20.11.2014, 09:53
(10.05.2014, 19:46)Elendil a écrit : Après de longs mois de recherche, j'ai enfin mis la main sur le volume (épuisé, évidemment...) des Sagas miniatures édité par Régis Boyer et publié aux Belles Lettres en 1999. Par « sagas miniatures », Boyer désigne les þættir « dits », des récits courts en prose. Certains d'entre eux sont célèbres, comme « Le Dit de Gestr-aux-Nornes », qui relate une version indépendante de l'histoire de Sigurðr. Bref, j'ai hâte de lire cela dès que j'aurai le temps !
Au passage, je confirme que ce recueil de þættir est absolument génial : pour ceux qui auraient la chance de le trouver, sautez dessus, vous ne le regretterez pas ! C'est peut-être la toute meilleure introduction possible à la littérature islandaise médiévale.
(10.05.2014, 19:46)Elendil a écrit : Par la même occasion, j'ai récupéré un essai de Boyer intitulé la Grande Déesse du Nord (Berg International, 1995).
Je suis en train de lire le livre sus-cité (j'en suis au deux-tiers). Les réserves que j'émettais me semblent parfaitement justifiées : Boyer montre dans son introduction qu'il a une conception parfaitement romantique de la religion scandinave, citant même à l'appui de ses conceptions un écrivain scandinave contemporain : un peu comme si je citais Bernanos pour prouver que les Celtes étaient monothéistes...
Le postulat de Boyer, qu'il ne démontre évidemment pas, c'est que toutes les déesses scandinaves sans exception sont des images d'une unique « Grande Déesse », à la fois Terre-Mère, Vierge, Amante, Guerrière et déesse de la Mort. Pour autant, il n'affirme pas que l'ensemble des dieux scandinaves (qui partagent aussi beaucoup de points communs) sont des images du même grand dieu, qui serait lui aussi roi, guerrier, fécondateur, etc. Curieux, non ? Qui plus est, contrairement à un Dumézil qui cite les textes (tous les textes), puis déroule sa démonstration, Boyer ne cite que ce qui l'intéresse, passant sous silence ce qui le gêne. Par exemple, la triade Odin-Thor-Freyr du temple d'Uppsala n'est citée que pour « prouver » que Freyr est un dieu local à la Suède et les triades poétiques équivalentes sont pour l'instant entièrement omises.
De plus, Boyer n'hésite pas à signaler que deux interprétations d'un fait sont possibles, puis à utiliser l'une et l'autre alternativement quand ça l'arrange. Mention spéciale pour le Soleil, féminin chez les Scandinaves : malgré l'absence quasi totale de mythes sur le Soleil, Boyer en fait un représentant primordial de sa « Grande Déesse », sauf... à une occasion où il présente — sans explication — le soleil comme masculin et fécondant la Terre-Mère. Inutile de dire qu'il est bien forcé de dire que la vision qu'on a de la religion scandinave est très confuse... pas étonnant, avec une méthode pareille.
Bref, un livre érudit, qui m'a fait découvrir quelques mythes que je ne connaissais pas encore, mais assurément pas du tout le livre qu'il faut lire pour mieux comprendre la religion scandinave.
(10.05.2014, 19:46)Elendil a écrit : J'ai déjà à terminer l'ouvrage de Bernard Sergent, Celtes et Grecs I : Le livre des héros, qui effectue de passionnantes comparaisons entre Celtchar (Irlande), Céphale (Grèce) et Tvaṣṭṛ (Inde), entre Brian, fils de Tuireann (Irlande), Héraklès (Grèce) et Vərəθraγna (Iran), enfin entre Cúchulainn (Irlande) et Achille (Grèce).
Accessoirement, Celtes et Grecs II : Le livre des dieux, de Bernard Sergent, est tout aussi passionnant que le premier volume, mais la partie sur Apollon et Lug, qui occupe plus de la moitié du livre, est absolument interminable. J'admets que la comparaison paraît hautement justifiée, mais j'ai eu le plus grand mal à terminer cette section. Les autres comparaison (Hermès-Oengus, Poséidon-Mananann, Athéna-Bodb, Héphaïstos-Goibniu, les Telkhines-les Fomoires) sont de taille raisonnables et absolument passionnantes. On redécouvre complètement le lien qui unit Hermès et Apollon, en particulier.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland