26.10.2016, 12:50
(26.10.2016, 09:14)Druss a écrit : C'est oublier un peu vite qu'une œuvre vit essentiellement par son public, parce qu'elle est lue. Appelle fanbase ou fandom ou juste lectorat, avec ou sans guillemets, mais par définition, ce sont souvent ces publics qui font la mémoire d'une œuvre. Christopher Tolkien n'aurait pas besoin de l'éditer si c'était seulement une œuvre pour lui-même, il l'a connaissait suffisamment d'avance et rien ne l'empêchait de se plonger dedans pour son seul plaisir si l'envie lui en prenait.
Je ne suis pas totalement d'accord avec cette affirmation. Nécessairement, une oeuvre vit grâce à son public; cependant je ne suis pas sûr que Christopher Tolkien, comme n'importe quel "créateur", se soucie de la réception de l'oeuvre par cette base. Je pense qu'il se soucie davantage des générations futures : il livre le génie de son père à l'humanité. L'oeuvre de Tolkien a la chance d'être déjà considérée de son vivant (et du vivant de Tolkien), mais ça pourrait être moins le cas, et ça ne l'empêcherait pas de faire le travail qu'il fait. Qu'il le fasse par piété filiale ne m'intéresse pas, nous ne sommes pas dans sa tête. C'est le premier spécialiste de Tolkien, historiquement, et encore maintenant.
Comme analogie, je prendrais la 10e symphonie de Mahler, dont l'écriture a été interrompue par la mort de l'auteur. La symphonie était complètement esquissée, et plusieurs spécialistes ont tenté de l'orchestrer pour la livrer au monde. L'orchestration de Deryck Cooke, qui s'est imposée finalement, a eu son lot de critiques : on lui reprochait des passages qui n'étaient pas mahleriens, mais il répondait que c'étaient ces passages justement qui étaient de la plume de Mahler.
Ceci pour dire que je pense que Christopher s'est investi d'une mission, en tant que spécialiste et fils, pour livrer l'évangile de son père. Et que c'est une mission qui ne se soucie pas des critiques, ni de l'adulation, contemporaines.