25.05.2018, 19:54
(Modification du message : 25.05.2018, 19:56 par Chiara Cadrich.)
Merci Widor !
.oOo.
C’était là. Le cul-de-basse-fosse était obstrué par une lourde porte, installée récemment et à la hâte.
La luciole fidèle qui tremblotait à l’extrémité du bâton du magicien, semblait à présent étouffer sous des nuages de spores noires qui s’élevaient des murs moisis. D’un coup de son épée, le magicien brisa la chaîne qui retenait les battants de chêne clouté. La porte s’ouvrit lentement, semblant bailler sur le vide primordial du monde.
Au cœur de la noirceur, surgissant de l'abîme, deux orbites s'ouvrirent. Impérieuses, deux lueurs ternes le regardaient, sans ciller. Dans un silence absolu, une onde de malveillance déferla sur le magicien, dardée par les prunelles avides et cruelles sur la forme mortelle indésirable en ces lieux.
Ainsi Gandalf avait débusqué l’abomination dans son repère… Il hésita, reculant d’un pas et sondant l’intense regard obnubilé par la haine. Ses sens aux aguets n’y relevaient rien de ce qui nourrissait d’ordinaire son empathie pour les êtres en Terre du Milieu : le courage s’y était mué en instinct de destruction, le désir aboli en frustration vengeresse, et la pitié bannie de cette âpre présence à l’humanité desséchée.
Gandalf doutait. Cette ombre de terreur remâchait sa rancœur au long des siècles, avide d’assouvir sa faim en réduisant toute vie au néant. Etait-ce là une goule, un spectre, un esprit servant de l’Anneau ? Le magicien avait mandat pour s’opposer à lui, mais en aurait-il la force ? Quels pouvoirs surhumains cette haine incarnée en ombre avait-elle distillés dans son repère ?
La peur.
D’abord la peur, fille de mensonge et mère de lâcheté. La peur avait été l’arme maîtresse de Sauron et avant lui Morgoth. La peur paralysait les membres et gangrenait l’esprit, isolait les meneurs et asservissait les peuples.
Mais la peur n’habitait pas le magicien. La flamme du courage illuminait son âme altruiste, mussée aux fibres du vaisseau humain qu’on lui avait assigné pour arpenter la Terre du Milieu. La peur ne s’était pas encore installée dans sa chair empruntée, n’avait pas gagné son esprit trop acéré, même assujetti à ce corps de vieillard.
Mais il eût mieux valu pour lui !
Sectateur prosterné devant Sauron depuis les âges sombres, cette âme damnée avait étudié les arts noirs sous sa férule. Il était déjà trop tard lorsque le magicien se rendit compte qu’il ne pouvait plus proférer un son.
Une glaise méphitique semblait obstruer la gorge de Gandalf, qui brûlait d’un feu glacé et l’empêchait d’invoquer la flamme d’Anor. Plus il tentait de s’en débarrasser, plus il sentait s’épaissir cette gangue abjecte.
Alors les yeux s'avancèrent, enchâssés sous leur sombre capuchon, se repaissant du hurlement silencieux de la victime en leur pouvoir. Des choses immondes remuèrent dans les recoins, poilues et visqueuses, anticipant un festin.
Une haute forme sombre dominait à présent la silhouette recroquevillée du magicien. L’étouffement qui gagnait le Gris consumait ses sens. Perçant son cœur d'une lance de glace, une force implacable enveloppait à présent ses membres, tétanisant sa volonté. Son corps mortel - celui d’un vieillard alerte, fort comme les racines et vif comme le cerf – palpitait de sang rouge asphyxié, empoisonné par les maléfices de son ennemi. Son esprit sagace, privé du verbe, paniquait à présent et hurlait sa détresse au bord du néant, dans la cage de ce corps impuissant. L’exigence furieuse de la vie lui battait sourdement aux tempes, rejetant dans les limbes les sages prescriptions des Valar et jusqu’à la conscience de sa vraie nature.
Lentement, le spectre révéla un coutelas de sous les pans de son manteau noir. La lame terne et longue était ciselée comme un assemblage d'éclats mortels, prêts à se briser dans la blessure et tourmenter la victime jusqu'à la folie.
La luciole fidèle qui tremblotait à l’extrémité du bâton du magicien, semblait à présent étouffer sous des nuages de spores noires qui s’élevaient des murs moisis. D’un coup de son épée, le magicien brisa la chaîne qui retenait les battants de chêne clouté. La porte s’ouvrit lentement, semblant bailler sur le vide primordial du monde.
Au cœur de la noirceur, surgissant de l'abîme, deux orbites s'ouvrirent. Impérieuses, deux lueurs ternes le regardaient, sans ciller. Dans un silence absolu, une onde de malveillance déferla sur le magicien, dardée par les prunelles avides et cruelles sur la forme mortelle indésirable en ces lieux.
Ainsi Gandalf avait débusqué l’abomination dans son repère… Il hésita, reculant d’un pas et sondant l’intense regard obnubilé par la haine. Ses sens aux aguets n’y relevaient rien de ce qui nourrissait d’ordinaire son empathie pour les êtres en Terre du Milieu : le courage s’y était mué en instinct de destruction, le désir aboli en frustration vengeresse, et la pitié bannie de cette âpre présence à l’humanité desséchée.
Gandalf doutait. Cette ombre de terreur remâchait sa rancœur au long des siècles, avide d’assouvir sa faim en réduisant toute vie au néant. Etait-ce là une goule, un spectre, un esprit servant de l’Anneau ? Le magicien avait mandat pour s’opposer à lui, mais en aurait-il la force ? Quels pouvoirs surhumains cette haine incarnée en ombre avait-elle distillés dans son repère ?
La peur.
D’abord la peur, fille de mensonge et mère de lâcheté. La peur avait été l’arme maîtresse de Sauron et avant lui Morgoth. La peur paralysait les membres et gangrenait l’esprit, isolait les meneurs et asservissait les peuples.
Mais la peur n’habitait pas le magicien. La flamme du courage illuminait son âme altruiste, mussée aux fibres du vaisseau humain qu’on lui avait assigné pour arpenter la Terre du Milieu. La peur ne s’était pas encore installée dans sa chair empruntée, n’avait pas gagné son esprit trop acéré, même assujetti à ce corps de vieillard.
Mais il eût mieux valu pour lui !
Sectateur prosterné devant Sauron depuis les âges sombres, cette âme damnée avait étudié les arts noirs sous sa férule. Il était déjà trop tard lorsque le magicien se rendit compte qu’il ne pouvait plus proférer un son.
Une glaise méphitique semblait obstruer la gorge de Gandalf, qui brûlait d’un feu glacé et l’empêchait d’invoquer la flamme d’Anor. Plus il tentait de s’en débarrasser, plus il sentait s’épaissir cette gangue abjecte.
Alors les yeux s'avancèrent, enchâssés sous leur sombre capuchon, se repaissant du hurlement silencieux de la victime en leur pouvoir. Des choses immondes remuèrent dans les recoins, poilues et visqueuses, anticipant un festin.
Une haute forme sombre dominait à présent la silhouette recroquevillée du magicien. L’étouffement qui gagnait le Gris consumait ses sens. Perçant son cœur d'une lance de glace, une force implacable enveloppait à présent ses membres, tétanisant sa volonté. Son corps mortel - celui d’un vieillard alerte, fort comme les racines et vif comme le cerf – palpitait de sang rouge asphyxié, empoisonné par les maléfices de son ennemi. Son esprit sagace, privé du verbe, paniquait à présent et hurlait sa détresse au bord du néant, dans la cage de ce corps impuissant. L’exigence furieuse de la vie lui battait sourdement aux tempes, rejetant dans les limbes les sages prescriptions des Valar et jusqu’à la conscience de sa vraie nature.
Lentement, le spectre révéla un coutelas de sous les pans de son manteau noir. La lame terne et longue était ciselée comme un assemblage d'éclats mortels, prêts à se briser dans la blessure et tourmenter la victime jusqu'à la folie.
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A suivre...