22.09.2009, 15:22
Comme promis la suite du commentaire. Au vu des trois chapitres qu'il reste, il portera tour à tour sur Alenni, Sadorhen et Celeborn. Pour aujourd'hui, je ne traiterai qu'Alenni.
Chapitre V:
Avant de parler ici d'Alenni, je voudrais me concentrer sur Ada et les fourmis!
Quant aux fourmis, elles apparaissent à deux reprises :
Ceci étant dit, revenons en à Alenni. Peut-être le plus attachant personnage de ton histoire jusque là (à l'exception du vieillard aveugle qui apparaît plus tard). Quoi qu'il en soit, tu as eu une idée merveilleuse en l'ajoutant là! Mais il demeure je trouve inachevé, et il y gagnerait un peu plus à être affiné.
Tout d'abord au niveau du récit:
1° La culpabilité : Je retarde la marche par ma blessure. Je suis le seul à la retarder. Plus la marche retarde, plus les orques nous attaquent. Des guerriers y ont perdu la vie. Et on aurait pu l'éviter sans ce retard, sans moi. C'est donc à cause de moi s'ils meurent. D'où l'équation : Si je vis, ils meurent / Si je meurs, ils vivent. Quelle est la meilleure solution?
2° Le dénigrement de soi : En quoi ma vie vaut-elle plus que la leur? Ils sont jeunes et forts, utiles. Je suis blessé, impotent, incapable de me défendre, un fardeau. Et puis, à quoi bon rester vivant? Le seigneur Elrond lui-même -notre meilleur guérisseur- ne parvient pas à me soigner. Si ça se trouve, je ne guérirais jamais. Je mourrai d'une infection dans quelques jours, et ne serait alors plus qu'un cadavre; et ce serait pour un cadavre que tous ces guerriers auraient bêtement perdu leur vie? C****rie! L'idée m'en est insupportable!
3° Le désespoir : la solution est simple, il me faut mourir. Folie? Voyons, pour quelles bonnes raisons resterais-je encore en vie? La guérison? Combien même serais-je guéris, à quoi peut bien servir un infirme dans une guerre? J'ai entendu dire qu'une nouvelle stratégie des orques n'était pas de nous tuer tous, mais d'en blesser le plus possible. Les blessés sont un poids lourds pour leurs camarades. Ils les retardent, ils pompent leurs ressources, ils font baisser le moral des troupes, ils facilitent la traque par les ennemis. Nous ne sommes dans nos propres rangs que les chaînes et les boulets de nos camardes. Nous geignons à leurs pieds en apportant la mort, comme des bombes à retardement. Je suis une bombe humaine. Alors pourquoi m'accrocher? Pour mourir une fois que les orques nous aurons rattrapé? La guérison serait vaine. Je dois donc mourir, et le plus tôt possible si je veux sauver des vies. Ah! Si seulement la Mort voulait bien me prendre, je serais enfin libéré! Non, Elrond, non! Ne me soigne pas! Ne creuse pas ta propre tombe! Laisse-moi ici, dans la neige et le froid. Va sauver ce qui reste de ton armée. Et ne crains pas pour moi. Je ne sentirais même pas l'engourdissement venir, le froid me saisir. J'aurais l'impression de dormir, et je mourai sans bruit, sans souffrance. Va, par pitié, et laisse-moi dans l'oubli! Plus rien désormais ne peut me sauver.
4° L'horizon d'une mort facile et immédiate : on ne se suicide pas quand il est difficile de mourir. On se suicide quand il suffit de faire un pas sur un pont, une autoroute, des rails, le vide et que la mort s'ensuit aussitôt. On se suicide quand il suffit de rester là dans le froid mortel, quand mourir ne demande pas d'effort. « Je ne sentirais même pas l'engourdissement venir, le froid me saisir. J'aurais l'impression de dormir, et je mourai sans bruit, sans souffrance. » Car les suicidaires craignent toujours d'être lâche au moment ultime...
Ainsi, la logique convainc notre elfe et chaque jour il la rumine. Chaque jour sa détermination se fait de plus en plus forte. Et un jour, il passe à l'action. Plus rien ne l'arrêtera. Sinon la force d'Elrond qui contraint sa main à lâcher le couteau. La violence empêche le suicide. C'est innévitable.
Mais -au regard de la logique du suicidaire que j'ai tenté de t'exposer- ce qui cloche, c'est la facilité avec laquelle l'elfe convainc Alenni de le suivre.
Aussi dois-tu convaincre Alenni mieux que cela! Et si je puis te donner un conseil, la conviction n'est pas la seule arme dont tu disposes, car il y a aussi la persuasion. Si donc tu ne parviens pas à enrayer par la raison la logique du suicidaire, alors peut-être le pourras-tu par le coeur...
Enfin, avant de quitter Alenni et de conclure ce message, je voudrais pouvoir exprimer un dernier souhait de lecteur. Pourrais-je connaître la fin de l'histoire d'Alenni? Pourrais-je savoir s'il survit finalement, ou bien meurt? Cette conclusion ma paraît souhaitable pour l'ensemble du récit, et pour le sens qu'il apporterait, le message qu'il te permettrait de faire passer, ou tout simplement l'émotion qu'il impliquerait. À toi de voir!
Chapitre V:
Avant de parler ici d'Alenni, je voudrais me concentrer sur Ada et les fourmis!
Citation :J’ai vu dans un songe une vallée presque inaccessible où nous pourrions demeurer. Ada m’y a conduit.Qui donc est cette Ada? ^^
Quant aux fourmis, elles apparaissent à deux reprises :
Citation :Le camp des Elfes s’était réveillé aux premières lueurs de l’aube. En quelques minutes, le paisible village de toile s’était transformé en une fourmilière active
Citation :La sonnerie retentit dans le camp, légère, presque enjouée. La nouvelle circula rapidement de tente en tente. Le camp redoubla soudain d’activité comme une fourmilière.Nos elfes qui formaient déjà en se levant une fourmilière active, les voici qui quelques minutes après au son du cor deviennent... une fourmilière!^^ La répétition est inutile, ou du moins l'effet de graduation mal tourné.
Ceci étant dit, revenons en à Alenni. Peut-être le plus attachant personnage de ton histoire jusque là (à l'exception du vieillard aveugle qui apparaît plus tard). Quoi qu'il en soit, tu as eu une idée merveilleuse en l'ajoutant là! Mais il demeure je trouve inachevé, et il y gagnerait un peu plus à être affiné.
Tout d'abord au niveau du récit:
Citation :Bragadir arriva le premier, tomba à genoux et le retourna doucement. Un étrange regard se posa sur Elrond, un regard épuisé, triste, plein d’un sombre défi. Les paupières se plissèrent d’effort.Le couteau pose problème. Elrond se jette dessus avant qu'on ne le voit dans les mains d'Alenni et que l'on ne comprenne que celui-ci vient de faire une tentative de suicide. Le passage n'est pas clair.
-Non ! cria Elrond. Il se jeta à terre et arracha son couteau de sa main crispée. Alenni ferma les yeux et bascula sa tête en arrière avec un soupir plaintif.
Citation :Tais-toi, répondit Alenni, les yeux toujours fermés. C’est inutile.Ce que je vais tenter là de t'expliquer est peut-être un peu compliqué. Il demande de plonger dans le mental du suicidaire pour mieux le comprendre. Dans le chapitre 3, Alenni est présenté comme « ce soldat blessé à la jambe qui répétait qu’il retardait leur marche, et qu’on devait le laisser là au lieu de le porter. » Donc voici sa logique :
-Il dit vrai, affirma Elrond. Tu as ma parole.
Alenni redressa à demi la tête et le regarda longuement, comme pour l’évaluer.
-Très bien. Allons-y.
1° La culpabilité : Je retarde la marche par ma blessure. Je suis le seul à la retarder. Plus la marche retarde, plus les orques nous attaquent. Des guerriers y ont perdu la vie. Et on aurait pu l'éviter sans ce retard, sans moi. C'est donc à cause de moi s'ils meurent. D'où l'équation : Si je vis, ils meurent / Si je meurs, ils vivent. Quelle est la meilleure solution?
2° Le dénigrement de soi : En quoi ma vie vaut-elle plus que la leur? Ils sont jeunes et forts, utiles. Je suis blessé, impotent, incapable de me défendre, un fardeau. Et puis, à quoi bon rester vivant? Le seigneur Elrond lui-même -notre meilleur guérisseur- ne parvient pas à me soigner. Si ça se trouve, je ne guérirais jamais. Je mourrai d'une infection dans quelques jours, et ne serait alors plus qu'un cadavre; et ce serait pour un cadavre que tous ces guerriers auraient bêtement perdu leur vie? C****rie! L'idée m'en est insupportable!
3° Le désespoir : la solution est simple, il me faut mourir. Folie? Voyons, pour quelles bonnes raisons resterais-je encore en vie? La guérison? Combien même serais-je guéris, à quoi peut bien servir un infirme dans une guerre? J'ai entendu dire qu'une nouvelle stratégie des orques n'était pas de nous tuer tous, mais d'en blesser le plus possible. Les blessés sont un poids lourds pour leurs camarades. Ils les retardent, ils pompent leurs ressources, ils font baisser le moral des troupes, ils facilitent la traque par les ennemis. Nous ne sommes dans nos propres rangs que les chaînes et les boulets de nos camardes. Nous geignons à leurs pieds en apportant la mort, comme des bombes à retardement. Je suis une bombe humaine. Alors pourquoi m'accrocher? Pour mourir une fois que les orques nous aurons rattrapé? La guérison serait vaine. Je dois donc mourir, et le plus tôt possible si je veux sauver des vies. Ah! Si seulement la Mort voulait bien me prendre, je serais enfin libéré! Non, Elrond, non! Ne me soigne pas! Ne creuse pas ta propre tombe! Laisse-moi ici, dans la neige et le froid. Va sauver ce qui reste de ton armée. Et ne crains pas pour moi. Je ne sentirais même pas l'engourdissement venir, le froid me saisir. J'aurais l'impression de dormir, et je mourai sans bruit, sans souffrance. Va, par pitié, et laisse-moi dans l'oubli! Plus rien désormais ne peut me sauver.
4° L'horizon d'une mort facile et immédiate : on ne se suicide pas quand il est difficile de mourir. On se suicide quand il suffit de faire un pas sur un pont, une autoroute, des rails, le vide et que la mort s'ensuit aussitôt. On se suicide quand il suffit de rester là dans le froid mortel, quand mourir ne demande pas d'effort. « Je ne sentirais même pas l'engourdissement venir, le froid me saisir. J'aurais l'impression de dormir, et je mourai sans bruit, sans souffrance. » Car les suicidaires craignent toujours d'être lâche au moment ultime...
Ainsi, la logique convainc notre elfe et chaque jour il la rumine. Chaque jour sa détermination se fait de plus en plus forte. Et un jour, il passe à l'action. Plus rien ne l'arrêtera. Sinon la force d'Elrond qui contraint sa main à lâcher le couteau. La violence empêche le suicide. C'est innévitable.
Mais -au regard de la logique du suicidaire que j'ai tenté de t'exposer- ce qui cloche, c'est la facilité avec laquelle l'elfe convainc Alenni de le suivre.
Citation :-Elrond a trouvé un endroit où nous pourrons nous défendre des Orques, murmura Bragadir d’une voix éteinte. Nous allons nous y installer. Nous ne fuirons plus.Mesures-tu Tinakë combien ce « Très bien. Allons-y » ne colle pas?
« Un endroit où nous pourrons nous défendre »? Et alors? D'une part nous n'y sommes pas encore à cet endroit, et tant que nous n'y serons pas, je retarderai votre marche er d'autres mourront! D'autre part, une fois là-bas, vous pourrez certes vous défendre, mais pas moi. Je demeure donc un fardeau inutile. Car si vous apportez de l'espoir, cet espoir est pour vous, et non pour moi. Non, « Un endroit où nous pourrons nous défendre », ce n'est pas suffisant. Laissez-moi là!
-Tais-toi, répondit Alenni, les yeux toujours fermés. C’est inutile.
-Il dit vrai, affirma Elrond. Tu as ma parole.
Alenni redressa à demi la tête et le regarda longuement, comme pour l’évaluer.
Et alors? Ne m'as-tu pas entendu? Cet espoir est pour toi, non pour moi. Pourquoi vous suivrai-je? Tu ne m'a pas convaincu!
-Très bien. Allons-y.
Aussi dois-tu convaincre Alenni mieux que cela! Et si je puis te donner un conseil, la conviction n'est pas la seule arme dont tu disposes, car il y a aussi la persuasion. Si donc tu ne parviens pas à enrayer par la raison la logique du suicidaire, alors peut-être le pourras-tu par le coeur...
Enfin, avant de quitter Alenni et de conclure ce message, je voudrais pouvoir exprimer un dernier souhait de lecteur. Pourrais-je connaître la fin de l'histoire d'Alenni? Pourrais-je savoir s'il survit finalement, ou bien meurt? Cette conclusion ma paraît souhaitable pour l'ensemble du récit, et pour le sens qu'il apporterait, le message qu'il te permettrait de faire passer, ou tout simplement l'émotion qu'il impliquerait. À toi de voir!