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Tolkien, Rowling, Pullman, Lewis et Co.
#27
Mmmh... j'ai raté beaucoup de choses ce week-end. Qu'on me pardonne d'arriver un peu après la bataille Confused

Si je comprends bien l'article, Le Seigneur des Anneaux (puisque c'est de lui qu'il s'agit n'est-ce pas, et non du reste de l'oeuvre de Tolkien, joyeusement occulté par Florence Noiville.) aurait donc pour point commun avec les oeuvres phares de CS Lewis, JK Rowling et P Pullman d'être une "school story" dans laquelle une "vraie communauté d'enfants" se trouveraient à vivre des aventures dans une sorte de monde parallèle "où les adultes n'ont qu'un rôle d'arrière-plan".

Bien que le reste de l'article soit de bonne facture et que l'ensemble des analyses se tiennent, je ne suis absolument pas d'accord avec la thèse un peu courte - qui vaut certainement pour toutes les oeuvres citées (cf ce que disait Malaelin plus haut) - visant à assimiler le peuple des Hobbits à des enfants.

En effet, je rejoins Huan dans ses propos et surtout Lambertine sur tout ce qu'elle a déjà précisé (ce qui est assez rare pour être souligné - bisou Dame Lamberte), et force est de constater que les Hobbits n'ont rien à voir avec un peuple infantilisé encadré par des adultes "en arrière plan". Ils sont leurs propres maîtres, vivent avec leur propres ressources, maîtrisent toutes sortes d'arts agrestes sans avoir besoin d'un apport extérieur. On est loin d'une image ou - pire - d'une allégorie 'scolaire'.
Les Rôdeurs qui veillent sur les frontières n'ont aucun contact avec les Hobbits, ils ne leur apporte rien d'autre qu'une défense lointaine dont ils n'ont absolument pas confiance. Ont est loin d'un rapport adulte-enfant ou professeur élève.
Quant au reste du roman, il décrit -entre autre - une quête initiatique d'abord encadrée par Gandalf et Aragorn. Mais là encore, rien à voir avec la "school story" telle que l'entend l'auteur de l'article ou telle qu'on la retrouve dans Harry Potter, ou chez CS Lewis...

Florence Noiville ne s'en cache pas. Dès le début de son article, elle parle en effet de box-office, et non des oeuvres en tant qu'éléments de cycles plus vastes.
La petite Madeleine, 11 ans qui tague les murs de sa chambre avec les noms de Lucy et Frodon a-t-elle réellement lu les 1024 pages de Pullman ? Ou bien est-ce une pirouette journalistique ? D'un même manière, a-t-elle réellement lu les 1280 pages du Seigneur des Anneaux , bien plus difficile à lire à 11 ans que A la Croisée des Mondes ? permettez-moi d'en douter sérieusement. Sa référence est hélas ailleurs, dans les paillettes et les effets spéciaux factices de l'adaptation cinématographique.

Malheureusement, il ne fait aucun doute que la thèse est polluée par la perception du peuple de la Comté telle qu'a pu la laisser le "trilogie" de Peter Jackson : les Hobbits sont des jeunes gens irresponsables, naïfs, qui ne pensent qu'à manger, à s'amuser, à faire des blagues. Quel contraste avec les très (trop) sérieux Gandalf, Aragorn, Elrond de ces films, qui s'expriment dans des langues inintelligibles des enfants (le néo-elfik - que même les spécialistes de Tolkien ne comprennent pas, c'est dire !) et qui rechignent à partager l'information avec les Hobbits, tout comme avec les spéctateurs...

Non, le réalité du Seigneur des Anneaux est tout autre. Les Hobbits ne sont pas un peuple d'enfants. Ils sont un peuple rural et insouciant, mais un peuple adulte, avec son histoire, ses légendes, ses compétences et ses savoirs-faire issus d'une culture riche et déjà ancienne.
A l'exception d'un Sam Gamegie, ils ne sont pas avides d'apprendre ou de découvrir (cf Frodon), ils s'en tiennent à ce qu'ils savent déjà et celà leur va très bien (cf Merry en tant que guide dans la Vieille Forêt, et dans une moindre mesure Bilbon à Fondcombe)

Quant à l'attitude de Merry et Pippin sur les ruines de l'Isengard, là aussi je rejoins Lambertine. Leur comportement n'a absolument rien d'infantile. Il est éminamment adulte, au contraire. La recherche de nourriture et de détente, associée à la légerté naturelle des deux Hobbits, donne cette scène amusante et succulente des retrouvailles, au coeur d'une ambiance totalement adulte, une force incomparable dans cette partie du roman.

Bref, si l'article est bon, voire très bon, l'exemple des Hobbits pour soutenir cette thèse de la "school story" en tant que vecteur du succès de la Fantasy à l'anglaise est peu habile et fort contestable.
N'oublions pas trois choses :
- Les Hobbits, dans l'esprit de Tolkien (et par la voix de certains personnages) forment une image des enfants des hommes tel qu'ils auraient pu être avant l'arrivée de Morgoth. Mais ça na veut pas dire qu'ils sont des enfants.
- Le Seigneur des Anneaux est une partie du Conte d'Arda. Et s'il peut être vendu et lu et compris en toute autonomie, il n'en reste pas moins que sa parfaite analyse ne peut se faire sans tenir compte du contexte littéraire global de l'ensemble de l'oeuvre de Tolkien.
- Enfin, tout abus de jaxonerie nuisant à la santé intellectuelle, l'influence des films pour soutenir une analyse sur Tolkien conduit irrémédiablement à l'erreur. Comme cette erreur de confondre en effet "Scool story" et aventure initiatique (bien vu, Lambertine).

I.
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