Citation :Précisons tout de même ici que Tolkien n'est pas l'inventeur de la fantasy. Avant lui, il y a eu William Morris, Lord Dunsany, E.R. Eddison, etc. [...] C.S. Lewis, Mervyn Peake, etc. C'est seulement après, sur un plan chronologique, que l'on peut parler d'un "après-Tolkien" dans l'histoire de la fantasy, même si Tolkien n'est pas le seul responsable du regain de popularité du genre survenu dans les années 1960. Bref, s'il ne faut pas minorer le rôle majeur que Tolkien a eu dans le développement de la fantasy moderne, il ne faut pas pour autant tout ramener à lui. Du moins est-ce mon point de vue.[...] Que voila une déclaration suscitant bien des interrogations... Wink Tolkien, "l'unique représentant" ? Mais de quoi, au juste ? De quel genre particulier de "fantastique" ? En quoi une création de monde secondaire associée à des langues inventées serait-elle un genre à elle toute seule sous prétexte que Tolkien a créé la Terre du Milieu ?
Par rapport à ces interrogations, je crois avoir trouvé une partie des réponses dans un article de China Miéville sur Tolkien. Ce n'est pas tant la création de monde secondaire qui est importante chez Tolkien (il y a des précédents comme tu le dis) mais la façon dont elle fut envisagée : que ce monde soit en quelque sorte la matière première de l'histoire et non quelque chose d'annexe ou d'accessoire.
Ce qui est drôle c'est qu'en écrivant le terme "matière première", je me suis aperçu que j'écrivais une sorte de tautologie, car d'un point de vue interne à cet univers... le monde est forcément la matière première! Finalement, cette mise en exergue est très logique.
Enfin pour en revenir à la remarque de l'article, cette façon de renverser les choses pour mettre en avant le "décor" a un peu été oubliée du fait des imitateurs de Tolkien qui suivent à présent le même schéma, mais elle n'en demeure pas moins une cassure par rapport à ce qui précédait.
Tout ça pour dire que si Tolkien n'est certes pas qu'un créateur d'univers comme tu le disais cette dimension ne doit pas être négligée non plus. D'ailleurs dans l'article, Miéville se lamentait que Tolkien ait été le seul à théoriser le processus (à sa connaissance, mais je ne crois pas qu'il se trompe).
En ce qui concerne Tolkien en tant qu'écrivain, c'est difficile de passer après les posts impressionnants (mais très intéressants) de Shudhakalyan... je suis d'accord que les distinctions auteur/écrivain/artiste... n'ont pas lieu d'être.
Après, n'ayant pas les connaissances littéraires qu'ont visiblement certains ici, je dirais juste qu'à titre personnel je suis assez fasciné par la beauté tragique que peut imprimer Tolkien à certaines scènes. Personnellement j'ai été vraiment très marqué par la fin de Maedhros et Maglor dans le Silmarillion.
Sinon j'avais l'impression que ces dernières années Tolkien était tout de même mieux accepté du milieu littéraire, en somme un "bon", même si pas un "grand" écrivain. Mais à vous lire j'ai l'impression que c'est plus mitigé.
Vorna> ce n'est pas très important, mais Kafka et Poe sont plus rattachables au fantastique qu'au merveilleux. Tolkien lui me paraît dans la continuation du merveilleux.