07.05.2011, 14:09
Je lisais récemment la saga de Grettir, dont il est question au début de la section « Beowulf ». Pour autant que je puisse en juger et nonobstant l'avis de Lawrence, il me semble que c'est un cas quelque peu différent de celui de Beowulf.
Déjà, il n'y a guère de doute que le personnage de Grettir ait été historique et ait vécu dans les années 995-1035 (voir le commentaire de Boyer dans l'édition Pléiade des sagas islandaises, p. 1749-1750), même si une partie des exploits qui lui sont prêtés sont certainement légendaires. Les événements surnaturels auxquels il est mêlé paraissent donc avoir été surajoutés au récit de sa vie, contrairement à Beowulf, où elles forment le fond même de l'action.
L'une des meilleures preuves qu'on puisse en tirer, c'est que les motifs qui apparaissent dans la première partie de Beowulf (lutte contre Grendel et sa mère) apparaissent à plusieurs reprises à différents endroits de la vie de Grettir, sous une forme plus ou moins complète. Il semblerait que l'auteur de la saga ait entendu plusieurs versions de la lutte entre Grettir et un ou plusieurs monstres et ait cru qu'il s'agissait d'événements distincts, s'efforçant ensuite de les replacer tant bien que mal à divers endroits de la saga. Ainsi p. 800-802, Grettir poussé par l'appât du gain pénètre dans le tombeau d'un mort-vivant, Kárr le Vieux, qui hante les lieux et terrorise les habitants de l'île d'Háramarsey. Il le vaincra et prendra ses richesses, tandis que la personne qui l'avait aidé à descendre dans le tertre, prise de terreur, abandonnera les lieux.
Plus loin, p. 811-814, Grettir combat un ours qui dévastait les environs de Sálpti, « réveillé par tout le tapage que Björn avait fait avec ses compagnons ». Après avoir été moqué par un des parents de Thorkell, le propriétaire du lieu, il descend vers la caverne de l'ours et lui coupe une des pattes avant, puis bascule avec l'ours du haut d'une falaise. L'ours mourra de la chute. De même, p. 841-846 Grettir lutte de nuit et à main nue (au début) contre le terrible mot-vivant Glámr qui massacrait les gens de Thórhallstadir. Il finira par lui trancher la tête, écopant d'une malédiction au passage.
Mais bien sûr, le passage qui attira certainement l'attention de Lawrence est celui situé p. 905-909, où Grettir commence par combattre de nuit une troll qui massacrait régulièrement les habitants d'Eyjardalsá, puis lui tranche le bras droit et la précipite dans un gouffre. Quelques temps après, il descend dans le précipice, plonge sous une cascade et entre dans une caverne où se trouve un géant, qu'il tue. Le sang versé par le géant effraie le prêtre qui avait accompagné Grettir jusqu'au sommet du gouffre, lequel s'enfuie. Grettir trouve ensuite des richesses dans la caverne et remonte par lui-même la falaise.
Cela dit, il faut avouer que Grettir correspond assez bien au prototype de Beowulf (ce qui pourrait expliquer qu'il se soit vu attribuer ces exploits) : indolent, violent et de caractère sombre, il a tout de l'ours par le caractère, bien que son nom signifie soit « le grimaçant », soit « serpent ». À la différence de Beowulf, il finira d'ailleurs assez mal, proscrit dans toute l'Islande et finalement tué par un maléfice concocté par une sorcière.
Déjà, il n'y a guère de doute que le personnage de Grettir ait été historique et ait vécu dans les années 995-1035 (voir le commentaire de Boyer dans l'édition Pléiade des sagas islandaises, p. 1749-1750), même si une partie des exploits qui lui sont prêtés sont certainement légendaires. Les événements surnaturels auxquels il est mêlé paraissent donc avoir été surajoutés au récit de sa vie, contrairement à Beowulf, où elles forment le fond même de l'action.
L'une des meilleures preuves qu'on puisse en tirer, c'est que les motifs qui apparaissent dans la première partie de Beowulf (lutte contre Grendel et sa mère) apparaissent à plusieurs reprises à différents endroits de la vie de Grettir, sous une forme plus ou moins complète. Il semblerait que l'auteur de la saga ait entendu plusieurs versions de la lutte entre Grettir et un ou plusieurs monstres et ait cru qu'il s'agissait d'événements distincts, s'efforçant ensuite de les replacer tant bien que mal à divers endroits de la saga. Ainsi p. 800-802, Grettir poussé par l'appât du gain pénètre dans le tombeau d'un mort-vivant, Kárr le Vieux, qui hante les lieux et terrorise les habitants de l'île d'Háramarsey. Il le vaincra et prendra ses richesses, tandis que la personne qui l'avait aidé à descendre dans le tertre, prise de terreur, abandonnera les lieux.
Plus loin, p. 811-814, Grettir combat un ours qui dévastait les environs de Sálpti, « réveillé par tout le tapage que Björn avait fait avec ses compagnons ». Après avoir été moqué par un des parents de Thorkell, le propriétaire du lieu, il descend vers la caverne de l'ours et lui coupe une des pattes avant, puis bascule avec l'ours du haut d'une falaise. L'ours mourra de la chute. De même, p. 841-846 Grettir lutte de nuit et à main nue (au début) contre le terrible mot-vivant Glámr qui massacrait les gens de Thórhallstadir. Il finira par lui trancher la tête, écopant d'une malédiction au passage.
Mais bien sûr, le passage qui attira certainement l'attention de Lawrence est celui situé p. 905-909, où Grettir commence par combattre de nuit une troll qui massacrait régulièrement les habitants d'Eyjardalsá, puis lui tranche le bras droit et la précipite dans un gouffre. Quelques temps après, il descend dans le précipice, plonge sous une cascade et entre dans une caverne où se trouve un géant, qu'il tue. Le sang versé par le géant effraie le prêtre qui avait accompagné Grettir jusqu'au sommet du gouffre, lequel s'enfuie. Grettir trouve ensuite des richesses dans la caverne et remonte par lui-même la falaise.
Cela dit, il faut avouer que Grettir correspond assez bien au prototype de Beowulf (ce qui pourrait expliquer qu'il se soit vu attribuer ces exploits) : indolent, violent et de caractère sombre, il a tout de l'ours par le caractère, bien que son nom signifie soit « le grimaçant », soit « serpent ». À la différence de Beowulf, il finira d'ailleurs assez mal, proscrit dans toute l'Islande et finalement tué par un maléfice concocté par une sorcière.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland