11.05.2018, 09:59
(Modification du message : 11.05.2018, 11:47 par Hofnarr Felder.)
J'ai récemment commencé la lecture de la Légende de Sigurd et Gudrun, et je souffre abominablement. Je m'étonne en fait de voir qu'il existe, sur la toile, autant de critiques élogieuses de cet ouvrage pour le moins particulier.
A vrai dire, je considère que c'est un livre que personne, ou peu s'en faut, n'aurait délibérément lu s'il n'y avait pas eu le nom de Tolkien dessus, et qu'il n'a que très peu d'intérêt en lui-même. Je n'y vois guère qu'un jeu universitaire, pénétrable et appréciable seulement à ceux qui connaissent déjà ces textes de manière extrêmement maîtrisée et qui peuvent prendre plaisir à déceler les allusions ou les interprétations mises en avant dans ces vers ramassés et autrement abscons. C'est donc un texte que je ne vois pas destiné à autre chose qu'à un usage privé, entre collègues partageant un même corps de connaissances. Après, bien sûr, que l'ouvrage n'ait pas d'intérêt en soi ne signifie pas qu'il n'en présente pas tout court : il est précisément intéressant en tant qu’œuvre de Tolkien, en tant qu'il nous éclaire sur le jeu qu'il entretenait avec les œuvres fondamentales de sa carrière d'universitaire et de sa pensée personnelle. Mais, une fois n'est pas coutume, le texte est pour moi si rébarbatif que j'en ai chaque fois hâte d'arriver aux commentaires de Christopher Tolkien, qui sont ici plus que bienvenus, et toujours éclairants à mon sens.
Quant à la traduction, je plains évidemment la traductrice. Il n'empêche : je suis toujours aussi peu friand de ses choix, et sceptique quelquefois quant à la pertinence de certaines propositions. Par exemple, dans les commentaires de Christopher Tolkien, elle semble traduire systématiquement "On the other hand" par "En revanche" alors qu'il aurait été plus approprié de traduire ça par "D'autre part", qui marque une addition, un rebond par rapport à ce qui a été dit, pas un contraste. Plusieurs fois j'ai été induit un erreur en pensant que le paragraphe que je lisais s'inscrivait en opposition par rapport au précédent du fait de cet "En revanche", alors qu'il en complétait le contenu. Un détour par la VO m'a finalement assuré qu'il s'agissait bien là d'une maladresse de traduction. De même "Ce dont chanta Sigurd" m'apparaît assez peu judicieux.
Quant à la traduction des poèmes, Christine Laferrière a fait des choix et pourquoi pas... Elle a le mérite de les exposer. Cela dit, quand je lis :
je pense plus à une caricature d'hommes préhistoriques qu'à un morceau de poésie épique... La VO étant mise en regard, comme l'aveu d'un échec ou d'une traduction impossible, j'ai eu vite fait de m'y concentrer, ne prenant la VF que comme un dictionnaire utile seulement à résoudre le sens de certains mots un peu plus épineux.
Je me demande si certains d'entre vous ont réellement apprécié la lecture et pourraient m'aider à la goûter un peu plus !
A vrai dire, je considère que c'est un livre que personne, ou peu s'en faut, n'aurait délibérément lu s'il n'y avait pas eu le nom de Tolkien dessus, et qu'il n'a que très peu d'intérêt en lui-même. Je n'y vois guère qu'un jeu universitaire, pénétrable et appréciable seulement à ceux qui connaissent déjà ces textes de manière extrêmement maîtrisée et qui peuvent prendre plaisir à déceler les allusions ou les interprétations mises en avant dans ces vers ramassés et autrement abscons. C'est donc un texte que je ne vois pas destiné à autre chose qu'à un usage privé, entre collègues partageant un même corps de connaissances. Après, bien sûr, que l'ouvrage n'ait pas d'intérêt en soi ne signifie pas qu'il n'en présente pas tout court : il est précisément intéressant en tant qu’œuvre de Tolkien, en tant qu'il nous éclaire sur le jeu qu'il entretenait avec les œuvres fondamentales de sa carrière d'universitaire et de sa pensée personnelle. Mais, une fois n'est pas coutume, le texte est pour moi si rébarbatif que j'en ai chaque fois hâte d'arriver aux commentaires de Christopher Tolkien, qui sont ici plus que bienvenus, et toujours éclairants à mon sens.
Quant à la traduction, je plains évidemment la traductrice. Il n'empêche : je suis toujours aussi peu friand de ses choix, et sceptique quelquefois quant à la pertinence de certaines propositions. Par exemple, dans les commentaires de Christopher Tolkien, elle semble traduire systématiquement "On the other hand" par "En revanche" alors qu'il aurait été plus approprié de traduire ça par "D'autre part", qui marque une addition, un rebond par rapport à ce qui a été dit, pas un contraste. Plusieurs fois j'ai été induit un erreur en pensant que le paragraphe que je lisais s'inscrivait en opposition par rapport au précédent du fait de cet "En revanche", alors qu'il en complétait le contenu. Un détour par la VO m'a finalement assuré qu'il s'agissait bien là d'une maladresse de traduction. De même "Ce dont chanta Sigurd" m'apparaît assez peu judicieux.
Quant à la traduction des poèmes, Christine Laferrière a fait des choix et pourquoi pas... Elle a le mérite de les exposer. Cela dit, quand je lis :
Citation :Hordes de cavaliers
se hâtaient vers l'ouest;
Les seigneurs des Burgondes
Contre armée de Budli.
je pense plus à une caricature d'hommes préhistoriques qu'à un morceau de poésie épique... La VO étant mise en regard, comme l'aveu d'un échec ou d'une traduction impossible, j'ai eu vite fait de m'y concentrer, ne prenant la VF que comme un dictionnaire utile seulement à résoudre le sens de certains mots un peu plus épineux.
Je me demande si certains d'entre vous ont réellement apprécié la lecture et pourraient m'aider à la goûter un peu plus !