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... ou cadeau empoisonné de fin d'année! A vous de juger...
La Dernière Maison Simple
Prologue
Confortablement assis dans un profond fauteuil artistement sculpté, Elrond était penché sur un vieux livre relié d’or. Il contenait le récit de la construction de la Cité-Refuge, ainsi que de nombreux plans ; car, comme tous les étés depuis des siècles, les habitants d’Imladris vérifiaient l’état de leur demeure, réparant au besoin les charpentes ou les murs qui s’affaiblissaient. Les plans d’architecture renfermés dans les archives étaient alors d’un grand secours pour mener à bien ces travaux.
On était au milieu de l’après-midi ; haut dans le ciel, le soleil envoyait impitoyablement sa morsure brûlante sur la Cité-Refuge d’Imladris, cachée en pleine montagne. Pourtant, la cascade qui tombait non loin n’avait pas diminué son débit, car elle était alimentée par les neiges blanches des plus hauts sommets, qui ne disparaissaient jamais totalement.
Il faisait une chaleur torride dans les jardins qui entouraient la belle demeure. Personne n’osait s’y attarder quand le soleil atteignait le zénith. Les Elfes avaient pris l’habitude de se rassembler dans la Salle Commune durant les heures brûlantes, car c’était la salle la plus fraîche grâce à son orientation vers le nord. Mais, en ce mois d’août, la température y restait tout de même péniblement élevée.
Quelques Elfes, assis par petits groupes, chantaient à mi-voix en pinçant les cordes de leurs harpes, et un groupe d’enfants jouait tranquillement avec deux jeunes femmes sur le tapis qui recouvrait les dalles du sol; mais la plupart des adultes lisaient ou écrivaient, puisant leur savoir dans la riche bibliothèque de Fondcombe où d’innombrables livres s’étaient accumulés au fil des âges, preuves et gardiens du savoir ancestral de la race elfique.
Le Semi-Elfe feuilletait lentement le livre. Chaque page lui rappelait des heures de labeur, de peine, mais aussi d’entraide et de fierté quand la Cité avait enfin été achevée.
Des images repassaient devant ses yeux : c’était plus de dix-sept siècles auparavant…
Le premier qui fera un commentaire agréable aura droit à un bisou pour le Nouvel An... mais les autres sont aussi les bienvenus!
La suite est déjà prête...
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*First comment dance*
Un cadeau empoisonné? Pourquoi donc?
Je trouve l'idée très intéressante et le style est agréable-j'espère que mon commentaire l'est aussi . J'aime la manière dont tu représentes les scènes quotidiennes de la vie à Fondcombe même si c'est bref dans cet extrait.
Je ne sais trop que dire d'autre sinon que j'ai hâte de lire la suite.
Bonne continuation.
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02.01.2008, 14:19
(Modification du message : 21.04.2008, 19:00 par Tinakë.)
Après réflexion, je juge que ton commentaire est valable
*Smack* et bonne année 2008!!
Voilà la suite...
Chapitre 1 : Ordre de mission
Le soleil venait de se lever sur la cité de Mithlond quand Elrond arriva au palais. Iràl, le deuxième héraut du Roi, était venu le trouver au milieu de la nuit, chez lui, à quelques kilomètres de Mithlond, disant que Gil-Galad le mandait d'urgence. Ils s'étaient rendus ensemble à la Cité, chevauchant en hâte à travers les ombres grises, et l'inquiétude au coeur: le Roi n'avait pas donné plus de détails à son messager.
Elrond descendit de cheval et le confia à Iràl. Un serviteur le guida dans les longs couloirs ornés de tapisseries. Ils arrivèrent devant une haute porte, que le Semi-Elfe connaissait bien pour l'avoir franchie de nombreuses fois: celle de la salle où travaillait le Roi. Le serviteur s'inclina devant Elrond et s'en alla sans bruit.
Elrond eut juste le temps d'épousseter son manteau couvert de poussière quand la porte s'ouvrit sans aucun grincement. Il entra dans la pièce claire.
Gil-Galad était assis derrière une table, et compulsait d’anciennes cartes avec un air soucieux.
Le Semi-Elfe se rapprocha en faisant résonner ses pas contre le dallage coloré, mais le roi, absorbé par ses réflexions, gardait la tête penchée.
Elrond s’arrêta devant la table, et, s’inclinant, il dit :
-Tu m’as appelé, mon seigneur ? Que puis-je faire pour te servir ?
Gil-Galad releva brusquement la tête, et son visage tiré par les préoccupations s’éclaira d’un sourire quand il vit son héraut debout devant lui. Il l’appréciait beaucoup, non seulement grâce à ses nobles origines et le destin de ses parents, désormais présents dans chaque chant et chaque légende, mais aussi pour son courage et sa grande habileté à mener des hommes.
-Merci d’être venu aussi vite, Elrond ! Assieds-toi, je t'ai fait chevaucher une bonne partie de la nuit, tu dois être las.
Il lui désigna un siège confortable, puis se leva et servit lui-même deux verres d'une boisson rafraîchissante. Elrond ne put s'empêcher de ressentir une légère gêne en le voyant faire, mais il connaissait suffisamment le Roi pour savoir qu'il ne devait pas protester: Gil-Galad tenait à se conduire souvent comme l'un de ses sujets, sans devoir appeler un serviteur chaque fois qu'il avait besoin de quelque chose.
Il donna un verre à Elrond, retourna s'assoir et but une gorgée de vin. Son visage devint plus grave, comme s'il appréhendait de mettre Elrond au courant.
Il y eut un instant de silence que le Semi-Elfe n'osa troubler, bien qu'une ombre tombât sur son coeur tandis qu'il regardait le visage de son souverain.
Gil-Galad rompit enfin le silence, d'une voix saccadée et douloureuse, mais volontaire:
-J’ai une mission urgente et dangereuse à te confier. Des messagers m’ont appris que Sauron remontait l’Eriador avec de grandes troupes, dans le but de conquérir le pays. Il a déjà ravagée bien des cités, et beaucoup de familles pleurent un proche ou un ami. L'hiver n'est pas loin et la famine risque d'apparaître dans ces contrées.
-Souhaiterais-tu que j'apporte des vivres à cette population? demanda Elrond, croyant comprendre.
Gil-Galad eut un faible sourire, puis son visage fut encore plus triste.
-Non, Elrond, répondit-il avec douceur. Cela est à la portée de tout chef de guerre. Mais toi, tu es un officier de grande valeur, comme j'en ai rarement eu sous mes ordres.
Il prit une large inspiration avant de continuer:
-Celebrimbor sera bientôt assiégé en Eregion, dit-il en lui montrant une carte suspendue au mur. Je voudrais que tu lui viennes en aide. C'est une mission dangereuse, dont certains ne reviendront pas. Mais j'ai suffisamment confiance en ton expérience et ton courage pour penser que tu pourras mener cette mission à bien. Es-tu prêt à faire cela?
Elrond se leva et alla consulter la carte. Les armées ennemis étaient représentées par des croix noires, les alliées, par des croix rouges.
Il prit un moment de réflexion puis se retourna vers le Roi:
-Bien ; je me chargerai de venir en aide à Celebrimbor.
-Pars le plus tôt possible, avec dix mille soldats parmi ceux que tu souhaiteras, dit Gil-Galad, qui avait écarté toute émotion et dont le ton était net et posé.Quant à moi, je vais demander l’aide de Tar-Minastir, roi de Númenor, car je pressens que Sauron ne pourra être arrêté par nos simples forces, et marchera vers ce rivage de la Terre du Milieu.
Il leva la main ; deux éclairs jaillirent à son doigt, l’un rouge flamboyant, l’autre bleu comme la mer qu’on apercevait par la fenêtre.
-Voici Vilya et Narya, forgés par Celebrimbor lui-même, expliqua-t-il devant l’étonnement d’Elrond. Ils donnent force et autorité à leurs gardiens, leur apportant aussi le pouvoir d’enflammer les cœurs et de chasser toute maladie. Celebrimbor les a envoyés ici pour les soumettre à l’avidité de Sauron. Mais celui-ci l’apprendra tôt ou tard, et il viendra les chercher si personne ne l’en empêche. Les posséder décuplerait ses forces, et il recouvrirait de ténèbres toute la Terre du Milieu…
Il fixa Elrond de son regard perçant et ajouta :
-Si ta venue devenait une débâcle, je veux que tu battes en retraite et que tu te caches dans les montagnes en attendant la défaite de Sauron. Car si tu vois que notre cause est perdue en Eregion, à quoi bon laisser encore périr des soldats valeureux?
-Il sera fait selon ton désir, répondit le Semi-Elfe après un moment de silence, même si aucun de nous n’aime tourner le dos à l’ennemi.
Mais une lueur d’incompréhension persistait dans son regard.
Le Roi posa sa main sur l’épaule de son héraut et l’attira près de la fenêtre. Dehors, malgré l’heure matinale, les rues commençaient à être bruyantes : les commerçants ouvraient leurs boutiques, des ménestrels commençaient à se rassembler sur les places, quelques jeunes guérisseuses, un panier sous le bras, sortaient vers la forêt voisine…
-Regarde-les, Elrond ! Ils sont heureux et libres, chacun accomplit paisiblement sa tâche. Nous en sommes responsables, nous sommes les garants de leur quiétude ; il est de notre devoir de les protéger de l’Ombre, quelles que soient les réticences dont notre orgueil et notre fierté peuvent nous emplir.
Il avait parlé très doucement, comme pour lui-même. Ces paroles étaient dures à entendre pour le Semi-Elfe, mais Gil-Galad se les répétait depuis son couronnement pour trouver la force de remplir dignement son rôle.
Elrond comprit que le Roi ne le blâmait pas personnellement et inclina respectueusement la tête devant sa sagesse. Sans rien ajouter d’autre, il prononça les habituelles salutations et s’en alla, laissant Gil-Galad contempler Mithlond depuis sa fenêtre.
Un fois seul, le Roi soupira:
-Mais pourquoi la paix doit-elle toujours s'obtenir par la guerre? Pourquoi la joie de la victoire est-elle toujours entachée par des pleurs de deuil? Pourquoi dois-je laisser partir pour un labeur incertain celui que je considère comme mon propre fils?
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Un détail : j'ai du mal à imaginer des elfes paysans. Plus encore à penser qu'ils puissent mener leurs bœufs au labour...
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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Tu as raison... Je me suis souvent demandé comment ils faisaient pour se nourrir, car ils ne vivent pas que d'amour, d'eau fraiche et de poèmes!
J'ai décidé (mais c'est une opinion personnelle) que certains se dévouaient pour le bien commun et étaient agriculteurs. Après tout, ce n'est pas plus humiliant que d'être forgeron ou jardinier...
Mais peut-être que Tolkien en dit un mot quelque part... Je suis prête à accepter une autre explication!
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10.01.2008, 14:34
(Modification du message : 23.04.2008, 21:13 par Tinakë.)
Allez, je mets deux chapitres d'un coup, histoire de rentrer enfin dans le vif du sujet!
Chapitre 2 : Départ pour la guerre
En sortant de la pièce, le Semi-Elfe ne partageait pas tout à fait l'état d'esprit de son Roi: il était jeune encore, sûr de sa force, et ce n'était pas la première mission périlleuse qu'il se voyait confier.
Pourtant, tandis que le serviteur le raccompagnait vers la sortie, son regard s'attarda sur toutes les choses qui l'entouraient: les hauts murs pâles et lisses, les statues fragiles qui fixaient dans la pierre la beauté d'un instant furtif, les fontaines qui chantonnaient en répandant leurs cascades vivifiantes sur l'herbe verte de la fin de l'été...
Elrond prit soudain conscience, comme il ne l'avait jamais fait, que tout cela, ce décor qui lui était si familier, il pourrait ne jamais les revoir. Une ombre tomba sur son coeur malgré la clair matinée.
-Il faudrait toujours vivre ainsi, finit-il par conclure pour lui-même. Comme si on allait mourir demain...
Il alla d’abord dans les quatre casernes qui entouraient le palais royal et choisit les meilleurs soldats qu’il put trouver. Il en connaissait beaucoup pour avoir souvent guerroyé avec eux contre les Orques. Malgré son haut poste auprès du Roi, il aimait leur rude et joyeuse compagnie, et les traitait plus en frères d’armes qu’en subordonnés. Ceux-ci le surnommaient Thindolt, le Chef Gris, à cause de la couleur de ses yeux.
Dans l’heure de midi, il s’arrêta à une taverne de la ville pour se reposer un peu ; il avait à peine eu le temps de s’asseoir qu’une voix l’interpella :
-‘dolt !
Il leva les yeux et vit une cinquantaine d’Elfes s’avancer vers lui, menés par Erestor, un gai luron et courageux soldat qu’Elrond appréciait beaucoup. Ils se tassèrent tant bien que mal autour de la table du Semi-Elfe, remplissant presque la taverne à eux seuls ; heureusement, peu de personnes s’y trouvaient. Erestor se détacha du groupe et s’empara d’une chaise. Il s’assit sans vergogne devant Elrond puis lui sourit jusqu’aux oreilles :
-Le bruit court dans la ville que tu recrutes des hommes ?demanda-t-il en affectant un ton de reproche. Nous n’étions pas en faction aujourd’hui et nous venons de l’apprendre. Nous réquisitionnons une place parmi ton armée !
-Ce n’est pas la mienne, mais celle du Roi, rectifia Elrond lui rendant son sourire. Et la rumeur dit-elle que cette mission est dangereuse, et qu’aucun de nous peut-être ne reviendra ?
Erestor redevint sérieux, mais la joie resta imprégnée sur son visage- tels étaient son don et sa force-.
-Elle le dit, mais nous voulions l’entendre par ta bouche. Nous n’avons pas peur de te suivre, même si la mort est probable !
Un murmure d’approbation parcourut les Elfes massés devant eux.
-Dit-elle aussi que ce n’est pas tant nos vies que nous pourrions perdre, mais aussi notre fierté en reculant devant l’Ennemi ?
Disant cela, il parcourut du regard les visages qui lui faisaient face. Il y vit l’angoisse de la souffrance et de la mort, que les Elfes portent en eux beaucoup plus profondément que les Hommes ; pourtant, cette peur bien compréhensible était peu de chose devant l’idéal qui guidait ces soldats.
-Si telle doit être notre tâche, nous le ferons pour sauvegarder la paix en Terre du Milieu, répondit Erestor, résumant la pensée commune.
Elrond sourit à nouveau et hocha la tête avec satisfaction: derrière leurs visages ardents à l’idée du combat, ils avaient compris l’importance de leur rôle et étaient prêts à faire tout ce qui était en leur pouvoir pour servir leur peuple.
Les quatre jours qui suivirent, il y eut une affluence exceptionnelle chez les forgerons et les maréchaux-ferrants, heureusement très nombreux à Mithlond. Elrond imita les soldats; mais sa fonction lui permettait de jouir du savoir-faire du forgeron du Roi, ce qui lui épargnait les longues attentes auprès des fours surchauffés.
Ayant fini tous ses préparatifs, il partit flâner dans la ville inondée de soleil. Ses pas le menèrent sur la place du marché. Il avait toujours aimé cet endroit : le poissonnier vantait à grands cris le produit de son étal, un scintillement d’écailles et de nageoires semblant venir tout droit du palais d’Ulmo ; une marchande de fleurs trônait au milieu de pétales colorés dont la fragrance recouvrait quasiment toute la place ; plus loin , le vendeur d’oiseaux exposait ses bêtes, aussi agréables à regarder qu’à écouter. Tout se faisait en un désordre indescriptible de bruits, d’odeurs et de couleurs qui étourdissait.
Elrond marchait lentement à travers la place. Les souvenirs affluaient à chaque pas : cette boucherie, d’où était venu ce succulent sanglier du Nouvel An, ce marchand de tissus, où ses amis lui avaient fait confectionner en secret une magnifique cape… Une bouffée de tristesse le saisit soudain, et il prit conscience qu’il pourrait ne jamais revenir à Mithlond. Le souvenir des paroles d’Erestor ne parvenait pas à l’apaiser.
-Après tout, pourquoi avoir peur ? se dit-il enfin. Je suis un soldat, et j’obéis aux ordres du Roi, quelles que soit leurs conséquences. Mon destin et celui de tous reposent entre les mains d’Elbereth !
Ayant un peu repris courage, il s’éloigna du brouhaha, traversa deux rues et franchit le seuil d’un édifice tout construit de marbre. Dans une vaste pièce claire se trouvaient quatorze statues sur piédestal, sept de chaque côté, représentant les Valar.
Oromë et Nienna encadraient la porte; leurs représentations semblaient presque s'affronter, tant elles étaient différentes. Chevauchant Nahar, son destrier d'un blanc de neige, accompagné d'une meute de chiens hurlants, Oromë se dressait, les yeux flamboyants, la chevelure en désordre, et s'apprêtait à lancer un puissant appel dans son cor.
En face de lui se tenait Nienna, agenouillée dans l'herbe. Enveloppée dans son manteau gris, la tête penchée avec douleur vers la terre, elle laissait ses longs cheveux s'y dérouler comme pour lui apporter un quelconque réconfort. Comme tous les guérisseurs, Elrond avait une affinité particulière pour cette dernière, et il se recueillit un instant silencieux auprès d'elle, implorant sa compassion et son pouvoir de ranimer l'espérance.
Puis ses pas le portèrent vers Mandos le Juge. A son côté se trouvaient les parchemins où étaient écrits tous les faits et gestes de toutes les créatures dotées de vie, et une balance pour décider de leur destin. Un aigle se tenait près de lui, rappelant que Mandos ne prenait aucune décision par lui-même, mais uniquement sur ordre de son seigneur Manwë.
Enlrond resta là un moment, se demandant combien des siens se tiendraient devant Mandos avant la venue du printemps. Il finit par se retourner vers Ulmo, le Valar qui aimait le plus le peuple des Elfes, et qui était jadis apparu à son ancêtre Tuor. Le Valar portait un long manteau serti de saphirs et d'opales. Ses yeux flamboyaient à travers son heaume noir. Malgré son apparence terrible, les Elfes aimaient ce Valar; car, au mépris de la prophétie énoncée par Mandos, Ulmo était resté près des Terres du Milieu, et il avait aidé maintes fois les Hommes et les Elfes en leur promulguant de sages conseils et en les aidant dans leurs quêtes.
Plus loin se trouvaient ensemble le mari et la femme, Aulë le Forgeron et Yavanna Reine de la Terre. De ses doigts habiles, Aulë façonnait un bijou orné de pierreries chatoyantes, tandis que Yavanna, les bras tendus vers le ciel, en faisait descendre une lumière dorée qui redonnait vie à la terre infertile.
Les pas d'Elrond résonnèrent dans la longue allée, et il arriva à son extrémité. Devant lui se tenait Elbereth, revêtue d'une longue robe étoilée. Grâce à l'art du sculpteur, où que se plaçait le visiteur, la reine des étoiles le fixait de son doux regard. A ses côtés, assis sur un haut trône, Manwë envoyait ses aigles porter des messages de par le monde. La statue était plus grande que les autres, mais le Valar avait le front intelligent et le visage aimable, si bien qu'il dégageait un inexprimable effet de bonté.
Au fond de l’allée formées par les statues, il y avait un espace vide, symbolisant Eru, que nul art ne saurait représenter. Des lustres suspendus éclairaient le haut plafond de mosaïque, et dans l’air flottait la fraîche odeur des fleurs apportées en offrande devant le piédestal inoccupé. Le Semi-Elfe s’arrêta dans l’ombre d’une colonne, rabattit son capuchon sur sa tête et pria.
Enfin, à l’aube du quatrième jour, Elrond franchit les portes de la cité de Mithlond. Gil-Galad avait tenu une dernière réunion avec Elrond et les Elfes qu’il avait choisi pour le seconder –Erestor s’était vu remettre la tâche d’aide de camp-. Il leur avait longuement parlé, enracinant le courage dans leurs cœurs par la vertu de ses anneaux.
Et avec le Semi-Elfe partit un grand nombre d’Elfes à cheval et puissamment armés ; et tous, de leur chef au plus humbles des soldats, ils se demandaient qui de l’Ombre ou de la Lumière allait remporter le duel, et s’ils reverraient jamais la belle terre du Lindon.
Chapitre 3 : Soir d’hiver
Erestor jeta quelques bûches à côté du feu allumé devant la tente des officiers. Il était allé les chercher, avec mille précautions, dans la forêt qui bordait le campement de l’armée en déroute. Mais les Orques étaient encore loin ; Elrond avait forcé l’allure vers le nord, afin de laisser une nuit de repos à ses soldats avant le retour du soleil et des combats.
Comme Gil-Galad l’avait craint, l’aide apportée par Elrond s’était révélée insuffisante face aux armées de Sauron : Celebrimbor avait été tué, et seuls quelques Elfes avaient réussi à rejoindre l’armée d’Elrond. Obéissant à Gil- Galad, le Semi-Elfe avait ordonné le repli de ses troupes ; pressés par les Orques qui les poursuivaient, ils s’étaient dirigés vers les montagnes. Le massacre était proche, mais Sauron avait appris la présence de Varya et Vilya au Lindon. Il avait alors marché vers l’ouest, ne laissant qu’une petite troupe traquer les Elfes, troupe pourtant assez importante pour les écraser jusqu’au dernier en cas de combat (d’attaque).
Le Semi-Elfe n’était pas dans la tente ; seuls s’y trouvaient Limtal et Sadorhen, les deux Elfes envoyés par Celebrimbor avant l’attaque de Sauron pour mettre les trois plus beaux anneaux en sécurité à Mithlond. Ils en avaient confiés deux à Gil-Galad, puis étaient repartis avec Elrond et son armée, même si la situation leur semblait désespérée en Eregion. Ils installaient leurs affaires et s’interrogeaient sur l’itinéraire du lendemain.
Erestor resserra son manteau autour de lui et se rapprocha du feu. La nuit tombait. Au bout d’un moment, les premières étoiles s’allumèrent au firmament et la lune se leva, faisant scintiller d’un éclat blanc et froid la neige qui recouvrait le sol. On n’entendait dans l’air glacé qu’un doux bourdonnement irrégulier : le murmure des Elfes qui discutaient dans leur tente, finissant de manger avant de prendre un peu de repos.
Des pas firent soudain crisser la neige. Erestor se retourna, mais il savait déjà que c’était Elrond : aucun Elfe, plus léger, n’aurait fait autant de bruit en marchant ! Mais ses soldats lui pardonnaient volontiers ce défaut; c’était un bon chef, avisé et courageux, qui n’abusait jamais de son autorité. Chaque soir, il avait pris l’habitude de se promener dans le camp et de discuter avec les Elfes, afin de connaître l’état et le moral de ses troupes. De plus, c’était un excellent médecin, enseigné par Gil-Galad lui-même. En cas de blessures graves, les Elfes n’hésitaient jamais à venir le voir. Pourtant, ils murmuraient entre eux depuis qu’il avait ordonné la retraite, car l’idée d’une déroute les humiliait profondément.
Elrond s’arrêta près du feu, aux côtés d’Erestor. Les flammes se reflétaient dans ses yeux gris, éclairant étrangement son visage soucieux et préoccupé. Erestor n’osa pas le questionner.
Après quelques instants de silence, Elrond parla enfin :
-Cette situation ne peut plus durer. Nous fuyons depuis des jours, et à présent les troupes préféreraient mourir sur place plutôt que montrer leur dos à l’ennemi une fois de plus.
-C’est toi qui nous l’as ordonné, et nous t’avons obéi, répliqua Erestor, tentant de refouler la colère qui montait en lui.
Malgré l’orgueil qu’il partageait avec les troupes, il s’était comme elles soumis à l’ordre de retraite, bien qu’il préférât de loin périr au combat (eût de loin préférer périr au combat).
-Les Orques sont trop nombreux ; à quoi une guerre ouverte nous servirait-elle ? répondit calmement Elrond. J’espérais que l’hiver aurait eu raison d’eux plus vite que de nous. Mais je me suis trompé, car ils ont de nombreux alliés dans cette région, des trolls et des géants qui leur fournissent assez de vivres et de combustibles pour vaincre le froid. A cela, il y a une solution : si nous trouvions un refuge dans un endroit caché et difficile d’accès, nous pourrions résister à un siège jusqu’à l’arrivée de ceux de Númenor.
Erestor avait écouté sans rien dire. Après tout, le Semi-Elfe avait raison : soit ils continuaient à fuir, ce à quoi ils ne pouvaient se résoudre ; soit ils revenaient combattre, et se faisaient tuer jusqu’au dernier ; soit ils résistaient dans un lieu adéquat, comme le proposait Elrond.
-Tu as raison, dit-il. Mais sais-tu où nous nous installerons pour faire face à l’ennemi ?
-Je l’ignore encore. C’est pour l’instant ma première préoccupation. Nous devons invoquer la bienveillance toute-puissante des Valar, afin qu’ils nous guident vers un lieu propice ! soupira-t-il en tournant son regard vers l’Ouest. Je pense que les Orques ne se déplaceront plus à présent, persuadés que nous ne passerons pas les montagnes ; ils attendront que, affaiblis par le froid et sans courage, nous soyons faciles à retrouver et à faire disparaître. Va informer les troupes : dès demain, nous chercherons un endroit où regrouper nos forces.
Erestor le salua avec joie et s’éloigna. Le Semi-Elfe n’avait pas voulu prévenir les soldats avant de soumettre son idée à son second et ami ; c’était une chose de plus qu’Erestor appréciait.
Malgré l’heure tardive, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre ; Elrond le réalisa en écoutant les chuchotements qui circulaient d’une tente à l’autre. Il s’enroula dans sa couverture et se prépara à dormir, comme ses officiers le faisaient déjà. Les Elfes n’aiment pas dormir trop près du sol ; les lits de camp étaient donc constitués de quatre bâtons droits plantés dans le sol, tendant entre eux un rectangle de toile. Une fois plié au fond du sac, ce matériel était léger et peu volumineux, et les soldats pouvaient l’emmener partout sans difficulté. Après avoir fait le tour du camp, Erestor rentra dans la tente ,se faufila silencieusement entre les lits et se coucha près de celui de son chef. Tous deux se murmurèrent un bonsoir fatigué et s’endormirent presque aussitôt.
N'hésitez pas à me dire s'il y a des incohérences, je suis loin d'être une spécialiste en géographie de TdM...
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Chapitre 4 : Le don de Yavanna
Beaucoup de gens croient que les Elfes ne connaissent pas le sommeil comme nous l’entendons, se contentant de laisser leur esprit errer sur les sentiers des rêves elfiques. Mais en réalité, il leur arrive de dormir véritablement, après un long labeur ou un dur effort physique. Certains prétendent même qu’ils ont le sommeil plus lourd que les Hommes, et qu’il est difficile de réveiller un Elfe endormi ; mais personne n’a jamais pu confirmer ces dires.
Les soldats étaient épuisés, car la journée avait été rude. Peu d’entre eux avaient déjà foulé cette contrée si éloignée de Mithlond. Chez eux, l’hiver était le frais repos de la nature, la paisible méditation de toute chose ; ici, la morte saison était sauvage, cruelle, prête à arracher la vie par ses griffes gelées. De plus, ils devaient se contenter de l’air rare des montagne, auquel ils n’étaient pas habitués. Hormis les sentinelles, ils dormaient donc tous profondément, et Elrond et Erestor ne faisaient pas exception à cette règle.
Alors qu’il sommeillait, le Semi-Elfe vit soudain, montant de l’est et dépassant la cime des hautes montagnes, une étoile plus brillante que toutes celles qui piquetaient le ciel. Un aigle se dirigea vers elle ; il survola un bois de pins sombres, puis vint se percher sur le haut d’une falaise qui surplombait un gouffre vertigineux. Un torrent bondissait au fond, en cascades d’écume blanche. De l’autre côté, le sol remontait doucement, couvert d’un foisonnant tapis herbeux. Quasiment tout en haut, il y avait un orifice dans la paroi, comme l’entrée d’une grotte. L’aigle s’envola et y pénétra ; après quelques dizaines de mètres dans la galerie, il se retrouva à l’air libre, dans une immense vallée presque plane, encerclée de falaises. Et au milieu, une femme svelte, revêtue de vert et couronnée de fleurs dorées, dansait gracieusement. Sous ses pas, et à chaque endroit que frôlait un pan de sa robe, la terre devenait fertile, les fleurs éclosaient et les arbres donnaient du fruit. Elrond ne l’avait jamais vue, mais son cœur lui dicta son nom :Yavanna Kementari, la Valar Reine de la Terre, dont la danse faisait jaillir la vie.
Elrond se réveilla en sursaut. Il sauta à bas de son lit et sortit précipitamment de la tente. Un éclat blanc l’aveugla à moitié : Ëarendil, l’Etoile de l’Espoir, s’était levé sur le camp des Elfes, fidèle aux sentinelles du début de la nuit.
Le Semi-Elfe baissa les yeux ; ils reconnut la forêt de pins de son rêve, mais son regard ne portait pas au-delà. Il bondit en avant, le cœur battant, sans se soucier de l’étonnement des sentinelles qui le virent sortir du camp en toute hâte. Il s’engagea dans le bois sombre. L’épaisse couche d’aiguilles qui recouvrait le sol étouffait le bruit de ses pas tandis qu’il s’enfonçait entre les arbres. Il avait perdu tout notion du temps, se demandant de temps à autre si cette forêt obscure et sans fin n’était pas la suite de son rêve ; il courait, courait sans s’arrêter, et son souffle haletant s’envolait en nuages blancs dans l’air glacé des premières heures du matin. Il voyait l’étoile qui le guidait se rapprocher de plus en plus de l’horizon, tandis que le ciel pâlissait devant lui, prémisse de l’aube toute proche.
Arrivant enfin à la limite des arbres, il ralentit l’allure, n’osant croire à ce qu’il allait découvrir. Il s’avança jusqu’au bord de la corniche : la vallée était exactement celle dont il avait rêvé, hormis qu’elle était toute blanchie par la neige des montagnes. Face à lui, le soleil levant teintait la roche de reflets dorés, tandis que l’Etoile pâlissait devant son éclat avant de disparaître à l’horizon. La falaise du haut de laquelle il se tenait semblait à pic à première vue, mais la roche ressortait par endroits, formant grossièrement un sentier en saillie jusqu’en bas. La rivière était gelée. Le regard d’Elrond se porta devant lui : sur la pente opposée, il vit le large plateau, recouvert de buissons touffus enfouis dans la neige, qui de loin formaient de grosses sphères blanches. Il repéra ensuite l’entrée de la faille qui menait à la vallée voisine, avec une bouffée d’émotion en pensant que Yavanna l’avait bénie.
Etrangement, la vallée était orientée d’ouest en est, presque perpendiculairement à l’orientation de la chaîne de montagnes. Cela lui permettait de recevoir la lumière du soleil jusqu’au lit du torrent. C’était un lieu magnifique, idéal, quasiment imprenable en cas d’attaque et de siège. Elrond murmura un nom, Imladris, la Profonde Vallée de la Faille, puis un chant jaillit de ses lèvres pour remercier Yavanna qui lui offrait ainsi le lieu où il pourrait fonder la Cité-Refuge.
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Tu veux que je te dise? le chapitre 4 est selon moi le meilleur de tous
Les autres je les ai rapidement survolés, mais dans la dernière je me suis vraiment retrouvé ds la peau d'Elrond... pq? Plus d'émotions je pense, plus de détails (tu fais beaucoup d'élipses dans ton histoire, genre les batailles meurtrières qui opposèrent elfes et orcs... j'aurais aussi aimé savoir à quoi ressemblait les représentations des Valar...) et peut-être une meilleure mise en scène (c'est une impression).
Sinon, c'est bien écrit, limpide...
Mais dis-moi juste à titre d'infos: combien de temps mets-tu à écrire un chapitre? Pourquoi as-tu choisi d'écrire une histoire? Et pourquoi précisément ce passage et ces persos?
En tout cas, bonne continuation
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Merci pour ton commentaire! C'est une bonne chose de savoir comment les lecteurs ressentent le texte, afin de le corriger au besoin.
J'ai un peu de mal à décrire des batailles, et je voulais faire avancer l'histoire plus vite, pour arriver au sujet principal: la fondation de Fondcombe. Mais rassure-toi, une bataille arrive dans quelques chapitres (en fait, l'histoire est achevée, et je la distille goutte à goutte...). Par contre, ce sera la seule! J'ai mis beaucoup de temps à l'écrire et je ne sais pas trop ce que ça donne. J'attendrai tes impressions...
Au sujet des descriptions des personnages, je trouve que Tolkien est très léger dans ses écrits, et j'essaie de rester dans cet esprit. Par exemple, au conseil d'Elrond, c'est à peine s'il décrit Legolas, et Gimli, n'en parlons pas! De même, on ne sait pas à quoi ressemble chacun des Hobbits, etc.
Pour Yavanna, comme Elrond rêve, je ne voulait pas une description très précise; on sait qu'elle a l'apparence d'une femme, mais qu'est-ce que ça aurait donné si j'avais écrit: "Elle avait le menton comme ça, le nez comme ça..."? Mais peut-être attendais-tu une description du genre "La lumière de Valinor brillait sur son visage et se reflétait dans ses yeux d'or". A toi de me dire, ça, je peux essayer de le faire!
Et puis, une description courte permet à chacun de se faire ses propres images...
As-tu déjà écrit une histoire? Un chapitre peut s'écrire en trente minutes (chapitre suivant) ou trente jours (chapitre de la bataille)! Cela dépend si on y passe ses journées, si le passage inspire, si on l'a montré à quelqu'un qui n'aime pas, ce qui oblige à tout changer... Je marche beaucoup à l'inspiration, sans trop savoir où je vais. Mais certains ne fonctionnent peut-être pas du tout comme ça!
Quand j'ai lu le SdA, j'ai tout de suite apprécié Elrond, parce qu'il est médecin et que je fais des études médicales, parce qu'il est à la fois un Elfe et un Homme, ce qui le rapproche de nous en lui laissant une aura, parce qu'il a un frère jumeau et moi aussi, parce que le film a maltraité son personnage...
Pour se retrouver dans la peau d'un personnage, il faut s'y identifier un minimum, ce qui n'est pas facile avec un Elfe, car il ne voit pas les choses comme nous et semble moins vulnérable, avec moins de faiblesses, de défauts... Par exemple, comment imaginer des Elfes qui ont faim?
Fondcombe est un lieu que j'aime beaucoup en Terre du Milieu. Je me suis toujours demandé comment il avait été fondé et Tolkien ne disait pas grand-chose à ce sujet. Alors, comme disent certains, "Si la route te manque, fais-la!"
Bon, assez parlé de moi... J'envoie le chapitre suivant en espérant qu'il te plaira. N'hésite pas à me donner tes impressions, ça sert à progresser!
Chapitre 5 : L’installation dans la vallée
Le camp des Elfes s’était réveillé aux premières lueurs de l’aube. En quelques minutes, le paisible village de toile s’était transformé en une fourmilière active : les soldats ranimaient les feux, rangeaient leurs affaires et pliaient les tentes en prévision d’un proche départ. Ceux qui avaient fini de se préparer se regroupaient autour des feux pour partager un rapide repas en attendant les ordres de leur chef. La nouvelle de la veille avait accru leurs forces et leur courage, bien amoindris par l’humiliation de la fuite dans les montagnes. Ils reprenaient espoir, sûrs maintenant de ne plus avoir à fuir comme du gibier devant le chasseur qui le rabat.
Les officiers aussi se préparaient à partir ; mais sans rien dire aux soldats, ils se demandaient avec étonnement où était Elrond.
Alors qu’une des sentinelles s’approchait d’Erestor pour lui raconter ce qui s’était passé dans la nuit, des bruits de pas se firent entendre près du camp. Elrond apparut à l’orée du bois, tout haletant, le visage rendu écarlate par sa course.
Au bout d’un moment, après avoir repris son souffle, il raconta ce qu’il avait vu aux soldats rassemblés autour de lui; le camp redoubla alors d’activité et d’excitation, et l’armée put rapidement se mettre en route. Disparue, la fatigue, finies, la crainte et l’humiliation de la fuite ! Tous retrouvèrent des forces nouvelles pour repartir. Malgré la forte probabilité que les Orques ne les poursuivraient plus, des veilleurs aux yeux perçants furent placés en arrière-garde, car la montagne recelait des loups et des trolls en grand nombre. Elrond marchait en tête ; comme tous les soldats qui lui restaient, il avait perdu son cheval lors d’une bataille. Il avançait à grandes enjambées, enfonçant parfois dans la neige molle jusqu’au-dessus des chevilles, impatient de montrer le lieu qu’il avait découvert. Il portait un long manteau noir, exactement de la même teinte que ses cheveux; il produisait un bruissement très doux quand il ondulait autour de son porteur, et avait la faculté d’apporter l’apaisement où on le déposait; c’était celui que Luthien avait tissé avec ses cheveux, avant de s’évader d’Hisilorn pour partir à la recherche de Beren. Ce précieux vêtement avait été conservé et transmis par ses descendants, qui le portaient comme symbole de leur appartenance aux deux races à la fois.
Ils cheminèrent sans encombre jusqu’au soir ; fortifiés par une nuit de repos, ils voyagèrent toute la nuit à travers la forêt obscure. La température était un peu remontée durant la journée, et le ciel s’était couvert d’épais nuages blancs. Au petit matin, atteignant enfin sa limite, les soldats durent se contraindre à ne pas se précipiter vers le bord de la falaise, tant ils avaient hâte de connaître enfin l’endroit que leur chef avait décrit avec tant d’enthousiasme.
Quand ils accueillirent la vision qui s’offrait à eux, il y eut de nombreux murmures d’étonnement joyeux et de louange des Valar.
-Ca alors ! s’écria Erestor, qui ne pouvait détacher son regard de la magnifique vallée. Jamais je n’aurais imaginé un lieu plus propice !
Quant à Elrond, après avoir vérifié d’un coup d’œil que tous partageaient son opinion sur le choix de l’endroit, il commença à descendre vers le torrent, se frayant précautionneusement un chemin entre les arbustes épineux et les rochers. L’un après l’autre, les soldats le suivirent. Le sentier était étroit et irrégulier. Par endroits, il fallait enjamber des failles, où la roche était absente ; le regard plongeait alors jusqu’au fond du ravin, laissant imaginer à chacun ce que serait une chute malencontreuse. Mais tous étaient des Elfes, habiles et aguerris, et ils avaient l’équilibre inné et la légèreté de leur race.
Une fois en bas, ils traversèrent la rivière gelée en sautant sur des pierres qui émergeaient de la glace et gravirent l’autre versant. Cette partie du voyage se fit sans mal car le sol remontait en pente douce. Ils arrivèrent enfin sur un large plateau où la neige s’était accumulée en grande quantité, à mi-hauteur du flanc de la montagne, non loin de l’entrée de la grotte qui menait à la vallée fertile. Là, ils déposèrent leurs affaires, puis Elrond se jucha sur une pierre qui sortait du sol, et tous se mirent en formation autour de lui pour l’écouter. Il balaya ses troupes du regard, et fut saisi d’orgueil en voyant ses hommes, las mais fiers, les prunelles ardentes, prêts à lui obéir jusqu’au bout de leurs forces.
« Ce lieu sera désormais celui où nous vivrons ! dit-il d’une voix vibrante. Et il sera comme un nid de rapace, dont nous serons les aigles. Nous le rendrons inaccessible, et jamais les Orques ne pourront nous y vaincre ! Ce sera une cité-refuge, où tous les ennemis de l’Ombre noire pourront obtenir aide et conseil. Notre force ne résidera pas dans une puissante armée, mais dans cette citadelle imprenable ! »
Un murmure d’approbation parcourut les rangs. Jamais les soldats n’auraient accepté de s’installer dans un endroit si dissimulé qu’aucun ennemi ne le découvrirait ; mais ils savaient qu’ils auraient à la fois un rôle d’accueil de ceux qui partageaient leur cause et de résistance face aux troupes ennemies.
Elrond répartit alors leurs tâches à ceux qui les secondaient :
«Lindir, prends quelques soldats avec toi pour faire un tour de reconnaissance dans la vallée. Sadorhen et Erestor, retournez en arrière et observez ce que font les Orques. Si ils nous surveillent, ils réaliseront que nous sommes partis ; soit ils resteront dans leur camp, soit ils suivront nos traces, que la neige a conservées. Quant à toi, Inglor, je crois me souvenir que tu es doué en architecture (l’interpellé baissa modestement la tête avec un grand sourire); va m’attendre dans ma tente, et nous réfléchirons aux constructions à prévoir.
Et vous, Aiglons ! Vous avez été courageux ces derniers jours, plus que je ne l’espérais. Vous avez obéi à tous mes ordres sans les remettre en question, vous fiant à moi dans une situation périlleuse, et je vous en remercie. A présent, notre errance est finie, et notre rôle dans la lutte contre l’Ennemi va changer. Je vous ferai part du labeur à entreprendre ; pour l’instant, je vous laisse vous installer.
Il sauta à bas de la pierre imposante, et les troupes se dispersèrent.
Avant de rejoindre Inglor, Elrond fit le tour du campement, aussi bien pour connaître réellement ce que pensaient ses soldats que pour prendre des nouvelles des nombreux Elfes blessés dans les batailles contre les Orques. Hors des rassemblements militaires, les Elfes s’entretenaient plus familièrement avec lui ; sous le fragile abri de leurs tentes, ils osaient dévoiler leurs espérances et leurs craintes, sachant trouver compréhension et sagesse dans les yeux gris de leur chef.
La visite se révéla plutôt positive : aucune blessure ne s’était compliquée grâce au froid qui empêchait les infections de se développer, et les soldats étaient optimistes sur la sécurité du lieu face à une prévisible attaque d’Orques. Ils étaient impatients de commencer la construction de leur cité, qu’ils appelaient déjà Fondcombe, la signification d’Imladris, le nom jailli des lèvres du Semi-Elfe.
« Car, disaient-ils, nous allons habiter au cœur des montagnes, pour résister à la volonté de l’Ennemi de toutes nos forces! »
Mais un doute persistait : si les troupes de Númenor n’arrivaient pas avant le printemps, la famine était à craindre en cas de siège, car les Orques mettraient en fuite ce qui restait du gibier, et aucune plante n’aurait encore donné son fruit sur les pentes de la vallée fertile.
« Nous n’avons pas le choix, répondait Elrond à leurs interrogations inquiètes. Mais j’ai bon espoir : cela fait trois mois que Gil-Galad a demandé des renforts, et peut-être les bateaux des Hommes ont-ils déjà atteint les rivages du pays de Lun. Ils arriveront à temps. »
Enfin, le Semi-Elfe pénétra dans sa tente, que Inglor avait montée avec quelques soldats. L’officier l’attendait ; il avait déjà esquissé des plans de bâtiments. Il était en train de les soumettre à son chef quand Lindir revint de sa mission. Jusqu’au soir, tous trois discutèrent des constructions à mener en priorité, s’appuyant sur le savoir de Inglor et l’expérience militaire d’Elrond ; et Lindir y ajouta ce qu’il avait pu observer de la roche, de la disposition de la vallée et des bois environnants. Durant ce temps, les soldats s’installaient : ils montaient leurs tentes, faisaient fondre de la glace et amassaient de grandes réserves de bois mort pour alimenter les feux qui brûlaient devant leurs abris. Certains partirent chasser dans la montagne et ramenèrent des bouquetins, un mouflon et quelques perdrix blanches qui, engourdies par le froid, n’avaient pas eu le temps de se dérober aux chasseurs.
Le soir venu, les Elfes se rassemblèrent autour du grand feu qui flambait au centre du camp. Ce lieu fut désormais choisi pour les conseils et les rassemblements ; et là fut construite la salle où se déroulèrent le Grand Conseil Blanc et le Conseil d’Elrond, durant lesquels se joua le destin de la Terre du Milieu.
Inglor exposa ce qu’il projetait de faire :
« Le plus urgent est de bâtir une muraille autour du plateau où nous nous trouvons. La falaise au nord est inaccessible ; le danger ne peut donc venir que du sud. Au printemps, le torrent sera une barrière efficace, mais pour le moment, il nous faut résister sans son aide.
Nous commencerons demain à extraire des blocs de pierres dans un lieu situé non loin d’ici. A l’aube nous pourrons nous mettre au travail; mais nous aurons une tempête de neige durant la nuit. »
En effet, le ciel qui s’assombrissait était couvert de nuages voilant déjà les plus hauts sommets, et une bise glacée soufflait par rafales en soulevant la porte des tentes. Chacun rentra dans son frêle abri de toile, après avoir resserré les cordes qui le rivaient au sol. Les officiers et leur chef firent de même, mais Elrond était inquiet et il refusa qu’on barricadât l’entrée : Sadorhen et Erestor n’étaient toujours pas rentrés.
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Tinakë a écrit :Au sujet des descriptions des personnages, je trouve que Tolkien est très léger dans ses écrits, et j'essaie de rester dans cet esprit. Par exemple, au conseil d'Elrond, c'est à peine s'il décrit Legolas, et Gimli, n'en parlons pas! De même, on ne sait pas à quoi ressemble chacun des Hobbits, etc.
Pour Yavanna, comme Elrond rêve, je ne voulait pas une description très précise; on sait qu'elle a l'apparence d'une femme, mais qu'est-ce que ça aurait donné si j'avais écrit: "Elle avait le menton comme ça, le nez comme ça..."? Mais peut-être attendais-tu une description du genre "La lumière de Valinor brillait sur son visage et se reflétait dans ses yeux d'or". A toi de me dire, ça, je peux essayer de le faire!
Et puis, une description courte permet à chacun de se faire ses propres images...
On va surtout dire que ce qui compte, c'est ce qui a de l'importance, une signification, une symbolique pour celui qui écrit l'histoire... Je me moque des descriptions poétiques du genre "La lumière de Valinor brillait sur son visage et se reflétait dans ses yeux d'or" si elles n'ont pas de sens et de raison d'être.
Ensuite, décrire de la maniére que je viens d'expliquer, ça montre que l'auteur s'est approprié l'histoire et qu'il y a mis du sien... ca a un côté moins superficiel si tu vois ce que je veux dire... et l'histoire paraît plus profonde.
Alors, rester dans l'esprit de Tolkien, oui, si tu entends par là faire en sorte qu'un elfe ne s'en aille pas encourager les autres au meurtre, à l'inceste, que tu ne fais pas des gobelins les amis des nains, que tu ne situes pas imladris au Mordor...(respect de l'état d'esprit moral de son histoire et de son monde). Mais si tu veux raconter et décrire comme Tolkien, alors tu te places en disciple qui s'entraîne à copier les maîtres, comme dans l'art, avant de pouvoir peindre ses propres toiles originales... Le pb, c'est que je ne connais personne qui ait étudié les méthodes d'écritures et de narration du professeur difficile donc de le copier dans ce sens... seulement s'en inspirer.
(si ca existe, prévenez-moi parce que ca m'intéresses au plus au point, parce que je peux ouvrir le bouquin à n'importe quelle page, c'est tellement bien écrit que je me laisses emporter de suite, sans jamais me lasser),
Après la description dépend du genre d'histoire que tu écris: si tu le fais à la manière de celles du silm, un simple "le guerrier sortit de chez lui et se dirigea à pas rapides vers sa caserne" suffit. Mais si c'est à la manière d'un roman, alors je dirais plutôt: "Le guerrier tira la poignée et la porte se referma derrière lui dans un bruit sourd. De sous sa vieille cape de service, il sortit une grosse clé de fer qu'il fit tourner dans la serrure. Elle couina un instant dans l'engrenage rouillé, puis un petit claquement signala à l'homme que le verrou s'était bien refermé. Il remit la clé dans sa poche. Dehors, le temps était gris et maussades. Les gens se hâtaient tête baissée vers leur destination, sans même se soucier de ceux qu'il croisaient, bousculaient. Pas même un regard ou un sourire. Seulement la plainte des mendiants recroquevillés sur les bas-côtés. Le guerrier rabattit le col de son manteau et commença à se frayer un chemin parmi la populace." etc...
A toi d'adapter selon tes désirs
Tinakë a écrit :As-tu déjà écrit une histoire? Un chapitre peut s'écrire en trente minutes (chapitre suivant) ou trente jours (chapitre de la bataille)! Cela dépend si on y passe ses journées, si le passage inspire, si on l'a montré à quelqu'un qui n'aime pas, ce qui oblige à tout changer... Je marche beaucoup à l'inspiration, sans trop savoir où je vais. Mais certains ne fonctionnent peut-être pas du tout comme ça! J'ai déjà essayé d'écrire des histoires... le pb c'est que je suis à la fois parresseux et éternellement insatisfait de ce que j'écris... Résultat: ca me prend énormément de temps, et à peine ai-je fini d'écrire un chapitre que l'histoire a déjà changé en cours de route ( ).
Je ne sais pas ce que tu entends par inspiration... peut-être que tu écris les choses comme elles te viennent au moment où tu écris... d'après mon prof de philo (qui nous bassine la-dessus en ce moment) l'inspiration n'a pas de raison d'être, c'est le génie qui compte... m'enfin...
Pour ma part, je réfléchis beaucoup à la mise en scène, et me fait un film qui m'apparaît dans la tête, qui prend souvent la forme d'un manga, une suite d'images, que je retranscris sur le papier. Chacun sa méthode. Ce qu'on juge, c'est le résultat, et pour toi, y'a du résultat
Tinakë a écrit :Bon, assez parlé de moi... J'envoie le chapitre suivant en espérant qu'il te plaira. N'hésite pas à me donner tes impressions, ça sert à progresser! Dans la manière où tu l'écris (c'est à dire pour faire une comparaison, non à la manière d'un roman comme le sda, mais d'un récit à la manière des histoires du silm) il me plaît
J'attends la suite
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Un grand merci pour cette réponse!
Je ne sais pas trop quoi dire au sujet des descriptions... Qu'aurais-tu mis pour Yavanna, toi?
Ensuite, je trouve le Silm bien plus concis que mon style! A mon avis, je m'étends un peu plus, même si ce n'est pas autant que dans ton exemple (super ton style!!). Je peux essayer de mieux faire, mais j'ai l'impression que le rythme serait moins dynamique. Après, chacun ses goûts...
Je fais un peu comme toi: j'ai un film et des images qui se succèdent, et tout le problème est de mettre des mots dessus. Ils viennent quelquefois d'un coup, c'est ça que j'appelle pompeusement "l'inspiration". Après, le génie... à chacun de juger (comment ai-je fait pour avoir une note potable au bac de philo??).
Voici deux chapitres beaucoup plus courts que les autres, qui achèvent le premier jour d'Imladris (ah ah ah, Imladris au Mordor! ). Bonne lecture!
Chapitre 6 : L’attente dans la tente
Le soleil se coucha, caché sous les épais nuages menaçants. Le vent redoubla de violence tandis que la neige se mettait à tomber en gros flocons tourbillonnants. On n’entendait au-dehors que le bruit feutré de la neige qui tombait ; quelquefois, un grand souffle naissait de nulle part, gagnait en puissance, puis venait s’abattre sur les tentes avec fureur. Il leur semblait que la montagne elle-même, après une grande inspiration, soufflait de toutes ses forces sur les fragiles abris, qui se mettaient à claquer comme des étendards. Dans la tente des officiers, une lampe posée au sol projetait les ombres des soldats sur les parois mouvantes. Tous étaient allongés sur leurs couchettes ; malgré leurs couvertures, le froid les tenaillait autant que la pensée des deux absents. Quelquefois, l’un d’eux se levait, pour tuer le temps, essayer de se réchauffer en bougeant, et secouer la neige qui alourdissait le toit de l’abri. Ils se posaient mille questions : que faisaient les Orques ? Sadorhen et Erestor avaient-ils été capturés par eux, ou avaient-ils péri dans la tempête ?
Lindir à l’ouïe fine fut le premier à sauter de son lit. Au-dehors, enfin ! des pas hésitants et irréguliers venaient de rompre le bruit monotone de la tempête.
Tandis que les autres sortaient avec peine de leur engourdissement anxieux, Elrond s’assit sur le rebord de son lit et s’empara de la lampe. Lindir entrouvrit un pan de la toile. Une bourrasque s’y engouffra, déposant des paquets de neige sur les lits, et faillit éteindre la flamme vacillante, mais les Elfes n’y prêtèrent aucune attention : ils s’avancèrent juste à temps pour recevoir dans leurs bras les deux formes titubantes et couvertes de neige.
Chapitre 7 : Retour des éclaireurs
Chancelants, transis de froid, les arrivants furent happés à l’intérieur de la tente et transportés par des bras robustes jusqu’à leurs couchettes. Leurs beaux visages étaient gris de fatigue, et dans leurs yeux se lisait la peur rétrospective de ceux qui ont échappé de justesse à un grave danger. Sadorhen avait le poignet droit serré dans un bandage taché de sang.
Elrond leur fit boire un cordial qui, après une bonne quinte de toux, colora leurs joues pâlies par le froid.
Après quelques minutes de repos, ils purent enfin répondre aux interrogations muettes de ceux qui les entouraient. Sadorhen fut le premier à rompre le silence :
-Les Orques ne se sont pas déplacés. En les épiant, nous avons pu entendre des conversations : ils pensent nous vaincre aisément dès le dégel, mais ils attendront d’ici-là.
-Cela nous laisse environ deux mois pour renforcer nos positions, répondit Elrond, agenouillé devant lui pour soigner sa blessure. Et cela laisse aussi deux mois à Gil-Galad pour arriver jusqu’ici.
Erestor but une longue gorgée de cordial et laissa sa chaleur se propager dans son corps, puis il ajouta :
-Ce ne sera pas aussi simple. Des loups sont descendus des plateaux du nord pour renforcer les rangs ennemis. Ignorant cela, nous nous sommes approchés trop près du camp, et ils nous ont repérés. Nous en avons tué quatre avant de nous éloigner ; mais ils nous suivaient de près, et l’un d’eux a réussi à mordre Sadorhen. Nous avons alors traversé une rivière gelée, et trois autres sont morts en voulant nous suivre, la glace trop fine se brisant sous leurs pas. Le reste a fait demi-tour en sentant la tempête arriver, et nous sommes rentrés ici en toute hâte.
-Mais cela n’a pas suffi, dit amicalement Limtal en leur apportant chacun une couverture supplémentaire.
Elrond acheva de panser la large entaille de l’Elfe. Elle avait peu saigné grâce au froid, mais était empoisonnée, comme le sont trop souvent les morsures de loup. Gil-Galad avait découvert quelle plante permettait de neutraliser l’effet du poison, et avait transmis ce précieux savoir à son héraut, qui emportait toujours avec lui quelques plantes séchées susceptibles de sauver la vie de nombreux soldats. Elrond ne craignait donc rien pour Sadorhen.
Ils se couchèrent encore un peu plus tard, car les deux éclaireurs avaient des renseignements à donner à leur chef sur le nombre, l’armement et le moral des troupes d’Orques. Ils étaient toujours beaucoup plus nombreux que leur propre armée, mais l’hiver les avaient affaiblis tout de même, et rendus maussades, si bien qu’ils étaient à la fois moins dangereux et plus irascibles. Erestor dut finir seul son rapport, car Sadorhen, qui n’arrêtait pas de bâiller, s’endormit brusquement contre son épaule. Limtal le réveilla à demi et le conduisit à son lit. Voyant que tous le regardaient d’un air envieux, Elrond ne fit pas durer la discussion. Quand il éteignit précautionneusement la lampe au milieu des Elfes endormis, le soleil commençait à faire pâlir le ciel à l’Est.
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Tinakê au taquet! (moi aussi d'ailleurs, mais bon, y'a plus l'allitération ou l'assonance ou un truc ds l'genre )
sinon, revenons sur ce que tu viens de dire:
Citation :Je ne sais pas trop quoi dire au sujet des descriptions... Qu'aurais-tu mis pour Yavanna, toi?
"On va surtout dire que ce qui compte, c'est ce qui a de l'importance, une signification, une symbolique pour celui qui écrit l'histoire... Je me moque des descriptions poétiques du genre "La lumière de Valinor brillait sur son visage et se reflétait dans ses yeux d'or" si elles n'ont pas de sens et de raison d'être." (bis repetita ) Difficile donc de me mettre à la place de l'auteur...
D'ailleurs je ne comprends pas pourquoi tu penses que ta description de yavanna te semble criticable? Peut-être parce que j'ai dit: Citation :j'aurais aussi aimé savoir à quoi ressemblait les représentations des Valar...)
Je parlais des statues du temple!
Citation :Ayant un peu repris courage, il s’éloigna du brouhaha, traversa deux rues et franchit le seuil d’un édifice tout construit de marbre. Dans une vaste pièce claire se trouvaient quatorze statues sur piédestal, sept de chaque côté, représentant les Valar. A l’extrémité de l’allée qu’elles formaient, il y avait un espace vide, symbolisant Eru, que nul art ne saurait représenter. Des lustres suspendus éclairaient le haut plafond de mosaïque, et dans l’air flottait la fraîche odeur des fleurs apportées en offrande devant le piédestal inoccupé. Le Semi-Elfe s’arrêta dans l’ombre d’une colonne, rabattit son capuchon sur sa tête et pria.
Au moment où j'ai lu l'histoire, ce passage me paraissait le plus important du chapitre, le plus symbolique... il me semblait seulement manquer la description des statues. mais je peux essayer si tu veux, j'adore écrire, alors j'saute sur l'occas'
Ayant un peu repris courage, il s’éloigna du brouhaha, traversa deux rues et franchit le seuil d’un édifice tout construit de marbre. Dans une vaste pièce claire se trouvaient quatorze statues sur piédestal, sept de chaque côté, représentant les Valar. En premier venaient les Fëanturi: Irmo, le Désireux, assis rêveur au pied d'une source, et son épouse Este, la Guerisseuse, un athelas à la main. Elrond avait une affinité particulière pour cette dernière, et il se recueillit un instant silencieux auprès d'elle. Puis ses pas le portèrent vers Tulkas le Fort, Tulkas l'impétueux, aux cheveux et à la barbe dorée, brandissant dans son poing un énorme marteau de fer. A ses côtés dansait la fougueuse Nessa, la plus agile et la plus rapide de tous, jetant milles regards passionés entre les pans de sa jupe rouge. Oromë son frère la contemplait, amusé, caressant en même temps le lion qui se tenait près de lui. S'ils formaient tout trois une fort belle et joyeuse compagnie, Elrond cependant leur préférait de loin les douces et gracieuses Vana et Yavanna. La plus jeune, Vana, batifolait riante parmi les fleurs et les oiseaux, tandis que son aînée se tenait là immobile, à l'ombre d'un grand arbre, une fleur dorée et une rose argentée poussant à ses côtés. Aulë, non loin de là, frappait à grand coups de marteau une épée qu'il forgeait à son enclume. Son front coulait de sueur et il était tout entier concentré sur son ouvrage. Le laissant là à son activité, Elrond se dirigea alors vers Vaïrë, la Tisseuse, et son époux, Namo, Maître de Mandos et Juge inflexible. Tous deux affichaient un visage morne et gris, et l'elfe ne put que courber la tête devant eux, avec déférence et respect. C'est alors qu'il entendit les pleurs de Nienna, la Mélancolique. Son visage était pâle et ses yeux rougis par les larmes qu'elles versaient sur Arda. Seule dans son manteau gris, la tête voilée de sa capuche, elle pleurait les blessures infligées à la Terre, à jamais déformée par la malveillance de Melkor. Ulmo, près d'elle, veillait, terrible et effrayant, sur les eaux de ce monde. Son regard était plus sombre que les profondeurs de la mer et tout comme Mandos, il inspirait à l'elfe crainte et respect. Mais aussi une certaine reconnaissance envers lui, car au mépris de la prophétie énoncée par Mandos, Ulmo était resté près des Terres du Milieu, et il avait aidé maintes fois les Hommes et les Elfes en leur promulgant de sages conseils et en les aidant dans leurs quêtes. Elrond était maintenant parvenu à l’extrémité de l’allée. Devant lui se tenait Yavanna, sublime dans sa robe étoilée, sa tête courronée d'étoiles. Elle se tenait auprès d'un espace vide, symbolisant Eru, que nul art ne saurait représenter. Des lustres suspendus éclairaient le haut plafond de mosaïque, et dans l’air flottait la fraîche odeur des fleurs apportées en offrande devant le piédestal inoccupé. Le Semi-Elfe rabattit alors son capuchon sur sa tête et pria.
(voilà ... tu n'es surtout pas obligé de le prendre en compte... ce qui compte, c'est que ça m'a fait plaisir de l'écrire )
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Raaaaah trop beau!!
Seulement, je crois m'être trompée, car il manque Manwë et Varda... Irmo et Estë ne sont-ils pas des Maia? Je me suis référée au début du Silmarillion pour cette liste des Valar.
Et que penses-tu de ces deux chapitres? J'ai essayé de rendre les personnages plus "humains", comme Sadorhen qui pique un roupillon au milieu d'un conseil de guerre, mais je ne sais pas trop ce que ça rend.
Tinakë toujours au taquet ou plutôt pour de vrai:
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Tinakë a écrit :Raaaaah trop beau!!
Seulement, je crois m'être trompée, car il manque Manwë et Varda... Irmo et Estë ne sont-ils pas des Maia? Je me suis référée au début du Silmarillion pour cette liste des Valar. 'pense pas... me suis aidé de l 'encyclo
me suis sinon trompé pour varda... j'ai mis deux fois Yavanna!
Citation :Elrond était maintenant parvenu à l’extrémité de l’allée. Devant lui se tenait Yavanna, sublime dans sa robe étoilée, sa tête courronée d'étoiles. Elle se tenait auprès d'un espace vide, symbolisant Eru
fallait mettre Varda...
Mais le pire, c'est qu'j'ai confondu Manwë et Eru (Arf, le Clown... 'sais pas c'qui m'a pris )
Tinakë a écrit :Et que penses-tu de ces deux chapitres? J'ai essayé de rendre les personnages plus "humains", comme Sadorhen qui pique un roupillon au milieu d'un conseil de guerre, mais je ne sais pas trop ce que ça rend. Le chapitre 6 est parfait dans la description: elle est précise et légère... Bravo! 'me suis bien imaginé le film. (Chapeau bas)
Tu continues dans la même lancée dans le sept mais c'est vrai que l'elfe qui fait un roupillon sur l'épaule de son copain m'a bien fait rigoler... J'aurais pas imaginé ça d'un elfe, mais ça montre que tu t'es bien approprié le monde de Tolkien
Au fait, on est p'têt même allé trop loin... il ne me semble pas qu'il ait des lieux de culte en Tdm (sauf à Melkor en Atalantë)
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Voilà un chapitre un peu plus conséquent et assez descriptif. Les choses sérieuses vont pouvoir enfin commencer!
Chapitre 8 : Au travail
Le lendemain, le vent était tombé, mais le temps restait encore couvert. Un épais brouillard couvrait les cimes qui encerclaient la vallée. Malgré le froid glacial qui avait fixé des stalactites aux bords des tentes, la tranquille vallée se mit à résonner des cris et de tintements d’outils. L’inactivité forcée de la nuit, alors qu’ils venaient d’arriver, avaient assombri bien des visages durant la soirée; mais chacun semblait s’être juré de rattraper ce retard en travaillant de tout son cœur à la première occasion.
Durant une bonne heure, les troupes déblayèrent autour des tentes la neige accumulée pendant la nuit, puis s’attaquèrent aux buissons de genêts et de bruyère qui couvraient le plateau. Lindir mena une vingtaine d’Elfes à la carrière naturelle, d’où ils se mirent à extraire de gros blocs d’une solide pierre beige. D’autres commencèrent à abattre des arbres, d’autres encore à creuser les fondations de leur future demeure, suivant les plans de Gildor. Ils reçurent les conseils précieux de l’un des rescapés du siège de l’Eregion, nommé Celeborn, un Elfe de haut rang et lointain parent d’Elrond: il avait longtemps été enseigné par Celebrimbor lui-même, et savait beaucoup de choses sur la taille des pierres et la forge d’outils. Quant à Limtal et Sadorhen, ils se chargèrent d’organiser le guet le long de la falaise, car on disait que les montagnes abondaient de loups, de trolls et d’autres créatures malveillantes auxquelles les on-dit ne donnaient pas de nom.
Elrond allait d’un groupe à l’autre, creusant, taillant et sciant avec la même ardeur que ses hommes. Des chants éclataient ça et là, scandés par les respirations essoufflées des travailleurs. Le vent avait chassé les nuages; le ciel gris de la veille s’était changé en une voûte d’un bleu très pur, d’où le soleil faisait étinceler la neige de mille éclats. Malgré le froid qui transformait leur haleine en nuages blancs, les travailleurs retirèrent bientôt leurs épais manteaux de fourrure pour œuvrer plus à leur aise.
En fin de matinée, ils se rassemblèrent près du grand foyer, à présent encerclé de fossés délimitant les contours de la salle, et mangèrent un peu. Puis Elrond les conduisit jusqu’à l’entrée de la vallée fertile, car tous voulaient voir ce lieu visité par Yavanna. Munis de flambeaux de résine, ils traversèrent la grotte sombre, faisant s’envoler des dizaines de chauves-souris affolées par la lumière. Le plafond était haut, si bien que, par endroits, la lumière de leurs torches ne l’atteignait pas. Ils débouchèrent enfin sur le grand espace en forme de cirque. Ils restèrent quelques instants sans bouger, laissant le soleil les réchauffer après le passage du tunnel glacé et parcourant la plaine du regard avec un étonnement joyeux. Elle était piquetée de taches d’un blanc si éclatant que la neige semblait grise: ici, malgré le froid encore vif, les nieninqë* avaient déjà déroulé leurs pétales immaculés. Un des soldats déblaya la neige du pied, puis, se penchant, il gratta le sol gelé pour en détacher des mottes de terre brune qu’il écrasa entre ses doigts.
-La terre est bonne, dit-il en se relevant, bien aérée et sans pierres. Elle est parfaite pour accueillir toutes sortes de plantes.
-Et le sol est bien exposé au soleil, ajouta un autre Elfe. Si, par surcroît, ce lieu est béni par Yavanna, alors la récolte sera belle dès l’année prochaine !
Elrond les remercia pour leurs paroles, puis son regard se remit à errer sur la vaste plaine enneigée. Malgré lui, ses yeux cherchaient la gracieuse silhouette qui ne laissait aucune trace de pas dans la neige, Yavanna et sa danse magnifique. Il en était certain : du temps où les Valar parcouraient encore la Terre du Milieu, chacun l’embellissant selon ses dons et ses désirs, la Reine de la Terre était venue ici, semant son pouvoir de vie et de fertilité. Depuis, la cime des montagnes avait été usée par les intempéries, les torrents avaient modifié leur cours, mais la vallée demeurait encore, visible souvenir du passage de Yavanna Kementari.
L’armée des Aiglons oeuvra sans répit, nuit et jour, durant des semaines. Malgré la détermination des soldats, le travail était considérable : la priorité était la construction d’une solide muraille autour du plateau herbeux qu’ils allaient habiter. Ils envisageaient également de construire un pont de pierres, assez étroit pour limiter le passage d’une importante force ennemie, en prévision du dégel futur. Des équipes extrayaient des blocs de pierre et montaient les murs, tandis que d’autres débitaient le bois en longues planches et allaient se jucher sur les édifices pour fixer la charpente. Certains s’occupaient de la chasse ; ils conservaient le gibier dans la rivière gelée grâce à un trou pratiqué dans la glace. Les Orques étaient toujours attentivement surveillés, et les précautions furent redoublées à cause des loups qui les accompagnaient. Mais ils ne se déplaçaient pas, attendant le printemps en fourbissant leurs armes et en se disputant en permanence à la manière de leur détestable race.
* perce-neiges (littéralement « larmes blanches »)
Tinakë,
Totis visceribus
Citation :Tinakê au taquet! (moi aussi d'ailleurs, mais bon, y'a plus l'allitération ou l'assonance ou un truc ds l'genre Rolling Eyes)
Qu'est-ce qui pourrait bien rimer avec manthanoménos? à part Beauce...
Sinon, avec l'accent normand, il y a os, colosse, molosse, rhinocéros... bof...
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Alors, en gros, les descriptions sont bien faites... Il y a une nette évolution dans ta manière d'écrire et je ne puisque ramper à tes pieds admiratif (bon, j'bouffe pas encore les pissenlits par la racine, donc tout va bien )
Et puis comme je viens de voir comment on fait des commentaires, et comment ce que j'avais écris auparavant n'en étaient pas vraiment, je vais essayer de me rattraper sur ce coup
Alors pour commencer, j'ai noté un problème assez minime qui revient parfois ; ce sont des problèmes de liens logiques à la fois entre les parties et les phrases. J'explicite:
-entre le 2° et le 3° paragraphes (je me fais le film de la scène): tu voies le camp avec les travailleurs, certains qui coupent les arbres, d'autres qui creusent etc... puis on suit Limtal et Sadorhen qui quittent le camp pour faire le guet vers la falaise. Et d'un seul coup, sans crier gare, on est à nouveau dans le camp avec Elrond.
-à la deuxième ligne du 1er §: Malgré le froid glacial qui avait fixé des stalactites aux bords des tentes, la tranquille vallée se mit à résonner des cris et de tintements d’outils. je ne vois pas le lien qu'il pourrait y avoir entre les stalactites et l'activité du camp...
-à la deuxième ligne du 3°§: Des chants éclataient ça et là, scandés par les respirations essoufflées des travailleurs. Le vent avait chassé les nuages; le ciel gris de la veille s’était changé en une voûte d’un bleu très pur, Là non plus, je ne vois pas le rapport entre les chants et le ciel...
Sinon, je n'arrive pas à concevoir l'elfe qui parvient à dégager des mottes sous la neige alors que la terre est gelée... Souvent je vois un paysan sous un soleil de plomb, un peu de terre à la main qu'un petit vent frai vient balayer dans un nuage de poussière... mais un elfe qui gratte la terre avec ses pauvres doigts engourdis pour ensuite presser entre ses poings suffisament fort la terre gelée pour qu'elle parte en poussière? pas trop en fait...
Et puis pour finir, j'aimerais te préciser que le passage préféré de ce chapitre est celui à la fin du 4°§: Elrond les remercia pour leurs paroles [...] visible souvenir du passage de Yavanna Kementari... Pourquoi? Parce que je vois le décor à travers les yeux et les sentiments du perso. Bravo !
Voilà, en espérant que ça t'aidera...
Bien amicalement, (le gars qui trouve pas d'rimes à son goût qui finisse en os )
PS: ci-joint ton texte avec quelques modifs au niveau lexical en gras si ça t'intéresses
Citation :Le lendemain, le vent était tombé, mais le temps restait encore couvert. Un épais brouillard couvrait les cimes qui encerclaient la vallée. Malgré le froid glacial qui avait fixé des stalactites aux bords des tentes, la tranquille vallée se mit à résonner du cri des elfes et du tintements des outils. L’inactivité forcée de la nuit avait assombri bien des visages durant la soirée; mais chacun semblait s’être juré de rattraper ce retard en travaillant de tout son cœur à la première occasion.
Durant une bonne heure, les troupes déblayèrent autour des tentes la neige accumulée pendant la nuit, puis s’attaquèrent aux buissons de genêts et de bruyère qui couvraient le plateau. Lindir mena une vingtaine d’Elfes à la carrière naturelle, d’où ils se mirent à extraire de gros blocs d’une solide pierre beige. D’autres commencèrent à abattre des arbres, d’autres encore à creuser les fondations de leur future demeure, suivant les plans de Gildor. Ils reçurent les précieux conseils de l’un des rescapés du siège de l’Eregion, nommé Celeborn, un Elfe de haut rang et lointain parent d’Elrond: il avait longtemps été enseigné par Celebrimbor lui-même, et savait beaucoup de choses sur la taille des pierres et la forge d’outils. Quant à Limtal et Sadorhen, ils se chargèrent d’organiser le guet le long de la falaise, car on disait que les montagnes abondaient de loups, de trolls et d’autres créatures malveillantes auxquelles les on-dit ne donnaient pas de nom.
Elrond allait d’un groupe à l’autre, creusant, taillant et sciant avec la même ardeur que ses hommes. Des chants éclataient ça et là, scandés par les respirations essoufflées des travailleurs. Le vent avait chassé les nuages; le ciel gris de la veille s’était changé en une voûte d’un bleu très pur, d’où le soleil faisait étinceler la neige en mille éclats. Malgré le froid qui transformait leur haleine en blancs nuages, les travailleurs retirèrent bientôt leurs épais manteaux de fourrure pour œuvrer plus à leur aise.
En fin de matinée, ils se rassemblèrent près du grand foyer, à présent encerclé de fossés délimitant les contours de la salle, et mangèrent un peu. Puis Elrond les conduisit jusqu’à l’entrée de la vallée fertile, car tous voulaient voir ce lieu visité par Yavanna. Munis de flambeaux de résine, ils traversèrent la grotte sombre, faisant s’envoler des dizaines de chauves-souris affolées par la lumière. Le plafond était haut, si bien que, par endroits, la lumière de leurs torches ne l’atteignait pas. Ils débouchèrent enfin sur un grand espace en forme de cirque. Ils restèrent quelques instants sans bouger, laissant le soleil les réchauffer après le passage du tunnel glacé et parcourant la plaine du regard avec un étonnement joyeux. Elle était parsemée de taches d’un blanc si éclatant que la neige semblait grise: ici, malgré le froid encore vif, les nieninqë* avaient déjà déroulé leurs pétales immaculés. Un des soldats déblaya la neige du pied, puis, se penchant, il gratta le sol gelé pour en détacher des mottes de terre brune qu’il écrasa entre ses doigts.
-La terre est bonne, dit-il en se relevant, bien aérée et sans pierres. Elle est parfaite pour accueillir toutes sortes de plantes.
-Et le sol est bien exposé au soleil, ajouta un autre Elfe. Si, par surcroît, ce lieu est béni par Yavanna, alors la récolte sera belle dès l’année prochaine !
Elrond les remercia pour leurs paroles, puis son regard se remit à errer sur la vaste plaine enneigée. Malgré lui, ses yeux cherchaient la gracieuse silhouette qui ne laissait aucune trace de pas dans la neige, Yavanna et sa danse magnifique. Il en était certain : du temps où les Valar parcouraient encore la Terre du Milieu, chacun l’embellissant selon ses dons et ses désirs, la Reine de la Terre était venue ici, semant son pouvoir de vie et de fertilité. Depuis, la cime des montagnes avait été usée par les intempéries, les torrents avaient modifié leur cours, mais la vallée demeurait encore, visible souvenir du passage de Yavanna Kementari.
L’armée des Aiglons oeuvra sans répit, nuit et jour, durant des semaines. Malgré la détermination des soldats, le travail était considérable : la priorité était la construction d’une solide muraille autour du plateau herbeux qu’ils allaient habiter. Ils envisageaient également de construire un pont de pierres, assez étroit pour limiter le passage d’une importante force ennemie, en prévision du dégel futur. Des équipes extrayaient des blocs de pierre et montaient les murs, tandis que d’autres débitaient le bois en longues planches et allaient se jucher sur les édifices pour fixer la charpente. Certains s’occupaient de la chasse ; ils conservaient le gibier dans la rivière gelée grâce à un trou pratiqué dans la glace. Les Orques étaient toujours attentivement surveillés, et les précautions furent redoublées à cause des loups qui les accompagnaient. Mais ils ne se déplaçaient pas, attendant le printemps en fourbissant leurs armes et en se disputant en permanence à la manière de leur détestable race.
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Ah, ça, c'est du commentaire! Mais tu étais censé le faire acerbe?
Le coup des phrases qui s'enchainent sans logique, c'est pour donner de la dynamique à la "caméra", puisque toi aussi tu vois un film en lisant!
"Malgré le froid glacial qui avait fixé des stalactites aux bords des tentes, la tranquille vallée se mit à résonner des cris et de tintements": c'était pour montrer que malgré le froid, ils sont motivés pour travailler. Ayant déjà dormi sous la tente par -10°C, je t'assure qu'il faut du courage pour bouger le moindre petit doigt... et qu'on peut toujours trouver un peu de terre humide à gratouiller.
On a le même passage préféré... j'ai eu trop de mal à l'écrire, je suis contente que ça passe bien!!
Bon, le chapitre d'après est l'un de mes préférés aussi, surtout la fin. Bonne lecture, au plaisir de me faire critiquer par toi
Chapitre 9: Une aide inattendue
Vers la fin du mois de février, alors que les nuits commençaient à être moins rudes et que la neige fondait aux heures les plus chaudes, le grand Súlion, fils de Thorondor, se rendit à la cité cachée.
L’une des sentinelles qui, situées sur les falaises environnantes, surveillaient les environs, vit à l’est une silhouette sombre fendre l’air en remontant la vallée. Après quelques instants, elle devint plus distincte : c’était un aigle gigantesque, dont le plumage brun prenait des reflets roux dans le soleil.
Le guetteur saisit le cor accroché à sa ceinture, le porta à ses lèvres et lança une sonnerie claire qui résonna dans toute la vallée. L’entendant, Elrond quitta son travail et sortit dans la cour. Pendant ce temps, le majestueux oiseau s’était rapproché ; brassant puissamment l’air froid, il fit une fois le tour de Fondcombe, puis se laissa soudain tomber comme une pierre et atterrit juste devant Elrond dans un grand bruissement d’aile.
-Bienvenue, seigneur du vent, dit le Semi-Elfe en s’inclinant. Que Manwë protège ton aire et fortifie tes ailes pour te mener vers lui.
-C’est à moi de t’accueillir ici, répondit Súlion en le fixant de ses yeux perçants. Mon peuple règne sur ces montagnes depuis des années, et chaque vallon, chaque bois et chaque sommet lui appartiennent.
Il était si imposant que, dressé sur le gravier, il n’avait pas besoin de lever la tête pour regarder son interlocuteur.
-Mais je te cèderai volontiers cette vallée, reprit-il, car je sais que les Elfes ont toujours combattu Sauron, et que par votre présence les Orques se feront rares dans les Monts Brumeux. Nous ne les aimons pas ; nombre d’entre nous ont été capturés jadis par ces viles créatures, et conduits devant Morgoth qui voulait leur arracher les incantations qui le feraient voler. Mais, devant leur refus, et sur les conseils de Sauron, il leur trancha les ailes, tenta vainement de s’en façonner une paire à son usage et prit notre peuple en haine. Désormais, nous traquons férocement les serviteurs de l’Ombre qui osent s’aventurer dans les montagnes, craignant pour nos vies et pour la liberté de nos petits qui ne volent pas encore.
-Nous serons heureux de participer à la protection des tiens, répondit Elrond. Nous nous apprêtons justement à résister à une armée d’Orques qui campe vers l’ouest.
Un éclair flamboyant passa dans le regard de l’oiseau, et un frisson de colère ébouriffa son plumage.
-Quel est leur nombre ? demanda-t-il d’une voix tranchante.
-Environ deux mille. Nous pourrons les combattre, mais sans vivres, nous ne survivrons pas à un siège de la vallée.
Les yeux de Súlion se plissèrent jusqu’à n’être plus que deux fentes brillantes.
-Vous n’aurez pas besoin de vous battre, dit-il. Nous sommes assez nombreux pour les anéantir. Et Sauron comprendra que ces montagnes demeurent encore le royaume invaincu du peuple de l’air !
-Que nos deux races soient unies, pour résister à l’Ennemi avec plus de forces ! dit Elrond. Vous pourrez compter sur nous pour vous apporter tout le soutien dont vous pourrez avoir besoin.
-Qu’il en soit désormais ainsi, et que Manwë en soit le témoin ! répondit Súlion.
En disant cela, il se rapprocha du Semi-Elfe en le fixant de ses yeux étincelants. Leurs fronts se frôlèrent, scellant leur alliance à la manière des Aigles.
A quelques centimètres du bec terrible, les yeux dans les yeux du puissant oiseau, Elrond restait silencieux, fasciné, osant à peine respirer. Il revoyait en Súlion l’image de son père, celui qui avait jadis protégé les rescapés de Gondolin en flammes, et permis aux Elfes d’enterrer dignement Glorfindel aux cheveux d’or.
Puis le grand rapace s’écarta et tourna la tête vers le soleil, qu’il regardait sans sourciller. Il se ramassa sur lui-même, prit son essor et s’éleva dans les airs sous les yeux de tous ceux qui étaient sortis pour recevoir l’étrange visiteur.
Il monta de plus en plus haut avant de se diriger vers l’est, le cœur des montagnes, où l’attendait son peuple rassemblé. Alors qu’il s’éloignait, le vent porta aux oreilles des Elfes l’ancestral chant de ralliement des Aigles, datant du règne de Morgoth quand le monde était plus jeune :
-O vous, les miens, entendez mon appel !
Vous qui volez plus haut que tout autre et nichez à la cime des orgueilleuses montagnes, écoutez-moi !
Notre peuple est en danger ce soir.
L’ennemi s’approche, déjà il est chez nous ;
Leurs jets féroces transperceront nos nichées et ils proclameront les montagnes soumises à leur volonté.
Cela sera-t-il, ô mon peuple ?
Laisserons-nous les Orques prendre possession de nos aires, nous faire périr jusqu’au dernier ?
Demain les sources se teindront d’écarlate,
Le sang coulera dans les vallées ;
Nous vengerons les dépouilles de nos frères.
Entendez ma voix ! Venez combattre !
Il est venu, le temps où notre haine se montrera en plein jour !
Tinakë,
Totis visceribus
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Tinakë a écrit :Ah, ça, c'est du commentaire! Mais tu étais censé le faire acerbe? *hypocrite*
Acerbe, moi? oO
Plus sérieusement, c'est pas vraiment un commentaire que j'ai fait: un commentaire (comme j'ai appris à les faire en français, anglais, allemand, latin) sont plutôt des explications de textes: on doit montrer le style de l'auteur, expliciter le thème et le raisonnement... autant de choses barbantes dont l'écrivain lui-même n'a rien à faire!
Disons alors que ce que j'écris sont plutôt des critiques, et comme je vois souvent le mauvais côté des choses, et bien j'oublie qu'une critique peut-être positive...
Je vais essayer de faire un effort la prochaine fois... je te pondrai un truc du genre: c'est positivement nul!
Mais pas tout de suite, tu vois, car je n'ai pas vraiment le temps là... probablement demain
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On est demain!
J'suis un peu crevé mais j'ai promis de faire positif, alors allons-y
Alors je ne ferai pas de critique (négative ) sur ta manière d'écrire, parce que je n'y vois rien à redire...
En fait, le texte aurait été parfait, si l'histoire de Melkor-Icare ne m'aurait pas refroidi un peu...
-Comment les aigles pour qui voler est naturel connaîtraient-ils des incantations dont ils n'avaient pas besoin?
-Que les orcs puissent tuer les aigles, je suis d'accord... mais qu'ils parviennent à les capturer, je suis sceptique...
-Et puis le coup de Melkor qui s'attache des aigles d'ailes dans le dos, je trouve que ça le rend un peu benêt (non?)
J'aurais bien voulu positiver aujourd'hui, mais là, il y a comme un caillou monstre qui empêche mon esprit cartésien d'avancer (désolé )
Sinon, bien l'idée du poème
Je trouve seulement certains vers un peu long... essaie peut-être de les scinder en deux
Bien amicalement.
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Bravo pour ton dévouement, ô esprit cartésien ! Te fatigue pas trop quand même, y'a malheureusement dans la vie des choses plus importantes que faire des remarques sur des histoires...
Le coup de Melkor qui veut savoir les incantations et s'attacher des ailes dans le dos, je l'ai piqué dans les Contes et Légendes inachevés, ou les Contes du Pays perdu, je ne sais plus.
C'est vrai que c'est difficile d'imaginer des Orques capturer des Aigles, mais certains sont plus malins que d'autres, et Melkor avait peut-être des astuces. Mais bon, dur dur d'imaginer des Orques utiliser des sortilèges ou ce genre de choses.
Un de ces jours, je vais essayer de rééditer mes messages depuis le début en prenant en compte tes différentes remarques. S'il n'y a pas encore de copyright dessus, je vais peut-être m'inspirer de quelques passages que tu as suggéré. Ton style d'écriture est vraiment chouette, et tu as bien réussi à t'adapter au mien!
*va chercher un cure-dents pour retirer les racines de pissenlit*
Tinakë,
Totis visceribus
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Tinakë a écrit :Bravo pour ton dévouement, ô esprit cartésien ! Te fatigue pas trop quand même, y'a malheureusement dans la vie des choses plus importantes que faire des remarques sur des histoires... C'est une proposition de renvoi déguisé
Citation :Le coup de Melkor qui veut savoir les incantations et s'attacher des ailes dans le dos, je l'ai piqué dans les Contes et Légendes inachevés, ou les Contes du Pays perdu, je ne sais plus.
Je n'ai jamais lu les contes perdus... mais ca m'intéresse au plus au point cette info...
En fait les Ainur et dérivés peuvent changer de forme (l'exemple le plus frappant est celui de Luthien en chauve-sourie ds le silm): il suffit donc bien de formules, incantations ou toute autre méthode magique pour pouvoir donc voler... Mais si Melkor en est incapable, c'est parce qu'il est victime d'une sorte de sort de blocage: il ne peut avoir d'autre aspect que celle d'un grand chevalier tout noir (c'est écrit au début du silm je crois)...
Selon moi, une attitude logique pour Melkor aurait été de faire ce qu'il a toujours fait: se venger en corrompant! Il l'a fait pour les elfes (transformés en orcs)... qu'il le fasse aussi pour les aigles (symbole de Manwë son opposé et son plus grand rival) m'aurait paru tout aussi logique et vicieux de la part de Melkor...
Une idée qui me passe par la tête (mais qu'il faudrait vérifier): d'où proviennent les montures des nazguls? Melkor est incapable de créer quoi que ce soit de vivant, il ne peut que corrompre une forme existante de vie...
Citation :S'il n'y a pas encore de copyright dessus, je vais peut-être m'inspirer de quelques passages que tu as suggéré. Ton style d'écriture est vraiment chouette, et tu as bien réussi à t'adapter au mien!
Il n'y aura pas de copyright avant bien longtemps je crois
Mais le seul moment où j'ai pu écrire des passages pour ton histoire est celui où Elrond s'en va prier au temple! Alors, non seulement le texte est boîteux parce que je me suis loupé dans les divinités mais en plus tu as une manière de décrire très légère et aérée (alors que moi je suis pour le moins un peu lourd ds mes descriptions ) Inspire-t'en si tu veux, mais pour le bien de ton texte, franchement 'vaut mieux pas que t'inserres ce passage tel qu'il est
Voilà
Au fait, j'ai essayé de traduire "totis visceribus": alors primo soit c'est du datif (COI), soit de l'ablatif (Complément ciconstanciel)... deuxio "visceribus" signifie entrailles (et pour que ça paraisse plus poétique "coeur" ou "sein") Ca donnerai qqch comme: "de tout mon coeur"... je suis à côté de la plaque ou non?
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27.03.2008, 20:08
(Modification du message : 30.03.2008, 09:08 par Tinakë.)
Bien joué pour la traduction! Bon, datif ou ablatif, je n'en sais rien du tout... C'est vrai qu'on traduit ça "de tout son cœur", mais ça signifie littéralement "de toutes ses entrailles", "de toutes ses tripes", ce qui est beaucoup plus profond à mon sens, mais moins joli!
manthanoménos a écrit :C'est une proposition de renvoi déguisé Nan, c'est juste pour te rappeler que tu es au lycée et qu'il y a qq chose qui s'appelle le bac
*retire son déguisement de maman-poule qui ne lui va pas du tout*
Je vais réfléchir à Melkor corrompant les Aigles au lieu de les torturer. Il faut trouver une bonne raison pour que Sulion déteste les Orques.
Le coup de m'inspirer de tes suggestions, c'est parce que tu proposes de rallonger des passages, en me montrant que ça peut être intéressant. Promis, je ne ferai pas de copier/coller, je vais essayer de tout réécrire comme si tu m'avais juste dit "Et si tu écrivais tel passage à tel endroit?"
Tinakë,
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Bon, voilà un petit chapitre de transition. Le prochain, c'est la fight!!
Je ne sais pas trop donner un titre à ce chapitre, et je ne sais pas trop ce qu'il vaut, mais bon...
Bonne lecture, et bonnes vacances pour ceux qui y sont!
Chapitre 9
Les jours suivants, les Elfes continuèrent leur travail acharné. Le beau temps leur permettait d’œuvrer quasiment sans relâche, nuit et jour. Les Elfes travaillaient par roulement : quand un soldat, épuisé, allait prendre un peu de repos, un autre quittait sa couche pour aller le remplacer.
Les Aigles revinrent souvent à Fondcombe pour transmettre des nouvelles : Súlion avait rassemblé son peuple et ils avaient fondu sur les Orques au milieu de la nuit. Laissant enfin leur haine dévorante se déchaîner, ils n’en laissèrent aucun leur échapper.
Quelquefois, le messager amenait sur son dos l’un des siens qui avait besoin du savoir elfique : dans la rudesse de l’hiver tout juste déclinant, de nombreux petits affaiblis étaient tombés malades, ou des oiseaux malmenés par la furie du vent s’étaient blessés en percutant des rochers. Une étrange amitié s’était donc créée entre ces deux races pourtant si orgueilleuses et si lentes à demander de l’aide.
Súlion revint une ou deux fois en personne ; il informa les Elfes de l’arrivée prochaine d’une armée orque bien plus importante que la précédente, ayant pour ordre de faire disparaître les restes de l’armée elfique. Mais, menés par un aigle messager de Súlion, Gil-Galad et les forces númenoréennes traversaient l’Eregion en grande hâte pour porter secours à la Cité-Refuge. Malgré tout, les Orques avaient une sérieuse avance sur l’armée des Hommes, contrainte à se frayer un passage dans le pays envahi par les forces de l’Ombre.
Les Aiglons se préparèrent donc à accueillir les soldats ennemis : parallèlement à la construction, certains furent affectés à la forge sommaire rapidement mise en place afin d’augmenter le nombre des armes déjà disponibles. Celeborn, qui excellait dans ce domaine, fut chargé d’ordonner leurs tâches, et les Aiglons s’enrichirent de tout son vaste savoir.
Et les murs s’élevaient, des salles apparaissaient, et une muraille les ceignit bientôt de ses puissants contreforts ; les Elfes purent rouler leurs tentes et dormir sous un vrai toit. Et les jours rallongèrent, la rivière fit enfin entendre son doux gazouillis, et l’armée de Gil-Galad se fit ardemment désirer.
Tinakë,
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*manthano danse*
Hurra! la suite
Alors quasiment rien à redire sauf le dernier paragraphe... il a un aspect poétique, mais quand je le lis à voix haute ca fait bizarre... comme un problème de rythme en fait... Si ca peut t'aider, je peux réfléchir à un moyen de la tourner autrement
Comme titre, tu peux peut-être, comme c'est un chapitre de transition précédant le combat, l'appeler "L'attente"...
Mais bon, pour justifier ce titre en fait, il faudrait donner une note d'angoisse pesante ds ton texte, probablement au dernier paragraphe en fait... Si tu dis que les elfes dorment plus confortablement, rajoute qu'ils sont anxieux à l'idée d'un combat qu'il ne gagneront pas si Gil-galad arrive trop tard... Si tu fais gazouiller la rivière, c'est parce qu'il règne un grand silence terrible sur le camp et que du coup c'est la seule chose que les elfes observent et entendent, en pensant à autres choses, l'esprit rempli d'idées mornes et grises où se mêle angoisse, orgueil, courage, anxiété... un beau méli-mélo!
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Citation :*manthano danse*
C'est une danse elfique, j'espère. Il faudra que tu me l'apprennes
C'est vrai, ayant fait 15 ans de danse, je rêve de faire de la danse elfique, mais ne me sens pas le courage d'en créer une.
Merci pour ton commentaire sur le dernier chapitre; je vais en tenir compte, car j'essaie maintenant de revoir l'histoire en mettant plus les sentiments des personnages, comme tu m'as m'avais dit que cela manquait.
J'ai édité le premier chapitre dans cet esprit, mais j'espère ne pas être tombée dans le larmoyant à deux balles. A toi de me dire, je n'ai pas encore le recul suffisant pour pouvoir en juger...
J'ai eu un peu, voire beaucoup de mal à écrire le chapitre du combat. Il n'est pas encore tout à fait fini, mais je le publie dans quelques jours, c'est promis, même s'il reste quelques petites choses à peaufiner!
Bonnes vacances si tu y es comme moi...
Si quelqu'un rôde par ici, qu'il n'hésite pas à mettre son grain de sel dans cette conversation! Un dialogue est très agréable, mais peut se transformer en trialogue (c'est pas très français...) pour qu'on ait plusieurs avis différents.
Tinakë,
Totis visceribus!
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Tinakë a écrit :C'est une danse elfique, j'espère. Il faudra que tu me l'apprennes
C'est vrai, ayant fait 15 ans de danse, je rêve de faire de la danse elfique, mais ne me sens pas le courage d'en créer une. Non, c'était plutôt du genre un tour sur soi-même en claquant des doigts... plutôt minable, non?
Sinon Bonne Vacances à toi aussi et bonne continuation
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22.04.2008, 20:06
(Modification du message : 22.04.2008, 20:25 par Tinakë.)
Bah, aucune danse n'est jamais minable si elle est improvisée... enfin, au moins pour celui qui la fait!
D'ailleurs, est-qu'il existe des personnes ayant inventé des danses de l'univers de Tolkien?
Je vais corriger demain le 2e chapitre. Je pense que le prologue n'a pas besoin de modifications.
Au fait, s'il fallait te donner un nom pour la vraie vie, je t'appellerais bien Alexis... Pitié, ne te moque pas de moi!
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hum Alexis... c'est joli comme prénom.
Ca me fait penser à un saint romain du même nom. Le jour de ces noces, juste après le mariage, il quitte soudainement sa femme. Durant de longues années il ne revient pas et elle le pleure comme une veuve. Puis apparaissent quatres personnages: 3 nobles et un pauvre. Comme la famille de l'épouse est charitable, elle éberge le pauvre et lui se fait sa case dans un petit endroit, sous l'escalier. Et le pauvre durant toute sa vie chez eux leur prodigue aide et conseils, particulièrement la malheureuse épouse. Quant aux trois nobles, ils rivalisent entre eux car ils veulent la courtiser. En effet, cela fait tellement longtemps que son mari est parti que pour tout le monde il ne peut être que mort. Mais par fidélité, l'épouse refuse et attends toujours. Puis voilà qu'un jour le pauvre tombe malade, vieilli et se meurt. Et c'est à l'ultime instant que l'épouse reconnaîtra en lui son mari disparu.
Comme quoi ce nom est porteur d'une étrange destinée, et celle-ci me convient particulièrement bien!
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J'ai vu une belle pièce de théâtre sur ce saint: "Le pauvre sous l'escalier", jouée par mon frère et des amis. Mais comme le texte originel était un peu trop philosophique et mélodramatique, ils ont changé des passages pour détendre un peu l'atmosphère.
C'était quand même superbe à verser une petite larmichette à la fin...
Bon! Allez, je me colle à l'édition du 2e chapitre, avec la description du temple.
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On a vu la même pièce jouée par des canadiens pour moi... t'es pas canadienne?!
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