Je propose à votre lecture ce court texte écrit il y déjà longtemps et qui dormait dans mon disque dur. Peut-être un réveil en public serait-il agréable?
Il quitta le beau cimetière aux multiples ondulations vertes, semblables à de petits habitats, à pas lent et pris le chemin du retour. Il n'y avait pas long à marcher, quelques furlongs à peine, mais il se sentait tellement las, le poids des ans lui pesait si lourdement, qu'il dû s'asseoir un moment sur une grosse pierre plate. A travers ses larmes, une campagne bien ordonnée et verdoyante déroulait ses formes douces aux couleurs des champs maraîchers ou des pâtures. Son regard glissa sur la gauche, vers chez lui, et se posa sur un arbre aux hautes formes, au tronc gris et aux petites feuilles d'un vert profond où brillait quelque argent. Il était si grand qu'il dominait aisément le paysage bien que plusieurs buttes fussent encore à franchir avant de voir ses longues racines. Nombreux étaient ceux qui, venant de l'Est, distinguait sa forme à près d'une lieue de distance. Sa résolution se raffermit à cette vue et il se redressa pour prendre le chemin en pente légère et tracé en une succession de courbes autour de la colline.
Il poussa la porte et une sensation de froid le saisit. C'était pourtant l'été.
Les semaines suivantes furent parmi les plus mornes qu'il connut bien que le travail ne manquât pas.
Il y avait de nombreuses lettres à écrire, beaucoup de dispositions à prendre, quelque matériel à rassembler et à plus de 100 ans, toutes ces choses prennent du temps. Et il se sentait seul.
La première quinzaine de septembre fut consacrée à de nombreuses visites où l'on parla beaucoup d'amis à voir au Nord. Bien des adieux furent faits car nul de ses proches n'ignorait qu'il ne reviendrait pas, sans pourtant tous savoir où ses pieds le mèneraient, car il avait gardé certaine réputation de bizarrerie et son récent veuvage en inquiétait certains. Ces quelques marches à travers le pays lui firent grand bien et si le pas de sa jeunesse était effectivement un souvenir, il constata qu'il savait encore cheminer longuement à défaut de prestement. Cela avait peu d'importance après tout car, il le sentait, si il était attendu, il ne serait pas en retard.
Le 22, il se leva tard, déjeuna et se recoucha pour se relever à midi et faire un repas plus substantiel. Il avait l'intention de partir au coucher du soleil et un peu de repos supplémentaire était bon à prendre. En fin d'après-midi, il repassa à table. Repoussant son assiette, il sut que bientôt tout serait accompli.
Ses mains calleuses se saisirent d'une large besace en vieux cuir où il fourra quelques indispensables ustensiles et un gros livre à belle reliure. Il passa un tricot de vieille laine et s'enveloppa dans une cape grise et légère comme le plus doux des crépuscules. Sans un regard en arrière, il ferma la porte, glissa la clé dans la boîte aux lettres et se dirigea vers l'écurie. Un fort poney tourna la tête à son arrivée et souffla un peu, en guise de salut. C'était un animal de bonne race dont tous les ascendants avaient vécu en ce lieu depuis près de 70 ans. Il le sella et le harnacha. Les fontes rebondies étaient prêtes contre les bas-flanc de la stalle et le vieux les posa sur la croupe du poney avant de le mener dehors à la bride.
Il était face à l'arbre dont les feuilles avaient pris, en ce début d'automne, une teinte dorée qui irradiait une merveilleuse lumière dans la caresse des derniers rayons du soleil. Au cours de la saison, cette teinte virerait au rouge et, sans qu'aucune feuille ne soit tombée, le vert et l'argent serait à nouveau leur parure au prochain printemps.
Namarië Sam Gamegie!
Il quitta le beau cimetière aux multiples ondulations vertes, semblables à de petits habitats, à pas lent et pris le chemin du retour. Il n'y avait pas long à marcher, quelques furlongs à peine, mais il se sentait tellement las, le poids des ans lui pesait si lourdement, qu'il dû s'asseoir un moment sur une grosse pierre plate. A travers ses larmes, une campagne bien ordonnée et verdoyante déroulait ses formes douces aux couleurs des champs maraîchers ou des pâtures. Son regard glissa sur la gauche, vers chez lui, et se posa sur un arbre aux hautes formes, au tronc gris et aux petites feuilles d'un vert profond où brillait quelque argent. Il était si grand qu'il dominait aisément le paysage bien que plusieurs buttes fussent encore à franchir avant de voir ses longues racines. Nombreux étaient ceux qui, venant de l'Est, distinguait sa forme à près d'une lieue de distance. Sa résolution se raffermit à cette vue et il se redressa pour prendre le chemin en pente légère et tracé en une succession de courbes autour de la colline.
Il poussa la porte et une sensation de froid le saisit. C'était pourtant l'été.
Les semaines suivantes furent parmi les plus mornes qu'il connut bien que le travail ne manquât pas.
Il y avait de nombreuses lettres à écrire, beaucoup de dispositions à prendre, quelque matériel à rassembler et à plus de 100 ans, toutes ces choses prennent du temps. Et il se sentait seul.
La première quinzaine de septembre fut consacrée à de nombreuses visites où l'on parla beaucoup d'amis à voir au Nord. Bien des adieux furent faits car nul de ses proches n'ignorait qu'il ne reviendrait pas, sans pourtant tous savoir où ses pieds le mèneraient, car il avait gardé certaine réputation de bizarrerie et son récent veuvage en inquiétait certains. Ces quelques marches à travers le pays lui firent grand bien et si le pas de sa jeunesse était effectivement un souvenir, il constata qu'il savait encore cheminer longuement à défaut de prestement. Cela avait peu d'importance après tout car, il le sentait, si il était attendu, il ne serait pas en retard.
Le 22, il se leva tard, déjeuna et se recoucha pour se relever à midi et faire un repas plus substantiel. Il avait l'intention de partir au coucher du soleil et un peu de repos supplémentaire était bon à prendre. En fin d'après-midi, il repassa à table. Repoussant son assiette, il sut que bientôt tout serait accompli.
Ses mains calleuses se saisirent d'une large besace en vieux cuir où il fourra quelques indispensables ustensiles et un gros livre à belle reliure. Il passa un tricot de vieille laine et s'enveloppa dans une cape grise et légère comme le plus doux des crépuscules. Sans un regard en arrière, il ferma la porte, glissa la clé dans la boîte aux lettres et se dirigea vers l'écurie. Un fort poney tourna la tête à son arrivée et souffla un peu, en guise de salut. C'était un animal de bonne race dont tous les ascendants avaient vécu en ce lieu depuis près de 70 ans. Il le sella et le harnacha. Les fontes rebondies étaient prêtes contre les bas-flanc de la stalle et le vieux les posa sur la croupe du poney avant de le mener dehors à la bride.
Il était face à l'arbre dont les feuilles avaient pris, en ce début d'automne, une teinte dorée qui irradiait une merveilleuse lumière dans la caresse des derniers rayons du soleil. Au cours de la saison, cette teinte virerait au rouge et, sans qu'aucune feuille ne soit tombée, le vert et l'argent serait à nouveau leur parure au prochain printemps.
Namarië Sam Gamegie!
Dorées les feuilles tombent, mais le rêve se poursuit
Là où l'espoir demeure, les eaux chantent sous la nuit
Là où l'espoir demeure, les eaux chantent sous la nuit