25.12.2013, 14:25
(24.12.2013, 20:22)Crayon Volant a écrit : Ajoute que la maison d' Imladris abrite le hérault de Gil-Galaad... Galaad étant l' un des rares trouveurs du Graal dans la légende arthurienne - et que le Roi-pêcheur est le gardien de l' épée brisée: voilà de bien curieuses rencontres encore !
Le roi-elfe s'appelle Gil-galad (forme lénifiée de gil "étoile" + calad "lumière", soit "lumière des étoiles"), pas "galaad". On peut néanmoins y voir une allusion ici, je le reconnais.
En revanche, j'aimerais bien savoir dans quel texte le Roi-pêcheur est supposé garder une épée brisée. Cela ne me rappelle aucune des versions de la légende du Graal que je connaisse -- même si je reconnais volontiers que je ne les connais pas encore toutes.
(24.12.2013, 20:22)Crayon Volant a écrit : Aussi rabaisser l' art de Tolkien à une simple mécanique de transposition et de traduction linguistique me semble tenir d' un certain manque d' appréciation.
Tolkien admet pourtant de telles transpositions dans des cas bien précis. Ce qui n'empêche pas des transpositions plus complexes, bien entendu.
En revanche, il faut distinguer les équivalences symboliques des simples analogies. S'il y a allégorie, Tolkien souligne que l'équivalence doit correspondre terme à terme du début à la fin. Même s'il proteste ne pas aimer l'allégorie, Tolkien y recoure régulièrement en cas de besoin. L'un des meilleurs exemple est l'allégorie de la tour dans son essai "Beowulf : les monstres et les critiques". Tous les termes de cette allégorie ont un équivalent dans le monde réel quand Tolkien parle de l'étude des textes germaniques médiévaux.
Ici, je pense qu'on est bien plutôt en face d'une analogie lointaine : on pourrait faire le même type de rapprochement entre Imladris et des textes tout à fait différents de ceux que tu proposes. Ici, il n'y a certainement pas de correspondance cohérente entre Perceval (un personnage, généralement symbole d'ignorance) et Rivendell (un lieu, généralement symbole de connaissance), à moins d'y voir une opposition complète, volontaire ou non. De plus, en quoi Elrond serait-il similaire au Roi-pêcheur ? En quoi les artefacts présents à Imladris seraient-il similaires à la coupe du Graal et à la lance qui saigne ? En quoi les réceptions des Hobbits à Imladris ressemblent-ils à celles de Perceval, de Gauvain ou de Lancelot dans la demeure du Roi-pêcheur ? Dans un cas, le Roi-pêcheur procède par énigmes, dans l'autre les Hobbits reçoivent des explications volontaires. En rien on ne retrouve une correspondance qui ferait penser à une volonté consciente de l'auteur d'élaborer un système cohérent de correspondances symboliques.
Bref, pour te citer :
(24.12.2013, 20:22)Crayon Volant a écrit : L'Analyse trait par trait ne reconstituera pas la vision d' ensemble. L'imagination elle-même est à plusieurs étages, surtout lorsqu' elle s'inspire de telles sources.
Et c'est justement pour cela que ton rapprochement ne me semble pas convaincant. Ce qui n'empêche pas que chacun puisse y voir des significations qui lui sont applicables, qui lui parlent, personnellement.
Sur ce, joyeuses fêtes de Noël !
Elendil
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland