01.09.2018, 19:13
(Modification du message : 11.09.2018, 21:25 par Chiara Cadrich.)
.oOo.
Bien des années plus tôt…
Dans la pénombre moite de l’alcôve somnolaient les corps alanguis. La buée perlait le long de la faïence azurée. Une fontaine de marbre blanc gazouillait dans des senteurs enivrantes.
Une main puissante, tailladée par le sabre et mangée par le sel, remontait lascivement, dominatrice et sûre de sa victoire, le long d’une cuisse laiteuse et frémissante, en quête d’une dernière rapine.
La silhouette galbée s’échappa d’un coup de reins, retournant la situation avec un sourire espiègle. A califourchon sur son amant, elle lui prodigua quelques caresses revigorantes en chuchotant des exhortations épicées. Ses yeux en amande, clos un instant par une onde de plaisir, s’entrouvrirent, animés d’une étincelle lubrique.
Aventureuse et impudique, la douce main de l’experte odalisque se crispa soudain, arrachant un juron de douleur au corsaire basané : du bout du couloir perçaient des éclats de voix, qui dérangeaient l’ardente complicité de la salle d’eau.
La jeune femme s’élança à la porte qu’elle entrouvrit :
- Rhabille-toi ! Le voilà !, glapit-elle en se précipitant sur son corset.
- Déjà ? C’est agaçant ! Pourtant je l’avais envoyé en Belfalas !, répondit le corsaire en rassemblant ses habits avec indolence.
Dans le couloir la rumeur enflait, chassant devant elle une nuée affolée de servantes et de domestiques. Le maître de maison, de retour du combat, réclamait son épouse à corps et à cris, explorant une à une les pièces où donnait la galerie voûtée de son manoir.
- Mais dépêche-toi ! Prends tout ! Non, par ici ! Vite !
Les amants passèrent dans la chambre à coucher attenante, l’une se tortillant pour fermer les agrafes de sa robe, l’autre sautillant pour enfiler bas de soie et chausses à boucles. Le corsaire, Grand Maître du port militaire d’Umbar, avait horreur de la précipitation. Mais le mari s’approchait dans la galerie.
- Par l’encre du Kraken, aide-moi un peu !
Après avoir resserré le corsage de sa compagne, le corsaire rajusta son jabot et son baudrier en s’attardant devant le miroir. Poussé dans un cabinet exigu, il tenta de voler un dernier baiser à la jeune femme – panache oblige ! - mais elle l’envoya vivement par un escalier dérobé. Le grand maître avait horreur de ces sorties bâclées, un tel manque de décorum lui était insupportable…
Les portes de la chambre s’ouvrirent avec fracas sur Karbuzahar. Le capitaine lissait sa moustache frémissante en roulant des yeux impatients.
- Vous voici, mon époux ! Je ne vous attendais pas si tôt ! Vous me prenez au dépourvu, ma toilette inachevée, et cela n’est pas digne d’un gentilhomme…
Petite cause, grands effets. La semaine suivante était promulguée une nouvelle ordonnance maritime, qui mettait bon ordre aux conséquences inconvenantes des impondérables de mer…
Dans la pénombre moite de l’alcôve somnolaient les corps alanguis. La buée perlait le long de la faïence azurée. Une fontaine de marbre blanc gazouillait dans des senteurs enivrantes.
Une main puissante, tailladée par le sabre et mangée par le sel, remontait lascivement, dominatrice et sûre de sa victoire, le long d’une cuisse laiteuse et frémissante, en quête d’une dernière rapine.
La silhouette galbée s’échappa d’un coup de reins, retournant la situation avec un sourire espiègle. A califourchon sur son amant, elle lui prodigua quelques caresses revigorantes en chuchotant des exhortations épicées. Ses yeux en amande, clos un instant par une onde de plaisir, s’entrouvrirent, animés d’une étincelle lubrique.
Aventureuse et impudique, la douce main de l’experte odalisque se crispa soudain, arrachant un juron de douleur au corsaire basané : du bout du couloir perçaient des éclats de voix, qui dérangeaient l’ardente complicité de la salle d’eau.
La jeune femme s’élança à la porte qu’elle entrouvrit :
- Rhabille-toi ! Le voilà !, glapit-elle en se précipitant sur son corset.
- Déjà ? C’est agaçant ! Pourtant je l’avais envoyé en Belfalas !, répondit le corsaire en rassemblant ses habits avec indolence.
Dans le couloir la rumeur enflait, chassant devant elle une nuée affolée de servantes et de domestiques. Le maître de maison, de retour du combat, réclamait son épouse à corps et à cris, explorant une à une les pièces où donnait la galerie voûtée de son manoir.
- Mais dépêche-toi ! Prends tout ! Non, par ici ! Vite !
Les amants passèrent dans la chambre à coucher attenante, l’une se tortillant pour fermer les agrafes de sa robe, l’autre sautillant pour enfiler bas de soie et chausses à boucles. Le corsaire, Grand Maître du port militaire d’Umbar, avait horreur de la précipitation. Mais le mari s’approchait dans la galerie.
- Par l’encre du Kraken, aide-moi un peu !
Après avoir resserré le corsage de sa compagne, le corsaire rajusta son jabot et son baudrier en s’attardant devant le miroir. Poussé dans un cabinet exigu, il tenta de voler un dernier baiser à la jeune femme – panache oblige ! - mais elle l’envoya vivement par un escalier dérobé. Le grand maître avait horreur de ces sorties bâclées, un tel manque de décorum lui était insupportable…
Les portes de la chambre s’ouvrirent avec fracas sur Karbuzahar. Le capitaine lissait sa moustache frémissante en roulant des yeux impatients.
- Vous voici, mon époux ! Je ne vous attendais pas si tôt ! Vous me prenez au dépourvu, ma toilette inachevée, et cela n’est pas digne d’un gentilhomme…
Petite cause, grands effets. La semaine suivante était promulguée une nouvelle ordonnance maritime, qui mettait bon ordre aux conséquences inconvenantes des impondérables de mer…
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A suivre...