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La confrérie du Taste-Moût
#1
La confrérie du Taste-Moût


Bonjour à tous ! Voici une petite nouvelle qui a pour thème une association ; ce n'est pas le premier texte écrit pour Tolkiendil, mais c'est le premier directement inspiré par les Tolkiendili eux-mêmes ! Inutile de chercher à reconnaître untel ou telle autre ! Mais vous retrouverez peut-être quelques échos de notre dernière AG, au fond d'une pittoresque ruelle du siècle avant-dernier.
.oOo.

Les gens du Chemin Vert sont un peu bizarres. A Bree comme à l’Oie Saoule, ils rapportent des contes, écrivent des versets et chantent dans des langues qu’ils réinventent sans cesse. Leurs étranges manies, mues par un désir d’on ne sait quoi, évoquent les parfums d’une époque oubliée et nous parlent du monde sous une lumière plus ardente.

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Bree, un jour de foire…

Compère Dufimbec et cousin Pathelin s'en allaient de concert picorer quelques verres. Bras-dessus bras-dessous par les rues du vieux bourg, compains goûtaient la vie, les mets, les calembours. L'humeur était folâtre et la saison propice. La foire allait bon train, étalait ses délices. La fête célébrait la bonne ville Bree.

Des artisans vantaient leurs cuirs, tissus, poteries ou pièces de tous bois. Chacun vaquait à ses affaires, si possible juteuses. Un nain des montagnes bleues affûtait des faux, attelé à son banc de rémouleur, dans une plainte assourdissante. Des montagnards du Sud, arborant de fiers tartans, troquaient leurs grands sacs de charbon. Des marchands de blé du Gwathlo côtoyaient les maraîchers locaux et rivalisaient de faconde dans une ambiance de ripailles.

Le notaire Beaupécule, éminent échevin assisté des gardes de la porte, veillait aux poids et mesures, percevait les redevances et réglait les litiges entre comptoirs. Une foule bigarrée se pressait devant les échoppes et se régalait des mets de fête qui embaumaient sous les auvents. Des fermières faisaient déguster leurs tourtes et leurs confiseries. Les jeunes gens échangeaient des œillades devant les étals chargés de victuailles. Voyageurs et locaux se mêlaient joyeusement, partageant des nouvelles du vaste monde.

Des bouviers négociaient, accoudés avec des émigrants du Pays de Dun, hélant bruyamment leurs accointances qui arpentaient les rues boueuses. Quelques hobbits de la Comté déambulaient prudemment au milieu de cette foule, conduisant une paire de bœufs ou quelques oies à vendre au marché aux bestiaux. Parfois l'on croisait l'un des rôdeurs, grand guerrier taciturne vêtu de cuir fatigué, au bras d'une Dame au port de reine sous sa guimpe de lin.

En sa qualité d'autochtone, Dufimbec faisait le tour du propriétaire, instruisant son "cousin de la campagne" des coutumes de la métropole les jours de grande affluence.
Oh, Pathelin n'habitait pas bien loin - il était valet dans une ferme un peu au nord du Bois de Chet. Mais il venait rarement en ville, promener son regard d'homme de la terre.
Dufimbec, lui, logeait "à la capitale", dans Bree même. Ce dilettante, descendant de quelque nobliau, avait remisé la rapière de ses ancêtres et mis sa plume au service de Maître Beaupécule. Un peu greffier, un peu copiste, un peu écrivain public, il arrivait à Dufimbec de tourner le madrigal pour un prétendant en mal d’inspiration.
Aussi, tout en retardant la sienne indéfiniment, se targuait-il d'avoir conclu quelques unions prestigieuses, et se trouvait l’intime de bien des personnages en vue dans le pays de Bree.

Les compères, citadin et campagnard, vaguèrent par les ruelles tout l'après-midi, sous un soleil d’automne assez clément. Ils finissaient des gaudes brûlantes au bout de la rue principale, devant les anciennes écuries du relais, lorsqu'ils s'avisèrent que la nuit commençait à tomber. Remontant la Grand'rue, ils croisèrent la débâcle des marchands qui remballaient les reliefs de la fête.
Les badauds se dispersaient, regagnant les hameaux de Staddel, Archet ou Combe, tandis que les visiteurs s'acheminaient vers les auberges ou leurs maisons d'hôtes.

Pathelin et Dufimbec, étourdis de leur journée, regardèrent passer les Dunéens tirant leurs chars à bras, tandis que les gardiens de la porte houspillaient les derniers retardataires qui démontaient leurs tentes.

Au crépuscule, les rues de Bree s'étaient vidées, rendant au village son air tranquille. Embrasées par les lueurs du couchant, des volutes de fumées s'élevaient des chaumières, qui semblaient se pelotonner sur elles-mêmes dans la froidure nocturne.
- Ah ben alors, c'est-y tout comme à la ferme !, lança Pathelin, mi-désabusé, mi-taquin. A la ville les gens à s'couchent quand les poules !

Contrarié, son cousin Dufimbec dut convenir que la fraicheur du soir d'automne avait un peu clairsemé les rues. Mais il lui coûtait qu'une aussi glorieuse journée s'entachât d'une si morne fin. La ville de foire, trépidante et animée, était redevenue le village frileux et routinier.
- Viens donc au Poney Fringant !, tenta-t-il
- Ah ben on y est déjà allés tantôt ! refusa Pathelin, se rappelant les élancements crâniens qui avaient suivi sa cuite de la veille.

Les compères s'apprêtaient donc à regagner la chambrette du citadin... lorsque Dufimbec eut une illumination !
.oOo.
A suivre...
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La confrérie du Taste-Moût - par Chiara Cadrich - 27.02.2018, 00:31

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