29.12.2018, 15:24
(Modification du message : 29.12.2018, 16:16 par Chiara Cadrich.)
Merci Daeron.
C'est une sorte de conte de Noël, d'une certaine façon.
Suite…
C'est une sorte de conte de Noël, d'une certaine façon.
Suite…
.oOo.
Le rôdeur suivit avec circonspection une haie hérissée de coudriers et de prunelliers, sous laquelle nichaient des merles qui firent grand tapage à son passage. Des images de l’enfance remontèrent avec les senteurs d’humus – une orgie de noisettes à l’ombre d’une cabane de fortune, une dépouille de renard abattu au lance-pierre non loin d’un poulailler…
Au détour de la haie, il tomba sur un bief en ruine. Les débris d’une roue de bois pourrissaient dans le canal envasé, dont la berge de maçonnerie, rompue, déversait à présent son trop-plein d’eau vive vers un étang en contrebas. En effet, les hirondelles y dansaient leur joyeuse ronde aérienne. Baranwë tressaillit, comme de nouvelles réminiscences affleuraient aux marges de sa conscience – une baignade au soleil, la sensation visqueuse d’une tanche argentée, fraichement attrapée, que ses mains de bambin laissent échapper au-dessus de l’eau…
Un peu ébranlé par ces souvenirs intempestifs, qui venaient troubler sa concentration en pleine inspection, le rôdeur suivit la berge sèche du bief, dépassant le moulin en ruine.
Pourquoi cette vallée lui paraissait-elle familière ? Sans formuler le doute qui le gagnait, Baranwë traversa un ancien jardin, ombre silencieuse se coulant entre les massifs de groseilliers gagnés par les ronces et ponctués d’arbustes mangés de broussins écarlates.
Le rôdeur cueillit au passage un coing doré, qui perdait sa peluche. Après l’avoir lustré sur sa manchette d’archer, il croqua à pleine dent dans la chair dure. L’âpre saveur le prit à la gorge. Il se revit goûtant le fruit de ses rapines enfantines, puis pourléchant ses doigts collants de confiture, devant une grande bassine de cuivre. « Alors, n’est-ce pas meilleur une fois cuit, galopin ? Il faut savoir attendre et laisser opérer la magie du chaudron… », lui lançait une grave et gracieuse vieille dame, son sourire bienveillant penché vers sa frimousse poisseuse.
Baranwë revint au temps présent. Comment ces bribes, si profondément enfouies qu’elles ne ressurgissaient jamais, pouvaient-elles affluer maintenant, si pleines des détails savoureux d’avant la Chute ? Le rôdeur gravit un talus couvert d’herbes aromatiques – pourquoi n’était-il pas surpris d’en trouver là, gagnées par le chiendent et le pissenlit ?
Au sommet il eut un choc : des chênes centenaires qui avaient bordé l’allée majestueuse, gisaient abattus, laissés à pourrir sur place – de la besogne d’orque, et récente, encore ! La colère le submergea, sans qu’il sût vraiment pourquoi. La vile engeance avait laissé son odieux piétinement autour d’une souche calcinée, mais le rôdeur n’examina pas les traces. Le guerrier banda rapidement son arc et encocha une flèche. Souple comme un lynx en chasse, il se glissa dans les fourrés de l’autre côté de l’allée.
Au détour de la haie, il tomba sur un bief en ruine. Les débris d’une roue de bois pourrissaient dans le canal envasé, dont la berge de maçonnerie, rompue, déversait à présent son trop-plein d’eau vive vers un étang en contrebas. En effet, les hirondelles y dansaient leur joyeuse ronde aérienne. Baranwë tressaillit, comme de nouvelles réminiscences affleuraient aux marges de sa conscience – une baignade au soleil, la sensation visqueuse d’une tanche argentée, fraichement attrapée, que ses mains de bambin laissent échapper au-dessus de l’eau…
Un peu ébranlé par ces souvenirs intempestifs, qui venaient troubler sa concentration en pleine inspection, le rôdeur suivit la berge sèche du bief, dépassant le moulin en ruine.
Pourquoi cette vallée lui paraissait-elle familière ? Sans formuler le doute qui le gagnait, Baranwë traversa un ancien jardin, ombre silencieuse se coulant entre les massifs de groseilliers gagnés par les ronces et ponctués d’arbustes mangés de broussins écarlates.
Le rôdeur cueillit au passage un coing doré, qui perdait sa peluche. Après l’avoir lustré sur sa manchette d’archer, il croqua à pleine dent dans la chair dure. L’âpre saveur le prit à la gorge. Il se revit goûtant le fruit de ses rapines enfantines, puis pourléchant ses doigts collants de confiture, devant une grande bassine de cuivre. « Alors, n’est-ce pas meilleur une fois cuit, galopin ? Il faut savoir attendre et laisser opérer la magie du chaudron… », lui lançait une grave et gracieuse vieille dame, son sourire bienveillant penché vers sa frimousse poisseuse.
Baranwë revint au temps présent. Comment ces bribes, si profondément enfouies qu’elles ne ressurgissaient jamais, pouvaient-elles affluer maintenant, si pleines des détails savoureux d’avant la Chute ? Le rôdeur gravit un talus couvert d’herbes aromatiques – pourquoi n’était-il pas surpris d’en trouver là, gagnées par le chiendent et le pissenlit ?
Au sommet il eut un choc : des chênes centenaires qui avaient bordé l’allée majestueuse, gisaient abattus, laissés à pourrir sur place – de la besogne d’orque, et récente, encore ! La colère le submergea, sans qu’il sût vraiment pourquoi. La vile engeance avait laissé son odieux piétinement autour d’une souche calcinée, mais le rôdeur n’examina pas les traces. Le guerrier banda rapidement son arc et encocha une flèche. Souple comme un lynx en chasse, il se glissa dans les fourrés de l’autre côté de l’allée.
.oOo.
A suivre...