16.06.2017, 13:38
(12.06.2017, 20:37)Elendil a écrit : Là en revanche, tu te poses des questions modernes qui n'ont guère de sens dans le contexte. Comment les gens du Moyen Âge faisaient-ils donc quand ils se rendaient à l'étranger ?
Je ne suis pas certain de devoir ou de pouvoir assimiler la Terre du Milieu au Moyen-Âge. Je ne pense donc pas qu'une comparaison "historique" avec notre Moyen-Âge a du sens lorsqu'il s'agit de rejeter ou non la pertinence de certaines questions. La Comté, on l'a dit suffisamment, n'est pas médiévale. Númenor non plus. Les machines de guerre de Morgoth, au Premier Âge, là encore brisent la comparaison avec un cadre strictement médiéval.
Donc, pourquoi ne peut-on pas se demander s'il existe des monnaies, et qu'est-ce qui en fonde la valeur ? Ce n'est pas comme si on avait des écrits tolkieniens inédits à se mettre sous la dent pour alimenter d'eux-mêmes les conversations...
D'autant plus que la valeur de la monnaie n'a jamais été équivalente à la valeur de son métal, lequel d'ailleurs, n'a pas de valeur en soi (exemple facile de l'or, qui n'a pas eu le même prestige ni la même valeur à tous les endroits et toutes les époques). Tu donnes l'exemple des pièces d'or ; mais toutes les pièces n'étaient pas en or, certainement pas lorsqu'il s'agissait de monnaie courante.
Ensuite, il est vrai que Tolkien ne s'y intéresse pas. Est-ce que ça nous empêche de considérer la Terre du Milieu comme un monde en soi, dont on pourrait essayer de retracer le fonctionnement à travers les maigres indices de son fonctionnement qui transparaissent à travers les grands récits romanesques qui nous sont parvenus ?
Lorsque j'ai relu le Seigneur des Anneaux récemment, j'ai été frappé de constater à quel point le monde de la Terre du Milieu était vide, et désert. Cela contraste même avec, disons, les romans courtois médiévaux, où les protagonistes tombent sur des châteaux tous les quarts d'heure. Même dans les récits des voyageurs, on trouve rarement ces longues descriptions d'étendues vides, et les notices ethnographiques, pour fantaisistes qu'elles soient, abondent.
C'est d'autant plus amusant que la Terre du Milieu est matériellement consistante, à travers les cartes en particulier. On pourrait presque se demander pourquoi des cartographes se seraient amusés à répertorier des contrées aussi vides et dépeuplées...
Pourquoi ce long aparté sur l'état de ruines de la Terre du Milieu à la fin du Troisième Âge tel qu'il est dépeint dans le Seigneur des Anneaux ? Parce qu'il nous montre qu'il n'en a pas toujours été ainsi. C'est un monde presque sans présent, où l'essentiel de la richesse culturelle est enfoui, à demi oublié, à demi enseveli. Mais, ce qu'il y a de bien, c'est qu'on peut toujours creuser ; et faire renaître, j'en suis certain, les contours d'un monde évanoui. Je propose une piste -la piste économique- mais on peut s'amuser autrement, c'est évident.