02.05.2008, 11:01
Petite modification: il reste TROIS chapitres avant la fin finale. J'aurai pu n'en faire qu'un, mais je trouve ça plus lisible quand c'est en plus petits morceaux.
Voilà le premier. Bonne lecture!
Chapitre 12: Gil-Galad
Elrond referma le vieux livre avec un sourire de satisfaction. Ils avaient bien œuvré, ses Aiglons, abandonnant leur vie de soldats pour devenir maçons, menuisiers, agriculteurs ! Au début, la bruyante cité d’Eglarest leur avait manqué ; et puis, à mesure que passaient les mois, ils avaient appris à aimer la montagnes et sa rude beauté, l'austérité de ses roches brunes et l’éclat coloré des fleurs qui s’y accrochaient dans un sursaut de vie.
Mais ils regrettaient encore tous une chose : la Mer. Dans cette profonde vallée où le regard était immédiatement stoppé par les montagnes, il leur restait au cœur un âpre désir de laisser leurs yeux scruter l’horizon lointain et contempler les douces couleurs de l’océan. Alors, quand la nostalgie était trop forte, quelques-uns des soldats repartaient vers l’ouest ; ils demeuraient quelques semaines, faisaient leur rapport au Roi et profitaient de la Cité. Puis ils revenaient à Imladris, où était leur place, chargés de cadeaux de la part de Gil-Galad et de leurs amis. Aucun, encore, ne prenait le bateau pour Valinor, car ils savaient avoir encore un rôle en Terre du Milieu.
Le plateau où avait commencé l’établissement de leur cité s’était rapidement révélé trop petit, et il avait fallu s’adapter au terrain pentu pour agrandir leur demeure. En cela, Lindir avait fait des merveilles, et Fondcombe était désormais un lieu paisible et agréable, où il faisait bon se promener le soir à travers les jardins parfumés. Une partie du cours d’eau avait été habilement détournée pour venir alimenter un petit moulin, où on amenait le grain venant de la vallée fertile. La première bouchée de pain doré fut pour Elrond, tremblant de joie et de fierté ; à ses yeux, c’était le signe que la Cité-Refuge était à l’abri de la famine, ne dépendait plus de Mithlond pour la nourriture, pourrait résister à un siège !
L’attaque d’Imladris n’avait pas scellé l’arrêt de la guerre contre l’Ombre ; les Elfes et les Hommes s’étaient encore battu pendant deux ans avant de remporter la victoire. Acculé par la puissante armée de Númenor, Sauron s’était réfugié au Mordor avec les débris de son armée, où il était demeuré de nombreuses années, trop affaibli encore pour inquiéter les peuples libres de la Terre du Milieu. Après la défaite de l’Ombre, des Elfes avaient fait venir à Fondcombe leurs femmes et leurs enfants ; certains même, comme Inglor, s’étaient mariés dans la grande pièce claire qui servait aux cérémonies et aux festivités.
La Cité-Refuge avait également accueilli Galadriel, l’épouse de Celeborn, et sa fille Celebrían. Elles étaient demeurées en Lorinand en attendant la fin des troubles de l’autre côté des montagnes, puis étaient parties à la recherche de Celeborn. Et bien qu’il n’en soufflât mot à personne, il se prit à aimer la gracieuse demoiselle.
A cette époque avait eu lieu le Premier Conseil, en présence de Gil-Galad et de tous les Elfes vivant à Imladris. Il fut alors connu que Galadriel détenait Nenya, le troisième anneau des Elfes. Le Roi remit Vilya à Elrond pour l’aider à maintenir la place forte que représentait Fondcombe, et l’institua son vice-régent en Eriador. Puis il repartit à Eglarest avec ceux qui le désiraient ; mais beaucoup voulurent rester, car ils considéraient désormais comme leur demeure la cité qu’ils avaient construite de leurs propres mains.
Imladris devint alors un puissant îlot de résistance face au mal qui croissait à nouveau, et un lieu d’aide pour tous ceux qui combattaient l’Ombre du Mordor.
Et celle-ci grandissait de jour en jour : on racontait que d’étranges spectres, portant chacun une bague au doigt, parcouraient la Terre du Milieu pour le compte de leur maître Sauron. Celui-ci avait corrompu les hommes de Númenor qui, dans leur fol orgueil, avaient été anéantis par Eru lui-même dans un grand cataclysme engloutissant à jamais la belle île d’Andor.
Elrond soupira : il savait que la vie heureuse de Fondcombe ne pourrait durer plus longtemps. Le mal qui grondait devait être contenu ; en compagnie de Gil-Galad, le Semi-Elfe allait reformer une armée et marcher sur le Mordor. Le Grand Roi avait reçu l’aide des hommes d’Arnor, menés par Elendil, dans une Ultime Alliance entre les deux races. Le prince Isildur s’était enfui au nord après la prise de Minas Ithil par Sauron, tandis que son frère Anárion défendait tant bien que mal Minas Anor et la ville d’Osgiliath. Il fallait agir très vite pour empêcher Sauron de détruire les peuples libres les uns après les autres.
Elrond parcourut la salle du regard. De nombreuses années s’étaient écoulées depuis la fondation de Fondcombe, mais ses Elfes avaient gardé intactes leur force et leur valeur au combat, traquant les Orques qui habitaient encore les montagnes ou luttant entre eux par simple plaisir. Ils avaient passé plusieurs jours à préparer leurs affaires, fourbir leurs armes et vérifier la solidité de leurs armures ; ils avaient par surcroît renforcé les murs de la Cité-Refuge durant leur réparation annuelle. A présent, ils profitaient du calme de la brûlante journée d’été pour être en famille ou se divertir.
Ils allaient repartir avec leur chef, mais pas tous : le regard d’Elrond se posa sur Erestor qui, penché sur un bois de lit, sculptait adroitement son dossier en un grillage de fines tiges au bout desquelles s’épanouissaient des fleurs délicates. Pour tout son travail, il ne se fiait plus qu’à ses mains ; durant le siège d’Imladris, un projectile enflammé était passé trop près de son visage, le privant de l’usage de ses yeux, et tout l’art de la médecine elfique n’avait pas été suffisant pour lui rendre la vue. Au début, il avait peiné à accepter son infirmité ; ses amis s’étaient discrètement relayés dans la Salle du Feu, implorant les Valar de lui accorder la paix.
Puis, un matin, sans signe avant-coureur, il retrouva d’un coup la joie et la bonne humeur qui le caractérisaient auparavant. Personne ne put expliquer ce brusque changement, et il resta silencieux là-dessus ; mais quand on le voyait suivre des yeux une chose invisible, et qu’alors une joie ineffable illuminait son visage, on le soupçonnait de voir les « dieux d’au-delà de la Mer »- les Valar, qui visitaient discrètement les lieux.
Et quelquefois, quand la nuit était belle ou le jour particulièrement réjouissant, il regardait, avec une expression joyeuse, quelque chose qui se déplaçait dans le jardin. Quand la chose passait près de lui, il s’inclinait respectueusement, puis retournait à ses occupations, tout empreint d’une sérénité contagieuse.
Il avait conservé sa passion pour le travail du bois, qu’il effectuait toujours avec une habileté merveilleuse. Durant la guerre au Mordor, il allait demeurer à Fondcombe ; son excellente connaissance des lieux et sa mémoire étonnante lui permettrait de remplacer Elrond jusqu’à son retour, car Celeborn, qui ne partait pas non plus, refusait de tenir ce rôle malgré son haut rang et sa sagesse.
Elrond en était là dans sa réflexion quand Erestor releva soudain la tête et dit joyeusement :
« Gil-Galad arrive ! »
Au bout de quelques instants, en effet, tous purent entendre le galop d’un cheval résonnant sur le sol rocheux. Ils se levèrent et descendirent en hâte jusqu’à la cour rougie par les premiers rayons du crépuscule, heureux de voir leur roi et impatients d’entendre ce qu’il avait à leur dire.
Gil-Galad traversa le pont étroit puis entra dans la cour en passant sous un large porche. « Gloire à notre roi ! Qu’Elbereth te garde ! » Au milieu des cris de bienvenue, il descendit de cheval et salua le maître des lieux, puis les trois nobles Elfes qu’il hébergeait. Il était très grand, revêtu de son armure étincelante marquetée d’étoiles d’argent, et de son manteau bleu, couleur de Manwë, symbole de son autorité. Il était empli de vigueur et de sagesse, mais la bonté se lisait dans ses yeux, et il restait accessible à tous ceux qui désiraient venir à lui.
Il tint à saluer tous ceux qui habitaient la Cité-Refuge, puis il se plaça sur le seuil de la maison aux côtés de son hôte :
-Je suis heureux de vous retrouver tous ! La route est longue jusqu’ici, mais son souvenir s’efface déjà à revoir enfin tous vos visages. Je n’apporte pas de bonnes nouvelles : l’Ennemi est puissant à nouveau, et la bataille sera rude. Bien des nôtres tomberont avant la destruction de l’Ombre. Mais nous parlerons de ceci demain ; ce soir, nous fêtons le Mitan de l’année, en l’honneur d’Elbereth qui plaça au ciel ses précieux joyaux pour notre joie !
Il entra alors dans la maison, toute illuminée pour la fête. Il y eut un grand repas et de nombreux chants s’élevèrent. Quand ils le désiraient, les Elfes avaient la capacité de goûter l’instant présent en oubliant l’avenir obscur; le festin fut donc long et agréable sans arrière-pensées. Gil-Galad raconta ses errances à travers l’Eriador, à la recherche des Elfes qui vivaient disséminés dans le pays. Puis, pour chasser l’idée du départ prochain, il parla de sa rencontre avec Tom Bombadil, l’étrange et gai luron qui gambadait dans la forêt à longueur de journée, et de sa belle femme Baie d’Or, dont la voix se mêlait au bruissement des sources quand elle chantait.
Des rires et des chants résonnèrent jusque fort tard dans la nuit, puis les Elfes se dispersèrent, qui vers sa chambre en quête d’un peu de repos avant le retour du soleil, qui dans la salle du Feu, là où des bûches se consumaient jour et nuit, amenant la paix et la clarté dans les réflexions de ceux qui les contemplaient. Certains restèrent un peu partout à discuter par petits groupes. Gil-galad partit dans les jardins en compagnie d’Elrond.
Tinakë,
Totis visceribus!
Voilà le premier. Bonne lecture!
Chapitre 12: Gil-Galad
Elrond referma le vieux livre avec un sourire de satisfaction. Ils avaient bien œuvré, ses Aiglons, abandonnant leur vie de soldats pour devenir maçons, menuisiers, agriculteurs ! Au début, la bruyante cité d’Eglarest leur avait manqué ; et puis, à mesure que passaient les mois, ils avaient appris à aimer la montagnes et sa rude beauté, l'austérité de ses roches brunes et l’éclat coloré des fleurs qui s’y accrochaient dans un sursaut de vie.
Mais ils regrettaient encore tous une chose : la Mer. Dans cette profonde vallée où le regard était immédiatement stoppé par les montagnes, il leur restait au cœur un âpre désir de laisser leurs yeux scruter l’horizon lointain et contempler les douces couleurs de l’océan. Alors, quand la nostalgie était trop forte, quelques-uns des soldats repartaient vers l’ouest ; ils demeuraient quelques semaines, faisaient leur rapport au Roi et profitaient de la Cité. Puis ils revenaient à Imladris, où était leur place, chargés de cadeaux de la part de Gil-Galad et de leurs amis. Aucun, encore, ne prenait le bateau pour Valinor, car ils savaient avoir encore un rôle en Terre du Milieu.
Le plateau où avait commencé l’établissement de leur cité s’était rapidement révélé trop petit, et il avait fallu s’adapter au terrain pentu pour agrandir leur demeure. En cela, Lindir avait fait des merveilles, et Fondcombe était désormais un lieu paisible et agréable, où il faisait bon se promener le soir à travers les jardins parfumés. Une partie du cours d’eau avait été habilement détournée pour venir alimenter un petit moulin, où on amenait le grain venant de la vallée fertile. La première bouchée de pain doré fut pour Elrond, tremblant de joie et de fierté ; à ses yeux, c’était le signe que la Cité-Refuge était à l’abri de la famine, ne dépendait plus de Mithlond pour la nourriture, pourrait résister à un siège !
L’attaque d’Imladris n’avait pas scellé l’arrêt de la guerre contre l’Ombre ; les Elfes et les Hommes s’étaient encore battu pendant deux ans avant de remporter la victoire. Acculé par la puissante armée de Númenor, Sauron s’était réfugié au Mordor avec les débris de son armée, où il était demeuré de nombreuses années, trop affaibli encore pour inquiéter les peuples libres de la Terre du Milieu. Après la défaite de l’Ombre, des Elfes avaient fait venir à Fondcombe leurs femmes et leurs enfants ; certains même, comme Inglor, s’étaient mariés dans la grande pièce claire qui servait aux cérémonies et aux festivités.
La Cité-Refuge avait également accueilli Galadriel, l’épouse de Celeborn, et sa fille Celebrían. Elles étaient demeurées en Lorinand en attendant la fin des troubles de l’autre côté des montagnes, puis étaient parties à la recherche de Celeborn. Et bien qu’il n’en soufflât mot à personne, il se prit à aimer la gracieuse demoiselle.
A cette époque avait eu lieu le Premier Conseil, en présence de Gil-Galad et de tous les Elfes vivant à Imladris. Il fut alors connu que Galadriel détenait Nenya, le troisième anneau des Elfes. Le Roi remit Vilya à Elrond pour l’aider à maintenir la place forte que représentait Fondcombe, et l’institua son vice-régent en Eriador. Puis il repartit à Eglarest avec ceux qui le désiraient ; mais beaucoup voulurent rester, car ils considéraient désormais comme leur demeure la cité qu’ils avaient construite de leurs propres mains.
Imladris devint alors un puissant îlot de résistance face au mal qui croissait à nouveau, et un lieu d’aide pour tous ceux qui combattaient l’Ombre du Mordor.
Et celle-ci grandissait de jour en jour : on racontait que d’étranges spectres, portant chacun une bague au doigt, parcouraient la Terre du Milieu pour le compte de leur maître Sauron. Celui-ci avait corrompu les hommes de Númenor qui, dans leur fol orgueil, avaient été anéantis par Eru lui-même dans un grand cataclysme engloutissant à jamais la belle île d’Andor.
Elrond soupira : il savait que la vie heureuse de Fondcombe ne pourrait durer plus longtemps. Le mal qui grondait devait être contenu ; en compagnie de Gil-Galad, le Semi-Elfe allait reformer une armée et marcher sur le Mordor. Le Grand Roi avait reçu l’aide des hommes d’Arnor, menés par Elendil, dans une Ultime Alliance entre les deux races. Le prince Isildur s’était enfui au nord après la prise de Minas Ithil par Sauron, tandis que son frère Anárion défendait tant bien que mal Minas Anor et la ville d’Osgiliath. Il fallait agir très vite pour empêcher Sauron de détruire les peuples libres les uns après les autres.
Elrond parcourut la salle du regard. De nombreuses années s’étaient écoulées depuis la fondation de Fondcombe, mais ses Elfes avaient gardé intactes leur force et leur valeur au combat, traquant les Orques qui habitaient encore les montagnes ou luttant entre eux par simple plaisir. Ils avaient passé plusieurs jours à préparer leurs affaires, fourbir leurs armes et vérifier la solidité de leurs armures ; ils avaient par surcroît renforcé les murs de la Cité-Refuge durant leur réparation annuelle. A présent, ils profitaient du calme de la brûlante journée d’été pour être en famille ou se divertir.
Ils allaient repartir avec leur chef, mais pas tous : le regard d’Elrond se posa sur Erestor qui, penché sur un bois de lit, sculptait adroitement son dossier en un grillage de fines tiges au bout desquelles s’épanouissaient des fleurs délicates. Pour tout son travail, il ne se fiait plus qu’à ses mains ; durant le siège d’Imladris, un projectile enflammé était passé trop près de son visage, le privant de l’usage de ses yeux, et tout l’art de la médecine elfique n’avait pas été suffisant pour lui rendre la vue. Au début, il avait peiné à accepter son infirmité ; ses amis s’étaient discrètement relayés dans la Salle du Feu, implorant les Valar de lui accorder la paix.
Puis, un matin, sans signe avant-coureur, il retrouva d’un coup la joie et la bonne humeur qui le caractérisaient auparavant. Personne ne put expliquer ce brusque changement, et il resta silencieux là-dessus ; mais quand on le voyait suivre des yeux une chose invisible, et qu’alors une joie ineffable illuminait son visage, on le soupçonnait de voir les « dieux d’au-delà de la Mer »- les Valar, qui visitaient discrètement les lieux.
Et quelquefois, quand la nuit était belle ou le jour particulièrement réjouissant, il regardait, avec une expression joyeuse, quelque chose qui se déplaçait dans le jardin. Quand la chose passait près de lui, il s’inclinait respectueusement, puis retournait à ses occupations, tout empreint d’une sérénité contagieuse.
Il avait conservé sa passion pour le travail du bois, qu’il effectuait toujours avec une habileté merveilleuse. Durant la guerre au Mordor, il allait demeurer à Fondcombe ; son excellente connaissance des lieux et sa mémoire étonnante lui permettrait de remplacer Elrond jusqu’à son retour, car Celeborn, qui ne partait pas non plus, refusait de tenir ce rôle malgré son haut rang et sa sagesse.
Elrond en était là dans sa réflexion quand Erestor releva soudain la tête et dit joyeusement :
« Gil-Galad arrive ! »
Au bout de quelques instants, en effet, tous purent entendre le galop d’un cheval résonnant sur le sol rocheux. Ils se levèrent et descendirent en hâte jusqu’à la cour rougie par les premiers rayons du crépuscule, heureux de voir leur roi et impatients d’entendre ce qu’il avait à leur dire.
Gil-Galad traversa le pont étroit puis entra dans la cour en passant sous un large porche. « Gloire à notre roi ! Qu’Elbereth te garde ! » Au milieu des cris de bienvenue, il descendit de cheval et salua le maître des lieux, puis les trois nobles Elfes qu’il hébergeait. Il était très grand, revêtu de son armure étincelante marquetée d’étoiles d’argent, et de son manteau bleu, couleur de Manwë, symbole de son autorité. Il était empli de vigueur et de sagesse, mais la bonté se lisait dans ses yeux, et il restait accessible à tous ceux qui désiraient venir à lui.
Il tint à saluer tous ceux qui habitaient la Cité-Refuge, puis il se plaça sur le seuil de la maison aux côtés de son hôte :
-Je suis heureux de vous retrouver tous ! La route est longue jusqu’ici, mais son souvenir s’efface déjà à revoir enfin tous vos visages. Je n’apporte pas de bonnes nouvelles : l’Ennemi est puissant à nouveau, et la bataille sera rude. Bien des nôtres tomberont avant la destruction de l’Ombre. Mais nous parlerons de ceci demain ; ce soir, nous fêtons le Mitan de l’année, en l’honneur d’Elbereth qui plaça au ciel ses précieux joyaux pour notre joie !
Il entra alors dans la maison, toute illuminée pour la fête. Il y eut un grand repas et de nombreux chants s’élevèrent. Quand ils le désiraient, les Elfes avaient la capacité de goûter l’instant présent en oubliant l’avenir obscur; le festin fut donc long et agréable sans arrière-pensées. Gil-Galad raconta ses errances à travers l’Eriador, à la recherche des Elfes qui vivaient disséminés dans le pays. Puis, pour chasser l’idée du départ prochain, il parla de sa rencontre avec Tom Bombadil, l’étrange et gai luron qui gambadait dans la forêt à longueur de journée, et de sa belle femme Baie d’Or, dont la voix se mêlait au bruissement des sources quand elle chantait.
Des rires et des chants résonnèrent jusque fort tard dans la nuit, puis les Elfes se dispersèrent, qui vers sa chambre en quête d’un peu de repos avant le retour du soleil, qui dans la salle du Feu, là où des bûches se consumaient jour et nuit, amenant la paix et la clarté dans les réflexions de ceux qui les contemplaient. Certains restèrent un peu partout à discuter par petits groupes. Gil-galad partit dans les jardins en compagnie d’Elrond.
Tinakë,
Totis visceribus!