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La bague au doigt
#1
On m'a récemment fait remarquer que mes histoires manquaient un peu de filles !

J'ai bien tenté d'argumenter que Tolkien lui-même, mettait en scène peu de personnages féminins, même s'il avait soigné les personnalités de Galadriel, Eowyn ou Arwen.

J'ai dû céder. Very Happy

Alors voici une histoire de filles...


.oOo.
-…je ne crains ni la souffrance ni la mort.
- Que craignez-vous, Madame?, demanda-t-il.
- Une cage, répondit-elle. Rester derrière des barreaux, jusqu'à ce que l'habitude de la vieillesse les accepte et que tout espoir d'accomplir de hauts faits soit passé sans possibilité de rappel ni de désir.
Eowyn et Aragorn, Le retour du Roi, Livre V


.oOo.

Ile de Numenor, presqu’ile d’Orrostar

La jeune fille entra en coup de vent sous la voûte de pierre du manoir ancestral, les bras chargés d’étoffes rutilantes. Les lourds drapés glissant de ses fines épaules, les soieries exotiques balayaient le parquet de l’antique demeure. Adunaphel étala les riches trésors sur le chêne patiné de la table seigneuriale. Comme les valets déposaient ses coffres près elle, sur une vénérable peau d’ours un peu mitée - souvenir des chasses paternelles - elle s’apprêta à défendre et vanter ses achats.

Parfums, velours, épices, baumes, satins, bijoux, ces richesses extravagantes portaient aux yeux de l’énergique fille unique, l’attrait des terres lointaines. Une fois l’an, l’héritière recluse au manoir dans ces hautes terres du Nord, était autorisée à descendre au marché royal de Romenna, le grand port de Numenor. Les vaisseaux de haut bord y déchargeaient sur les quais grouillants de vie, les merveilles des Terres du Milieu. Les embruns charriaient un parfum d’aventure, de contrées à explorer, de richesses à conquérir.

Ces parcelles d’un ailleurs lointain, exilées dans les landes d’Orrosmere, ces promesses fastueuses d’un avenir exaltant, étaient le seul luxe à distraire l’ennui d’Adunaphel. La jeune fille jeta son insolent regard bleu de mer vers ses parents, levant un menton volontaire, prête à faire face aux récriminations.

Mais comme d’habitude, le vieillard acerbe et la fantasque maîtresse de maison, se querellaient.

Aucun des deux, pourtant, ne se rappelait plus l’origine de ces âpres disputes. Le prosaïsme pointilleux du père s’agaçait des mièvres rêveries de la mère. L’égoïsme bohème de l’épouse s’irritait de l’avaricieuse cuistrerie du mari.

Soupirant avec lassitude, Adunaphel fit emporter ses trésors. Quitter Orrosmere et ses disputes… Déserter ses landes gastes, fuir ses bouviers incultes et parcourir le vaste monde !

A l’étroit dans ce sombre manoir poussiéreux, la jeune fille rêvait depuis longtemps qu’un hardi marin la sauverait de son destin, l’enlèverait à la lugubre monotonie des brandes désertes, pour voguer avec elle vers une gloire lointaine.
.oOo.
A suivre...
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La bague au doigt - par Chiara Cadrich - 20.08.2019, 16:18

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