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Laitali
#1
Exclamation 
Il ne s'agit pas précisément d'une demande (sauf relecteurs éventuellement intéressés), mais d'un projet qui occupe une bonne part de mon temps libre depuis le début d'année : rien moins qu'un essai de traduction du Livre des Psaumes en quenya, ou plus précisément en parmaquesta, le quenya livresque, différent sur bien des points du tarquesta ("langue noble", donc quenya standard parlé) de la Complainte de Galadriel.
  • Par exemple, le rhotacisme ñoldorin z > r ne s'applique pas en parmaquesta, ce qui nécessite une certaine vigilance étymologique, dans la mesure où Tolkien orthographie souvent les mots concernés avec un r .
Je passe sur la question de l'anachronisme, qui pourrait bien sûr être débattue. Je rappellerai juste que Tolkien lui-même a traduit en quenya les prières du Notre Père, de l'Ave Maria, du Gloria Patri, du Sub Tuum Praesidium, du Gloria in Excelsis Deo et de la Litanie de Lorette, ce qui constitue un précédent intéressant. Par ailleurs, cette démarche s'inscrit dans la suite de celle de Helge Fauskanger, pionnier de l'étude des langues elfiques sur Internet, qui a traduit l'intégralité du Nouveau Testament et plusieurs livres de l'Ancien en quenya.
  • Je renvoie à son site les personnes curieuses de connaître les textes en question et les motivations de Helge : voyez la section "Post-Tolkien Quenya Compositions".
Autant que faire se peut, le vocabulaire attesté en quenya a été utilisé, mais il m'a plus d'une fois fallu recourir au qenya des premiers textes linguistiques tolkieniens, éventuellement en adaptant la phonologie, ou à des dérivations à partir de mots apparentés. Autant que possible, j'ai tracé l'origine de tous les mots utilisés, en explicitant mes choix le cas échéant, dans un lexique qui fait désormais une bonne douzaine de pages sur deux colonnes. J'ai toutefois essayé de limiter au maximum ces excursions créatives, même si je reconnais volontiers que dans de rares cas, il a fallu forger un néologisme à partir de rien.
  • Ainsi, vu qu'il n'y a pas de mot pour "soufre" ou pour "grêle" qui soit attesté en langue elfique, je me suis résolu à trouver une dérivation raisonnablement crédible à partir des racines elfiques attestées et des solutions suggérées par analogie avec les langues indo-européennes.
J'ai déjà complété 25 psaumes et ait entamé la traduction d'une poignée d'autres. Je ne compte plus le nombre de corrections successives menées à bien pour garder une cohérence d'ensemble et affiner la formulation de certains passages au fur et à mesure que je comprenais mieux le fonctionnement phonologique et grammatical du quenya. Pour la traduction, ne pratiquant pas l'hébreu, je me suis principalement basé sur la Chouraqui, une traduction juive extrêmement littérale, avec l'appoint de plusieurs traductions complémentaires pour mieux saisir le sens et la traduction possible des passages concernés, notamment la Bible de Jérusalem et la King James. Au rythme où je progresse, il me faudra encore deux ans pour voir la fin de ce projet...

Pour ne pas inutilement rallonger ce message, je vous donne le premier psaume (très court), accompagné de la traduction de la Bible de Jérusalem. Notez que des révisions ultérieures restent fort possibles, notamment en ce qui concerne l'ordre syntactique, car pour l'instant je n'ai pas encore cherché à mettre cette traduction sous forme poétique :

  1. Mána quén yë lá χilya hrúaron oré, lá χauta úcarindo-tiessë, lá χamu yaiwo-χammanna. (1)
    Heureux l'homme qui ne suit pas le conseil des impies, ni dans la voie des égarés ne s'arrête, ni au siège des rieurs (2) ne s'assied,

  2. Mal fasta Yahwëo axandë ar hlussa axanzyá aurë lómisseyë.
    mais se plaît dans la loi de Yahvé, mais murmure sa loi jour et nuit !

  3. (Nás) wai alda ana sírí alanwa, ya lúmezyassë yavë. Olassiezya lá quelë ; ilqua caritazya alë.
    Il est comme un arbre planté auprès des cours d'eau ; celui-là portera fruit en son temps et jamais son feuillage ne sèche; tout ce qu'il fait réussit

  4. Laumë hrúain, naltë wai siltina ya þúlë fara.
    rien de tel pour les impies, rien de tel ! (3) Mais ils sont comme la bale qu'emporte le vent.

  5. Sië hrúar lá oryuvar i Námiessë, ar lá úcarindor faimo-ocombessë.
    Ainsi, les impies ne tiendront pas au Jugement, ni les égarés, à l'assemblée des justes.

  6. An Yahwë ista faimo-tié mal hrúa-tië wanya.
    Car Yahvé connaît la voie des justes, mais la voie des impies se perd.

(1) La lettre χ désigne le son [x], comme c'est occasionnellement le cas chez Tolkien, même s'il orthographie souvent les mots correspondant avec un h, dans la mesure où ce son devient [h] en tarquesta.

(2) Comprendre : moqueurs.

(3) La répétition "rien de tel !" semble être un choix éditorial de cette traduction et ne pas figurer dans l'original hébreu, car on ne la retrouve pas dans les autres traductions que j'ai consultées.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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Laitali - par Elendil - 29.05.2018, 15:46
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