21.07.2018, 09:10
(Modification du message : 24.07.2018, 22:51 par Chiara Cadrich.)
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Auberge du Poney Fringant, 29 Sept. 3018 TA
Sam avait refusé tout net d’ingurgiter l’infusion de Grand-Pas.
L’allure du rôdeur, furtive et inquiétante, lui inspirait défiance malgré la missive de Gandalf.
Lorsque Frodon, perplexe, avait fait mine d’y porter ses lèvres, Sam lui avait confisqué sa tasse pour goûter le breuvage avant son maître.
Sous la camomille et la verveine, il avait relevé des senteurs de valériane, peut-être de houblon. Mais avant qu’il ait terminé sa soupçonneuse analyse, ses compères avaient déjà absorbé la moitié de la bouilloire.
Grommelant pour lui-même, Sam s’était enveloppé dans une couverture et callé sur une chaise au chevet du lit de son maître. De toute façon, il ne pourrait pas dormir, dans cette pièce à l’étage du Poney Fringant. Quelle idée ! Seules des Grandes Gens pouvaient s’accommoder d’un tel perchoir ! Un personnage respectable comme Mr. Bessac n’aurait pas dû accepter de quitter la suite douillette de l’entresol, spécialement destinée aux hobbits. Pour quelle sombre raison ce rôdeur avait-il donc insisté pour les éloigner des quartiers du maître de poste Poiredebeurré ?
Résolu à protéger le sommeil de Frodon, Sam fixait le rôdeur qui veillait également, assis dans un large fauteuil près de l’âtre, ses longues jambes bottées croisées devant lui.
Les minutes s’égrainaient au rythme lent des bouffées que Grand-Pas tirait de sa pipe en terre. Un rougeoiement éclairait alors son profil aquilin, allumant un éclat sinistre au fond de ses pupilles de prédateur. Sam devinait que le masque impassible et basané du rôdeur cachait les épreuves de bien des vies d’homme, et de ténébreuses affaires tramées en pays sauvage.
Merry, Pippin et Frodon avaient rapidement sombré dans un sommeil sans rêve. Sam, gagné par une irrésistible somnolence, luttait pour dessiller ses yeux. Engourdi dans l’immobilité de la nuit, il frissonna et tira la couverture sur ses épaules.
Lorsqu’il releva ses lourdes paupières, Grands-Pas s’était dressé silencieusement et brandissait le tisonnier.
Sam voulut hurler, mais il resta tétanisé. Toute sa petite personne criait à la trahison - ce breuvage les avait plongés dans des limbes léthargiques d’où aucun hobbit ne pourrait revenir !
Lui adressant un sourire ambigu, Grands-Pas s’accroupit, ranima les braises, et ajouta une bûche sur les chenets. Comme dans un rêve sourd et muet, Sam impuissant se sentit transporté vers son lit par le rôdeur goguenard.
Puis dans un lent silence, Grand-Pas vérifia la porte verrouillée, coula son regard d’acier par les ajours des volets, vers le gouffre béant de la nuit, et regagna paisiblement son fauteuil, comme le malfaiteur attendant son heure.
L’esprit de Sam lutta encore et encore, alors que son corps abdiquait toute velléité de révolte. Il entendit le rôdeur fredonner de lancinants couplets, cependant qu’un froid intense s’insinuait dans la chambre.
Alors, vaincue, la conscience de l’humble jardinier s’assoupit, à la merci du rôdeur.
Sam avait refusé tout net d’ingurgiter l’infusion de Grand-Pas.
L’allure du rôdeur, furtive et inquiétante, lui inspirait défiance malgré la missive de Gandalf.
Lorsque Frodon, perplexe, avait fait mine d’y porter ses lèvres, Sam lui avait confisqué sa tasse pour goûter le breuvage avant son maître.
Sous la camomille et la verveine, il avait relevé des senteurs de valériane, peut-être de houblon. Mais avant qu’il ait terminé sa soupçonneuse analyse, ses compères avaient déjà absorbé la moitié de la bouilloire.
Grommelant pour lui-même, Sam s’était enveloppé dans une couverture et callé sur une chaise au chevet du lit de son maître. De toute façon, il ne pourrait pas dormir, dans cette pièce à l’étage du Poney Fringant. Quelle idée ! Seules des Grandes Gens pouvaient s’accommoder d’un tel perchoir ! Un personnage respectable comme Mr. Bessac n’aurait pas dû accepter de quitter la suite douillette de l’entresol, spécialement destinée aux hobbits. Pour quelle sombre raison ce rôdeur avait-il donc insisté pour les éloigner des quartiers du maître de poste Poiredebeurré ?
Résolu à protéger le sommeil de Frodon, Sam fixait le rôdeur qui veillait également, assis dans un large fauteuil près de l’âtre, ses longues jambes bottées croisées devant lui.
Les minutes s’égrainaient au rythme lent des bouffées que Grand-Pas tirait de sa pipe en terre. Un rougeoiement éclairait alors son profil aquilin, allumant un éclat sinistre au fond de ses pupilles de prédateur. Sam devinait que le masque impassible et basané du rôdeur cachait les épreuves de bien des vies d’homme, et de ténébreuses affaires tramées en pays sauvage.
Merry, Pippin et Frodon avaient rapidement sombré dans un sommeil sans rêve. Sam, gagné par une irrésistible somnolence, luttait pour dessiller ses yeux. Engourdi dans l’immobilité de la nuit, il frissonna et tira la couverture sur ses épaules.
Lorsqu’il releva ses lourdes paupières, Grands-Pas s’était dressé silencieusement et brandissait le tisonnier.
Sam voulut hurler, mais il resta tétanisé. Toute sa petite personne criait à la trahison - ce breuvage les avait plongés dans des limbes léthargiques d’où aucun hobbit ne pourrait revenir !
Lui adressant un sourire ambigu, Grands-Pas s’accroupit, ranima les braises, et ajouta une bûche sur les chenets. Comme dans un rêve sourd et muet, Sam impuissant se sentit transporté vers son lit par le rôdeur goguenard.
Puis dans un lent silence, Grand-Pas vérifia la porte verrouillée, coula son regard d’acier par les ajours des volets, vers le gouffre béant de la nuit, et regagna paisiblement son fauteuil, comme le malfaiteur attendant son heure.
L’esprit de Sam lutta encore et encore, alors que son corps abdiquait toute velléité de révolte. Il entendit le rôdeur fredonner de lancinants couplets, cependant qu’un froid intense s’insinuait dans la chambre.
Alors, vaincue, la conscience de l’humble jardinier s’assoupit, à la merci du rôdeur.
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A suivre...