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Devoir de vacances...
Alors Tinakë, comment avance ton histoire? Cela fait très longtemps que je n'en ai pas entendu parler! Mr. Green


Je t'avais promis, pour cette fois, d'exposer une "idée de scénario". C'est un peu pompeux comme terme puisqu'en fin de compte, cela ne change rien au scénario. Cette modification, donc, s'applique au début de ton chapitre 3.

Entre les chapitres 2 et 3, il y a une importante césure qu'il convient de marquer fortement. Durant plusieurs mois, les elfes guidés par Elrond affrontent les orques, perdent et se replient. Tu prends le parti de narrer cet épisode en un résumé de quinze lignes, et d'ajouter que la colère et l'incompréhension règnent dans les troupes.

C'est cela que j'aurais modifié. Entre les troupes fières et joyeuses d'hier et celles abbatues et aigries d'aujord'hui, il faut bien marquer l'opposition. Et cela par le biais d'un journal tenu par un des soldats elfes. Pourquoi? pour trois raisons :
> Tout d'abord pour renforcer d'un point de vue stylistique la césure entre chapitres 2 et 3.
> Ensuite pour renforcer le fait que le moral d'un soldat (et donc de tous) est au plus bas, miné. Lire ce journal qu'il yient permet d'aller au coeur de ses pensées, d'adopter un point de vue subjectif, donc plus sensible.
> Enfin pour rendre plus attrayant le récit de la défaite.
En gros, ce soldat va relater ce qui s'est passé ces derniers mois et forcément son pessimisme-déception transparaîtra dans ce qu'il écrit.


Pourquoi ensuite adopter le format du journal?
Moi-même j'avais à l'origine pensé à une discussion autour du feu de camp, animée par l'amertume des soldats. Puis Elrond serait arrivé et l'histoire aurait continué telle que tu l'as conçue.
Cependant, tu m'as dit que tu voulais écrire un "conte historique". Qu'est-ce que cela?

À première vue, cela paraît impossible puisqu' antithétique. Un conte est censé être intemporel ("il était une fois") et il peut se produire dans le passé comme dans l'avenir. Alors que l'ancrage historique ne permet pas cela. Mais on peut dépasser cet obstacle si l'on considère que l'histoire est cyclique, qu'elle ne fait que se répéter invariablement. Pour la tienne, ça colle parfaitement, parce qu'au final, les batailles en passe d'être perdues et qui trouvent un dénouement heureux au cri de "les Aigles arrivent" est le type même de la répétition dans le temps chez Tolkien. Bref, le conte historique est donc possible.


Concernant les caractéristiques du conte, elles sont bien connues et je ne vais pas les développer : universalité, intemporalité, morale. A toi de les appliquer. Mais quant à donner au conte un caractère historique, c'est une autre chose.

Je ne sais pas quelle conception tu as de l'Histoire, mais pour moi c'est la résulantante de la confrontation et de l'interprétation d'une foule de documents entre eux par les historiens. (A chaque historien son histoire donc!) Or le journal fait parfaitement figure de ce genre de document historique. Dans les contes nordiques ou moyen-âgeux, ce sont les chants (La Chanson de Roland par exemple). Ce peut-être encore des ouvrages, des oeuvres d'art, des ruines...
D'où ma motivation à remplacer le dialogue autour du feu par un journal.

Ensuite, tu pourras à plusieurs reprises reprendre ce journal, surtout dans ces moments sans évènement proprement héroïque, où par exemple tu relates la construction d'Imladris. Cela peut rendre l'histoire plus accrochante d'avoir l'opinion d'un personnage sur ce genre d'épisode neutre.

Et enfin, et surtout, cela va permettre au lecteur de s'identifier à un personnage de plus.


Dans ton histoire, le personnage-clé est Elrond. Cependant Elrond a un défaut : c'est qu'il n'en a pas! Il obéit au Roi,ne désespère jamais et place sa foi dans les dieux qui lui donnent raison. C'est un héros au sens ancien du terme. A savoir que par exemple, dans les légendes nordiques, les héros ne sont que des personnages ordinaires. Ce qui leur confère un caractère héroïque, ce sont les dieux. Les héros sont de véritables instruments de la volonté divine, ce qui leur permet d'accomplir des choses formidables, ou de mourir tragiquement. Cette instrumentalisation d'un individu lamba est d'ailleurs ce que Saruman reproche à Gandalf. Et en effet, sans Gandalf (l'émissaire des dieux), Frodon, Théoden, Aragorn et tant d'autres n'auraient pas été des héros. Elrond est ce genre de héros.

Mais aujourd'hui la définition du héros s'est altérée. On ne va pas décorer de la Légion d'Honneur un instrument divin, mais plutôt quelqu'un qui aura trouvé en lui la force d'accomplir quelquechose d'extraordinaire au regard des hommes. L'individu qui se sera sacrifié en défendant une cause perdue par exemple. En ce sens, ce sont de véritables anti-héros puisque les dieux n'ont rien à faire là-dedans.

Or je pensais qu'il serait intéressant d'insérer dans ton histoire un anti-héros. Cet anti-héros serait l'auteur du journal. Cet auteur ne serait personne d'autre qu'Erestor!

Et là ça devient profond : Elrond et Erestor sont très proches, se confient tout l'un à l'autre, et pourtant ils sont fondamentalement opposés. Elrond, c'est l'espoir jamais défaillant et jamais déçu. Erestor, dès les premières lignes du chapitre 3 est décrit comme en colère, révolté. Il ne s'appuie pas sur l'espérance divine, et c'est Elrond qui vient l'encourager. Elrond est le prophète illuminé qui continue à croire contre toute apparence. Erestor est le soldat pragmatique qui se fie à ce qu'il voit pour en tirer des conclusions rationnelles, et donc forcément déprimantes.

Ce duo héroïque pourrait donner une véritable profondeur à ton histoire, permettant au lecteur de s'identifier à l'un ou à l'autre ou aux deux, et surtout conférant à ton récit un fond moral solide. La fonction didactique est la troisième caractéristique du conte : intemporalité, universalité, morale.

Et c'est d'ailleurs un heureux hasard qu'Erestor le désabusé devienne finalement aveugle. Jésus ouvrit les yeux des aveugles pour qu'ils croient. Mais il est amusant de voir qu'Erestor a eu besoin de devenir aveugle pour bénéficier de la grâce divine. Une sorte de rédemption. Aveugle, il ne peut plus se fier sur la laideur mensongère du monde. Il doit donc croire.

Enfin, petite touche sentimentale : Erestor pourrait, au moment où elrond part en guerre aux côtés d'Elendil et de Gil-Galad, lui offrir le journal en cadeau Wink


Attention! Même si je parais très emballé par tout ce que je te dis, Tinakë, cela ne signifie pas forcément que tu dois adopter cette idée. Ce n'est qu'une proposition de ma part, qui aura le désavantage de remodeler pas mal ton histoire. A toi donc de voir. A toi de refuser ou d'adapter selon ta personnalité et ton style. Après tout, c'est ton bébé! Mr. Green
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Devoir de vacances... - par Tinakë - 30.12.2007, 17:48

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