10.11.2018, 16:44
(08.11.2018, 16:02)Narsil a écrit : Oups j'ai fini par oublier de dire que c'était l'illustration page 75 (de mémoire) qui m'a fait penser au Cervin.Je ne peux pas vérifier l'illustration interne à l'ouvrage car, étant en famille ce weekend, je n'ai malheureusement pas le livre sous la main mais pour ce qui est de celle du second lien, il me parait assez évident que le Cervin en est une inspiration directe. Sa forme pyramidale, la prise de vue avec une séparation claire des faces nord et est (orientation confirmée par le jeu d'ombre) comme sur la vue la plus connue du Cervin depuis Zermatt, ainsi que l'épaule sur l'arête de Furggen au sud-est laissent peu de doutes. Je parle ici en tant que passionné de montagne et d'alpinisme, ces arguments sont donc détachés des arguments liés à J. Howe.
On peut voir une autre illustration ici : https://www.john-howe.com/portfolio/gall...untain.jpg
Et là : https://masteroflore.files.wordpress.com...5pl9ab.jpg
Cependant, à l'instar d'Elendil, j'ai souvenir que l'illustrateur a passé une grande partie de sa vie en Suisse et cela ne peut pas être une simple coïncidence puisque le Cervin n'est pas loin d'être l'emblème national du pays et qu'il a forcément été influencé par les photographies qu'il doit voir à chaque coin de rue (d'autant que Neuchâtel n'est pas si loin de Zermatt).
Concernant Tolkien, il me semble que la situation est plus complexe.
J'avais déjà pensé à ce sujet lors d'une ébauche de réflexion sur le rapport qu'entretenait le professeur avec "la montagne" mais je n'avais pas résolu ce dilemme à propos de la nature d'Erebor.
Une fois n'est pas coutume, je rejoins Hofnarr sur son analyse. Une étude rapide des cartes nous montre que la position isolée du sommet par rapport aux Montagnes Grises et aux Collines de Fer est assez claire. De fait, il m'apparaît comme une évidence que la potentielle nature volcanique de la montagne doit être prise en compte (même si j'ai plusieurs questionnements non résolus concernant la nature géologique de ce problème et que je suis très intéressé par le moindre contre-exemple que l'un de vous aurait à me fournir). Si l'on ajoute l'illustration du Front Gate partagée par Hofnarr, cette hypothèse me paraît assez sérieuse et éloigne l'idée d'une inspiration "cervinienne".
Cependant, d'aucuns se souviendront que Tolkien a séjourné en Suisse en 1911, et nous connaissons certains détails de ce voyage de jeunesse grâce à une lettre rédigée pour son fils Michael en 1967. Dans celle-ci, outre l'enchantement ressenti par le père à l'idée que son fils ait visité l'un des lieux ayant inspiré le passage de Bilbon à travers les Monts Brumeux, on apprend surtout ceci :
J.R.R. Tolkien a écrit :We must then have gone eastward over the two Scheidegge to Grindelwald, with Eiger and Mönch on our right, and eventually reached Meiringen. I left the view of Jungfrau with deep regret: eternal snow, etched as it seemed against eternal sunshine, and the Silberhorn sharp against dark blue: the Silvertine (Celebdil) of my dreams.Le professeur a donc bel et bien été inspiré par les sommets alpins et en particulier ceux des Alpes Bernoises. Plus encore, il décrit ici le Silberhorn comme étant le Celebdil (Zirakzigil) de ses rêves.
La tentation est grande d'extrapoler et d'imaginer que le cas d'Erebor est similaire et, pour ma part, je ne peux l'infirmer. Pourtant, il me semble important de noter que, de souvenir, ce voyage se limitait aux alentours d'Interlaken et le lieu n'offre guère de perspective pour admirer le Cervin. En outre, du fait de l'époque du voyage, je doute qu'il ait pu s'inspirer des cartes postales en faisant tourner les portants des magasins de souvenirs qui pullulent désormais là où lui et son groupe dormaient à la belle étoile.
En somme, si l'influence du Cervin me paraît indiscutable dans la représentation que se faisait Howe d'Erebor, elle me semble tout de même très improbable chez Tolkien lui-même.
PS :
(09.11.2018, 09:01)Elendil a écrit : In fine, on retrouve à plusieurs endroits ce mélange entre les indications tolkieniennes et les rajouts personnels sans distinguer entre les deux, mélange que je reproche volontiers à un Kloczko.C'est le principal reproche que je fais aux romans historiques