02.04.2017, 13:58
Oui, dans tous les cas la tour a été travaillée, la question est : à partir de quoi ?
Si les Nùmenoréens l'ont érigée, c'était néanmoins à partir d'un minerai qui ne se trouve nulle part ailleurs, sauf, peut-être, à Minas Tirith (le premier mur d'enceinte, noir) :
Il est exclu que ce mur d'enceinte ait été trouvé tel quel, il faut donc accepter qu'il est possible de travailler ce minerai qui est indestructible par la force. Or, en Isengard, on trouve la même matière ayant servi pour le mur d'enceinte et pas seulement pour la Tour avec la "roche noire". Il me paraît donc clair que le minerai est bien originaire de cet endroit.
Je pense qu'il y a d'abord un effet littéraire qui veut en premier lieu maintenir un doute sur le naturel de l'endroit ("comme des falaises" et, de manière surprenante, la "roche vivante") qui peut difficilement être levé, même s'il s'agit d'un "mur".
La Tour est elle-même bien une oeuvre humaine ("tower of masonry," Home 8), comme le montrent les dessins de Tolkien, et la plaine est a aussi été créée/formée/aplanie ("was a great cone of rock left by the ancient builders and smoothers/levellers of the plain"). Il est clair que l'architecture précise de l'endroit ne pouvait pas être naturelle car la tour est fondée sur une arche. La question se pose davantage pour la base de la tour : tantôt une colline selon le dessin de Tolkien, tantôt.. un fossé :
(Je ne conçois pas le "A yawning chasm clove it from tip to middle into two great fangs", si quelqu'un a une idée).
Cependant, on ne peut rester insensible à l'effet final que constitue l'innondation du Cercle : il s'agit d'un lac avec en son centre une île. A mon sens, il y a une correspondance avec d'autres lieux, en premier Gondolin dont la colline, Amon Gwareth, s'élève au-dessus de la plaine de Tumladen encerclée par l'Echoriath. Or, comme le rappelle le Silmarillion, cette plaine était auparavant un lac :
Il y a également le lac Nen Hithoel et en son centre Tol Brandir. Si l'on s'intéresse à cette île en particulier, on note que le rocher était raide, inaccessible, "rowned by a great spire of stone. Many birds were circling about it, but no sign of other living things could be seen" (SdA II.10), ce qui implique qu'ils vivaient sans doute à son sommet.
A mon sens, ces endroits sont des lieux sacrés ou consacrés (selon qu'ils ont été foulés ou non par l'homme). Le sommet de l'Isengard portait d'étranges signes et permettait à un homme de s'y tenir après y être monté par un escalier ("Between them was a narrow space, and there upon a floor of polished stone, written with strange signs, a man might stand five hundred feet above the plain" SdA III.8). La hauteur du lieu permet à la fois d'observer la plaine comme on observe son royaume, et observer les étoiles. Je suppose un lien entre ce lieu et le fait que certains seigneurs gondoriens de l'Isengard furent soupçonnés d'employer la magie noire ("They meddled little with the "Lord of Isengard" and his secret folk, whom they believed to be dealers in dark magic", CLI3, Appendice B).
De même, la Tour de Durïn que montent Gandalf et la Barlog couronne le montagne du Zirakzigil au bout de milliers et de milliers de marches. Cette tour est taillée dans le roc vivant ("carved in the living rock of Zirak-zigil" SdA III.5) ; ailleurs, le lieu où Aragorn et Gandalf retrouvent une pousse de l'Arbre Blanc, lieu que Gandalf qualifie de "hallow" (sanctuaire au sens large). C'est aussi le cas de la colline où se situe la tombe d'Elendil sur l'Halifirien, la plus haute des collines qui servaient pour les feux d'alarme. C'était Isildur lui-même qui avait fait de ce lieu un sanctuaire sous la garde des Valar, et le lieu avait conservé jusqu'à la Guerre de l'Anneau un tel silence qu'il faisait fuir ses gardiens (CLI3,2,3). Évidemment, on ne saurait oublier le Meneltarma qui est clairement le sanctuaire dont s'inspirait alors Isildur, où personne ne pouvait être armé (comme en Halifirien), ni parler sinon le Roi, suivi par le peuple en procession, venant rendre hommage à Eru. Le lieu était habité par les seuls aigles de Manwë (par les oiseaux à Tol Brandir). On notera que c'était bien le sommet qui était le sanctuaire et non pas toute la colline : "upon it was a high place that was hallowed to Eru Ilúvatar" (Akallabeth), comme pour moi dans le cas de Tol Brandir ou Orthanc. Le silence et la solennité de ces lieux rappellent aussi l'inaccessibilité de Tol Brandir et Orthanc.
Il est clair que ces sommets imitaient le Taniquetil, montagne la plus haute entre toutes, "holy mountain" (Silm) "noble/révéré sommet" (quenya) d'où Manwë, qui y avait son trône, pouvait tout à la fois contempler le royaume d'Arda et en appeler à Eru. Comme l'Halifirien, l'endroit imposa le respect même à Ar-Pharazon qui le vit "shining, whiter than snow, colder than death, silent, immutable, terrible as the shadow of the light of Ilúvatar." (Akallabeth). C'est bien du haut de cette montagne que Manwë en appela à Eru ("then Manwë upon the Mountain called upon Ilúvatar").
En ce sens, la transformation de l'Isengard en imitation de Barad-dûr, alors qu'il s'agissait donc originellement d'un sanctuaire pour Eru, est une perversion qui illustre parfaitement la corruption de Saroumane.
A mon sens, la topographie du Cercle de l'Isengard était donc naturelle et a été modelée et améliorée, exactement comme Tumladen et Gondolin. Cela permet de voir concrètement l'apport des Quendi aux Nùmenoréens en architecture. Mais la ressemblance touche également les Nains : les marches de la Tour du Durïn sont semblables à l'escalier d'Orthanc, au sentier sinueux d'Halifirien, ou à la route en spirale autour du Meneltarma (CLI2,1). En outre la Tour de Durin était taillée dans le "roc vivant" de la montagne et cela pourrait aider à comprendre Orthanc : il semble se dégager une sorte de synthèse entre la nature et la main de l'homme, lequel ne crée pas complètement ces lieux, peut-être par signe d'humilité ; il accepte plutôt que ces lieux inaccessibles aient été légués par les Puissances, comme Tol Brandir qui n'a pas été touchée par l'Homme. En outre, si certains lieux ont été "sacralisés" par l'Homme (comme Halifirien), certains l'étaient déjà (Tol Brandir, pour moi) : quid de Minas Anor, Orthanc, Meneltarma : étaient-ce des lieux faits pour être révérés ?
En tout cas, cela permet de considérer qu'il y avait bien des lieux de culte en-dehors de Nùmenor, même s'ils étaient désertés.
Si les Nùmenoréens l'ont érigée, c'était néanmoins à partir d'un minerai qui ne se trouve nulle part ailleurs, sauf, peut-être, à Minas Tirith (le premier mur d'enceinte, noir) :
Citation :"At first men laughed and did not greatly fear such devices. For the main wall of the City was of great height and marvellous thickness, built ere the power and craft of Númenor waned in exile; and its outward face was like to the Tower of Orthanc, hard and dark and smooth, unconquerable by steel or fire, unbreakable except by some convulsion that would rend the very earth on which it stood."
SdA V.
Il est exclu que ce mur d'enceinte ait été trouvé tel quel, il faut donc accepter qu'il est possible de travailler ce minerai qui est indestructible par la force. Or, en Isengard, on trouve la même matière ayant servi pour le mur d'enceinte et pas seulement pour la Tour avec la "roche noire". Il me paraît donc clair que le minerai est bien originaire de cet endroit.
Citation :"A great ring-wall of stone, like towering cliffs, stood out from the shelter of the mountain-side, from which it ran and then returned again. One entrance only was there made in it, a great arch delved in the southern wall. Here through the black rock a long tunnel had been hewn, closed at either end with mighty doors of iron. They were so wrought and poised upon their huge hinges, posts of steel driven into the living stone, that when unbarred they could be moved with a light thrust of the arms, noiselessly.
SdA III,8
Je pense qu'il y a d'abord un effet littéraire qui veut en premier lieu maintenir un doute sur le naturel de l'endroit ("comme des falaises" et, de manière surprenante, la "roche vivante") qui peut difficilement être levé, même s'il s'agit d'un "mur".
La Tour est elle-même bien une oeuvre humaine ("tower of masonry," Home 8), comme le montrent les dessins de Tolkien, et la plaine est a aussi été créée/formée/aplanie ("was a great cone of rock left by the ancient builders and smoothers/levellers of the plain"). Il est clair que l'architecture précise de l'endroit ne pouvait pas être naturelle car la tour est fondée sur une arche. La question se pose davantage pour la base de la tour : tantôt une colline selon le dessin de Tolkien, tantôt.. un fossé :
Citation :And in the centre, from which all the chained paths ran, there stood an island in a pool, a great cone of rock (...). A yawning chasm clove it from tip to middle into two great fangs and over the chasm was a mighty arch of masonry, and upon the arch a tower was founded, marvellously tall and strong."
The War of the Ring, 3, The Road to Isengard
(Je ne conçois pas le "A yawning chasm clove it from tip to middle into two great fangs", si quelqu'un a une idée).
Cependant, on ne peut rester insensible à l'effet final que constitue l'innondation du Cercle : il s'agit d'un lac avec en son centre une île. A mon sens, il y a une correspondance avec d'autres lieux, en premier Gondolin dont la colline, Amon Gwareth, s'élève au-dessus de la plaine de Tumladen encerclée par l'Echoriath. Or, comme le rappelle le Silmarillion, cette plaine était auparavant un lac :
Citation :"...and this way Turgon found, and so came to the green plain amid the mountains, and saw the island-hill that stood there of hard smooth stone; for the vale had been a great lake in ancient days."
Ch. 15 Of the Noldor in Beleriand
Il y a également le lac Nen Hithoel et en son centre Tol Brandir. Si l'on s'intéresse à cette île en particulier, on note que le rocher était raide, inaccessible, "rowned by a great spire of stone. Many birds were circling about it, but no sign of other living things could be seen" (SdA II.10), ce qui implique qu'ils vivaient sans doute à son sommet.
A mon sens, ces endroits sont des lieux sacrés ou consacrés (selon qu'ils ont été foulés ou non par l'homme). Le sommet de l'Isengard portait d'étranges signes et permettait à un homme de s'y tenir après y être monté par un escalier ("Between them was a narrow space, and there upon a floor of polished stone, written with strange signs, a man might stand five hundred feet above the plain" SdA III.8). La hauteur du lieu permet à la fois d'observer la plaine comme on observe son royaume, et observer les étoiles. Je suppose un lien entre ce lieu et le fait que certains seigneurs gondoriens de l'Isengard furent soupçonnés d'employer la magie noire ("They meddled little with the "Lord of Isengard" and his secret folk, whom they believed to be dealers in dark magic", CLI3, Appendice B).
De même, la Tour de Durïn que montent Gandalf et la Barlog couronne le montagne du Zirakzigil au bout de milliers et de milliers de marches. Cette tour est taillée dans le roc vivant ("carved in the living rock of Zirak-zigil" SdA III.5) ; ailleurs, le lieu où Aragorn et Gandalf retrouvent une pousse de l'Arbre Blanc, lieu que Gandalf qualifie de "hallow" (sanctuaire au sens large). C'est aussi le cas de la colline où se situe la tombe d'Elendil sur l'Halifirien, la plus haute des collines qui servaient pour les feux d'alarme. C'était Isildur lui-même qui avait fait de ce lieu un sanctuaire sous la garde des Valar, et le lieu avait conservé jusqu'à la Guerre de l'Anneau un tel silence qu'il faisait fuir ses gardiens (CLI3,2,3). Évidemment, on ne saurait oublier le Meneltarma qui est clairement le sanctuaire dont s'inspirait alors Isildur, où personne ne pouvait être armé (comme en Halifirien), ni parler sinon le Roi, suivi par le peuple en procession, venant rendre hommage à Eru. Le lieu était habité par les seuls aigles de Manwë (par les oiseaux à Tol Brandir). On notera que c'était bien le sommet qui était le sanctuaire et non pas toute la colline : "upon it was a high place that was hallowed to Eru Ilúvatar" (Akallabeth), comme pour moi dans le cas de Tol Brandir ou Orthanc. Le silence et la solennité de ces lieux rappellent aussi l'inaccessibilité de Tol Brandir et Orthanc.
Il est clair que ces sommets imitaient le Taniquetil, montagne la plus haute entre toutes, "holy mountain" (Silm) "noble/révéré sommet" (quenya) d'où Manwë, qui y avait son trône, pouvait tout à la fois contempler le royaume d'Arda et en appeler à Eru. Comme l'Halifirien, l'endroit imposa le respect même à Ar-Pharazon qui le vit "shining, whiter than snow, colder than death, silent, immutable, terrible as the shadow of the light of Ilúvatar." (Akallabeth). C'est bien du haut de cette montagne que Manwë en appela à Eru ("then Manwë upon the Mountain called upon Ilúvatar").
En ce sens, la transformation de l'Isengard en imitation de Barad-dûr, alors qu'il s'agissait donc originellement d'un sanctuaire pour Eru, est une perversion qui illustre parfaitement la corruption de Saroumane.
A mon sens, la topographie du Cercle de l'Isengard était donc naturelle et a été modelée et améliorée, exactement comme Tumladen et Gondolin. Cela permet de voir concrètement l'apport des Quendi aux Nùmenoréens en architecture. Mais la ressemblance touche également les Nains : les marches de la Tour du Durïn sont semblables à l'escalier d'Orthanc, au sentier sinueux d'Halifirien, ou à la route en spirale autour du Meneltarma (CLI2,1). En outre la Tour de Durin était taillée dans le "roc vivant" de la montagne et cela pourrait aider à comprendre Orthanc : il semble se dégager une sorte de synthèse entre la nature et la main de l'homme, lequel ne crée pas complètement ces lieux, peut-être par signe d'humilité ; il accepte plutôt que ces lieux inaccessibles aient été légués par les Puissances, comme Tol Brandir qui n'a pas été touchée par l'Homme. En outre, si certains lieux ont été "sacralisés" par l'Homme (comme Halifirien), certains l'étaient déjà (Tol Brandir, pour moi) : quid de Minas Anor, Orthanc, Meneltarma : étaient-ce des lieux faits pour être révérés ?
En tout cas, cela permet de considérer qu'il y avait bien des lieux de culte en-dehors de Nùmenor, même s'ils étaient désertés.