26.07.2018, 16:54
Si le Seigneur des Anneaux avait été écrit de nos jours, il est fort à parier que Sauron aurait, vers la fin du roman, récupéré l'Anneau. En effet, c'est devenu une sorte de trope de la fantasy actuelle que d'avoir cette sorte d'objectif qu'il faut à tout prix soustraire au Grand Méchant Pas Beau pour prévenir son retour, sa victoire totale, ou la destruction ultime des quatre univers (dans le Seigneur des Anneaux, c'est bien sûr l'Anneau) ; et que cet objectif échoue ensuite, permettant une pleine montée en puissance de l'antagoniste, qui va ensuite pouvoir être défait dans les règles de l'art lors d'un dernier combat épique.
Vous aurez sans doute quelques exemples en tête ; les plus récents, pour ma part, concernent la série Troll Hunters de Guillermo del Toro, ou cette histoire saugrenue de Mother Boxes dans le dernier Justice League, mais les cas de figure, qu'ils soient tirés de romans, de jeux vidéo, de films, de séries, sont bien évidemment pléthoriques. Cet artifice d'intrigue permet, d'un côté, d'entretenir une certaine ficelle de quête, avec quelque chose qui doit être dérobé jusqu'au dernier moment, avec un méchant présenté comme invincible et invulnérable et doit donc être détruit par des voies plus secrètes, voire confiné à une sphère d'existence parallèle dans laquelle il s'est trouvé emprisonné il y a sept ou huit millénaires, et en même d'assurer un triomphe incontestable au héros, qui parvient à défaire son ultime adversaire alors même que celui-ci touche a faîte suprême de sa puissance.
Si donc le Seigneur des Anneaux était remanié pour satisfaire aux canons narratifs du jour et au format scénaristique établi dans les cercles de productions hollywoodiens, il est fort à parier, comme je l'indiquais en guise d'accroche, que la Quête de l'Anneau aurait échoué, et pas dans le sens où Frodo a échoué bien sûr.
La question est, amusons-nous un peu, de se demander comment cela aurait pu se passer. Si Gollum n'avait pas été là, est-ce que Frodo se serait amusé à jouer à cache-cache avec l'Anneau et avec Sam jusqu'à se faire attraper par Sauron tout droit sorti de Barad-dûr ? Est-ce qu'un Nazgûl l'aurait attendu bien caché dans les Sammath Naur, comme d'ailleurs un brouillon de Tolkien en laisse entrevoir la possibilité ? Est-ce que Frodo, averti de la marche d'Aragorn vers la Porte Noire par une sauterelle magique, aurait été tenté d'utiliser le Pouvoir de l'Anneau pour sauver ses amis, se faisant découvrir dans la foulée ?
Et ensuite ? Si Sauron avait réussi à prendre l'Anneau, qui l'aurait vaincu, dans ce scénario remanié par la production ? Gandalf ? Aragorn ? Eowyn ? Une armée de Nains et d'Aigles venus du Nord, menée par Tom Bombadil ?
En tout cas il est tout spécialement amusant de considérer que, rétrospectivement, le Seigneur des Anneaux se distingue de ses semblables par une profonde originalité, en ce qu'il se focalise sur la Quête de l'Anneau et n'en dévie jamais : il n'y a pas de "retournement final" pour permettre une dernière bataille éclatante. Il n'y a qu'une logique et celle-ci est menée jusqu'au bout avec une détermination infrangible. Le récit ne laisse pas entrevoir d'autre possibilité de victoire que de détruire l'Anneau, ce qui confère à la Quête une tension dramatique évidemment beaucoup plus saisissante que si l'on savait que de toute façon, même si la Quête échoue, une petite pirouette héroïque permettra au final de triompher le mal (et de rendre à peu près nul au passage tous les efforts déployés jusque là pour en éviter la montée en puissance).
Vous aurez sans doute quelques exemples en tête ; les plus récents, pour ma part, concernent la série Troll Hunters de Guillermo del Toro, ou cette histoire saugrenue de Mother Boxes dans le dernier Justice League, mais les cas de figure, qu'ils soient tirés de romans, de jeux vidéo, de films, de séries, sont bien évidemment pléthoriques. Cet artifice d'intrigue permet, d'un côté, d'entretenir une certaine ficelle de quête, avec quelque chose qui doit être dérobé jusqu'au dernier moment, avec un méchant présenté comme invincible et invulnérable et doit donc être détruit par des voies plus secrètes, voire confiné à une sphère d'existence parallèle dans laquelle il s'est trouvé emprisonné il y a sept ou huit millénaires, et en même d'assurer un triomphe incontestable au héros, qui parvient à défaire son ultime adversaire alors même que celui-ci touche a faîte suprême de sa puissance.
Si donc le Seigneur des Anneaux était remanié pour satisfaire aux canons narratifs du jour et au format scénaristique établi dans les cercles de productions hollywoodiens, il est fort à parier, comme je l'indiquais en guise d'accroche, que la Quête de l'Anneau aurait échoué, et pas dans le sens où Frodo a échoué bien sûr.
La question est, amusons-nous un peu, de se demander comment cela aurait pu se passer. Si Gollum n'avait pas été là, est-ce que Frodo se serait amusé à jouer à cache-cache avec l'Anneau et avec Sam jusqu'à se faire attraper par Sauron tout droit sorti de Barad-dûr ? Est-ce qu'un Nazgûl l'aurait attendu bien caché dans les Sammath Naur, comme d'ailleurs un brouillon de Tolkien en laisse entrevoir la possibilité ? Est-ce que Frodo, averti de la marche d'Aragorn vers la Porte Noire par une sauterelle magique, aurait été tenté d'utiliser le Pouvoir de l'Anneau pour sauver ses amis, se faisant découvrir dans la foulée ?
Et ensuite ? Si Sauron avait réussi à prendre l'Anneau, qui l'aurait vaincu, dans ce scénario remanié par la production ? Gandalf ? Aragorn ? Eowyn ? Une armée de Nains et d'Aigles venus du Nord, menée par Tom Bombadil ?
En tout cas il est tout spécialement amusant de considérer que, rétrospectivement, le Seigneur des Anneaux se distingue de ses semblables par une profonde originalité, en ce qu'il se focalise sur la Quête de l'Anneau et n'en dévie jamais : il n'y a pas de "retournement final" pour permettre une dernière bataille éclatante. Il n'y a qu'une logique et celle-ci est menée jusqu'au bout avec une détermination infrangible. Le récit ne laisse pas entrevoir d'autre possibilité de victoire que de détruire l'Anneau, ce qui confère à la Quête une tension dramatique évidemment beaucoup plus saisissante que si l'on savait que de toute façon, même si la Quête échoue, une petite pirouette héroïque permettra au final de triompher le mal (et de rendre à peu près nul au passage tous les efforts déployés jusque là pour en éviter la montée en puissance).