Vol.III, Appendix A, p.442
5. The Silmarillion, III:22, p.291
6. The Peoples of Middle-Earth, The History of Middle-Earth, Vol.XII, p.297-298, 252-253
7. Unfinished Tales, Part One, II:3, p.98
The Children of Húrin, p.226
8. The Return of the King, The Lord of the Rings, Vol.III, Appendix A, p.438
9. Ibid.
10. The Peoples of Middle-Earth, The History of Middle-Earth, Vol.XII, p.302
11. The Fellowship of the Ring, The Lord of the Ring, Vol.I, II:5, p.418
Et pour bien prouver qu'aucune logique ne guide mes pas , je n'ai pas commencé par l'introduction (sauf l'interminable sous-titre : "Abrégé des coutumes et lois successorales chez les peuples du Nord-Ouest de la Terre du Milieu, en particulier de celles s’intéressant à la Royauté") mais par les coutumes successorales des Nains.
Il faut dire que c'était un chapitre rapide, vu le peu de connaissances que l'on a à ce sujet. :cry:
Si vous avez des commentaires, n'hésitez pas.
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On connaît peu de chose sur la société naine chez Tolkien. Seul le peuple des Barbeslongues (Anfangrim dans la langue des Sindar) est décrit un tant soit peu en détail. Et encore cela se réduit-il essentiellement à une description de la famille royale dans la seconde moitié du Tiers-Âge. Les évènements liés à l’Expédition d’Erebor et à la tentative manquée de reconquête de Khazad-dûm ne donnent à peu près aucune lumière sur la société civile chez les Nains de l’époque.
Passons tout d’abord en revue ce que l’on sait des races des Nains : il en existe sept, descendant des sept Pères des Nains (ou tout au moins dirigées par les descendants de ceux-ci [1]). Il semblerait que les demeures originelles de ces races aient été dans des chaînes de montagnes formant des bandes parallèles et courant du Nord au Sud, à raison de deux races par chaîne de montagnes (à l’exception du peuple de Durïn, seul à habiter les Monts Brumeux). D’Ouest en Est, ces races étaient ainsi nommées en langue commune : Barbes de Feu, Barbeslarges, Barbelongues, Poings de Fer, Barbesraides, Cheveuxnoirs et Pieds de Pierre [2]. De ces races, seules les trois premières vivaient dans le Nord-Ouest de la Terre du Milieu et furent l’objet des contes de Tolkien. Les seules choses que l’on sache au sujet des quatre autres races sont qu’elles restèrent en contact avec les trois races de l’Ouest (et envoyaient des représentants lors des conseils de la race naine qui se tenaient sous le Mont Gundabad avant que celui-ci ne soit envahi par les Orques [3]) et qu’elles participèrent à la grande Guerre des Nains et des Orques (TA 2793-2799) [4].
Les deux premières races furent à l’origines des cités de Nogrod et Belegost (Tumunzahar et Gabilgathol en Khuzdul) dans les montagnes d’Ered Luin. Nogrod semble avoir été dirigée par un Seigneur, et Beren avoir tué l’un d’entre eux à la bataille de Sarn Athrad [5]. Mais l’on sait que l’histoire de la chute de Doriath fut lourdement remaniée par Christopher Tolkien en vue de la publication du Silmarillion [6]. De fait, la mention de ce duel n’apparaît dans aucun manuscrit de la série History of Middle-Earth qui soit contemporain ou postérieur au Qenta Noldorinwa. En revanche, l’existence d’un Seigneur à Belegost est parfaitement attestée à travers l’histoire d’Azaghâl et du heaume qu’il donna à Maedhros [7]. Au vu de l’histoire des Pères des Nains et de la lignée royale des Anfangrim, il est donc permis de supposer l’existence d’une monarchie héréditaire dans chacune des deux forteresses des Montagnes Bleues. Sans doute partageaient-elles des points communs avec celle des Anfangrim, mais aucun texte ne vient l’attester de façon sûre. De même, on sait que de nombreux Nains de ces deux forteresses vinrent renforcer le peuple de Durïn après la destruction de celles-ci, occasionnée par la ruine du Beleriand à la fin du Premier Âge [8]. Mais le sort des lignées seigneuriales de Nogrod et Belegost reste à ce jour inconnu.
Chez les Barbeslongues, Durin est dit être l’ancêtre de tous les rois des Anfangrim [9]. L’examen de l’Appendice A du Seigneur des Anneaux procure de nombreuses informations concernant la succession royale chez le peuple de Durïn. On y voit une succession royale classique par primogéniture. De plus, la quasi-absence de toute naine dans les annales tendrait à prouver que seuls les mâles peuvent hériter du trône. Cette analyse est renforcée par le fait que Dáin Pied de Fer est nommé dans l’Appendice A l’héritier légitime de Thorïn II. Et ce avant même que ne périssent Fili et Kili, pourtant plus proches parents de Thorin II, mais en lignée maternelle (leur mère Dís étant la sœur cadette de Thorin II). Dáin Pied de Fer était lui le cousin au deuxième degré de Thorin. C’est donc à une succession royale par primogéniture avec application de la loi salique qui s’applique chez les Anfangrim.
On notera cependant que l’organisation territoriale du royaume tendrait vers la féodalité. Des descendants de Durïn en ligne cadette fondèrent à plusieurs reprises de nouvelles mines séparées du royaume principal. Ainsi des mines des Monts de Fer qui furent colonisées (ou recolonisées [10]) par Grór, le benjamin de Náin I et des Cavernes Scintillantes, dont Gimli devint le Seigneur après la chute de Sauron. Il en eût certainement été de même pour la Moria si l’expédition menée par Balïn avait été couronnée de succès [11]. Ces colonies deviennent de fait des seigneuries indépendantes, gouvernées par les successeurs du colonisateur initial. Bien qu’elles soient nominalement vassales du roi des Anfangrim, elles semblent dans les faits avoir été totalement indépendantes en matière de gouvernance intérieure. Même en cas de guerre, elles ne sont pas tenues de venir à l’aide de leur suzerain (ainsi du refus de Dáin de tenter une reconquête de la Moria avec la bataille d’Azanulbizar).
1. The Peoples of Middle-Earth, The History of Middle-Earth, Vol.XII, p.322
2. Ibid., p.301
3. Ibid
4. The Return of the King, The Lord of the Rings, Vol.III, Appendix A, p.442
5. The Silmarillion, III:22, p.291
6. The Peoples of Middle-Earth, The History of Middle-Earth, Vol.XII, p.297-298, 252-253
7. Unfinished Tales, Part One, II:3, p.98
The Children of Húrin, p.226
8. The Return of the King, The Lord of the Rings, Vol.III, Appendix A, p.438
9. Ibid.
10. The Peoples of Middle-Earth, The History of Middle-Earth, Vol.XII, p.302
11. The Fellowship of the Ring, The Lord of the Ring, Vol.I, II:5, p.418
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland