19.04.2022, 18:13
(14.04.2022, 15:53)Erendis a écrit : Avez-vous une idée de la raison qui a poussé Tolkien à associer les éléments mythologiques (temps, nombres de 1ers Elfes, phases de vie elfiques...) au nombre 12 ?
Je pense que les différentes occurrences peuvent se répartir dans les deux catégories suivantes : divisions temporelles et répartitions ethniques (des Elfes). Les âges de vie des Elfes sont le résultat logique de divisions temporelles basées sur un système duodécimal, tandis que les considérations mathématiques sont à la fois cause (chez Tolkien) et conséquence (dans le Légendaire) des deux premiers.
Pour la question temporelle, j'aurais tendance à penser que Tolkien cherchait une explication mythologique à la division duodécimale du temps héritée des Babyloniens, ce que tend selon moi à confirmer la lettre 344, où il évoque les astronomes de Babylone.
Ce qui est intéressant, c'est que Tolkien considère le système duodécimal comme intrinsèquement plus mythologique que notre système décimal :
(14.04.2022, 15:53)Erendis a écrit :NOME part 1 chap 13 p100 (1960) a écrit :First Age must last somewhat longer than SA (= 3,441). Still be more regularly “duodecimal” (as mythological) up to Death of Trees and after!
Le Premier Age doit durer un peu plus longtemps que le Deuxième Age (= 3 441). Etre toujours plus régulièrement "duodécimal" (puisque mythologique) jusqu'à la Mort des Arbres et après !
De fait, le choix qu'il fait de considérer que les Premiers Elfes étaient 24, puis 144 montre bien qu'il attribuait au nombre 12 une valeur intrinsèque dans le cadre de son Légendaire. Il peut en effet y avoir une raison mathématique à cela, car 12 est un chiffre particulièrement intéressant, comme l'indique son article WP.
Plus vraisemblablement à mon sens, le fait que Tolkien voit dans le nombre 12 un caractère mythologique montre sans doute qu'il était sensible à la symbolique de celui-ci ou à ses résonances bibliques. Simon signale à juste titre les douze Tribus d'Israël, mais il aurait aussi pu citer les douze Apôtres, les douze étoiles couronnant la Femme de l'Apocalypse selon Saint Jean, etc. (ces divers symboles étant tous en lien les uns avec les autres).
D'une manière plus générale, 12 est un symbole très répandu de la totalité, car c'est le multiple de 3 (symbolisant le monde divin) et de 4 (symbolisant la Terre), ce qui explique qu'on le retrouve dans de nombreuses autres cultures, notamment les douze divinités olympiennes et les douze Dii Consentes romains. Ces deux cas sont intéressants parce que pour l'un et l'autre, il y a en fait quatorze dieux pouvant prétendre au titre, mais les différents auteurs retiennent malgré tout qu'ils sont censés être douze au total.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland