30.12.2018, 21:24
.oOo.
Comme dans un rêve, Baranwë tituba jusqu’aux ruines de la bretèche. Puisqu’aucun ennemi n’avait réagi à tout ce vacarme, c’est qu’il n’en viendrait plus à présent ! Fiévreusement, il chercha la pierre faîtière du porche. Plus de doute possible : sur l’écu brisé, l’on distinguait encore la gracieuse pampre d’or sur champ de pourpre, son propre blason, celui de la famille Malgwîn.
Dans un songe éveillé, le rôdeur ramené en enfance parcourut les pièces, cueillant au hasard les bribes enfouies de l’âge d’or - ici le fumet des miches levant lentement dans le four, là le tintement joyeux du marteau sur la forge, plus loin la splendeur d’une volée de marches rehaussant de ses marbres la sobre majesté des portraits de famille. Comme elle était petite, cette cour pavée ! Comme elle lui avait paru grande et puissante, jadis ! Ce n’était pas du lierre, qui avait recouvert d’un voile pudique ses murs noircis par l’incendie, mais de la vigne vierge ! La vigne, fierté de ses ancêtres, cultivée sur le terrain crayeux de ces coteaux bénis…
L’épée abaissée, Baranwë laissa le lacis des souvenir guider ses pas de somnambule autour du manoir. Il revit le grand-père, agenouillé dans la treille, à soigner les pieds centenaires. Le temps avait pris son tribut. Les plants étouffés de grains jaunes, les pampres folles, les pieds rabougris ou mangés de mildiou lui serraient le cœur, comme si l’espoir tout entier des Dunedain exilés se fût trouvé là, trésor dissimulé au cœur de sa vallée.
Alors le rôdeur se mit au travail. Il rengaina son épée et saisit son poignard. L’arme à nouveau pouvait bien se faire outil. Longuement il dégagea les pieds, patiemment il nettoya et remua le terreau, lentement il rattacha les guides et déploya les sarments, promesses des fruits de demain. La terre se souvenait des mains qui l’avaient travaillée, et l’aidaient encore à soutenir l’épreuve d’un long hiver, dans l’espoir d’une renaissance lointaine.
Enfin dans un grand feu salvateur, il brûla les pieds malades et les herbes tueuses. Dans l’odeur douce des sarments, longtemps il contempla le rougeoiement régénérateur.
Mais dans l’air limpide du soir, montaient les volutes blanches de la flambée, que l’on pouvait apercevoir de bien des lieues…
Dans un songe éveillé, le rôdeur ramené en enfance parcourut les pièces, cueillant au hasard les bribes enfouies de l’âge d’or - ici le fumet des miches levant lentement dans le four, là le tintement joyeux du marteau sur la forge, plus loin la splendeur d’une volée de marches rehaussant de ses marbres la sobre majesté des portraits de famille. Comme elle était petite, cette cour pavée ! Comme elle lui avait paru grande et puissante, jadis ! Ce n’était pas du lierre, qui avait recouvert d’un voile pudique ses murs noircis par l’incendie, mais de la vigne vierge ! La vigne, fierté de ses ancêtres, cultivée sur le terrain crayeux de ces coteaux bénis…
L’épée abaissée, Baranwë laissa le lacis des souvenir guider ses pas de somnambule autour du manoir. Il revit le grand-père, agenouillé dans la treille, à soigner les pieds centenaires. Le temps avait pris son tribut. Les plants étouffés de grains jaunes, les pampres folles, les pieds rabougris ou mangés de mildiou lui serraient le cœur, comme si l’espoir tout entier des Dunedain exilés se fût trouvé là, trésor dissimulé au cœur de sa vallée.
Alors le rôdeur se mit au travail. Il rengaina son épée et saisit son poignard. L’arme à nouveau pouvait bien se faire outil. Longuement il dégagea les pieds, patiemment il nettoya et remua le terreau, lentement il rattacha les guides et déploya les sarments, promesses des fruits de demain. La terre se souvenait des mains qui l’avaient travaillée, et l’aidaient encore à soutenir l’épreuve d’un long hiver, dans l’espoir d’une renaissance lointaine.
Enfin dans un grand feu salvateur, il brûla les pieds malades et les herbes tueuses. Dans l’odeur douce des sarments, longtemps il contempla le rougeoiement régénérateur.
Mais dans l’air limpide du soir, montaient les volutes blanches de la flambée, que l’on pouvait apercevoir de bien des lieues…
.oOo.
A suivre...