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Des visiteurs dans le cellier *
#1
.oOo.
Quelque part dans la Comté, il y a quelques années…

-« Vas-y ! »

Encouragée du geste par son frère, la petite Pimprenelle rampait parmi les joncs, imitant le renard en chasse. Si ses adorables petits membres potelés démontraient la proverbiale adresse hobbite, la môme n’en était tout de même qu’à sa première rapine. Ses couettes jaillissaient haut en panaches roux, dépassant de temps à autres des buissons, lorsque l’apprentie vide-gousset s’aventurait à jeter un coup d’œil bleu et téméraire vers sa future victime. Un dernier regard en arrière pour y puiser un peu de détermination - « Vas-y ! » - et la petite hobbite rampa entre les derniers iris.

Dans le lavoir devant elle, la vieille demoiselle Biglesec, l’air pincé et important, s’escrimait de son battoir vengeur sur le linge de son trousseau. La revêche commère l’avait patiemment brodé, au fil des années d’attente d’un prétendant toujours plus improbable. Elle ne laissait à personne d’autre le soin de rafraichir son linge précieux. De temps à autres, la soupçonneuse lavandière inspectait minutieusement sa broderie au crible des rayons matinaux, en maugréant une imprécation à l’adresse de quelque débiteur paresseux. Lorsque l’étoffe éclatait d’une virginale splendeur digne de sa respectable personne, la vieille Biglesec la tendait alors aux cordes pour y sécher.

Pimprenelle atteignit l’allée de dalles, silencieuse comme un matou en maraude, et se dissimula derrière le parapet. Du linge sec, soigneusement plié, y reposait à côté des bijoux de la pimbêche, qui les retirait pour travailler.

Tandis que l’avare et sévère blanchisseuse récitait ses avoirs au rythme de ses coups de battoir, l’agile fillette subtilisa une pièce de tulle. Elle allait repartir à quatre pattes, lorsqu’elle avisa une magnifique broche dorée qui avait appartenu à sa mère.

Le souvenir cuisant de sa Môman en pleurs devant l’intraitable huissier et le constable gêné, lui monta à la gorge, balayant tout doute et faisant taire tout remord. Cédant à l’irrésistible tentation, et envahie par un sentiment de vengeance justicière, elle s’empara du bijou d’une main leste et repartit en catimini.
.oOo.
A suivre...
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Des visiteurs dans le cellier * - par Chiara Cadrich - 13.06.2018, 21:04

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