09.10.2005, 16:10
Voilà j'ai inventé une histoire sur Radagast et je voudrais vous la faire partager et bien sur que vous me doniez des retour sur ce sujet au revoir et à bientôt.
Radagast, le Sorcier
Mille années se sont écoulées après que lAnneau Unique du Seigneur Ténébreux a été perdu quelque part dans le lit de lAnduin et les Dieux, comme les appellent les hommes envoyèrent cinq êtres dotés de grand pouvoirs : les Istari.
Parmi eux Curunir était le plus savant quant aux récits des Anneaux de Pouvoir, il y eut aussi Mithrandir le Pèlerin Gris qui connaît toutes les langues des Elfes, des Hommes et des Nains et Radagast était celui qui aimait le plus les oiseaux et les bêtes en général. Peu dinformations nous sont parvenus à propos des deux autres Istari que lon appelait les Mages Bleus. On dit quils sont partis à lEst mais personne ne les y vit vraiment.
Radagast avais lapparence dun vieil homme dont le grand manteau était dun brun cuir aux reflets bleutés et sombres laissant poindre une longue barbe blanche et quand il louvrait on pouvait voir une vieille chemise grise et une ceinture noire dont la boucle était dargent travaillé . Il possédait aussi un chapeau de la même matière que son manteau et une sacoche noire portée en bandoulière et fermée par un bouton en ivoire : lune de ses seules richesses apparentes. Il sappuyait avec sa main gauche sur un bâton torsadé en if surmonté dune pierre noire et étrange. Sa main droite maniait lépée. Un oiseau avec qui il avait coutume de parler nommé Suloro, qui était un faucon rapide et léger, le suivait de plus ou moins despace tout au long de ses voyages.
Un jour vint où le Conseil Blanc fut réuni à Isengard, une ancienne forteresse du puissant royaume de Gondor donnée à Curunir pour y siéger. Les êtres les plus sages des Terres du Milieu y étaient présents : les trois Magiciens, Elrond dImladris, Galadriel et Celeborn de Lorien et dautres personnages de contrées plus lointaines comme Cirdan des Havres Gris.
Il y fut décidé que Gandalf Mithrandir dû se rendre dans le sud de la Forêt Noire afin dy déceler quelque malice de lEnnemi car les ombres sallongeaient dans toute la région. Et il y alla.
Cependant, le Mage ne donna bientôt plus de nouvelles et le Grand Conseil fut à nouveau réuni et le souci était au rendez-vous Cest alors que Radagast se proposa pour porter secours si besoin est au mage disparu, disant quil connaissait bien cette région, habitant à Rhosgobel, à l Est de la Forêt Noire.
Le Conseil était terminé et les invités repartirent dans leurs contrées respectives. Radagast rejoignit son fidèle cheval à lendroit où il était attaché. Le Mage défit lentrave et quand on lui eut ouvert les portes de lIsengard il voulut quitter la forteresse mais Curunir le retint un instant :
« Vous aurez sûrement besoin de ceci au cours de votre voyage, dit-il en lui tendant une bourse. Ne vous attardez pas et prenez toutes les précautions que vous jugerez un temps soit peu utiles. Tout risques doivent être écartés. Faites vite ; le Pèlerin gris est sûrement en danger et nous savons tout deux que ce que nous redoutons depuis trop longtemps et peut-être la cause du retard de Mithrandir. »
Radagast parti donc en direction de la Forêt Noire, vers lendroit même où Gandalf avait pour la dernière fois envoyé un message concernant ses recherches, accompagné de son fidèle ami et compagnon de voyage Suloro et de sa monture, Sildel. Le faucon vint se poser sur lépaule droite de son maître et se dernier monta lui même sur le cheval.
Il fut dit durant le Conseil que le Mage se rendrait dabord dans la ville fortifiée de Palanduin situé à la frontière Nord- Est du pays de Rohan pour rejoindre Amonbor, la colline qui sélève exactement entre la lisière Sud de la Forêt et les Marais des Morts.
Radagast Traversa lEstfolde en moins dune journée et il y eut deux arrêts : un pour prendre le déjeuné et laisser Sildel sabreuver. Le second fut pour cueillir des herbes rares qui poussaient là. Cétait une région accidentée possédant de petits villages épars qui sétendait entre les fleuves Entalluve et Anduin. La végétation était basse et verdoyante ; quelques buissons poussaient çà et là. Palanduin signifiait « les yeux de lAnduin » car sy élevait la Vigie de Minas Anduin, tour ancestrale construite par les Intendants du Gondor pour les Eorlingas afin de surveiller la région à lest et pouvoir prévenir les incursions des gens des chariots.
Le magicien entra par la Porte Ouest de la ville. Cette dernière était organisée en hameaux bâtis chacun sur des collines qui étaient au nombre de quatre : le Hameau Ouest, le Hameau Sud, le Bourg Central et le Hameau du Port. Un puissant mur de dix pieds de haut sur deux de larges et chaque groupement de bâtiment était lui-même entouré dune palissade de bois. La muraille possédait quatre portes, en direction des points cardinaux.
Entre les hameaux sétendaient des camps et les chemins qui les traversaient pour rejoindre les différentes parties de la ville étaient bien entretenus. Radagast prit le chemin le plus direct pour rejoindre le bourg central afin dy trouver une auberge où dormir et une écurie où son cheval puisse se reposer dun long galop. Il conseilla à Suloro daller chasser dans les champs car les musaraignes, les mulots et les campagnols devaient y pulluler, en particulier dans lExploitation Extérieure qui comme son nom lindique se situait à lextérieur du mur denceinte.
Elle fut cultivée pour augmenter la production de céréales dont la ville faisait le commerce par le Fleuve et les petits rongeurs en raffolaient. Toutefois la ville avait engagé des maîtres fauconniers afin de limiter le nombre de ces animaux dans les plantations. La ville avait pris de limportance au cours des siècles grâce aux échanges quelle effectuait avec les Gondoriens par le Fleuve (doù limportance du port).
Le Sorcier entra dans le Bourg Central sans encombres. Il demanda le chemin par lequel il pourrait se rendre pour trouver un gîte et on le lui indiqua clairement. Le nom de lauberge était « La Chope dEtain ». Cétait lunique hôtel de la ville. Il passa la porte. Il vit un gamin et lui demanda à qui fallait-il sadresser afin de réserver une chambre pour la nuit.
« Cest la personne au fond de la pièce derrière le comptoir. Vous voyez, le grand homme brun, répondit-il.
« Cest ton père ? demanda Radagast.
« Non, il est mon oncle, le frère de mon père mais sauf votre respect, je dois nettoyer les tables que vous voyez là. »
La salle était en effet un restaurant ou un bar : à droite, on pouvait y voir un rangée de sept tables en bois et à gauche, des chaises étaient alignées au comptoir. Au fond de la pièce montait un escalier menant au couloir qui desservait la vingtaine de chambres de lauberge. Radagast avait laissé son cheval à lécurie de lhôtel afin quil récupère de leffort soutenu de la journée. Il sadressa à lhomme désigné et pris une chambre à létage possédant un balcon.
Avant de monter se coucher, il passa devant le jeune homme encore à la tâche quil avait vu et lui donna une pièce dargent et un grand sourire :
« Ton chiffon est un peu usé pour nettoyer tant de tables et de bancs. »
Radagast se retira dans sa chambre et en ouvrit la fenêtre. La nuit était tombée. Il porta ses mains à sa bouche et en sorti un hululement étrange et strident. Suloro ayant entendu lappel de son maître vint se poser sur le rebord du balcon où le magicien avait déposé quelques morceaux de viande. Le faucon dévora ce qui avait été déposé pour lui ; bien que sa chasse fût bonne. Radagast avait déposé son bâton à portée de main du lit que lon avait préparé pour lui et retira son manteau ; laissant apparaître un fourreau et une épée accrochés à sa ceinture. Il suspendit sa sacoche à lunique chaise de la chambre et sallongea sur son lit.
La pierre au sommet de son bâton blanchissait au fur et à mesure que la lune montait dans le ciel car cétait là son pouvoir : la lumière du clair de lune faisait croître son énergie. Le Sorcier sendormit vite mais ses sens restèrent en éveil.
Cest pourquoi, lorsque la lune atteignit son apogée, il fut réveillé par un craquement dans le couloir qui menait à sa chambre et par le halo dune lampe-tempête qui filtrait sous le pas de la porte. Rapidement et sans un bruit, il se leva prit son bâton à deux mains et se posta derrière la porte au moment même où celle-ci souvrit, lentement. Une ombre se dirigea à travers la pièce vers la chaise où était suspendu le petit sac de Radagast. Elle se servi dedans sans faire attention au lit vide.
Le magicien voyant que lombre était frêle et entendant que sa respiration était un souffle jeune mais courageux, il la laissa partir avec les pièces quelle avait prises. Avant de se recoucher, il alla devant la serrure de la porte et leva la main droite dans sa direction et la scella au moyen dune formule incompréhensible dont il avait le secret. Il repartit à son sommeil se promettant que le petit voleur serait réprimandé et lui rendrait sa monée.
Or le voleur en question revint plus tard dans la nuit et trouva la porte close malgré toutes les clés de lhôtel qui cliquetaient à son trousseau ; son qui réveilla a nouveau Radagast. Ce dernier rit dans sa longue barbe sentant lintrus se heurter à son sortilège sans le moindre résulta. La porte resta close.
Le lendemain matin, Radagast shabilla, trouvant évidement sa sacoche bien légère. Il boucla sa ceinture, mit son manteau, coiffa son grand chapeau et prit son bâton dans la main gauche à son habitude. Il descendit prendre son petit déjeuné et, marchant dans le couloir, fit craquer une planche ; sûrement la même qui lavait réveillé une première fois dans la nuit.
Il était arrivé au rez-de-chaussée et bien que le jour soit depuis peu levé, il trouva la pièce bien sombre (remarque quil navait pu se faire la veille car la nuit était tombée lors de son arrivée).
Il demanda au même garçon quil avait vu le jour davant en train de laver les tables, une miche de pain et du thé à lathelas pour son petit déjeuné et sassit à lune des tables vide de la taverne. Lorsque lenfant lui servit sa commande, Radagast le fixa droit dans les yeux de son regard profond et lui demanda :
« Naurais-tu pas pénétré dans lune des chambres du premier étage cette nuit ?
Le regard du magicien était intense et forçait à la vérité.
« Oui je lai fait car vous maviez donné une belle pièce hier et mon oncle la vue. Alors il me la prise après que vous soyez monté dans votre chambre et ma dit « Ce vieillard à lair fortuné Tu iras visiter sa chambre cette nuit et me rapporteras ce que tu lui auras dérobé. Je tattendrais dans lescalier. » Alors je lai fait car jy était obliger : cest la personne qui mhéberge et je lui dois bien cela de temps en temps.
« Pourquoi es-tu revenu après cela ? Questionna-t-il de nouveau.
« Mon oncle désirais le bouton de votre sacoche mais je ne suis pas arrivé à entrer. Je suis désolé je devais le faire, répondit-il.
« Bien ; mais une chose est le repentir, autre chose est le rachat. Tu devras me rendre pièces après pièces ce que tu mas dérobé.
« Je le ferais, promit-il.
« Bien, répéta Radagast, maintenant, dis-moi ton nom.
« Oreth, fils dErel » dit-il avec fierté.
Durant les quatorze années de sa vie, Oreth ne sétait jamais opposé à son oncle, de peur des représailles, mais il sentait le moment venu de le faire. Il navait jamais aimé lhomme qui lavait recueilli il y a cinq années de cela. Il rêvait comme tout les gens de son âge de devenir cavalier et de sillustrer dans les batailles et entrer dans les légendes. Il était rusé mais à présent il ne savait pas (et ne sétait jamais posé la question) où son oncle entreposait sa fortune.
Oreth chercha largent toute la matinée en vain. La cave était uniquement faite pour les réserves de nourriture et de vin. Le rez-de-chaussée était lendroit le plus susceptible dabriter un quelconque trésor : le comptoir était remplis détagères et de placards. Mais loncle dOreth était au moins aussi rusé que son neveu et il naurais pas mis sa fortune dans des endroits si évidents que des tiroirs ou quelconque meuble. Quant au premier étage, il ny avait quun grand couloir qui desservait les chambres. Quant il arriva au niveau de la chambre neuf, une des planches craqua cétait un bruit familier auquel il ne prêtait habituellement aucune attention mais aujourdhui il remarqua également que lun des clous qui la fixait était mal enfoncé.
Il se promit alors quil reviendrait la nuit tombée pour tirer cette histoire au clair.
Quelques heures plus tard, effectivement, il revint à la planche, muni dun bâton de marche. Il le plaça dans une fente du parquet, en fit un levier et appuya doucement. Il souleva la planche qui se courba, laissant apparaître une dizaine de bourses en cuir semblables à celle de Radagast. Oreth en pris deux et referma la trappe délicatement et remis les clous exactement comme ils étaient placés.
Oreth alla frapper à la porte de Radagast et lui tendit les deux bourses disant :
« Lune est pour vous rembourser, lautre pour me faire pardonner.
« Il y a des millénaires, une personne était dans une situation semblable et elle répondit : « Donne à pleines mains mais donne uniquement ce que tu as » répondit le sage.
« Jai entendu cette légende pardonnez-moi. Aussi, tenez. » Et Oreth tendit un couteau à Radagast :
« Cest pour achever la semblance avec la légende. Ce nest certes pas le trésor qui fut offert jadis, mais ce doit être le destin qui nous a fait nous rencontrer.
« Tes paroles sont sages. Je prendrai soin de cest objet. Peut-être le destin est-il réellement en lui, mais cela seul lavenir nous le révélera. » Et le deux personnes se sourirent. Radagast partit à nouveau dormir.
Le matin suivant Radagast partit, décrétant quil avait perdu trop de temps la veille à cause de largent. Il paya ses deux nuits à la Chope dEtain et les repas quil y avait pris. Il alla chercher Sildel qui avait passé la nuit à lécurie de lauberge. Il poussa à nouveau son hululement sonore pour prévenir Suloro. Ce dernier arriva dans la minute qui suivait lappel.
Radagast monta son cheval et prit la direction du Port et de la plus petite des quatre portes de la ville : la Porte Est. Il fallait pour cela franchir le pont qui surplombait le Grand Fleuve.
Il pouvait désormais voir de près la tour de Minas Anduin et demanda à y monter. On lui en donna lautorisation. La tour sélevait tel un phare rouge qui sélançait à lassaut du ciel désirant voir plutôt que dêtre vu. Elle se situait à lintérieur du Mur, au nord du Port. Le Mage commença lascension de lescalier en colimaçon qui montait vers la vigie. La base de lédifice devait mesurer quarante pieds de diamètres et le sommet en avait trente environ. La Vigie noccupait pas tout le sommet. Elle était transparente telle une cage de verre et au dessus delle sélevait une aiguille de verre elle aussi, semblant percer le ciel. Le Sorcier neut aucun mal à repérer Amonbor et redescendit aussitôt.
Il enfourcha son cheval qui lattendait patiemment et traversa le pont et la Porte Est et Radagast partit bride abattue pour la Colline dAmonbor. Il passa dabord au Nord des canyons de lEmyn Muil et lorsque 50 milles furent passés il fit une pause et laissa Suloro partir pour sa chasse et en profita pour manger lui-même une petite quantité de ses provisions.
Une demi-heure passa et le sorcier remonta sur Sildel désirant parcourir à nouveau la cinquantaine de milles qui le séparait de son objectif.
L Ombre de Dol Guldur avait gagné toute la région au Sud de la Forêt Noire et de sombres nuages obscurcissaient le ciel. La pluie commença à tomber mais elle était fine est ne gênait point, du moins pour linstant.
La colline fut ralliée au moment où les derniers rayons du crépuscule disparaissaient à lhorizon. Elle nétait pas très haute mais dominait toute la région et offrait un bon point de vue sur celle-ci.
En raison de la pluie toujours tenace, Radagast ne pu allumer de feu mais la pierre de son bâton diffusait une lumière suffisante pour voir à une vingtaine de pieds à la ronde. Sildel était couché près de lui et récupérait de sa longue et éprouvante traversée. Quant à Suloro, il revint de lui-même, guidé par la lumière du petit campement. La nuit passa sans étoiles, voilées par les nuages et au petit jour tout les trois se réveillèrent, mais pas complètement remis du voyage de la veille (surtout Sildel bien entendu) et la pluie avait cessé.
Ils cherchèrent des traces du passage de Gandalf mais ne trouvèrent que les vestiges de son propre campement quil avait installé sur le versant sud de la colline : lherbe y était aplatie et quelque touffes avaient été arrachée (sûrement par son cheval). Toutefois, dautres traces se mêlaient aux premières : de grands pieds et la profondeur des empreintes était faible. Des Orcs à nen pas douter. Une embuscade. Gandalf était prisonnier. Etonnant ; étant donné les pouvoirs de ce dernier. Des traces de sabots se mêlaient apparemment à celles du cheval de Gandalf : au nombre dempreintes, il y avait trois chevaux.
Le mage enfourcha à nouveau sa propre monture et parti à une allure rapide vers le Nord et la Forêt. Des Créatures sauvages et dangereuses y rôdaient (les Orcs y compris !). Radagast était habitué à la pénombre qui régnait dans la Forêt Noire car il habitait lui-même à lisière de la forêt. Il descendit de cheval, le dessella et lui dit : « Ceci nest pas un endroit pour toi, tu doit partir retourne vers Palanduin, les chevaux y sont bien traités mais ne ty laisse monter que par Oreth, jai vu dans ses yeux quil avait noble cur. Au revoir et bon vent, Etoile de Lune ! » Et cest ainsi que les deux amis se séparèrent ; le cheval séloigna et il ne fut plus à portée de vue rapidement. Mais pour loiseau, ce fut différent : il guiderais son maître à travers la forêt car du ciel il pourrait orienter Radagast.
Le silence était de mort. Radagast pénétra plus profondément. Il entendit des cris danimaux et vit des ombres bouger quelques arbres plus loin : deux bêtes se battaient. Il dégaina son épée immédiatement et sapprocha de la zone du duel, oubliant la prudence la plus élémentaire qui lui commanderait de sécarter furtivement. Lune des deux créatures dégageait un fort magnétisme qui incitait Radagast à sapprocher et à lui venir en aide. Alors quil pressait le pas il vit les deux combattants : un énorme loup avait le dessus sur un ours, de moindre taille. Dinstinct Radagast assena un coup au loup et lanimal seffondra ; sauvant lours qui nen avait pas moins lair menaçant et cest pourquoi Radagast le tenait tout de même en respect de sa lame. Alors la bête se redressa sur ses pattes arrières et une métamorphose sopéra devant les yeux de Radagast : lours se changeait en homme.
« Merci, dit-il. Vous venez de sauver Béorn, le Changeant. Mais que faites-vous ici ?
« Je pourrait vous retourner la question, répliqua Radagast.
« Les hordes de Bêtes qui rôdes autours de ma Maison son tenace mais je le suis encore plus et je les poursuis jusquà ce que je leur face payer leurs audaces ! Toutefois aujourdhui elles mont attiré dans leur domaine me sont tombé dessus plus nombreuses et féroces que je ne lavais cru au premier abord. Et à présent répondez-moi je vous prie : pourquoi êtes vous ici ?
« Pour des affaires plus importantes que corriger des loups et cest la seule chose que je puis vous révéler ! dit Radagast.
« Bien, gardez vos secrets mais je vous dois la vie. Acceptez donc que je vous rende la pareille et regagner ainsi mon honneur, demanda-t-il.
« Mes desseins sont au-delà de votre imagination et je doute que vous me soyez de quelque utilité !
« Bien je ravalerait donc mon orgueil. Adieu alors ! Et au moment où il tournait le dos Radagast le rattrapa :
« Non attendez ! Vous semblez connaître la Forêt mieux que moi ; alors guidez-moi.
Il se retourna et dit :
« Où vous rendez-vous ?
« Ma destination est Dol Guldur ! Annonça le Magicien et rien quà entendre le mot, Béorn blêmit :
« Bien, je vous y mènerez... »
Radagast obliqua vers le Nord-ouest et lui et son compagnon marchèrent une demi-journée à bon pas.
Ils arrivèrent devant la forteresse en fin daprès-midi. Elle siégeait au sommet dune colline, dominant la forêt. Elle était noire et hideuse et le silence ne sy brisait jamais. Daprès les instructions que Radagast avait reçues au Conseil, la forteresse sétendait surtout dans le sous-sol et les cachots étaient évidemment en profondeur. Béorn senhardissant déclara que désormais il accompagnerais Radagast dans la noire bâtisse et bien sûr le magicien accepta son aide.
Le sorcier avait depuis longtemps prémédité la façon de pénétrer dans le Dol Guldur et il lappliqua. Il ferma les yeux, puis commença à psalmodier des Mots Anciens quil avait appris. Alors un vent venu du Nord se leva, chargé de brume et recouvra toute la partie sud de la forêt et le vent cessa, laissant stagner le brouillard quil avait porté. Le Magicien continua à marmonner et dautres embruns vinrent tourbillonner autours des fortifications, rendant plus dense encore le brouillard.
« Vite, dit Radagast levant les yeux vers son nouveau compagnon, entrons par cette ouverture », dit il en montrant la porte secrète (mais toutefois connue du Conseil) derrière le fort. Cette dernière était gardée par cinq Orcs et cétait la une faible garde et la porte en elle-même serait facile à détruire : elle était faite de bois brut et la finesse de luvre laissait à désirer car les gongs semboîtaient à peine. Il est vrai que Dol Guldur ne sétait pas faite attaquée et ne risquait pas de lêtre par une quelconque armée (cest ce que pense en tout cas le seigneur des lieux). Béorn se changea en ours et se rua sur trois des Orcs qui gardaient la porte et les deux autres furent transpercés par la lame de Radagast. Ils sengouffrèrent dans la porte en la brisant ni plus ni moins grâce à la force de Béorn. Ils débouchèrent à lintérieur dun souterrain qui descendait plus dans les entrailles de la Terre.
Les troupes de la citadelle étaient concentrées dans ses parties supérieures de Dol Guldur et le Brouillard provoqué par Radagast porta ses fruits : les Orcs se rassemblaient plus haut sur les remparts pour observer plus attentivement les alentours.
Radagast et Béorn errèrent quelque minute jusquà arriver dans un couloir où ils entendaient des voix. Ils écoutèrent plus attentivement et se rendirent compte que ce nétait pas le parler noir des créatures de lEnnemi mais que cela ressemblait plutôt à celui des Nains.
Ils sapprochèrent et virent lalignement de cellules dans lesquelles on pouvait voir un Nain qui parlait à un vieillard.
« Gandalf ! sexclama doucement Radagast.
Et le vieillard se retourna :
« Tu es en retard Radagast le Brun, répliqua-t-il sur un faux ton de reproche.
« Vite parton de ce lieu maudit ! Les pressa Béorn.
A ce moment là le Nain pris la parole dans le langage commun et dit à Gandalf :
« Prend ceci, Pèlerin Gris et donne les à mon fils » en tendant un parchemin dapparence ancienne et une clef tout aussi ancienne et ce fut ses dernières paroles car il agonisa sur ce dernier geste.
« Hâtons-nous » dit Gandalf et dun coup de sa puissante patte, Béorn brisa le verrou qui le retenait prisonnier.
Et les trois partirent après avoir pris les objets que le Nain leur avait confiés sur son lit de mort. Ils filèrent comme le vent à travers la forteresse mais dans le couloir qui menait à la sortie les Orcs avaient trouvé cinq des leurs gisants et avaient donné lalerte. Le couloir étroit était rempli de ces affreux êtres. Ils se frayèrent un chemin à coup dépées et de griffes, de bâtons et de crocs jusqu'à la sortie. Alors ce fut Gandalf qui fit la démonstration de sa puissance : il brandit son épée, prononça une formule, son épée rougeoya et un javelot de flamme en jaillit. Les Orcs reculèrent et certains furent tués sur le coup : ce qui laissa le temps au fuyards de se frayer un chemin jusquà la sortie. La nuit était noire.
Les Mages, épuisés par leurs sortilèges, ne pouvaient plus avancer mais Béorn, sous sa forme dours était presque inépuisable et les enjoignit de monter sur son dos (et ils ne se firent pas prier !). Alors commença une course poursuite jusquaux Méandres de lAnduin. Certains Orcs étaient montés sur des Ouargues, de grands loups rapides et féroces.
Les Méandres étaient les seuls endroits où lon pouvait traverser lAnduin en aval du Carrock. Il fallait les atteindre coûte que coûte car les loups ne voudraient jamais traverser la Rivière et les Orcs ne sapprocheraient pas plus du royaume de Lorien. Béorn sessoufflait mais il tiendrait assurément la moitié de la distance jusquau gué. Lautre moitié serait plus incertaine. La Forêt Noire était dense mais Béorn, habitué, zigzaguait entre les arbres. Les Orcs (et surtout leurs loups !) étaient eux aussi habitués à cette végétation et faisaient preuve une agilité plus grande encore. Un Ouargue planta ses crocs dans la jambe gauche de Béorn à la lisière de la forêt. Lours hurla et fit tomber les deux Istaris. Un autre loup bondit sur Radagast, le plaqua au sol et envoya son épée à trente pieds de là. Il navait pour se débattre que son bâton quil plaça dans la gueule du monstre. Gandalf et Béorn nétaient pas en meilleure position.
Ils étaient entourés de trois bêtes et de leur cavalier. Le Changeant avait repris sa forme humaine. Il était adossé au magicien, tenant une petite dague
Une flèche venue de nulle part frappa lun des Ouargues qui les entourait. Un hennissement retentit. Profitant de la surprise générale, Radagast dégaina le couteau dOreth et le planta impitoyablement dans le cur de la bête qui lentravait. Et lanimal mourut sur le coup. Le mage se redressa et courut vers son épée. Cest là quil vit celui qui avait tiré la flèche :
« Oreth ! Cest le Destin qui tamène je nen doute plus ! »
Et Oreth, monté sur Sildel qui avait suivit les ordres de Radagast, portait un grand arc noir. Il décocha une deuxième flèche. Un Orc tomba. Toutefois une vingtaine dennemis était encore debout. Béorn en restait blessé et seul un miracle pouvait les sauver. Gandalf leur cria :
« Partez ! Une monture pour quatre nest pas suffisante ! Partez ! »
A ce moment là, un Orc levait son sabre sur Gandalf. Radagast lança le couteau sur lennemi qui tomba, lui aussi. Ils étaient trop nombreux. Déjà les fantassins qui les suivaient à pieds arrivaient, précédé par lun des plus puissant serviteur de lEnnemi : un Nazgul. Ce dernier portait une pierre bleue en pendentif et brandissait une grande épée. Il était vêtu dun grand voile noir et monté sur un cheval aussi noir. Gandalf parla à nouveau :
« Cette pierre empêche lusage de la magie ! Partez ! »
Mais désormais ils ne pouvaient plus partir. Ils étaient encerclés. Cest à ce moment là que vint le miracle : le soleil apparaissait à lhorizon. Les Orcs ne supportent pas le soleil et ses rayons. Ils repartirent sous le couvert des arbres. Mais les loups étaient habités par la volonté du Nazgul et restèrent sur le champ de bataille. Oreth lança Sildel au galop en direction du Cavalier Noir et arma son arc. Un autre trait vola. Il aurait atteint sa cible si celle-ci ne lavait pas paré de sa lame. Oreth, lâchant son arc, se laissa tomber à bas de son cheval et se rua sur la dépouille dun Orc. Il en sorti le poignard que Radagast avait planté. Le Nazgul sapprocha rapidement, descendit lui-même de sa monture et prit le jeune archer au cou.
Pendant ce temps Gandalf et Radagast sétaient rejoints autours du corps ensanglanté de Béorn qui ne pouvait plus se défendre : son mollet était lacéré. Radagast avait pris un sérieux coup à labdomen et Gandalf tenait à peine debout.
Oreth luttait contre lesprit du Nazgul mais cette lutte était inégale. Alors, avec lénergie du désespoir le jeune homme planta le poignard quil tenait fermement malgré tout dans la pierre bleue qui vola en éclat. A ce moment précis, les Mages se regardèrent. Ils prononcèrent tout deux une formule à lunisson. Prit de terreur, le Nazgul lâchât Oreth. Le ciel sobscurcissait rapidement. Le Cavalier Noir voulut prendre la fuite mais cétait trop tard. Un éclair rouge chargé toute la puissance restante aux deux Istaris sabattit sur lui. Le tonnerre qui suivit fit fuir les Ouargues encore en vie. Il ne restait rien de lEsprit Noir. Oreth était étendu là, inconscient.
Radagast sortit les plantes médicinales de sa sacoche. Il broya une fleur blanche entre ses mains et la posa délicatement sur la langue du jeune homme qui suffoquait. Il alla ensuite à Béorn. Gandalf laida à faire un bandage avec le tissu de sa manche autours de sa plaie béante.
« On ne sen tire pas si mal, dit Gandalf en rigolant.
« Pas si mal » acquiesça Radagast.
Suloro attendit ce moment pour faire son apparition.
« Jai faillit toublier toi ! sexclama Radagast.
« Lorsque jai vu que tu étais guidé efficacement par ce dénommé Béorn, jai décidé daller chasser. Mais cette contrées et presque déserte alors jai voulu pousser jusqu'à Palanduin et ses cultures. Cest sur la route que jai trouvé Oreth monté sur mon ami Sildel. Je lai guidé jusquici », répondit loiseau. Paroles que Radagast traduisit aux deux autres encore conscients.
Oreth reprit connaissance.
« Mon garçon vous êtes brave ! Cest le moins quon puisse dire ! Dit Gandalf.
« Finalement, le destin se trouvait bien dans ce couteau ! Articula Oreth à Radagast.
« Le Destin est partout et nulle part. Il nest rien. Cest lHomme qui le forge. Tu as forgé le tien en me donnant ce couteau, en venant ici et en brisant la pierre du Nazgul », fit Radagast.
« Nous te devons une fière chandelle, mon garçon, dit Gandalf. A présent Radagast et moi devons partir au plus vite annoncer ces nouvelles au Conseil et rentrer en Isengard. Mais ne restons pas ici. Nous sommes trop près de la Forteresse. Partons de ce lieu. »
Ils firent monter Béorn sur Sildel avec Radagast qui avait lui aussi une blessure profonde. Oreth ramassa son arc et sen fut avec eux.
Ils arrivèrent aux Méandres sans encombres. Lorage quavaient créé les deux magiciens sétait dispersé.
« Comment ce fait-il que vous vous soyez fait emprisonné, demanda Radagast à Gandalf.
« Seule la magie de lEnnemi fonctionne dans ces lieux et la Pierre du Nazgul mempêchait duser de la mienne. Deux étaient venus à Amonbor, lun avait la pierre et Ils étaient venus avec quelques renforts. Je nai pas pu les repousser. Jai été imprudent.» Répondit Gandalf.
Radagast, le Sorcier
Mille années se sont écoulées après que lAnneau Unique du Seigneur Ténébreux a été perdu quelque part dans le lit de lAnduin et les Dieux, comme les appellent les hommes envoyèrent cinq êtres dotés de grand pouvoirs : les Istari.
Parmi eux Curunir était le plus savant quant aux récits des Anneaux de Pouvoir, il y eut aussi Mithrandir le Pèlerin Gris qui connaît toutes les langues des Elfes, des Hommes et des Nains et Radagast était celui qui aimait le plus les oiseaux et les bêtes en général. Peu dinformations nous sont parvenus à propos des deux autres Istari que lon appelait les Mages Bleus. On dit quils sont partis à lEst mais personne ne les y vit vraiment.
Radagast avais lapparence dun vieil homme dont le grand manteau était dun brun cuir aux reflets bleutés et sombres laissant poindre une longue barbe blanche et quand il louvrait on pouvait voir une vieille chemise grise et une ceinture noire dont la boucle était dargent travaillé . Il possédait aussi un chapeau de la même matière que son manteau et une sacoche noire portée en bandoulière et fermée par un bouton en ivoire : lune de ses seules richesses apparentes. Il sappuyait avec sa main gauche sur un bâton torsadé en if surmonté dune pierre noire et étrange. Sa main droite maniait lépée. Un oiseau avec qui il avait coutume de parler nommé Suloro, qui était un faucon rapide et léger, le suivait de plus ou moins despace tout au long de ses voyages.
Un jour vint où le Conseil Blanc fut réuni à Isengard, une ancienne forteresse du puissant royaume de Gondor donnée à Curunir pour y siéger. Les êtres les plus sages des Terres du Milieu y étaient présents : les trois Magiciens, Elrond dImladris, Galadriel et Celeborn de Lorien et dautres personnages de contrées plus lointaines comme Cirdan des Havres Gris.
Il y fut décidé que Gandalf Mithrandir dû se rendre dans le sud de la Forêt Noire afin dy déceler quelque malice de lEnnemi car les ombres sallongeaient dans toute la région. Et il y alla.
Cependant, le Mage ne donna bientôt plus de nouvelles et le Grand Conseil fut à nouveau réuni et le souci était au rendez-vous Cest alors que Radagast se proposa pour porter secours si besoin est au mage disparu, disant quil connaissait bien cette région, habitant à Rhosgobel, à l Est de la Forêt Noire.
Le Conseil était terminé et les invités repartirent dans leurs contrées respectives. Radagast rejoignit son fidèle cheval à lendroit où il était attaché. Le Mage défit lentrave et quand on lui eut ouvert les portes de lIsengard il voulut quitter la forteresse mais Curunir le retint un instant :
« Vous aurez sûrement besoin de ceci au cours de votre voyage, dit-il en lui tendant une bourse. Ne vous attardez pas et prenez toutes les précautions que vous jugerez un temps soit peu utiles. Tout risques doivent être écartés. Faites vite ; le Pèlerin gris est sûrement en danger et nous savons tout deux que ce que nous redoutons depuis trop longtemps et peut-être la cause du retard de Mithrandir. »
Radagast parti donc en direction de la Forêt Noire, vers lendroit même où Gandalf avait pour la dernière fois envoyé un message concernant ses recherches, accompagné de son fidèle ami et compagnon de voyage Suloro et de sa monture, Sildel. Le faucon vint se poser sur lépaule droite de son maître et se dernier monta lui même sur le cheval.
Il fut dit durant le Conseil que le Mage se rendrait dabord dans la ville fortifiée de Palanduin situé à la frontière Nord- Est du pays de Rohan pour rejoindre Amonbor, la colline qui sélève exactement entre la lisière Sud de la Forêt et les Marais des Morts.
Radagast Traversa lEstfolde en moins dune journée et il y eut deux arrêts : un pour prendre le déjeuné et laisser Sildel sabreuver. Le second fut pour cueillir des herbes rares qui poussaient là. Cétait une région accidentée possédant de petits villages épars qui sétendait entre les fleuves Entalluve et Anduin. La végétation était basse et verdoyante ; quelques buissons poussaient çà et là. Palanduin signifiait « les yeux de lAnduin » car sy élevait la Vigie de Minas Anduin, tour ancestrale construite par les Intendants du Gondor pour les Eorlingas afin de surveiller la région à lest et pouvoir prévenir les incursions des gens des chariots.
Le magicien entra par la Porte Ouest de la ville. Cette dernière était organisée en hameaux bâtis chacun sur des collines qui étaient au nombre de quatre : le Hameau Ouest, le Hameau Sud, le Bourg Central et le Hameau du Port. Un puissant mur de dix pieds de haut sur deux de larges et chaque groupement de bâtiment était lui-même entouré dune palissade de bois. La muraille possédait quatre portes, en direction des points cardinaux.
Entre les hameaux sétendaient des camps et les chemins qui les traversaient pour rejoindre les différentes parties de la ville étaient bien entretenus. Radagast prit le chemin le plus direct pour rejoindre le bourg central afin dy trouver une auberge où dormir et une écurie où son cheval puisse se reposer dun long galop. Il conseilla à Suloro daller chasser dans les champs car les musaraignes, les mulots et les campagnols devaient y pulluler, en particulier dans lExploitation Extérieure qui comme son nom lindique se situait à lextérieur du mur denceinte.
Elle fut cultivée pour augmenter la production de céréales dont la ville faisait le commerce par le Fleuve et les petits rongeurs en raffolaient. Toutefois la ville avait engagé des maîtres fauconniers afin de limiter le nombre de ces animaux dans les plantations. La ville avait pris de limportance au cours des siècles grâce aux échanges quelle effectuait avec les Gondoriens par le Fleuve (doù limportance du port).
Le Sorcier entra dans le Bourg Central sans encombres. Il demanda le chemin par lequel il pourrait se rendre pour trouver un gîte et on le lui indiqua clairement. Le nom de lauberge était « La Chope dEtain ». Cétait lunique hôtel de la ville. Il passa la porte. Il vit un gamin et lui demanda à qui fallait-il sadresser afin de réserver une chambre pour la nuit.
« Cest la personne au fond de la pièce derrière le comptoir. Vous voyez, le grand homme brun, répondit-il.
« Cest ton père ? demanda Radagast.
« Non, il est mon oncle, le frère de mon père mais sauf votre respect, je dois nettoyer les tables que vous voyez là. »
La salle était en effet un restaurant ou un bar : à droite, on pouvait y voir un rangée de sept tables en bois et à gauche, des chaises étaient alignées au comptoir. Au fond de la pièce montait un escalier menant au couloir qui desservait la vingtaine de chambres de lauberge. Radagast avait laissé son cheval à lécurie de lhôtel afin quil récupère de leffort soutenu de la journée. Il sadressa à lhomme désigné et pris une chambre à létage possédant un balcon.
Avant de monter se coucher, il passa devant le jeune homme encore à la tâche quil avait vu et lui donna une pièce dargent et un grand sourire :
« Ton chiffon est un peu usé pour nettoyer tant de tables et de bancs. »
Radagast se retira dans sa chambre et en ouvrit la fenêtre. La nuit était tombée. Il porta ses mains à sa bouche et en sorti un hululement étrange et strident. Suloro ayant entendu lappel de son maître vint se poser sur le rebord du balcon où le magicien avait déposé quelques morceaux de viande. Le faucon dévora ce qui avait été déposé pour lui ; bien que sa chasse fût bonne. Radagast avait déposé son bâton à portée de main du lit que lon avait préparé pour lui et retira son manteau ; laissant apparaître un fourreau et une épée accrochés à sa ceinture. Il suspendit sa sacoche à lunique chaise de la chambre et sallongea sur son lit.
La pierre au sommet de son bâton blanchissait au fur et à mesure que la lune montait dans le ciel car cétait là son pouvoir : la lumière du clair de lune faisait croître son énergie. Le Sorcier sendormit vite mais ses sens restèrent en éveil.
Cest pourquoi, lorsque la lune atteignit son apogée, il fut réveillé par un craquement dans le couloir qui menait à sa chambre et par le halo dune lampe-tempête qui filtrait sous le pas de la porte. Rapidement et sans un bruit, il se leva prit son bâton à deux mains et se posta derrière la porte au moment même où celle-ci souvrit, lentement. Une ombre se dirigea à travers la pièce vers la chaise où était suspendu le petit sac de Radagast. Elle se servi dedans sans faire attention au lit vide.
Le magicien voyant que lombre était frêle et entendant que sa respiration était un souffle jeune mais courageux, il la laissa partir avec les pièces quelle avait prises. Avant de se recoucher, il alla devant la serrure de la porte et leva la main droite dans sa direction et la scella au moyen dune formule incompréhensible dont il avait le secret. Il repartit à son sommeil se promettant que le petit voleur serait réprimandé et lui rendrait sa monée.
Or le voleur en question revint plus tard dans la nuit et trouva la porte close malgré toutes les clés de lhôtel qui cliquetaient à son trousseau ; son qui réveilla a nouveau Radagast. Ce dernier rit dans sa longue barbe sentant lintrus se heurter à son sortilège sans le moindre résulta. La porte resta close.
Le lendemain matin, Radagast shabilla, trouvant évidement sa sacoche bien légère. Il boucla sa ceinture, mit son manteau, coiffa son grand chapeau et prit son bâton dans la main gauche à son habitude. Il descendit prendre son petit déjeuné et, marchant dans le couloir, fit craquer une planche ; sûrement la même qui lavait réveillé une première fois dans la nuit.
Il était arrivé au rez-de-chaussée et bien que le jour soit depuis peu levé, il trouva la pièce bien sombre (remarque quil navait pu se faire la veille car la nuit était tombée lors de son arrivée).
Il demanda au même garçon quil avait vu le jour davant en train de laver les tables, une miche de pain et du thé à lathelas pour son petit déjeuné et sassit à lune des tables vide de la taverne. Lorsque lenfant lui servit sa commande, Radagast le fixa droit dans les yeux de son regard profond et lui demanda :
« Naurais-tu pas pénétré dans lune des chambres du premier étage cette nuit ?
Le regard du magicien était intense et forçait à la vérité.
« Oui je lai fait car vous maviez donné une belle pièce hier et mon oncle la vue. Alors il me la prise après que vous soyez monté dans votre chambre et ma dit « Ce vieillard à lair fortuné Tu iras visiter sa chambre cette nuit et me rapporteras ce que tu lui auras dérobé. Je tattendrais dans lescalier. » Alors je lai fait car jy était obliger : cest la personne qui mhéberge et je lui dois bien cela de temps en temps.
« Pourquoi es-tu revenu après cela ? Questionna-t-il de nouveau.
« Mon oncle désirais le bouton de votre sacoche mais je ne suis pas arrivé à entrer. Je suis désolé je devais le faire, répondit-il.
« Bien ; mais une chose est le repentir, autre chose est le rachat. Tu devras me rendre pièces après pièces ce que tu mas dérobé.
« Je le ferais, promit-il.
« Bien, répéta Radagast, maintenant, dis-moi ton nom.
« Oreth, fils dErel » dit-il avec fierté.
Durant les quatorze années de sa vie, Oreth ne sétait jamais opposé à son oncle, de peur des représailles, mais il sentait le moment venu de le faire. Il navait jamais aimé lhomme qui lavait recueilli il y a cinq années de cela. Il rêvait comme tout les gens de son âge de devenir cavalier et de sillustrer dans les batailles et entrer dans les légendes. Il était rusé mais à présent il ne savait pas (et ne sétait jamais posé la question) où son oncle entreposait sa fortune.
Oreth chercha largent toute la matinée en vain. La cave était uniquement faite pour les réserves de nourriture et de vin. Le rez-de-chaussée était lendroit le plus susceptible dabriter un quelconque trésor : le comptoir était remplis détagères et de placards. Mais loncle dOreth était au moins aussi rusé que son neveu et il naurais pas mis sa fortune dans des endroits si évidents que des tiroirs ou quelconque meuble. Quant au premier étage, il ny avait quun grand couloir qui desservait les chambres. Quant il arriva au niveau de la chambre neuf, une des planches craqua cétait un bruit familier auquel il ne prêtait habituellement aucune attention mais aujourdhui il remarqua également que lun des clous qui la fixait était mal enfoncé.
Il se promit alors quil reviendrait la nuit tombée pour tirer cette histoire au clair.
Quelques heures plus tard, effectivement, il revint à la planche, muni dun bâton de marche. Il le plaça dans une fente du parquet, en fit un levier et appuya doucement. Il souleva la planche qui se courba, laissant apparaître une dizaine de bourses en cuir semblables à celle de Radagast. Oreth en pris deux et referma la trappe délicatement et remis les clous exactement comme ils étaient placés.
Oreth alla frapper à la porte de Radagast et lui tendit les deux bourses disant :
« Lune est pour vous rembourser, lautre pour me faire pardonner.
« Il y a des millénaires, une personne était dans une situation semblable et elle répondit : « Donne à pleines mains mais donne uniquement ce que tu as » répondit le sage.
« Jai entendu cette légende pardonnez-moi. Aussi, tenez. » Et Oreth tendit un couteau à Radagast :
« Cest pour achever la semblance avec la légende. Ce nest certes pas le trésor qui fut offert jadis, mais ce doit être le destin qui nous a fait nous rencontrer.
« Tes paroles sont sages. Je prendrai soin de cest objet. Peut-être le destin est-il réellement en lui, mais cela seul lavenir nous le révélera. » Et le deux personnes se sourirent. Radagast partit à nouveau dormir.
Le matin suivant Radagast partit, décrétant quil avait perdu trop de temps la veille à cause de largent. Il paya ses deux nuits à la Chope dEtain et les repas quil y avait pris. Il alla chercher Sildel qui avait passé la nuit à lécurie de lauberge. Il poussa à nouveau son hululement sonore pour prévenir Suloro. Ce dernier arriva dans la minute qui suivait lappel.
Radagast monta son cheval et prit la direction du Port et de la plus petite des quatre portes de la ville : la Porte Est. Il fallait pour cela franchir le pont qui surplombait le Grand Fleuve.
Il pouvait désormais voir de près la tour de Minas Anduin et demanda à y monter. On lui en donna lautorisation. La tour sélevait tel un phare rouge qui sélançait à lassaut du ciel désirant voir plutôt que dêtre vu. Elle se situait à lintérieur du Mur, au nord du Port. Le Mage commença lascension de lescalier en colimaçon qui montait vers la vigie. La base de lédifice devait mesurer quarante pieds de diamètres et le sommet en avait trente environ. La Vigie noccupait pas tout le sommet. Elle était transparente telle une cage de verre et au dessus delle sélevait une aiguille de verre elle aussi, semblant percer le ciel. Le Sorcier neut aucun mal à repérer Amonbor et redescendit aussitôt.
Il enfourcha son cheval qui lattendait patiemment et traversa le pont et la Porte Est et Radagast partit bride abattue pour la Colline dAmonbor. Il passa dabord au Nord des canyons de lEmyn Muil et lorsque 50 milles furent passés il fit une pause et laissa Suloro partir pour sa chasse et en profita pour manger lui-même une petite quantité de ses provisions.
Une demi-heure passa et le sorcier remonta sur Sildel désirant parcourir à nouveau la cinquantaine de milles qui le séparait de son objectif.
L Ombre de Dol Guldur avait gagné toute la région au Sud de la Forêt Noire et de sombres nuages obscurcissaient le ciel. La pluie commença à tomber mais elle était fine est ne gênait point, du moins pour linstant.
La colline fut ralliée au moment où les derniers rayons du crépuscule disparaissaient à lhorizon. Elle nétait pas très haute mais dominait toute la région et offrait un bon point de vue sur celle-ci.
En raison de la pluie toujours tenace, Radagast ne pu allumer de feu mais la pierre de son bâton diffusait une lumière suffisante pour voir à une vingtaine de pieds à la ronde. Sildel était couché près de lui et récupérait de sa longue et éprouvante traversée. Quant à Suloro, il revint de lui-même, guidé par la lumière du petit campement. La nuit passa sans étoiles, voilées par les nuages et au petit jour tout les trois se réveillèrent, mais pas complètement remis du voyage de la veille (surtout Sildel bien entendu) et la pluie avait cessé.
Ils cherchèrent des traces du passage de Gandalf mais ne trouvèrent que les vestiges de son propre campement quil avait installé sur le versant sud de la colline : lherbe y était aplatie et quelque touffes avaient été arrachée (sûrement par son cheval). Toutefois, dautres traces se mêlaient aux premières : de grands pieds et la profondeur des empreintes était faible. Des Orcs à nen pas douter. Une embuscade. Gandalf était prisonnier. Etonnant ; étant donné les pouvoirs de ce dernier. Des traces de sabots se mêlaient apparemment à celles du cheval de Gandalf : au nombre dempreintes, il y avait trois chevaux.
Le mage enfourcha à nouveau sa propre monture et parti à une allure rapide vers le Nord et la Forêt. Des Créatures sauvages et dangereuses y rôdaient (les Orcs y compris !). Radagast était habitué à la pénombre qui régnait dans la Forêt Noire car il habitait lui-même à lisière de la forêt. Il descendit de cheval, le dessella et lui dit : « Ceci nest pas un endroit pour toi, tu doit partir retourne vers Palanduin, les chevaux y sont bien traités mais ne ty laisse monter que par Oreth, jai vu dans ses yeux quil avait noble cur. Au revoir et bon vent, Etoile de Lune ! » Et cest ainsi que les deux amis se séparèrent ; le cheval séloigna et il ne fut plus à portée de vue rapidement. Mais pour loiseau, ce fut différent : il guiderais son maître à travers la forêt car du ciel il pourrait orienter Radagast.
Le silence était de mort. Radagast pénétra plus profondément. Il entendit des cris danimaux et vit des ombres bouger quelques arbres plus loin : deux bêtes se battaient. Il dégaina son épée immédiatement et sapprocha de la zone du duel, oubliant la prudence la plus élémentaire qui lui commanderait de sécarter furtivement. Lune des deux créatures dégageait un fort magnétisme qui incitait Radagast à sapprocher et à lui venir en aide. Alors quil pressait le pas il vit les deux combattants : un énorme loup avait le dessus sur un ours, de moindre taille. Dinstinct Radagast assena un coup au loup et lanimal seffondra ; sauvant lours qui nen avait pas moins lair menaçant et cest pourquoi Radagast le tenait tout de même en respect de sa lame. Alors la bête se redressa sur ses pattes arrières et une métamorphose sopéra devant les yeux de Radagast : lours se changeait en homme.
« Merci, dit-il. Vous venez de sauver Béorn, le Changeant. Mais que faites-vous ici ?
« Je pourrait vous retourner la question, répliqua Radagast.
« Les hordes de Bêtes qui rôdes autours de ma Maison son tenace mais je le suis encore plus et je les poursuis jusquà ce que je leur face payer leurs audaces ! Toutefois aujourdhui elles mont attiré dans leur domaine me sont tombé dessus plus nombreuses et féroces que je ne lavais cru au premier abord. Et à présent répondez-moi je vous prie : pourquoi êtes vous ici ?
« Pour des affaires plus importantes que corriger des loups et cest la seule chose que je puis vous révéler ! dit Radagast.
« Bien, gardez vos secrets mais je vous dois la vie. Acceptez donc que je vous rende la pareille et regagner ainsi mon honneur, demanda-t-il.
« Mes desseins sont au-delà de votre imagination et je doute que vous me soyez de quelque utilité !
« Bien je ravalerait donc mon orgueil. Adieu alors ! Et au moment où il tournait le dos Radagast le rattrapa :
« Non attendez ! Vous semblez connaître la Forêt mieux que moi ; alors guidez-moi.
Il se retourna et dit :
« Où vous rendez-vous ?
« Ma destination est Dol Guldur ! Annonça le Magicien et rien quà entendre le mot, Béorn blêmit :
« Bien, je vous y mènerez... »
Radagast obliqua vers le Nord-ouest et lui et son compagnon marchèrent une demi-journée à bon pas.
Ils arrivèrent devant la forteresse en fin daprès-midi. Elle siégeait au sommet dune colline, dominant la forêt. Elle était noire et hideuse et le silence ne sy brisait jamais. Daprès les instructions que Radagast avait reçues au Conseil, la forteresse sétendait surtout dans le sous-sol et les cachots étaient évidemment en profondeur. Béorn senhardissant déclara que désormais il accompagnerais Radagast dans la noire bâtisse et bien sûr le magicien accepta son aide.
Le sorcier avait depuis longtemps prémédité la façon de pénétrer dans le Dol Guldur et il lappliqua. Il ferma les yeux, puis commença à psalmodier des Mots Anciens quil avait appris. Alors un vent venu du Nord se leva, chargé de brume et recouvra toute la partie sud de la forêt et le vent cessa, laissant stagner le brouillard quil avait porté. Le Magicien continua à marmonner et dautres embruns vinrent tourbillonner autours des fortifications, rendant plus dense encore le brouillard.
« Vite, dit Radagast levant les yeux vers son nouveau compagnon, entrons par cette ouverture », dit il en montrant la porte secrète (mais toutefois connue du Conseil) derrière le fort. Cette dernière était gardée par cinq Orcs et cétait la une faible garde et la porte en elle-même serait facile à détruire : elle était faite de bois brut et la finesse de luvre laissait à désirer car les gongs semboîtaient à peine. Il est vrai que Dol Guldur ne sétait pas faite attaquée et ne risquait pas de lêtre par une quelconque armée (cest ce que pense en tout cas le seigneur des lieux). Béorn se changea en ours et se rua sur trois des Orcs qui gardaient la porte et les deux autres furent transpercés par la lame de Radagast. Ils sengouffrèrent dans la porte en la brisant ni plus ni moins grâce à la force de Béorn. Ils débouchèrent à lintérieur dun souterrain qui descendait plus dans les entrailles de la Terre.
Les troupes de la citadelle étaient concentrées dans ses parties supérieures de Dol Guldur et le Brouillard provoqué par Radagast porta ses fruits : les Orcs se rassemblaient plus haut sur les remparts pour observer plus attentivement les alentours.
Radagast et Béorn errèrent quelque minute jusquà arriver dans un couloir où ils entendaient des voix. Ils écoutèrent plus attentivement et se rendirent compte que ce nétait pas le parler noir des créatures de lEnnemi mais que cela ressemblait plutôt à celui des Nains.
Ils sapprochèrent et virent lalignement de cellules dans lesquelles on pouvait voir un Nain qui parlait à un vieillard.
« Gandalf ! sexclama doucement Radagast.
Et le vieillard se retourna :
« Tu es en retard Radagast le Brun, répliqua-t-il sur un faux ton de reproche.
« Vite parton de ce lieu maudit ! Les pressa Béorn.
A ce moment là le Nain pris la parole dans le langage commun et dit à Gandalf :
« Prend ceci, Pèlerin Gris et donne les à mon fils » en tendant un parchemin dapparence ancienne et une clef tout aussi ancienne et ce fut ses dernières paroles car il agonisa sur ce dernier geste.
« Hâtons-nous » dit Gandalf et dun coup de sa puissante patte, Béorn brisa le verrou qui le retenait prisonnier.
Et les trois partirent après avoir pris les objets que le Nain leur avait confiés sur son lit de mort. Ils filèrent comme le vent à travers la forteresse mais dans le couloir qui menait à la sortie les Orcs avaient trouvé cinq des leurs gisants et avaient donné lalerte. Le couloir étroit était rempli de ces affreux êtres. Ils se frayèrent un chemin à coup dépées et de griffes, de bâtons et de crocs jusqu'à la sortie. Alors ce fut Gandalf qui fit la démonstration de sa puissance : il brandit son épée, prononça une formule, son épée rougeoya et un javelot de flamme en jaillit. Les Orcs reculèrent et certains furent tués sur le coup : ce qui laissa le temps au fuyards de se frayer un chemin jusquà la sortie. La nuit était noire.
Les Mages, épuisés par leurs sortilèges, ne pouvaient plus avancer mais Béorn, sous sa forme dours était presque inépuisable et les enjoignit de monter sur son dos (et ils ne se firent pas prier !). Alors commença une course poursuite jusquaux Méandres de lAnduin. Certains Orcs étaient montés sur des Ouargues, de grands loups rapides et féroces.
Les Méandres étaient les seuls endroits où lon pouvait traverser lAnduin en aval du Carrock. Il fallait les atteindre coûte que coûte car les loups ne voudraient jamais traverser la Rivière et les Orcs ne sapprocheraient pas plus du royaume de Lorien. Béorn sessoufflait mais il tiendrait assurément la moitié de la distance jusquau gué. Lautre moitié serait plus incertaine. La Forêt Noire était dense mais Béorn, habitué, zigzaguait entre les arbres. Les Orcs (et surtout leurs loups !) étaient eux aussi habitués à cette végétation et faisaient preuve une agilité plus grande encore. Un Ouargue planta ses crocs dans la jambe gauche de Béorn à la lisière de la forêt. Lours hurla et fit tomber les deux Istaris. Un autre loup bondit sur Radagast, le plaqua au sol et envoya son épée à trente pieds de là. Il navait pour se débattre que son bâton quil plaça dans la gueule du monstre. Gandalf et Béorn nétaient pas en meilleure position.
Ils étaient entourés de trois bêtes et de leur cavalier. Le Changeant avait repris sa forme humaine. Il était adossé au magicien, tenant une petite dague
Une flèche venue de nulle part frappa lun des Ouargues qui les entourait. Un hennissement retentit. Profitant de la surprise générale, Radagast dégaina le couteau dOreth et le planta impitoyablement dans le cur de la bête qui lentravait. Et lanimal mourut sur le coup. Le mage se redressa et courut vers son épée. Cest là quil vit celui qui avait tiré la flèche :
« Oreth ! Cest le Destin qui tamène je nen doute plus ! »
Et Oreth, monté sur Sildel qui avait suivit les ordres de Radagast, portait un grand arc noir. Il décocha une deuxième flèche. Un Orc tomba. Toutefois une vingtaine dennemis était encore debout. Béorn en restait blessé et seul un miracle pouvait les sauver. Gandalf leur cria :
« Partez ! Une monture pour quatre nest pas suffisante ! Partez ! »
A ce moment là, un Orc levait son sabre sur Gandalf. Radagast lança le couteau sur lennemi qui tomba, lui aussi. Ils étaient trop nombreux. Déjà les fantassins qui les suivaient à pieds arrivaient, précédé par lun des plus puissant serviteur de lEnnemi : un Nazgul. Ce dernier portait une pierre bleue en pendentif et brandissait une grande épée. Il était vêtu dun grand voile noir et monté sur un cheval aussi noir. Gandalf parla à nouveau :
« Cette pierre empêche lusage de la magie ! Partez ! »
Mais désormais ils ne pouvaient plus partir. Ils étaient encerclés. Cest à ce moment là que vint le miracle : le soleil apparaissait à lhorizon. Les Orcs ne supportent pas le soleil et ses rayons. Ils repartirent sous le couvert des arbres. Mais les loups étaient habités par la volonté du Nazgul et restèrent sur le champ de bataille. Oreth lança Sildel au galop en direction du Cavalier Noir et arma son arc. Un autre trait vola. Il aurait atteint sa cible si celle-ci ne lavait pas paré de sa lame. Oreth, lâchant son arc, se laissa tomber à bas de son cheval et se rua sur la dépouille dun Orc. Il en sorti le poignard que Radagast avait planté. Le Nazgul sapprocha rapidement, descendit lui-même de sa monture et prit le jeune archer au cou.
Pendant ce temps Gandalf et Radagast sétaient rejoints autours du corps ensanglanté de Béorn qui ne pouvait plus se défendre : son mollet était lacéré. Radagast avait pris un sérieux coup à labdomen et Gandalf tenait à peine debout.
Oreth luttait contre lesprit du Nazgul mais cette lutte était inégale. Alors, avec lénergie du désespoir le jeune homme planta le poignard quil tenait fermement malgré tout dans la pierre bleue qui vola en éclat. A ce moment précis, les Mages se regardèrent. Ils prononcèrent tout deux une formule à lunisson. Prit de terreur, le Nazgul lâchât Oreth. Le ciel sobscurcissait rapidement. Le Cavalier Noir voulut prendre la fuite mais cétait trop tard. Un éclair rouge chargé toute la puissance restante aux deux Istaris sabattit sur lui. Le tonnerre qui suivit fit fuir les Ouargues encore en vie. Il ne restait rien de lEsprit Noir. Oreth était étendu là, inconscient.
Radagast sortit les plantes médicinales de sa sacoche. Il broya une fleur blanche entre ses mains et la posa délicatement sur la langue du jeune homme qui suffoquait. Il alla ensuite à Béorn. Gandalf laida à faire un bandage avec le tissu de sa manche autours de sa plaie béante.
« On ne sen tire pas si mal, dit Gandalf en rigolant.
« Pas si mal » acquiesça Radagast.
Suloro attendit ce moment pour faire son apparition.
« Jai faillit toublier toi ! sexclama Radagast.
« Lorsque jai vu que tu étais guidé efficacement par ce dénommé Béorn, jai décidé daller chasser. Mais cette contrées et presque déserte alors jai voulu pousser jusqu'à Palanduin et ses cultures. Cest sur la route que jai trouvé Oreth monté sur mon ami Sildel. Je lai guidé jusquici », répondit loiseau. Paroles que Radagast traduisit aux deux autres encore conscients.
Oreth reprit connaissance.
« Mon garçon vous êtes brave ! Cest le moins quon puisse dire ! Dit Gandalf.
« Finalement, le destin se trouvait bien dans ce couteau ! Articula Oreth à Radagast.
« Le Destin est partout et nulle part. Il nest rien. Cest lHomme qui le forge. Tu as forgé le tien en me donnant ce couteau, en venant ici et en brisant la pierre du Nazgul », fit Radagast.
« Nous te devons une fière chandelle, mon garçon, dit Gandalf. A présent Radagast et moi devons partir au plus vite annoncer ces nouvelles au Conseil et rentrer en Isengard. Mais ne restons pas ici. Nous sommes trop près de la Forteresse. Partons de ce lieu. »
Ils firent monter Béorn sur Sildel avec Radagast qui avait lui aussi une blessure profonde. Oreth ramassa son arc et sen fut avec eux.
Ils arrivèrent aux Méandres sans encombres. Lorage quavaient créé les deux magiciens sétait dispersé.
« Comment ce fait-il que vous vous soyez fait emprisonné, demanda Radagast à Gandalf.
« Seule la magie de lEnnemi fonctionne dans ces lieux et la Pierre du Nazgul mempêchait duser de la mienne. Deux étaient venus à Amonbor, lun avait la pierre et Ils étaient venus avec quelques renforts. Je nai pas pu les repousser. Jai été imprudent.» Répondit Gandalf.