Je m'autorise ici une remarque en toute bienveillance. Ce qui fait la véritable spécificité de Tolkien dans ses référence à des récits mythologiques antérieurs est la réinterprétation qu'il en fait en entrelaçant des concepts et motifs d'origines diverses. Il ne copie pas mais, rassemble, recompose, réagence en écrivant sa propre histoire. Il est à la fois un aède, créateur de son propre chant et un rhapsode qui mêle entre elles des traditions connues. Par exemple la Chute de Gondolin présente des similitudes avec celle de Troie. Des deux villes assiégées et perdues s'échappe un Prince (Enée/Earendil) qui est appelé à connaître la gloire au bout d'une mission dangereuse à travers les mers. Dans cette optique, et déjà en amont de la Chute, les deux cités bénéficient de la protection d'un Dieu des eaux (Poseidon/Ulmo). Mais il bien sûr inutile de chercher une comparaison entre les forces coalisées hellènes d'Agamemnon et les armées de Morgoth, pas plus qu'il ne faut chercher un lien entre Fondcombre et Alba-la-Longue (toutes deux pourtant fondées par le fils du Prince sauvé). Et si Enée, fils d'Aphrodite, est à la source d'un grand empire, Earendil, associé à la planète Vénus, est en quête du pardon des Valar. Les deux missions et les destins des héros ne sont pas identiques, il n'y a pas un simple "effet pochoir", si je puis me permettre, pourtant, comme on le voit, il existe des éléments similaires.
Ensuite cette narration va se conjuguer avec le conte de Beren et Luthien qui porte lui, entre autres, une catabase orphique inversée et avec le lai des enfants de Hurin, inspiré du Kalevala mais aussi, dans sa dimension familiale, et jusqu'à l'inceste, des tragédies grecques. Voilà qui, j'espère, permet de mieux appréhender l'originalité créatrice de Tolkien aux regards des sources mythologiques.
Ensuite cette narration va se conjuguer avec le conte de Beren et Luthien qui porte lui, entre autres, une catabase orphique inversée et avec le lai des enfants de Hurin, inspiré du Kalevala mais aussi, dans sa dimension familiale, et jusqu'à l'inceste, des tragédies grecques. Voilà qui, j'espère, permet de mieux appréhender l'originalité créatrice de Tolkien aux regards des sources mythologiques.
Dorées les feuilles tombent, mais le rêve se poursuit
Là où l'espoir demeure, les eaux chantent sous la nuit
Là où l'espoir demeure, les eaux chantent sous la nuit