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Arwen
#1
j'ai vraiment l'impression qu'Arwen n'est pas luthien. Je crois qu'à la fin du temps d'aragorn, elle regrette amèrement son choix de l'humanité. Je comprends son ressenti. Pour une Elfe vivre 120 ans au coté de celui qu'elle aime est une goutte d'eau dans par rapport à leur longévité. Je trouve que Tolkien, une fois de plus exprime son pessimisme en utilisant cette fin au SDA.
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#2
Je me permets de répondre à cette affirmation, après avoir relu le passage des appendices concernant Aragorn et Arwen. Certes, cette dernière n'est pas Luthien, mais je ne pense pas qu'elle regrette son choix.

Au moment où Aragorn meurt, dans toute sa splendeur, ("ils voyaient mêlés en lui la grâce de sa jeunesse, la vaillance de sa mâturité, et la majesté de sa vieillesse"), il transmet un message à l'elfe qui a perdu son immortalité: "partir dans la tristesse et non le désespoir", accepter la mort comme ultime épreuve.

Certes, Arwen trouve "amer" le don d'Eru aux hommes , mais je pense qu'après le message de son mari, elle l'accepte. Les derniers mots qu'elle prononce d'ailleurs sont "Estel, estel", qui si je ne m'abuse veulent dire espoir, espoir. Et c'est à ce moment là qu'Aragorn se révèle dans toute sa majesté! Je pense qu'on peut y voir une reconnaissance positive pour son choix.
Ensuite, sa flamme s'éteint et elle retourne à la nature de la Lorien. Pour paraphraser Aragorn, c'est triste mais pas désespéré. Elle ne peut survivre à son amour et la nature reprend ses droits, le cycle est bouclé. On peut considérer que c'est là la vision du "déclinologue" de l'auteur du Sda qui transparait une fois de plus. Mais pour ma part, je n'y vois pas la trace du pessimissme de Tolkien, mais plutôt la marque de son génie artistique qui met ainsi un point final original à cette magnifique histoire d'amour. Plus intéressant qu'un banal,ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. La réalité n'est pas ainsi, la mort finit par apparaître à la fin de l'histoire. Mais c'est avant tout au lecteur de s'interroger sur son acception de la mortalité. Chacun peut voir dans ce miroir tendu par l'auteur, le reflet de ses propres réflexions existentielles.

Ceci dit, cela reste une interprétation personnelle et je ne prétends pas avoir les connaissances suffisantes pour affirmer que c'est ce que Tolkien voulait faire. C'est juste pour faire part de mon ressenti. Smile

Merci en tout cas d'avoir soulevé la question, cela m'a permis de relire un passage que j'aime beaucoup. ^^
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#3
Je suis d'accord avec toi sur la grandeur de cette "fin" ! Comme la Tragedie Grecque, elle allie la tristesse et la puissance du Destin à l'espoir !
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#4
bien sûr, c'est une fin grandiose pour un livre extraordinaire. Cependant celà laisse l'impression que ce qui est le plus beau de la terre du milieu est perdue avec la fin du troisième âge. Nous avons l'impression que Tolkien ne croit pas beaucoup à l'âge des hommes, à notre âge.
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#5
Ben il n'aimait pas ce que le monde, dans lequel il vivait, était en train de devenir, il n'aimait pas la modernité, la technologie, etc. Il était comme un hobbit, il préférait son petit confort simple. Or, l'histoire est supposé être la mythologie de son monde. C'est donc logique qu'il y ait un sentiment de nostalgie des temps anciens.
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
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#6
Je n'irais pas jusqu'à dire que Tolkien n'aimait pas la modernité. Il n'en aimait pas certains aspects, c'est différent. Sinon, pourquoi récuser obstinément tout lien entre le LotR et le monde réel ?

Il faut aussi se souvenir que le peuple le plus scientifiquement avancé chez Tolkien est les Númenoréens. Et ceux-ci ne chutent pas à cause de la technologie, mais parce qu'ils perdent de vue certaines valeurs.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#7
Je pense plutôt que ce n'était pas tant la modernité que Tolkien n'appréciait pas, mais bien l'usage que les Hommes en font.
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#8
Baudelaire a écrit :Nous avons, il est vrai, nations corrompues
Aux peuples anciens des beautés inconnues ; (...)
Mais ces inventions de nos muses tardives
N'empêcheront jamais les races maladives
De rendre à la jeunesse un hommage profond ;
_A la sainte jeunesse, à l'air pur, au doux front,
A l'oeil limpide et clair ainsi qu'une eau courante
Et qui va, répandant sur tout, insouciante
Comme l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses parfums, ses chansons et ses douces couleurs !
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#9
Baradon a écrit :La réalité n'est pas ainsi, la mort finit par apparaître à la fin de l'histoire. Mais c'est avant tout au lecteur de s'interroger sur son acception de la mortalité.
Et la non-acceptation de la mort est la cause initiale de la corruption des hommes de Numenor! Et la peur qui entoure la mort  est due au Mal, à Morgoth qui l'enténébra dans l'esprit des hommes. Tolkien pensait peut-être la même chose pour nous...

Juste une question: A sa mort, Arwen aurait-elle rejoint Aragorn dans les cavernes de Mandos ou aurait-elle du attendre la fin du monde? C'est peut-être l'idée de cette longue séparation qui la rendait triste...
keleril a écrit :bien sûr, c'est une fin grandiose pour un livre extraordinaire. Cependant celà laisse l'impression que ce qui est le plus beau de la terre du milieu est perdue avec la fin du troisième âge. Nous avons l'impression que Tolkien ne croit pas beaucoup à l'âge des hommes, à notre âge.
Si Tolkien aviat fait une suite au SDA, il aurait écrit un thriller où les hommes finiraient peu à peu à retourner au Mal, à vouer un culte noir. Alors pessimiste sur l'âge des hommes? Oui! Mais probablement réaliste aussi...
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#10
Arwen n'ira pas dans les cavernes de Mandos, elle est définitivement perdue pour Elrond.
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#11
Les Hommes passent aussi dans les Cavernes de Mandos, bien qu'à un endroit différent de celui où séjournent les Elfes. Mais ils n'y restent pas éternellement, et nous ne savons où ils vont ensuite.

Effectivement, Arwen est considérée comme humaine en ce qui concerne son sort après sa mort.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#12
Donc puisqu'ils sont à present mortels tout les deux.. ils se retrouveront, non?

Alors pourquoi Arwen semble perdre espoir lors de la mort de son mari? Aurait-elle perdu l'Estel?
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#13
Si je ne m'abuse, on parlait d'éventuelle retrouvailles entre Arwen et son père (Elrond), lequel est indiscutablement resté un Elfe.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
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