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Nous lançons cet adieu à l'âtre et la demeure !
Le vent peut bien souffler et la pluie se répandre
Il faut que nous partions avant la fin du jour
Au-delà des forêts et des hautes montagnes.
A Rivendell d'abord, où des elfes résident
Dans de douces clairières sous de brumeuses chutes,
A travers le désert et la lande avec hâte
Nous chevaucherons vers l'inconnu qui attend.
Devant nous, l'ennemi, derrière l'épouvante,
Le ciel sera pour nous le toit de notre chambre,
Jusqu'à ce qu'un jour soit notre peine écoulée
Notre périple fait, notre errance acquittée.
Il faut que nous partions ! Il faut que nous partions !
Nous devons chevaucher avant la fin du jour !
............................................................
Farewell we call to hearth and hall!
Though wind may blow and rain may fall,
We must away ere break of day
Far over wood and mountain tall.
To Rivendell, where Elves yet dwell
In glades beneath the misty fell,
Through moor and waste we ride in haste,
And whither then we cannot tell.
With foes ahead, behind us dread,
Beneath the sky shall be our bed,
Until at last our toil be passed,
Our journey done, our errand sped.
We must away! We must away!
We ride before the break of day!
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Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours l'impression que tes poèmes sont plus sérieux que les originaux. En même temps, c'est vrai que je doit être un peu perturbée par les versions des cassettes audio de la BBC où beaucoup de ces poèmes sont chantés et souvent sur un ton un peu plus léger que tes rigoureux alexandrins.
Citation :Devant nous, lennemi, derrière lépouvante,
Le ciel sera pour nous le toit de notre chambre,
Jusquà ce quun jour soit notre peine écoulée
Notre périple fait, notre errance acquittée.
Ah que c'est beau ! J'adore. Ca fait rêver
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Bon... soufflons un peu sur la poussière de ce machin et proposons une nouvelle version. Un peu plus rimée. Je vais tâcher de généraliser mes reprises de vieux machins dans les temps à venir.
Nous lançons cet adieu à l’âtre et la demeure !
Quand le vent soufflerait, quand tomberait la pluie
Nous partirons avant que ne naisse aujourd’hui
Par-delà les forêts et ces troubles hauteurs.
Ce sera Rivendell, elfique résidence,
Et ses vaux dispersés sous les brumes des monts :
La lande et le désert, nous les traverserons
Dans la hâte. Au-delà ? – Rien qu’on sache à l’avance.
Devant nous, l’ennemi, l’épouvante derrière.
Chaque nuit vers les cieux, qu’ils montent droits ! nos rêves
Jusqu’à ce qu’à la fin notre errance s’achève
Et que trouve son terme un périple souffert.
Nous partirons ! puisqu’il le faut, nous partirons !
Avant le point du jour, vois ! nous chevaucherons !
(Ouiiin, je ne peux pas rajouter mes apostrophes manquantes, après 260 000 minutes je n'ai plus le droit d'éditer... et là j'en suis à quelque chose comme 2 500 000 ^_^)
Divitiac
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J'avoue que je suis quelque peu de l'avis de Lilith : l'alexandrin fait un peu pompier comparer aux vers utilisés par Tolkien. En tout cas, ça ne donne certainement pas un langage que j'aurais tendance à mettre dans la bouche de Hobbits (sauf Bilbo, à l'extrême rigueur). Trop solennel et trop dramatique, à mon sens.
Je note aussi que ta nouvelle version fait purement poésie quand les rimes de Tolkien m'évoquent plus les paroles d'une chanson. Je ne suis pas sûr que multiplier enjambements (v. 8 ) et signes de ponctuations majeurs à l'intérieur des vers (v. 8, 10, 14) soit du meilleur effet dans le cas présent : ça tend à modifier le caractère du poème.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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Je plaide coupable.
Enfin, pompier ne serait pas le mot que j'utiliserai, mais le style est assez solennel et effectivement poétique avant toute chose. Mais ça je ne sais pas faire autrement je crois huhu. En revanche, j'ai peut-être une lecture un peu biaisée par une trop longue habitude de l'alexandrin, mais pour moi ce n'est absolument pas quelque chose de pesant, c'est un rythme foncièrement dans l'ordre des choses ; je veux dire, si je compose en décasyllabes, je dois à l'occasion recompter les pieds pour savoir si j'ai fourché ou non ; mais je n'ai jamais éprouvé le besoin de recompter un alexandrin, sa musique m'est trop naturelle. Après je conçois que ce soit peut-être un peu particulier...
Mais on reste dans le solennel, oui. D'un autre côté, quand je lis le poème de Jean René Raoul, quand je le lis hors contexte je veux dire, sans penser aux hobbits ou à quoi que ce soit, je ne le trouve pas bien léger. Je ressens au contraire une urgence, une nécessité : les occurences nombreuses de *must*, un champ sémantique pas bien gai avec *dread*, *waste*, *foes*, *toil*, etc. C'est ce côté-là que j'ai voulu faire ressortir.
Pour ce qui touche aux enjambements et autres points d'exclamations, je trouve curieuse ta remarque ; qu'on y trouve à redire, évidemment, mais qu'on y redise après avoir souligné que l'ensemble est trop rigoureux, solennel, me trouble, puisque ces facéties au contraire jouent avec le carcan du vers pour le rendre plus terre à terre. Enfin il m'semble non ? C'est plutôt propre aux pièces de théâtre, aux passages parlés, ou aux revendications sauvages de romantiques indisciplinés...
M'enfin dans l'ensemble je cerne assez bien ce qui gêne je crois... mais en revanche je ne suis pas convaincu de pouvoir améliorer mon travail dans ce sens ^_^
Divitiac
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Je n'ai pas dit pesant ou rigoureux.
Mais pour moi, l'alexandrin reste le vers qu'on retrouvera chez Racine ou Corneille, tandis que les Hobbits me font plus penser à Molière.
Et justement, puisque tu fais référence aux passages parlés, c'est bien là l'autre problème : il s'agit normalement d'une chanson. Donc – pour moi – ce genre de construction qui "joue avec le carcan du vers" est ici hors sujet.
Idéalement, je verrais ici plutôt un sonnet en octosyllabes (ou peut-être en ennéasyllabes pour faire ressortir le côté musical de la chose), et je jouerais plutôt sur le vocabulaire pour faire ressortir le côté "rustique" des Hobbits... donc une approche presque inverse de la tienne, en fait.
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(Modification du message : 05.05.2009, 21:34 par divitiac.)
(05.05.2009, 20:54)Elendil a écrit : Mais pour moi, l'alexandrin reste le vers qu'on retrouvera chez Racine ou Corneille, tandis que les Hobbits me font plus penser à Molière.
C'est vrai que l'alexandrin est très cornélien (je préfère ne pas parler de Racine ), m'enfin Molière ne crache pas dessus (si tant est que ce soit bien lui qui ait écrit certaines pièces) et la légèreté ne rogne alors pas sur la solennité ou lycée de Versailles. D'un autre côté... peut-être que c'est juste que je n'écris pas encore aussi bien que ces gens-là... Mais ça viendra si je persévère non ?
[Pour les enjambements et tout ça, ceci dit, ce n'est pas tant chez les vieux classiques qu'on les voit fourmiller que plutôt, mettons, sous la plume du très fabuleux Rostand...Ah ! l'Aiglon...]
Bon, ma réponse s'éloigne un peu du sujet alors je l'arrête là
Divitiac
Vive l'alexandrin !
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Mais voilà, c'est bien le problème : ça me rappelle Rostand (je n'osais pas le dire). Mais le Rostand de Cyrano.
Or il y a de la coquetterie chez les personnages de Rostand. Ils ne se prennent pas au sérieux, sauf pour leur malheur. Et j'ai le sentiment qu'on se retrouve à des lieues de la simplicité de la Comté.
Tu ferais en revanche un poème de ce genre pour te moquer de la reine Berúthiel, ça me conviendrait parfaitement.
Au passage, dois-je comprendre que tu n'aimes pas Racine ? Allons donc !
Un effroyable cri, sorti du fond des eaux,
Des airs en ce moment a troublé le repos,
Et du sein de la Terre une voix formidable,
Répond en gémissant à ce cri redoutable.
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(05.05.2009, 13:43)Elendil a écrit : Je note aussi que ta nouvelle version fait purement poésie quand les rimes de Tolkien m'évoquent plus les paroles d'une chanson. Le problème est je pense dû à la langue. Si tu regardes l'anglais, les mots sont tous à une ou deux syllabes, et par expérience je sais que c'est plus facile de rendre un texte musical avec des mots courts que longs. Et en français c'est plus dur, d'où le fait qu'on ait besoin de recourir aux allitérations, assonances, et autres effets de style...
Par contre il est vrai que je n'utiliserais pas ici l'enjambement. D'une part parce que ça casse le rythme (ce qui est à l'inverse plus convenable pour un poème mélancolique, guerrier, etc...) et que Tolkien n'en utilise pas lui-même!
Après pour rendre un texte plus musical que poétique, il faut assez travailler justement les notes. Il y a des sons graves et des sons aigus dans notre langue (par exemple le A est plus aigu que le O, le I plus que le E, etc...), et ça aussi il faut le travailler.
Par contre pour la taille des vers, je ne sais pas trop. Sûr que l'alexandrin est très solennel, qu'une élégie est faite pour rappeler le sanglot ou le boitement, que l'octosyllabe est plus rythmé... Mais c'est discutable.
En tout cas, ta traduction est déjà louable, Divi, et je préfère bien de loin la deuxième version à la première (qui me faisait penser à de gros nains chantants )!
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