10.05.2019, 18:53
(Modification du message : 24.05.2019, 23:09 par Chiara Cadrich.)
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La nuit du sud était descendue en nappes violettes sur les collines, dans le glapissement lointain des chacals en maraude. Les cavaliers se massaient devant le caravansérail, leurs chevaux piaffant d’impatience sous le falot du portail.
La troupe fut accueillie par les hommes de garde, passablement mécontents d’être dérangés après la fermeture des portes. Il fallut montrer patte blanche et renouveler la Promesse du Voyageur, sous l’œil de la Déesse et la menace des arbalètes.
Le caravansérail était un havre, un espace neutre, où les querelles de clans étaient proscrites. La tribu propriétaire, les Oghan-Alam, devait à tous les voyageurs gîte et protection, en l’échange d’une juste rémunération et de la promesse de respecter la trêve sacrée de la Déesse.
Montures et cavaliers furent logés, et tout le monde s’abandonna au sommeil.
Mais au petit matin, alors que les voyageurs se rendaient à la source pour rendre leurs devoirs à la Déesse, les Assadhini tombèrent nez à nez avec leurs ennemis, les Goum-Zoug.
La troupe fut accueillie par les hommes de garde, passablement mécontents d’être dérangés après la fermeture des portes. Il fallut montrer patte blanche et renouveler la Promesse du Voyageur, sous l’œil de la Déesse et la menace des arbalètes.
Le caravansérail était un havre, un espace neutre, où les querelles de clans étaient proscrites. La tribu propriétaire, les Oghan-Alam, devait à tous les voyageurs gîte et protection, en l’échange d’une juste rémunération et de la promesse de respecter la trêve sacrée de la Déesse.
Montures et cavaliers furent logés, et tout le monde s’abandonna au sommeil.
Mais au petit matin, alors que les voyageurs se rendaient à la source pour rendre leurs devoirs à la Déesse, les Assadhini tombèrent nez à nez avec leurs ennemis, les Goum-Zoug.
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On ne sut pas vraiment comment avait débuté l’altercation. Certains prétendirent que les Goum-Zoug s’étaient montrés hautains, d’autres que les jeunes Assadhini avaient pénétré armés dans l’enceinte sacrée. Il est certain que Khayin-Agha avais proféré des propositions indécentes, outrageantes, qui avaient offensé la pudeur de Damoiselle Jiradia. Mais il s’était plus agi de rodomontades inconvenantes et de railleries outrancières, que de provocations armées. D’autres murmurèrent que le caïd des Assadhini cherchait un prétexte pour se battre et compenser la déception de sa déconvenue avec les gondoriens.
Ce qui est sûr, c’est que les deux chefs de tribus se haïssaient. Ils rivalisèrent d’autorité pour empêcher le sang de couler parmi leurs liges, mais ils ne firent rien pour endiguer leur propre fureur. Au contraire, Hadhar-Caïd et Khayin-Agha se montrèrent très sourcilleux à l’endroit de leurs prérogatives, et intransigeants quant à céder à l’autre le privilège de mener l’oraison matinale à la Déesse. En tout cas, les deux adversaires s’étant copieusement insultés et ayant accepté le duel devant leurs goums réunis, aucun ne pouvait perdre la face en se dérobant.
La belle et sage Jiradia eut beau s’interposer, elle ne put empêcher l’affrontement.
C’est ainsi qu’au terme d’un combat épique, Hadhar-Caïd fit rendre gorge à son rival Khayin-Agha, qui périt décapité ! Le corps désarticulé s’effondra dans un massif de petits jujubiers, et bientôt la terre avide, au nom de la Déesse, buvait le sang du malheureux qui se répandait. La tête du félon roula jusqu’à l’entrée du sanctuaire, hésitant, dans une dernière grimace, à en franchir le seuil.
Ce signe épouvanta les hommes du vaincu : serviteurs, guerriers, proches et neveu s’enfuirent dans le maquis, abandonnant leurs montures et leur chargement, remisés au caravansérail. Hadhar, plein de superbe et de mansuétude, interdit qu’on les poursuivît.
Après quoi, la tribu des Oghan-Alam, dont ils étaient les hôtes, accourut enfin pour désarmer les belligérants. Ils étaient furieux et outrés par la conduite des deux chefs, qui avaient délibérément rompu la trêve en vigueur au caravansérail. Hadhar se soumit à leurs exigences, proposant d’en référer au gouverneur gondorien. Mais une mort violente dans le sanctuaire du clan Oghan-Alam était un véritable sacrilège ! Un tel crime ne relevait pas de la justice des hommes, et y mêler les gondoriens, qui n’y comprenaient rien, était évidemment une souillure de plus.
Hadhar argua que Khayin-Agha était un voleur, dont il avait déjà eu à subir les exactions. Il exigea donc que l’on fouillât le chargement abandonné par ses ennemis dans les entrepôts du caravansérail. On finit par trouver la clé de rechange pour la remise assignée aux Goum-Zoug, et l’on fouilla.
En effet, quelques ballots de soieries et quelques caisses d’épices aux armes des Assadhini furent dénichés, mais quelle ne fut pas la stupéfaction des tenanciers, en découvrant que les Goum-Zoug détenaient aussi plusieurs captifs ! Ils étaient bâillonnés et entravés, et déclarèrent que leurs ravisseurs les avaient dissimulés dans des tapis roulés, pour les faire entrer et les cacher au caravansérail !
Dès lors, on put trouver un arrangement. Les Oghan-Alam craignaient comme la peste, d’être soupçonnés de complicité de pillage et d’enlèvement, ou d’avoir rompu la Promesse du Voyageur dans leur propre caravansérail ! D’autant que certains des captifs semblaient des marchands gondoriens, odieusement rançonnés. Pour éviter de ternir la réputation de ses hôtes - mais aussi pour respecter la loi du Roi de Gondor, dont il craignait les représailles - le caïd libéra les otages, leur épargnant une vie de servitude dans quelque royaume barbare au-delà du désert !
De leur côté, les Oghan-Alam rendirent leurs marchandises aux Assadhini, non sans ajouter les animaux de bât et de substantiels dédommagements. Le caïd, trop heureux de s’en tirer à si bon compte, décampa avec troupe et chargement, sans demander son reste.
La caravane cheminait allègrement vers le village. Jeunes et vieux commentaient fièrement l’exploit du caïd. Pourtant celui-ci ruminait de sombres pensées. Depuis le départ du caravansérail, sa fille chérie refusait de lui parler…
Ce qui est sûr, c’est que les deux chefs de tribus se haïssaient. Ils rivalisèrent d’autorité pour empêcher le sang de couler parmi leurs liges, mais ils ne firent rien pour endiguer leur propre fureur. Au contraire, Hadhar-Caïd et Khayin-Agha se montrèrent très sourcilleux à l’endroit de leurs prérogatives, et intransigeants quant à céder à l’autre le privilège de mener l’oraison matinale à la Déesse. En tout cas, les deux adversaires s’étant copieusement insultés et ayant accepté le duel devant leurs goums réunis, aucun ne pouvait perdre la face en se dérobant.
La belle et sage Jiradia eut beau s’interposer, elle ne put empêcher l’affrontement.
C’est ainsi qu’au terme d’un combat épique, Hadhar-Caïd fit rendre gorge à son rival Khayin-Agha, qui périt décapité ! Le corps désarticulé s’effondra dans un massif de petits jujubiers, et bientôt la terre avide, au nom de la Déesse, buvait le sang du malheureux qui se répandait. La tête du félon roula jusqu’à l’entrée du sanctuaire, hésitant, dans une dernière grimace, à en franchir le seuil.
Ce signe épouvanta les hommes du vaincu : serviteurs, guerriers, proches et neveu s’enfuirent dans le maquis, abandonnant leurs montures et leur chargement, remisés au caravansérail. Hadhar, plein de superbe et de mansuétude, interdit qu’on les poursuivît.
Après quoi, la tribu des Oghan-Alam, dont ils étaient les hôtes, accourut enfin pour désarmer les belligérants. Ils étaient furieux et outrés par la conduite des deux chefs, qui avaient délibérément rompu la trêve en vigueur au caravansérail. Hadhar se soumit à leurs exigences, proposant d’en référer au gouverneur gondorien. Mais une mort violente dans le sanctuaire du clan Oghan-Alam était un véritable sacrilège ! Un tel crime ne relevait pas de la justice des hommes, et y mêler les gondoriens, qui n’y comprenaient rien, était évidemment une souillure de plus.
Hadhar argua que Khayin-Agha était un voleur, dont il avait déjà eu à subir les exactions. Il exigea donc que l’on fouillât le chargement abandonné par ses ennemis dans les entrepôts du caravansérail. On finit par trouver la clé de rechange pour la remise assignée aux Goum-Zoug, et l’on fouilla.
En effet, quelques ballots de soieries et quelques caisses d’épices aux armes des Assadhini furent dénichés, mais quelle ne fut pas la stupéfaction des tenanciers, en découvrant que les Goum-Zoug détenaient aussi plusieurs captifs ! Ils étaient bâillonnés et entravés, et déclarèrent que leurs ravisseurs les avaient dissimulés dans des tapis roulés, pour les faire entrer et les cacher au caravansérail !
Dès lors, on put trouver un arrangement. Les Oghan-Alam craignaient comme la peste, d’être soupçonnés de complicité de pillage et d’enlèvement, ou d’avoir rompu la Promesse du Voyageur dans leur propre caravansérail ! D’autant que certains des captifs semblaient des marchands gondoriens, odieusement rançonnés. Pour éviter de ternir la réputation de ses hôtes - mais aussi pour respecter la loi du Roi de Gondor, dont il craignait les représailles - le caïd libéra les otages, leur épargnant une vie de servitude dans quelque royaume barbare au-delà du désert !
De leur côté, les Oghan-Alam rendirent leurs marchandises aux Assadhini, non sans ajouter les animaux de bât et de substantiels dédommagements. Le caïd, trop heureux de s’en tirer à si bon compte, décampa avec troupe et chargement, sans demander son reste.
La caravane cheminait allègrement vers le village. Jeunes et vieux commentaient fièrement l’exploit du caïd. Pourtant celui-ci ruminait de sombres pensées. Depuis le départ du caravansérail, sa fille chérie refusait de lui parler…
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A suivre...