23.01.2007, 20:54
Greenheart a écrit :Je me demande encore comment on peut oser argumenter que si Gandalf ou Legolas ne peuvent pas comprendre ma traduction du nom de Bilbo par "Bagages" ma traduction est mauvaise et ma démarche aussi.Je peux toujours me tromper, mais je ne pense pas avoir lu ceci.
La créance secondaire dépend, pour simplifier, de la crédulité des lecteurs, pas de celle des personnages du monde secondaire.
Citation :Evidemment que je ne vais pas refaire l'inscription sur l'Anneau Unique pour l'oeil francophone, vu qu'elle fait exactement son effet telle qu'elle est reproduite dans la version française.Perso, c'est la ligne de démarcation entre ce qu'on peut refaire et ce qu'on ne peut pas qui m'intéresse : comment justifier que l'on puisse refaire "Hobbit" si on ne peut pas refaire l'inscription de l'Anneau ?
Je ne vois pas d'autre solution que de suivre les conseils de Tolkien pour ces mots qu'il dit n'avoir pas traduits.
Mais si on suit ses conseils pour ces mots, pourquoi ne pas les suivre pour les autres ?
En outre, Tolkien s'est en partie exprimé sur le sujet dans sa lettre n° 190 en des termes relativement peu courtois à l'égard du traducteur néerlandais qui, il est vrai, était allé assez loin.
Citation :L'idée d'utiliser "Bagages" en lieu et place de Baggins ou Sacquet est avant tout une expérience pour tester ce qui arrive au reste du récit et à son impact émotionnel (et bien sûr l'effet sur la perception de l'univers imaginaire créé par Tolkien).Je reviens sur ce "Bagages" : le problème pour moi, c'est que ce mot a aujourd'hui un sens moderne assez différent (du style "prends tes bagages et dégage"), ce qui n'est pas le cas en anglais pour "Baggins", excepté pour certains habitants du Yorkshire ou du Lancashire. "Sacquet", lui, n'a pas ce défaut de "Bagages".
Citation :La citation plus haut montre un raisonnement extrêmement proche du mien auquel tu donnes plus de crédit, malgré le fait qu'il ne provient toujours pas de Tolkien.Tu ne connais vraisemblablement pas Tom Shippey, donc laisse-moi t'éclairer : ce monsieur est non seulement philologue (germanique), mais il a également été professeur à Oxford (et y a enseigné du vivant de Tolkien) et, qui plus est, il a occupé la chaire de Tolkien à Leeds (pour être complet, il enseigne actuellement à Saint-Louis). C'est un médiévaliste et un linguiste reconnu, et un tolkiendil de très haut vol.
Citation :De la contradiction naissent de nouvelles idées et de nouveaux points de vue, et de ce fait une exploration plus riche de la "faery" que Tolkien nous a ménagée à travers ses oeuvres.Je terminerai par reprendre la comparaison de Tolkien, qui s'appliquait avant tout à l'analyse externaliste, mais qui, je pense, a aussi un point d'ancrage ici : à trop vouloir savoir ce qu'il y a dans la soupe, celle-ci risque de perdre son goût.
(Et que nul ne réponde que je prêche la pensée unique chez Tolkien, merci d'avance.)