23.07.2018, 19:31
(Modification du message : 25.07.2018, 20:00 par Chiara Cadrich.)
Merci Daeron ! 

.oOo.
Aragorn avait eu bien du mal à convaincre la petite bande de hobbits étourdis, qu’ils n’avaient guère d’autre choix que l’admettre pour guide. Même après la lettre de Gandalf, miraculeusement retrouvée par cet ahuri de Poiredebeurré, Sam gardait une attitude soupçonneuse et hostile à son égard.
L’ennemi surveillait les routes et disposait d’intelligences, ici-même à Bree. L’auberge était espionnée, et Merry avait échappé de peu à ses agresseurs. Aussi Aragorn avait-il pressé les hobbits de changer de chambre pour une pièce moins exposée que l’entresol.
« Les Nazgûls, lui avait dit Gandalf, sentent la présence des vivants et de l’Anneau, mais le feu et l’eau les troublent. » Il avait donc fait allumer tous les foyers de l’étage, pour dérouter leurs poursuivants, et alimentait celui de la chambre. Mais surtout, il avait pour un temps soustrait le porteur aux maléfices de l’Anneau, l’envoyant avec ses compères dans les contrées atones du sommeil profond, sans rêve ni tentation.
Sam, à demi-assoupi, s’agitait pourtant sur sa chaise. Aragorn le coucha dans son lit, souriant malgré lui, à la pensée du fidèle jardinier humant sa tisane soporifique d’un air soupçonneux.
Debout dans le silence, le Dunadan tendait l’oreille. En dehors de la respiration apaisée des hobbits et des marmonnements inquiets de Sam, rien ne troublait la quiétude de la nuit, que le chuintement des bûches dans l’âtre.
L’attente s’installa, prenant ses aises comme une compagne blasée et sans gêne, obsédant l’esprit par sa jérémiade silencieuse. A chaque instant, la pensée surgie de la pénombre, se délitait en une farandole d’images, renouvelant à l’infini les doutes et les espoirs nourris par le Dunadan.
Aragorn se rassit, tirant des bouffées réconfortantes de sa vieille pipe en terre.
En défi aux affres nocturnes, il psalmodia un lai, qu’accompagnaient jadis les harpistes de Fornost lors des soirées d’hiver, alors que les Dunedain luttaient contre le Roi-Sorcier d’Angmar.
Chevauchant les vers, son âme vagabonda au gré des volutes de l’herbe-à-pipe, évoquant les refuges de son peuple nichés au cœur des collines du crépuscule, et le long combat des siens, accompli dans l’humilité de l’anonymat pour protéger Eriador. Les pensées d’Aragorn le ramenèrent vers sa mère et son dernier legs désespéré, ses vœux de renouveau.
La voix lointaine de Maître Elrond lui prédit à nouveau que sa fille n’attenterait pas à la grâce de ses jours, pour un homme moindre que le Roi d’Arnor et Gondor réunis :
« L’heure est venue pour toi de t'élever au-dessus de tes pères, ou d’abandonner à l’oubli les derniers vestiges de Numenor ! »
L’épreuve ultime arrivait enfin. Et l’Anneau de pouvoir, à sa portée par un étrange tour du destin, en était la clé.
L’ennemi surveillait les routes et disposait d’intelligences, ici-même à Bree. L’auberge était espionnée, et Merry avait échappé de peu à ses agresseurs. Aussi Aragorn avait-il pressé les hobbits de changer de chambre pour une pièce moins exposée que l’entresol.
« Les Nazgûls, lui avait dit Gandalf, sentent la présence des vivants et de l’Anneau, mais le feu et l’eau les troublent. » Il avait donc fait allumer tous les foyers de l’étage, pour dérouter leurs poursuivants, et alimentait celui de la chambre. Mais surtout, il avait pour un temps soustrait le porteur aux maléfices de l’Anneau, l’envoyant avec ses compères dans les contrées atones du sommeil profond, sans rêve ni tentation.
Sam, à demi-assoupi, s’agitait pourtant sur sa chaise. Aragorn le coucha dans son lit, souriant malgré lui, à la pensée du fidèle jardinier humant sa tisane soporifique d’un air soupçonneux.
Debout dans le silence, le Dunadan tendait l’oreille. En dehors de la respiration apaisée des hobbits et des marmonnements inquiets de Sam, rien ne troublait la quiétude de la nuit, que le chuintement des bûches dans l’âtre.
L’attente s’installa, prenant ses aises comme une compagne blasée et sans gêne, obsédant l’esprit par sa jérémiade silencieuse. A chaque instant, la pensée surgie de la pénombre, se délitait en une farandole d’images, renouvelant à l’infini les doutes et les espoirs nourris par le Dunadan.
Aragorn se rassit, tirant des bouffées réconfortantes de sa vieille pipe en terre.
En défi aux affres nocturnes, il psalmodia un lai, qu’accompagnaient jadis les harpistes de Fornost lors des soirées d’hiver, alors que les Dunedain luttaient contre le Roi-Sorcier d’Angmar.
Chevauchant les vers, son âme vagabonda au gré des volutes de l’herbe-à-pipe, évoquant les refuges de son peuple nichés au cœur des collines du crépuscule, et le long combat des siens, accompli dans l’humilité de l’anonymat pour protéger Eriador. Les pensées d’Aragorn le ramenèrent vers sa mère et son dernier legs désespéré, ses vœux de renouveau.
La voix lointaine de Maître Elrond lui prédit à nouveau que sa fille n’attenterait pas à la grâce de ses jours, pour un homme moindre que le Roi d’Arnor et Gondor réunis :
« L’heure est venue pour toi de t'élever au-dessus de tes pères, ou d’abandonner à l’oubli les derniers vestiges de Numenor ! »
L’épreuve ultime arrivait enfin. Et l’Anneau de pouvoir, à sa portée par un étrange tour du destin, en était la clé.
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A suivre...