06.05.2018, 19:16
(Modification du message : 06.05.2018, 19:25 par Chiara Cadrich.)
Merci Dwain !
C'est pardonné, et donc tout guilleret, que je vais terminer la descente aux enfers de Saroumane.
C'est pardonné, et donc tout guilleret, que je vais terminer la descente aux enfers de Saroumane.
Tranches de vices, dernière partie – Orcelets
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« Je me demande ce qu'il a fait. Sont-ce des Hommes qu'il a dégradés ou a t'il métissé la race des Orques avec celle des Hommes? Ce serait là un noir méfait! » Sylvebarbe. Le seigneur des anneaux, Les deux tours, Livre III, Chapitre 4 Sylvebarbe.
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Dans les catacombes d’Isengard...Drapé dans sa mante immaculée, un personnage de noble prestance arpentait la chambre d’élevage sans cacher son mécontentement :
- Hé bien, Snagaur ? Où se trouvent les compagnies de Saroumane ? Où sont mes sur-hommes de l’ordre nouveau ?
Avec un rictus de dégoût, le magicien écarta de son bâton les reliefs immondes d’expérimentations avortées. Un placenta roula dans la fange, entraînant un fœtus sanguinolent qui tenait du rat et de l’orque.
Clopinant dans les basques de son maître, un orque obséquieusement voûté geignit :
- Les femmes refusent de s’accoupler avec les orques…
Saroumane sonda les paupières mi-closes de Snagaur. Le regard jaune et sournois trahissait des regrets lubriques.
- Ainsi mes alliées Dunlending se refusent à engendrer l’élite de l’humanité de demain ? Soit ! Mais ne t’ai-je point fourni de robustes femmes du Rohan ?
- Ces esclaves mettent leurs rejetons à mort ! Les femelles têtes-de-paille se mutilent ou se sacrifient avant terme !
- Tu n’es qu’un incapable, rugit Saroumane en menaçant l’orque de son bâton.
Snagaur se recroquevilla en lançant :
- Les femelles humaines portent longtemps leurs marmots, et leurs portées sont maigres…
L’orque avait raison… La gestation humaine était beaucoup trop longue…
Pour faire bonne mesure et évacuer sa rancœur, d’un geste de son bâton, Saroumane projeta violemment Snagaur au fond de la caverne, où s’entassaient pêle-mêle les tonnelets et cageots importés de la Comté, les immondes viandes séchées des orques et les fruits sanglants et morts-nés de la chambre d’élevage.
Le magicien blanc entra en lui-même. Le rêve d’une humanité nombreuse, infatigable et résistante, obéissante mais pleine de ressources, lui échappait encore… Les rouages implacables de son esprit subtil s’étaient mis en branle. Bien sûr… Il lui eût fallu croiser des femelles orques, infiniment plus prolifiques, avec des hommes. Mais elles étaient aussi beaucoup plus rares, et il n’avait pu en obtenir. Il savait que la possession des femelles, prolixes truies nourricières gardées au donjon de l’antre tribal, était l’enjeu des guerres dans le tréfonds des Montagnes Brumeuses. Mais sa science profonde lui donnait d’autres moyens…
- Les femelles humaines, pas assez prolifiques ?
Une lueur inquiétante alluma la prunelle sombre du magicien blanc.
- Hé bien, Snagaur ? Où se trouvent les compagnies de Saroumane ? Où sont mes sur-hommes de l’ordre nouveau ?
Avec un rictus de dégoût, le magicien écarta de son bâton les reliefs immondes d’expérimentations avortées. Un placenta roula dans la fange, entraînant un fœtus sanguinolent qui tenait du rat et de l’orque.
Clopinant dans les basques de son maître, un orque obséquieusement voûté geignit :
- Les femmes refusent de s’accoupler avec les orques…
Saroumane sonda les paupières mi-closes de Snagaur. Le regard jaune et sournois trahissait des regrets lubriques.
- Ainsi mes alliées Dunlending se refusent à engendrer l’élite de l’humanité de demain ? Soit ! Mais ne t’ai-je point fourni de robustes femmes du Rohan ?
- Ces esclaves mettent leurs rejetons à mort ! Les femelles têtes-de-paille se mutilent ou se sacrifient avant terme !
- Tu n’es qu’un incapable, rugit Saroumane en menaçant l’orque de son bâton.
Snagaur se recroquevilla en lançant :
- Les femelles humaines portent longtemps leurs marmots, et leurs portées sont maigres…
L’orque avait raison… La gestation humaine était beaucoup trop longue…
Pour faire bonne mesure et évacuer sa rancœur, d’un geste de son bâton, Saroumane projeta violemment Snagaur au fond de la caverne, où s’entassaient pêle-mêle les tonnelets et cageots importés de la Comté, les immondes viandes séchées des orques et les fruits sanglants et morts-nés de la chambre d’élevage.
Le magicien blanc entra en lui-même. Le rêve d’une humanité nombreuse, infatigable et résistante, obéissante mais pleine de ressources, lui échappait encore… Les rouages implacables de son esprit subtil s’étaient mis en branle. Bien sûr… Il lui eût fallu croiser des femelles orques, infiniment plus prolifiques, avec des hommes. Mais elles étaient aussi beaucoup plus rares, et il n’avait pu en obtenir. Il savait que la possession des femelles, prolixes truies nourricières gardées au donjon de l’antre tribal, était l’enjeu des guerres dans le tréfonds des Montagnes Brumeuses. Mais sa science profonde lui donnait d’autres moyens…
- Les femelles humaines, pas assez prolifiques ?
Une lueur inquiétante alluma la prunelle sombre du magicien blanc.
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Alignés en batterie sur des litières de paille, d’énormes orques s’alimentaient en permanence, dévorant une bouillie acheminée par un râtelier dans un flot continu. Les mâles bouffis, perpétuellement engraissés et affamés, avaient été soumis à quelques transformations par l’art subtil du Maître, pour le bien supérieur de l’espèce. Leurs bas-ventres agités de spasmes, étaient boursoufflés de poches greffées, qui éclataient parfois dans une explosion de liquide visqueux et brunâtre. Des orques malingres prélevaient alors de la poche ouverte les fœtus mûris, y réensemençaient quelques précieux œufs, puis pansaient la plaie avec un emplâtre répugnant.
Saroumane inspectait les installations avec la haute bienveillance du père fondateur, ajustant ici la dosimétrie des hormones, ordonnant là quelque mesure prophylactique.
Les petits êtres piaillant, arrachés à leur matrice paternelle, étaient alors remis à la garde d’autres mâles bedonnants, abondamment nourris. Des douzaines de petits orques batailleurs se pendaient à leurs rangées de vastes mamelles.
Le magicien blanc se pencha avec componction sur l’une des litières, où s’agitait une douzaine de petits orcelets. Une onde de fierté mâtinée de crainte, parcourut la face bouffie de l’orque étendu et incapable de bouger. Saroumane observait avec attention, le drame domestique qui se déroulait le long du flanc orcin, tendu par la lactation.
Deux bébés, petites formes glapissantes à mi-chemin entre l’orque et l’humain, se trouvaient désemparés. L’un, surnuméraire, était privé de téton. L’autre était tombé sur une mamelle tarie. Mais tous deux délogèrent leur voisin sans ménagement. Comme les déshérités réclamaient leur place avec férocité, les deux gaillards tranchèrent la question avec leurs canines, en même temps que la carotide de leurs rivaux infortunés.
Les victimes de cette sélection naturelle furent recyclées sans regret, intégrées à l’alimentation équilibrée des orques géniteurs, à la faim insatiable.
Mais Saroumane exultait devant la perfection de sa création :
- En voilà des meneurs ! Ces deux-là seront certainement capitaines… Appelez-les… Ouglouk et… Mauhour ! Et donnez-leur un peu de chair humaine pour les motiver…
Saroumane embrassa d’un regard supérieur et paternel, l’armée grouillante de ses orcelets. L’aube de l’homme nouveau, fort et implacable, se lèverait bientôt sous l’égide de la main blanche.
Saroumane inspectait les installations avec la haute bienveillance du père fondateur, ajustant ici la dosimétrie des hormones, ordonnant là quelque mesure prophylactique.
Les petits êtres piaillant, arrachés à leur matrice paternelle, étaient alors remis à la garde d’autres mâles bedonnants, abondamment nourris. Des douzaines de petits orques batailleurs se pendaient à leurs rangées de vastes mamelles.
Le magicien blanc se pencha avec componction sur l’une des litières, où s’agitait une douzaine de petits orcelets. Une onde de fierté mâtinée de crainte, parcourut la face bouffie de l’orque étendu et incapable de bouger. Saroumane observait avec attention, le drame domestique qui se déroulait le long du flanc orcin, tendu par la lactation.
Deux bébés, petites formes glapissantes à mi-chemin entre l’orque et l’humain, se trouvaient désemparés. L’un, surnuméraire, était privé de téton. L’autre était tombé sur une mamelle tarie. Mais tous deux délogèrent leur voisin sans ménagement. Comme les déshérités réclamaient leur place avec férocité, les deux gaillards tranchèrent la question avec leurs canines, en même temps que la carotide de leurs rivaux infortunés.
Les victimes de cette sélection naturelle furent recyclées sans regret, intégrées à l’alimentation équilibrée des orques géniteurs, à la faim insatiable.
Mais Saroumane exultait devant la perfection de sa création :
- En voilà des meneurs ! Ces deux-là seront certainement capitaines… Appelez-les… Ouglouk et… Mauhour ! Et donnez-leur un peu de chair humaine pour les motiver…
Saroumane embrassa d’un regard supérieur et paternel, l’armée grouillante de ses orcelets. L’aube de l’homme nouveau, fort et implacable, se lèverait bientôt sous l’égide de la main blanche.
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Fin !