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Edda poétique - quelle édition?
#1
Bonjour,

Je pense que je suis au bon endroit (info diverse) pour poster ce message, vu que ce n'est pas une oeuvre de Tolkien.
J'aimerais lire l'Edda poétique en français et en anglais (je ne parle pas le vieux norrois)
Est ce que quelqu'un peut me recommander une bonne édition complète de qualité en Français et en Anglais svp?

Merci beaucoup

Sauron.
a.k.a Mairon
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#2
En français, il existe une excellente édition avec énormément d'explications par Régis Boyer, l'un des meilleurs spécialistes du sujet : L'Edda poétique. C'est celle que j'ai et je la recommande volontiers. Pour moi, vu la qualité reconnue de cette édition, acheter en plus une traduction anglaise présente un intérêt assez mince — cela dit, j'envisage sérieusement l'achat d'une édition du texte norrois quand je maîtriserai un peu cette langue.

À noter que L'Edda : Récits de mythologie nordique est une traduction (partielle, hélas) de l'Edda en prose — laquelle est complémentaire de l'Edda poétique. Cette traduction couvre essentiellement la « Gylfaginning », partie la plus mythologique et accessible de l'Edda de Snorri, avec quelques compléments tirés des « Skaldskaparmal ».
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#3
Merci pour tes reponses précises.
J'avais vu le premier ouvrage, mais je ne savais pas s'il etait de qualité.
Je decouvre le second, merci beaucoup
a.k.a Mairon
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#4
Incidemment, si tu ne l'as pas et que tu t'intéresses aux textes mythologiques scandinaves, il faut absolument te procurer le volume des Sagas légendaires islandaises publié par Boyer l'an dernier : on y trouve la saga de Sigurdr, celle de Hrólfr kraki (un changeur de peau qui se transforme en ours...) et bien d'autres, toutes plus passionnantes les unes que les autres. Et de nouveau, ces textes sont accompagnés d'excellentes explications par Régis Boyer.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
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La Chanson de Roland
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#5
Super merci !
Je note tout ca Smile
a.k.a Mairon
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#6
Quel serait l'ordre de lecture de ces trois ouvrages selon toi?
Merci
a.k.a Mairon
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#7
Si tu achètes les trois (voire les quatre) :

1) Les Sagas légendaires islandaises, qui sont des récits à part entière — ou le volume des Saga islandaises de la Pléiade, toujours édité par Boyer, dont je ne t'ai pas parlé : ces dernières sont des sagas non légendaires, qui se veulent « historiques » : on y trouve notamment les deux sagas qui relatent la découverte du Vinland, l'Amérique. Toutefois, beaucoup d'entre elles comportent une bonne part de surnaturel (guerriers-fauves sur lesquels les épées ne mordent pas, morts-vivants agressifs, trolls, et j'en passe).

2) L'Edda en prose, car Snorri présente ses récits d'une manière cohérente

3) L'Edda poétique, qui ne comprend que des poèmes épiques épars. À noter que Boyer cite à plusieurs reprises l'Edda en prose dans ce volume pour mieux expliquer les textes.

Si tu dois choisir entre les deux Eddas, je recommande quand même l'Edda poétique.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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La Chanson de Roland
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#8
Merci Elendil d'avoir répondu de manière si précise et argumentée
a.k.a Mairon
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#9
J'ai suivi tes conseils: je me suis offert les Sagas légendaires islandaises !
Ca me permettra de bien m'imprégner de l'univers avant d'attaquer l'Edda poétique.
a.k.a Mairon
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#10
Salut à vous deux, je vais me joindre à cette discussion enrichissante en y ajoutant ma propre expérience !

Personnellement, ma lecture a commencé il y a quelques années avec l'Edda : Récits de mythologie nordique sous l'édition qu'Elendil a cité.
C'est simple à lire et très instructif. J'avais toutefois quelques connaissances préalables "de base", comme la connaissance du panthéon nordique et l'Arbre Monde Yggdrasil.

Je n'ai pas encore mis la main sur les ouvrages de Régis Boyer, mais je sens que je vais corriger cela, merci Elendil Wink
If more of us valued food and cheer and song above hoarded gold, it would be a merrier world.
J.R.R. Tolkien
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#11
À ce propos, je trouve Boyer intéressant pour la présentation des faits et en particulier des styles d'écritures (prose, différents types de vers), mais pour ses analyses détaillées de la mythologie, je suis un peu resté sur ma faim. J'ai lu son Monde du double : La magie chez les anciens Scandinaves et je n'ai pas été entièrement convaincu. Autant pour ce qui est de lister les différentes attestations dans les textes, il est absolument excellent, autant ses interprétations théoriques me paraissent moins convaincantes.

Je n'ai malheureusement pas lu les Dieux des Germains de Georges Dumézil, car il est particulièrement difficile à trouver. Néanmoins, les études que j'ai lues de lui sur la mythologie nordique sont de très haute volée. Je recommande particulièrement son essai Loki, qu'on trouve dans l'excellent compendium Mythes et dieux des Indo-Européens. Ce livre comprend aussi Heur et malheur du guerrier, où l'on trouve une analyse passionnante du héros Starkadr, ainsi que des dieux Tyr, Thor et Odin. Par ailleurs, Dumézil consacre plusieurs de ses Esquisses de mythologie à différents problèmes de la mythologie scandinave — livre lui aussi hautement recommandable.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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La Chanson de Roland
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#12
Incidemment(©Elendil), pour compléter les références, on pourra avoir avantage à consulter également un certain fuseau consacré à la mythologie nordique sur le forum de JRRVF : http://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic.php?id=4042

Amicalement, Wink

Hyarion... toujours écrivant...
All night long they spake and all night said these words only : "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish." "Dirty Chu-bu," "Dirty Sheemish," all night long.
(Lord Dunsany, Chu-Bu and Sheemish)
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#13
Effectivement, Hyarion Wink
Tu m'as coupé l'herbe sous les pieds, car j'allais encourager Elendil à consulter deux autres ouvrages de Dumézil (dont les références se trouvent dans ton lien) :
Du mythe au roman et Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne (articles rassemblés par François-Xavier Dillmann)

Du mythe au roman est une pure merveille à mes yeux Smile
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#14
Les deux sont sur ma liste de lecture et d'achat. Smile Avec une solide centaine de textes mythologiques et épiques divers...
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La Chanson de Roland
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#15
Y a-t-il des version bilingues Fr Islandais de l'Edda Poétique?
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#16
Si j'en connaissais une, je l'aurais citée. Je crains qu'il ne faille acheter séparément l'édition norroise et la traduction. À voir éventuellement dans les publications anglophones.
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#17
Excellente question Algestrond ! J'adorerais posséder une édition comme celle-là !
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J.R.R. Tolkien
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#18
Et pour compléter les messages précédents, je viens d'acheter Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne, toujours de Georges Dumézil (éd. Gallimard, 2000). Contient une vingtaine d'articles sur divers aspects de l'ancienne religion scandinave, qui furent pour beaucoup publiés dans des revues désormais difficiles à trouver. Par exemple : des études sur plusieurs dieux mineurs (Byggvir, Beyla, Vidar...), diverses études comparatistes (structure sociale présentée dans la Rígsthula, bestiaire cosmique de l'Edda...), une étude sur Attila...

J'en avais déjà lu une moitié, également réimprimées dans les différents volumes des Esquisses de mythologie et dans les appendices de Du mythe au roman. La Saga de Hadingus. Vu à quel point j'ai apprécié ceux que je connais déjà, j'ai hâte de lire les autres. Smile
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#19
Il me faut absolument cet ouvrage, merci Elendil Very Happy
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J.R.R. Tolkien
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#20
Après de longs mois de recherche, j'ai enfin mis la main sur le volume (épuisé, évidemment...) des Sagas miniatures édité par Régis Boyer et publié aux Belles Lettres en 1999. Par « sagas miniatures », Boyer désigne les þættir « dits », des récits courts en prose. Certains d'entre eux sont célèbres, comme « Le Dit de Gestr-aux-Nornes », qui relate une version indépendante de l'histoire de Sigurðr. Bref, j'ai hâte de lire cela dès que j'aurai le temps !

Par la même occasion, j'ai récupéré un essai de Boyer intitulé la Grande Déesse du Nord (Berg International, 1995). J'ai déjà émis quelques réserves sur les essais théoriques de Boyer, qui ne m'ont pas convaincus jusqu'ici, mais je trouve toujours intéressant de confronter différents points de vue sur les mythologies. Bref, je vous en dirai plus quand je l'aurai lu, mais ce livre n'est pas prioritaire pour moi. J'ai déjà à terminer l'ouvrage de Bernard Sergent, Celtes et Grecs I : Le livre des héros, qui effectue de passionnantes comparaisons entre Celtchar (Irlande), Céphale (Grèce) et Tvaṣṭṛ (Inde), entre Brian, fils de Tuireann (Irlande), Héraklès (Grèce) et Vərəθraγna (Iran), enfin entre Cúchulainn (Irlande) et Achille (Grèce).

Incidemment, une bonne partie du concept de « grande déesse » m'apparaît douteux depuis longtemps déjà, car les auteurs qui s'efforcent d'identifier de telles « grandes déesses » sont forcés de fusionner différentes figures mythologiques féminines en une seule. C'est parfois (rarement) approprié, par exemple dans le cas des déesses scandinaves Frigg et Freyja, qui dérivent toutes deux du nom proto-germanique *Frijjō. Mais c'est souvent complètement absurde, comme si l'on essayait de fusionner les principaux dieux masculins d'un panthéon afin d'obtenir la figure d'un « grand dieu » qui serait parfaitement artificiel. Imaginerait-on de mélanger les caractères d'Óðinn, Þórr et Freyr pour former un « grand dieu » scandinave ?

PS : Peu de temps auparavant, j'avais fait l'acquisition d'un autre livre traduit par Régis Boyer, le Livre de la colonisation de l'Islande, recensement de tous les personnes qui vinrent s'établir en Islande jusqu'à la complète colonisation de l'île : thématique particulièrement originale à l'époque, comme on peut l'imaginer. Le texte est assorti d'un long commentaire de Boyer. C'est un autre livre que j'ai impatience de lire.
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La Chanson de Roland
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#21
(10.05.2014, 19:46)Elendil a écrit : Après de longs mois de recherche, j'ai enfin mis la main sur le volume (épuisé, évidemment...) des Sagas miniatures édité par Régis Boyer et publié aux Belles Lettres en 1999. Par « sagas miniatures », Boyer désigne les þættir « dits », des récits courts en prose. Certains d'entre eux sont célèbres, comme « Le Dit de Gestr-aux-Nornes », qui relate une version indépendante de l'histoire de Sigurðr. Bref, j'ai hâte de lire cela dès que j'aurai le temps !

Au passage, je confirme que ce recueil de þættir est absolument génial : pour ceux qui auraient la chance de le trouver, sautez dessus, vous ne le regretterez pas ! C'est peut-être la toute meilleure introduction possible à la littérature islandaise médiévale.

(10.05.2014, 19:46)Elendil a écrit : Par la même occasion, j'ai récupéré un essai de Boyer intitulé la Grande Déesse du Nord (Berg International, 1995).

Je suis en train de lire le livre sus-cité (j'en suis au deux-tiers). Les réserves que j'émettais me semblent parfaitement justifiées : Boyer montre dans son introduction qu'il a une conception parfaitement romantique de la religion scandinave, citant même à l'appui de ses conceptions un écrivain scandinave contemporain : un peu comme si je citais Bernanos pour prouver que les Celtes étaient monothéistes...

Le postulat de Boyer, qu'il ne démontre évidemment pas, c'est que toutes les déesses scandinaves sans exception sont des images d'une unique « Grande Déesse », à la fois Terre-Mère, Vierge, Amante, Guerrière et déesse de la Mort. Pour autant, il n'affirme pas que l'ensemble des dieux scandinaves (qui partagent aussi beaucoup de points communs) sont des images du même grand dieu, qui serait lui aussi roi, guerrier, fécondateur, etc. Curieux, non ? Qui plus est, contrairement à un Dumézil qui cite les textes (tous les textes), puis déroule sa démonstration, Boyer ne cite que ce qui l'intéresse, passant sous silence ce qui le gêne. Par exemple, la triade Odin-Thor-Freyr du temple d'Uppsala n'est citée que pour « prouver » que Freyr est un dieu local à la Suède et les triades poétiques équivalentes sont pour l'instant entièrement omises.

De plus, Boyer n'hésite pas à signaler que deux interprétations d'un fait sont possibles, puis à utiliser l'une et l'autre alternativement quand ça l'arrange. Mention spéciale pour le Soleil, féminin chez les Scandinaves : malgré l'absence quasi totale de mythes sur le Soleil, Boyer en fait un représentant primordial de sa « Grande Déesse », sauf... à une occasion où il présente — sans explication — le soleil comme masculin et fécondant la Terre-Mère. Inutile de dire qu'il est bien forcé de dire que la vision qu'on a de la religion scandinave est très confuse... pas étonnant, avec une méthode pareille.

Bref, un livre érudit, qui m'a fait découvrir quelques mythes que je ne connaissais pas encore, mais assurément pas du tout le livre qu'il faut lire pour mieux comprendre la religion scandinave.

(10.05.2014, 19:46)Elendil a écrit : J'ai déjà à terminer l'ouvrage de Bernard Sergent, Celtes et Grecs I : Le livre des héros, qui effectue de passionnantes comparaisons entre Celtchar (Irlande), Céphale (Grèce) et Tvaṣṭṛ (Inde), entre Brian, fils de Tuireann (Irlande), Héraklès (Grèce) et Vərəθraγna (Iran), enfin entre Cúchulainn (Irlande) et Achille (Grèce).

Accessoirement, Celtes et Grecs II : Le livre des dieux, de Bernard Sergent, est tout aussi passionnant que le premier volume, mais la partie sur Apollon et Lug, qui occupe plus de la moitié du livre, est absolument interminable. J'admets que la comparaison paraît hautement justifiée, mais j'ai eu le plus grand mal à terminer cette section. Les autres comparaison (Hermès-Oengus, Poséidon-Mananann, Athéna-Bodb, Héphaïstos-Goibniu, les Telkhines-les Fomoires) sont de taille raisonnables et absolument passionnantes. On redécouvre complètement le lien qui unit Hermès et Apollon, en particulier.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
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La Chanson de Roland
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#22
Un petit hors-sujet : j'ai vraiment eu du mal avec l'Edda, dont la lecture finit presque par en devenir douloureuse. Ça m'est apparu mal dégrossi, aux antipodes de la finesse du Kalevala.
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#23
J'ai enfin mis la main sur une édition peu chère et complète de l'Edda en prose en anglais (puisqu'aucune édition de ce type n'existe en français) : Snorri Sturluson, Edda, éd. et trad. d'Anthony Faulkes, Everyman, 1995 [1987].

Cette édition comprend donc les quatre sections de l'Edda en prose : Prologue, Gylfaginning, Skáldskaparmál, Háttatal. J'ai hâte de m'y mettre (mais le recueil d'essais de Vincent et L'Effigie des Elfes lui font une rude concurrence).
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#24
Bonjour,
je suis en train de lire la traduction des sagas légendaires islandaises par Régis Boyer, et il y a un détail que je ne comprends pas vraiment dans l'introduction (pp. 8-9).
Régis Boyer y présente les caractéristiques principales des sagas, avant même d'en avoir présenté les différents types ; je suppose donc qu'il parle des caractéristiques propres à toutes les sagas.
Or, il dit qu'elles présentent une vision du monde réaliste et "très, très rarement épique"... Le registre épique n'est-il pas justement le principe des sagas légendaires ? (Du moins dans la Völsunga, que je suis en train de lire). Ma question est la suivante : quand il donne cette caractéristique, parle-t-il des sagas en général ou les légendaires sont exclues ?

De plus, aux mêmes pages, il dit : "ce qui définit la saga, c'est avant tout son style rapide, sobre, économe de ses moyens, comme pressé de courir à son terme" (ce que j'ai bien remarqué dans la Völsunga, en particulier dans la description des batailles). Et quelques paragraphes plus loin, lorsqu'il veut montrer que saga et épopée sont deux styles de récits différents : "l'épopée obéit aux deux règles de la simplification et du grossissement, ce qui est très peu souvent le cas de la saga, laquelle, au contraire, est souvent appliquée à suivre le menu détail de nos errements et refuse l'outrance."
A moins que j'aie mal compris sa pensée, n'est-ce pas un peu contradictoire de commencer par dire que la saga ne va pas dans le détail pour finir par expliquer que la saga va dans le détail contrairement à l'épopée ?
Je suppose que c'est encore une question de séparation entre sagas légendaires et autres sagas, mais il ne semble pas faire ici cette distinction !
"Faithless is he that says farewell when the road darkens"
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#25
Bonjour,
Je n'ai pas mon édition des Sagas Légendaires sous la main, mais je vais tâcher de te répondre tout de même.

La saga islandaise a cette particularité d'être sobre en tous points. Le style est très simple : les éditions bilingues de sagas (Halleux Pierre, Aspects littéraires de la saga de Hrafnkel, Les Belles Lettres, 1963, 182 pp. ou Magnusdottir Asdis, Quatre sagas légendaires d’Islande Édition bilingue français-islandais, Ellug, collection Moyen-Âge Européen, 2002, 231pp. voire Gravier Maurice, La saga d'Eric le Rouge et le Récit des Groënlandais, Aubier-Montaigne, Bibliothèque de Philologie Germanique, tome XVII, 1955, 228 pp.), montrent clairement au lecteur que la langue vieux-norroise est facile d'accès avec les sagas, tant la syntaxe n'est pas si élaborée qu'elle pourrait en avoir l'air. A contrario, si l'on souhaite rechercher de la littérature de style, il serait préférable de lire les Edda, textes assez difficiles d'accès, surtout la Poétique , qui a le mérite d'être régie par les lois de la poésie scaldique que je ne vais pas développer ici, de peur d'en faire fuir certains, ce qui n'est pas mon but. Parmi les nombreuses sagas que j'ai pu lire (qu'importe le genre auxquelles elles appartiennent), il est intéressant de noter que la dose d'épique n'est pas si présente qu'elle n'en a l'air, rares sont les cas contraires !

Quant à la notion de détail dans les sagas, tout dépend ce que nous lisons comme saga : les sagas de famille mises assez sur le détail (cf. Eyrbyggja Saga qui est à mon sens l'exemple le plus frappant). Après, je ne pense pas que les sagas soient écrites pour mettre en avant le style du détail, de la description. Les Islandais, voire les Scandinaves de manière générale ont cette étrange coutume à ne pas tout développer, à aller à l'essentiel. En revanche, là où tu sembles te tromper, c'est que contrairement à l'épopée, la saga cherche avant tout à percer le mental des personnages, mettant souvent devant eux leur vie régie par leur destin. C'est cette forme du détail qui est mise en avant dans les sagas, alors qu'en règle générale, elles ne recherchent pas le développement.
ᛘᛅᛚᚱᚢᚾᛅᚱ ᛋᚴᛅᛚᛏᚢ ᚴᚢᚾᛅ᛬
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#26
(29.12.2014, 13:19)Bwulf a écrit : Régis Boyer y présente les caractéristiques principales des sagas, avant même d'en avoir présenté les différents types ; je suppose donc qu'il parle des caractéristiques propres à toutes les sagas.
Or, il dit qu'elles présentent une vision du monde réaliste et "très, très rarement épique"... Le registre épique n'est-il pas justement le principe des sagas légendaires ? (Du moins dans la Völsunga, que je suis en train de lire). Ma question est la suivante : quand il donne cette caractéristique, parle-t-il des sagas en général ou les légendaires sont exclues ?

Je pense qu'ici, Boyer parle de toutes les sagas, par opposition aux autres genres de littérature médiévale islandaise (ex : poèmes scaldiques) et à la chanson de geste. De fait, je ne trouve pas que le registre épique tienne une part si importante que ça dans la Völsungasaga (pourtant une des plus mythologiques) quand on la compare, par exemple, à la Chanson de Roland.

(29.12.2014, 13:19)Bwulf a écrit : De plus, aux mêmes pages, il dit : "ce qui définit la saga, c'est avant tout son style rapide, sobre, économe de ses moyens, comme pressé de courir à son terme" (ce que j'ai bien remarqué dans la Völsunga, en particulier dans la description des batailles). Et quelques paragraphes plus loin, lorsqu'il veut montrer que saga et épopée sont deux styles de récits différents : "l'épopée obéit aux deux règles de la simplification et du grossissement, ce qui est très peu souvent le cas de la saga, laquelle, au contraire, est souvent appliquée à suivre le menu détail de nos errements et refuse l'outrance."
A moins que j'aie mal compris sa pensée, n'est-ce pas un peu contradictoire de commencer par dire que la saga ne va pas dans le détail pour finir par expliquer que la saga va dans le détail contrairement à l'épopée ?

Ce n'est pas tout à fait ça : Boyer signale que la saga reste sobre en ce qu'elle n'use qu'exceptionnellement d'artifices rhétoriques, d'adjectifs qualifiant les actes qui se déroulent, d'interventions du narrateur... En revanche, elle met l'accent sur un certains nombre de détails du quotidien qu'on ne trouve pas toujours dans d'autres littératures médiévales (ex : romans arthuriens, où on peut bel et bien observer la simplification et le grossissement dont parle Boyer).

En revanche, je ne suis pas toujours d'accord avec Boyer quand il s'efforce de démontrer l'originalité absolue des sagas dans la littérature médiévale, notamment du fait que certaines chansons de geste participent du même souci d'historicité qui conduit leurs auteurs à faire mention des détails de la vie quotidienne (ex : Garin le Lorrain).
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#27
Merci pour vos réponses, c'est vrai que ça parait plus clair comme ça ; en somme, la sobriété n'est pas dans le fond mais dans la forme. Et quand je parlais d'épique dans la Völsunga, effectivement ce n'est pas du pur registre épique, surtout comparé à d'autres œuvres ! Je comprends mieux lorsqu'il dit que ça l'est très rarement, car j'avais au départ l'impression qu'il montrait les sagas comme étant réalistes et n'ayant même pas un petit côté épique, alors que je lisais une histoire où un héros combattait un Dragon et où les personnages principaux rivalisaient en bravoure, honneur et gloire ("surpassant la plupart des autres hommes en tous accomplissements", etc...). Mais il est vrai que le côté épique est bien moins présent sur la forme.
Je pense que la compréhension aurait été bien meilleure si j'avais réfléchi à cette question après avoir également lu les Eddas et la Chanson de Roland, mais ce n'est pas l'envie qui me manque (et la difficulté ne me rebute pas) : c'est le temps ! Peut-être dans quelques années... (Amusant, je me souviens avoir dit ça il y a 5 ans déjà)
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#28
(05.12.2014, 23:01)Elendil a écrit : J'ai enfin mis la main sur une édition peu chère et complète de l'Edda en prose en anglais (puisqu'aucune édition de ce type n'existe en français) : Snorri Sturluson, Edda, éd. et trad. d'Anthony Faulkes, Everyman, 1995 [1987].

Petit à petit, j'ai terminé l'Edda de Snorri. Mon avis : le « Gylfaginning » est indispensable pour qui veut une courte introduction à la mythologie nordique. Par contre, il apprendra peu de choses neuves à qui connaît l'Edda poétique et les grandes sagas légendaires. Dans ce cas, ce sont les anecdotes du « Skáldskaparmál » qui auront le plus d'intérêt. Enfin, le « Háttatal » n'intéressera vraiment que ceux qui veulent comprendre le fonctionnement formel de la poésie scaldique, mais dans ce cas c'est d'une richesse extrême. Bref, pour 99 % des gens, il y a fort à parier que L'Edda : récits de mythologie nordique traduite par F.-X. Dillmann soit amplement suffisante. L'édition que j'ai achetée intéressera plus ceux qui veulent vraiment une collection complète des textes scandinaves médiévaux.

Ce qui tombe bien, c'est que je viens de recevoir ma dernière commande : la Heimskringla : History of the Kings of Norway, à nouveau l'œuvre de Snorri Sturluson, ici dans une traduction anglaise de Lee M. Hollander (University of Texas Press, 2013 [1964]). De nouveau une traduction anglaise, vu que la seule traduction française que je connaisse, l'Histoire des rois de Norvège (encore par F.-X. Dillmann) ne couvre que la première moitié des sagas royales (le tome 2, qui devait couvrir le reste, n'est jamais paru). Je n'aurai guère le temps de lire ça de suite, mais je compte bien m'y mettre à la première occasion, ce qui me permettra de terminer enfin mon excursion dans la mythologie nordique (les premières sagas sont hautement mythologiques).
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#29
Pour l'Edda en prose, je pense que la meilleure façon d'apprécier le texte est de le lire dans sa version originale. L'Edda Snorra Sturlusonar de Finnur Jónsson, Reykjavík, édition 1907 est à ce jour encore l'un des meilleurs livres présentant le texte. Bien entendu, il faut être capable de pouvoir le lire, mais le style assez abordable, bien que plus complexe que celui d'une saga islandaise.

En revanche pour la Heimskringla, la traduction française de Dillmann est partielle : la partie traduite est la plus intéressante, tout comme les neuf premiers livres des Gesta Danorum, qui ont un intérêt pour qui veut se plonger dans la mythologie nordique.
ᛘᛅᛚᚱᚢᚾᛅᚱ ᛋᚴᛅᛚᛏᚢ ᚴᚢᚾᛅ᛬
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#30
Je complète peu à peu mes dernières lacunes majeures sur les textes scandinaves avec la somme que constitue l'Anthologie runique, d'Alain Marez (Les Belles Lettres, 2007), actuellement en solde à la FNAC, incidemment.

L'auteur fait le point sur les différents systèmes runiques du monde germanique (textes germaniques continentaux, anglo-saxons, frisons, scandinaves). L'ouvrage débute par une étude très dense sur les différents systèmes runiques, leur déchiffrement et le contexte dans lequel les inscriptions runiques ont été gravées. Il contient aussi de nombreuses photos de textes runiques, qui sont ensuite transcrits et déchiffrés. Il comporte même une annexe sur les textes runiques découverts en France : neuf à ce jour, dont trois d'origine burgonde, un en latin, un en dialecte northumbrien, trois où les runes sont purement décoratives et un trop mutilé pour qu'on soit certain qu'il s'agit bien de runes. Bref, un livre que j'ai hâte de lire dès que j'aurai le temps. Smile
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  quelle version livre et quelle version dvd svp ??? noumayos 26 37 187 29.01.2009, 11:18
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  [Forum] Quelle est la valeur des rangs Ingwë 2 5 651 07.01.2007, 20:42
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  Première édition illustrée...? MissAlyce 2 5 742 08.05.2005, 10:43
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