Après réflexion, je juge que ton commentaire est valable
*Smack* et bonne année 2008!!
Voilà la suite...
Chapitre 1 : Ordre de mission
Le soleil venait de se lever sur la cité de Mithlond quand Elrond arriva au palais. Iràl, le deuxième héraut du Roi, était venu le trouver au milieu de la nuit, chez lui, à quelques kilomètres de Mithlond, disant que Gil-Galad le mandait d'urgence. Ils s'étaient rendus ensemble à la Cité, chevauchant en hâte à travers les ombres grises, et l'inquiétude au coeur: le Roi n'avait pas donné plus de détails à son messager.
Elrond descendit de cheval et le confia à Iràl. Un serviteur le guida dans les longs couloirs ornés de tapisseries. Ils arrivèrent devant une haute porte, que le Semi-Elfe connaissait bien pour l'avoir franchie de nombreuses fois: celle de la salle où travaillait le Roi. Le serviteur s'inclina devant Elrond et s'en alla sans bruit.
Elrond eut juste le temps d'épousseter son manteau couvert de poussière quand la porte s'ouvrit sans aucun grincement. Il entra dans la pièce claire.
Gil-Galad était assis derrière une table, et compulsait d’anciennes cartes avec un air soucieux.
Le Semi-Elfe se rapprocha en faisant résonner ses pas contre le dallage coloré, mais le roi, absorbé par ses réflexions, gardait la tête penchée.
Elrond s’arrêta devant la table, et, s’inclinant, il dit :
-Tu m’as appelé, mon seigneur ? Que puis-je faire pour te servir ?
Gil-Galad releva brusquement la tête, et son visage tiré par les préoccupations s’éclaira d’un sourire quand il vit son héraut debout devant lui. Il l’appréciait beaucoup, non seulement grâce à ses nobles origines et le destin de ses parents, désormais présents dans chaque chant et chaque légende, mais aussi pour son courage et sa grande habileté à mener des hommes.
-Merci d’être venu aussi vite, Elrond ! Assieds-toi, je t'ai fait chevaucher une bonne partie de la nuit, tu dois être las.
Il lui désigna un siège confortable, puis se leva et servit lui-même deux verres d'une boisson rafraîchissante. Elrond ne put s'empêcher de ressentir une légère gêne en le voyant faire, mais il connaissait suffisamment le Roi pour savoir qu'il ne devait pas protester: Gil-Galad tenait à se conduire souvent comme l'un de ses sujets, sans devoir appeler un serviteur chaque fois qu'il avait besoin de quelque chose.
Il donna un verre à Elrond, retourna s'assoir et but une gorgée de vin. Son visage devint plus grave, comme s'il appréhendait de mettre Elrond au courant.
Il y eut un instant de silence que le Semi-Elfe n'osa troubler, bien qu'une ombre tombât sur son coeur tandis qu'il regardait le visage de son souverain.
Gil-Galad rompit enfin le silence, d'une voix saccadée et douloureuse, mais volontaire:
-J’ai une mission urgente et dangereuse à te confier. Des messagers m’ont appris que Sauron remontait l’Eriador avec de grandes troupes, dans le but de conquérir le pays. Il a déjà ravagée bien des cités, et beaucoup de familles pleurent un proche ou un ami. L'hiver n'est pas loin et la famine risque d'apparaître dans ces contrées.
-Souhaiterais-tu que j'apporte des vivres à cette population? demanda Elrond, croyant comprendre.
Gil-Galad eut un faible sourire, puis son visage fut encore plus triste.
-Non, Elrond, répondit-il avec douceur. Cela est à la portée de tout chef de guerre. Mais toi, tu es un officier de grande valeur, comme j'en ai rarement eu sous mes ordres.
Il prit une large inspiration avant de continuer:
-Celebrimbor sera bientôt assiégé en Eregion, dit-il en lui montrant une carte suspendue au mur. Je voudrais que tu lui viennes en aide. C'est une mission dangereuse, dont certains ne reviendront pas. Mais j'ai suffisamment confiance en ton expérience et ton courage pour penser que tu pourras mener cette mission à bien. Es-tu prêt à faire cela?
Elrond se leva et alla consulter la carte. Les armées ennemis étaient représentées par des croix noires, les alliées, par des croix rouges.
Il prit un moment de réflexion puis se retourna vers le Roi:
-Bien ; je me chargerai de venir en aide à Celebrimbor.
-Pars le plus tôt possible, avec dix mille soldats parmi ceux que tu souhaiteras, dit Gil-Galad, qui avait écarté toute émotion et dont le ton était net et posé.Quant à moi, je vais demander l’aide de Tar-Minastir, roi de Númenor, car je pressens que Sauron ne pourra être arrêté par nos simples forces, et marchera vers ce rivage de la Terre du Milieu.
Il leva la main ; deux éclairs jaillirent à son doigt, l’un rouge flamboyant, l’autre bleu comme la mer qu’on apercevait par la fenêtre.
-Voici Vilya et Narya, forgés par Celebrimbor lui-même, expliqua-t-il devant l’étonnement d’Elrond. Ils donnent force et autorité à leurs gardiens, leur apportant aussi le pouvoir d’enflammer les cœurs et de chasser toute maladie. Celebrimbor les a envoyés ici pour les soumettre à l’avidité de Sauron. Mais celui-ci l’apprendra tôt ou tard, et il viendra les chercher si personne ne l’en empêche. Les posséder décuplerait ses forces, et il recouvrirait de ténèbres toute la Terre du Milieu…
Il fixa Elrond de son regard perçant et ajouta :
-Si ta venue devenait une débâcle, je veux que tu battes en retraite et que tu te caches dans les montagnes en attendant la défaite de Sauron. Car si tu vois que notre cause est perdue en Eregion, à quoi bon laisser encore périr des soldats valeureux?
-Il sera fait selon ton désir, répondit le Semi-Elfe après un moment de silence, même si aucun de nous n’aime tourner le dos à l’ennemi.
Mais une lueur d’incompréhension persistait dans son regard.
Le Roi posa sa main sur l’épaule de son héraut et l’attira près de la fenêtre. Dehors, malgré l’heure matinale, les rues commençaient à être bruyantes : les commerçants ouvraient leurs boutiques, des ménestrels commençaient à se rassembler sur les places, quelques jeunes guérisseuses, un panier sous le bras, sortaient vers la forêt voisine…
-Regarde-les, Elrond ! Ils sont heureux et libres, chacun accomplit paisiblement sa tâche. Nous en sommes responsables, nous sommes les garants de leur quiétude ; il est de notre devoir de les protéger de l’Ombre, quelles que soient les réticences dont notre orgueil et notre fierté peuvent nous emplir.
Il avait parlé très doucement, comme pour lui-même. Ces paroles étaient dures à entendre pour le Semi-Elfe, mais Gil-Galad se les répétait depuis son couronnement pour trouver la force de remplir dignement son rôle.
Elrond comprit que le Roi ne le blâmait pas personnellement et inclina respectueusement la tête devant sa sagesse. Sans rien ajouter d’autre, il prononça les habituelles salutations et s’en alla, laissant Gil-Galad contempler Mithlond depuis sa fenêtre.
Un fois seul, le Roi soupira:
-Mais pourquoi la paix doit-elle toujours s'obtenir par la guerre? Pourquoi la joie de la victoire est-elle toujours entachée par des pleurs de deuil? Pourquoi dois-je laisser partir pour un labeur incertain celui que je considère comme mon propre fils?
*Smack* et bonne année 2008!!
Voilà la suite...
Chapitre 1 : Ordre de mission
Le soleil venait de se lever sur la cité de Mithlond quand Elrond arriva au palais. Iràl, le deuxième héraut du Roi, était venu le trouver au milieu de la nuit, chez lui, à quelques kilomètres de Mithlond, disant que Gil-Galad le mandait d'urgence. Ils s'étaient rendus ensemble à la Cité, chevauchant en hâte à travers les ombres grises, et l'inquiétude au coeur: le Roi n'avait pas donné plus de détails à son messager.
Elrond descendit de cheval et le confia à Iràl. Un serviteur le guida dans les longs couloirs ornés de tapisseries. Ils arrivèrent devant une haute porte, que le Semi-Elfe connaissait bien pour l'avoir franchie de nombreuses fois: celle de la salle où travaillait le Roi. Le serviteur s'inclina devant Elrond et s'en alla sans bruit.
Elrond eut juste le temps d'épousseter son manteau couvert de poussière quand la porte s'ouvrit sans aucun grincement. Il entra dans la pièce claire.
Gil-Galad était assis derrière une table, et compulsait d’anciennes cartes avec un air soucieux.
Le Semi-Elfe se rapprocha en faisant résonner ses pas contre le dallage coloré, mais le roi, absorbé par ses réflexions, gardait la tête penchée.
Elrond s’arrêta devant la table, et, s’inclinant, il dit :
-Tu m’as appelé, mon seigneur ? Que puis-je faire pour te servir ?
Gil-Galad releva brusquement la tête, et son visage tiré par les préoccupations s’éclaira d’un sourire quand il vit son héraut debout devant lui. Il l’appréciait beaucoup, non seulement grâce à ses nobles origines et le destin de ses parents, désormais présents dans chaque chant et chaque légende, mais aussi pour son courage et sa grande habileté à mener des hommes.
-Merci d’être venu aussi vite, Elrond ! Assieds-toi, je t'ai fait chevaucher une bonne partie de la nuit, tu dois être las.
Il lui désigna un siège confortable, puis se leva et servit lui-même deux verres d'une boisson rafraîchissante. Elrond ne put s'empêcher de ressentir une légère gêne en le voyant faire, mais il connaissait suffisamment le Roi pour savoir qu'il ne devait pas protester: Gil-Galad tenait à se conduire souvent comme l'un de ses sujets, sans devoir appeler un serviteur chaque fois qu'il avait besoin de quelque chose.
Il donna un verre à Elrond, retourna s'assoir et but une gorgée de vin. Son visage devint plus grave, comme s'il appréhendait de mettre Elrond au courant.
Il y eut un instant de silence que le Semi-Elfe n'osa troubler, bien qu'une ombre tombât sur son coeur tandis qu'il regardait le visage de son souverain.
Gil-Galad rompit enfin le silence, d'une voix saccadée et douloureuse, mais volontaire:
-J’ai une mission urgente et dangereuse à te confier. Des messagers m’ont appris que Sauron remontait l’Eriador avec de grandes troupes, dans le but de conquérir le pays. Il a déjà ravagée bien des cités, et beaucoup de familles pleurent un proche ou un ami. L'hiver n'est pas loin et la famine risque d'apparaître dans ces contrées.
-Souhaiterais-tu que j'apporte des vivres à cette population? demanda Elrond, croyant comprendre.
Gil-Galad eut un faible sourire, puis son visage fut encore plus triste.
-Non, Elrond, répondit-il avec douceur. Cela est à la portée de tout chef de guerre. Mais toi, tu es un officier de grande valeur, comme j'en ai rarement eu sous mes ordres.
Il prit une large inspiration avant de continuer:
-Celebrimbor sera bientôt assiégé en Eregion, dit-il en lui montrant une carte suspendue au mur. Je voudrais que tu lui viennes en aide. C'est une mission dangereuse, dont certains ne reviendront pas. Mais j'ai suffisamment confiance en ton expérience et ton courage pour penser que tu pourras mener cette mission à bien. Es-tu prêt à faire cela?
Elrond se leva et alla consulter la carte. Les armées ennemis étaient représentées par des croix noires, les alliées, par des croix rouges.
Il prit un moment de réflexion puis se retourna vers le Roi:
-Bien ; je me chargerai de venir en aide à Celebrimbor.
-Pars le plus tôt possible, avec dix mille soldats parmi ceux que tu souhaiteras, dit Gil-Galad, qui avait écarté toute émotion et dont le ton était net et posé.Quant à moi, je vais demander l’aide de Tar-Minastir, roi de Númenor, car je pressens que Sauron ne pourra être arrêté par nos simples forces, et marchera vers ce rivage de la Terre du Milieu.
Il leva la main ; deux éclairs jaillirent à son doigt, l’un rouge flamboyant, l’autre bleu comme la mer qu’on apercevait par la fenêtre.
-Voici Vilya et Narya, forgés par Celebrimbor lui-même, expliqua-t-il devant l’étonnement d’Elrond. Ils donnent force et autorité à leurs gardiens, leur apportant aussi le pouvoir d’enflammer les cœurs et de chasser toute maladie. Celebrimbor les a envoyés ici pour les soumettre à l’avidité de Sauron. Mais celui-ci l’apprendra tôt ou tard, et il viendra les chercher si personne ne l’en empêche. Les posséder décuplerait ses forces, et il recouvrirait de ténèbres toute la Terre du Milieu…
Il fixa Elrond de son regard perçant et ajouta :
-Si ta venue devenait une débâcle, je veux que tu battes en retraite et que tu te caches dans les montagnes en attendant la défaite de Sauron. Car si tu vois que notre cause est perdue en Eregion, à quoi bon laisser encore périr des soldats valeureux?
-Il sera fait selon ton désir, répondit le Semi-Elfe après un moment de silence, même si aucun de nous n’aime tourner le dos à l’ennemi.
Mais une lueur d’incompréhension persistait dans son regard.
Le Roi posa sa main sur l’épaule de son héraut et l’attira près de la fenêtre. Dehors, malgré l’heure matinale, les rues commençaient à être bruyantes : les commerçants ouvraient leurs boutiques, des ménestrels commençaient à se rassembler sur les places, quelques jeunes guérisseuses, un panier sous le bras, sortaient vers la forêt voisine…
-Regarde-les, Elrond ! Ils sont heureux et libres, chacun accomplit paisiblement sa tâche. Nous en sommes responsables, nous sommes les garants de leur quiétude ; il est de notre devoir de les protéger de l’Ombre, quelles que soient les réticences dont notre orgueil et notre fierté peuvent nous emplir.
Il avait parlé très doucement, comme pour lui-même. Ces paroles étaient dures à entendre pour le Semi-Elfe, mais Gil-Galad se les répétait depuis son couronnement pour trouver la force de remplir dignement son rôle.
Elrond comprit que le Roi ne le blâmait pas personnellement et inclina respectueusement la tête devant sa sagesse. Sans rien ajouter d’autre, il prononça les habituelles salutations et s’en alla, laissant Gil-Galad contempler Mithlond depuis sa fenêtre.
Un fois seul, le Roi soupira:
-Mais pourquoi la paix doit-elle toujours s'obtenir par la guerre? Pourquoi la joie de la victoire est-elle toujours entachée par des pleurs de deuil? Pourquoi dois-je laisser partir pour un labeur incertain celui que je considère comme mon propre fils?