28.06.2007, 13:28
Lomelinde a écrit :J'ai du mal à te suivre. Il me semble que, logiquement, le quenya pré-exilien ne peut pas avoir été celui des Noldor en Terre du Milieu ou celui appris aux Atani. Nous savons peu de choses du quenya du Premier Âge avant l'exil des Noldor, en comparaison de ce que nous offre le corpus post-exilien.
Il faut relire ce que dit Tolkien à propos du "book-Quenya" (quenya livresque) : c'est une langue qui changea très peu. Les Maîtres du Savoir elfiques avaient une mémoire encyclopédique, et connaissaient parfaitement leur langue (encore Shibboleth). C'est ce savoir qu'ils transmirent aux Atani, lorsque ceux-ci vinrent en Beleriand. À Númenor puis au Gondor, le Quenya ne fut guère altéré, vu qu'il ne fut jamais une langue couramment utilisée. Donc non seulement le quenya changea bien moins que les dialectes sindarins, mais le quenya des scribes du Gondor était sans doute plus proche de l'original pré-Exilien que le quenya parlé par les Ñoldor à la fin du TA.
De même, le latin classique que les spécialistes utilisent n'est pas exactement le latin de Cicéron, mais il en est presque indistinguable. Il en est certainement beaucoup plus proche que le bas-latin du IIIème ou IVème siècle.
Lomelinde a écrit :Sūlimi,-o Vali of Wind = Manwe & Varda.
Alors que les Etymologies (p. 393) donnent :
THŪ- puff, blow. Q súya- breathe; súle breath. Cf. Súlimo surname of Manwë (wind-god).
On retrouve donc ce même terme avec des étymologies différentes. Peut-être était-ce ce qu'Edouard voulait dire en substance par "L'étymologie est chose changeante chez Tolkien et donc chez les Elfes."... Il n'est pas question de mélanger notions internes et externes mais simplement de constater que dans les faits, les modifications externes (ici entre deux périodes de temps) ont eu des répercutions dans son univers.
Mais là le changement est clair : à moins que Tolkien n'ait changé cet élément dans les Etym. par la suite, la racine sera bien en THŪ. Le QL ne peut avoir autorité que lorsqu'il n'est aucunement contredit par la suite. Et même dans ce cas, il faut le manier avec précaution. L'elfique présenté là-dedans est souvent très loin du quenya compatible avec celui du LotR.
Lomelinde a écrit :Il est amusant de voir une sorte "d'effet inverse" avec l'entrée SA- (ða-.) 'demonstrative' du QL et l'entrée TA- demonstrative stem ‘that’ des Etymologies (p. 389).
Le ð correspond au "th" dur de la langue anglaise (comme dans "that"), ce qui - pour un Français - sonne presque comme un "z". C'est un son que l'on ne trouve pas en quenya (mais il me semble qu'on le trouve en sindarin).
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland