04.06.2018, 05:35
(03.06.2018, 23:26)Vinyamar a écrit : J'ai voulu donner via ces exemples une impulsion pour poser la problématique du sujet, rien de plus.
(évidemment que ces exemples n'ont rien de commun avec Tolkien)
Je l'ai dit au début et à la fin du sujet, je ne suis pas compétent, et les exemples sont discutables. Merci de les prendre pour ce qu'ils sont : une invitation à réfléchir plus avant.
Je suis tout à fait d'accord avec ton invitation, Vinyamar, mais je crois sincèrement qu'on ne peut lancer une discussion fructueuse en partant d'une analogie erronée.
Par ailleurs, je ne suis pas suffisamment compétent en littérature moderne pour fournir une multitude d'exemples susceptibles d'informer ta thèse. Que je sache, cependant, chez Hugo comme chez Kafka, ce sont les dernières versions de leurs romans qui sont aujourd'hui encore considérés comme les versions de référence. Y compris quand lesdits romans furent posthumément publiés, en ce qui concerne Kafka.
(03.06.2018, 23:26)Vinyamar a écrit : Sur le rôle de l'éditeur vis-à-vis de Tolkien, là encore l'important n'est pas de savoir si oui ou non il est intervenu sur le contenu, mais plutôt de savoir si oui ou non les idées en brouillon d'un auteur seraient automatiquement publiées du simple fait qu'il les ait pensées (ou aurait immédiatement la même autorité qu'un récit publié). Non dis-je, car des idées ont besoin d'être confrontées à toutes les incohérences ou problèmes nouveaux qu'elles génèrent. Une auto-analyse est alors nécessaire, qui peut être faite par un tiers, voire l'éditeur lui-même.
C'est cela le sens de mon propos (et si cela n'a pas été le cas chez Tolkien, c'est le cas ailleurs, surtout lors d'une commande).
En l'occurrence, la réponse est indiscutablement oui dans le cas présent : Christopher Tolkien a collecté tous les brouillons de son père, s'est efforcé de trouver les versions les plus tardives et a publié le Silm. Et il n'y a guère que trois points sur lequels il a rencontré un problème : l'ascendance de Gil-galad, où il a publié par erreur une version qui n'est pas la dernière (il s'en explique en WJ, p. 242–243), la mort d'Elu Thingol (où le problème rencontré est précisément que le passage ne fut jamais revu par Tolkien depuis les CP, ce qui força Christopher à réinventer le passage correspondant pour le mettre en cohérence avec le reste) et l'origine des Orques, citée par Tikidiki.
(03.06.2018, 23:26)Vinyamar a écrit : Quant à des retours en arrière dans l'évolution des idées de Tolkien, là ce serait très intéressant que j'en retrouve. Mais je n'ai pas vraiment le temps de faire ces recherches. Peut-être certains érudits en connaissent-ils, mais je crois que dans la conception du SdA Tolkien a commencé à faire des modifications de plus en plus importantes pour rejoindre son œuvre du Silmarillion, mais n'est pas allé parfois jusque là où il avait commencé à s'aventurer.
Pour avoir attentivement lu les HoMe 8, 9 et 12, qui contiennent les derniers brouillons du SdA, ainsi que les HoMe 6 et 7, qui contiennent les premières versions desdits brouillons, je n'ai pas le moindre souvenir d'un cas où Tolkien serait revenu en arrière pour revenir à une version antérieure après avoir rédigé une nouvelle version d'un chapitre au brouillon. Je peux avoir oublié un cas, bien sûr, mais pour m'en convaincre il faudrait me fournir un contre-exemple concret.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland