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Bonjour Tolkiendili,
Temüge, je me permets d'ouvrir ici une case mieux appropriée, afin de citer ce que tu as appris dans un reportage sur Tolkien ; ce dont tu me parlais aujourd'hui, dans une autre discussion sur le forum concernant l'écriture. Car, vois-tu, j'aimerais être aiguillonnée en cela, ce qui pourra nous servir à toi et à moi.
[u]Citation de Temüge:
Citation :J'ai appris dans un reportage que dans la majorité de ses livres, Tolkien décrivait rarement les pensées que les personnages pouvaient avoir, pour ne pas dire quasiment jamais.
Comme je ne suis pas spécialiste de Tolkien, que pensez-vous de cette façon d'écrire de Tolkien ? Était-ce bien là sa manière ?
Merci de vos avis !
Et merci Temüge !
L'esprit devient ce qu'en font les pensées, car les pensées de quelqu'un déteignent sur son âme. Marc-Aurèle (121-180)
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Il me semble que Tolkien décrit bien les pensées et sentiments de Sam, et rapporte de plus littéralement ce que Sam "se dit", SdA VI, 1.
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Il le fait également à de nombreuses reprises pour Frodon, souvent lorsque celui-ci est confronté à la tentation de l'Anneau ou à la terreur des Nazgûl.
Il me semble que Merry et Pippin y ont droit, dans des proportions plus réduites, notamment après leur séparation à Isengard.
I.
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02.04.2014, 13:58
(Modification du message : 02.04.2014, 13:59 par vincent78.)
Bonjour,
Dans le Seigneur des Anneaux, ce sont principalement Frodon et Sam dont Tolkien décrit les pensées, déjà Frodon car c'est le personnage principal et Sam car c'est lui qui avec Frodon est le plus marqué par cette quête. Les autres compagnons à savoir Aragorn, Legolas, Gimli, Boromir, Merry et Pippin ne voient pas leur caractère et leurs pensées décrites, en effet je trouve que Tolkien a bien plus travaillé leurs aventures et même leur physique que leurs mental et leurs pensées. On a effectivement le droit à quelques pensées de Merry et Pippin mais bien peu étendues. En fait ce sont surtout Sam et Frodon qui ont leurs pensées décrites, car ce sont eux qui sont le plus affectés par cette quête (à cause de l'Anneau). Notamment, ce que Sam se dit et ce que Frodon ressent (ils se demandent même parfois ce qu'ils sont venus faire là-dedans, mais bien sûr c'est dit d'une façon bien plus subtile).
Sinon, dans Bilbo le Hobbit, les pensées et paroles intérieures de Bilbon sont assez développées je trouve (du moins par rapport aux reste des personnages de l'univers de Tolkien).
J'espère avoir répondu à vos questions !
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Bonjour,
Merci Vincent78 d'avoir partagé tes idées sur ce propos. Car pour affirmer tes dires, il faut connaître SdA et Hobbit, et en avoir fait une bonne analyse, comme il s'agit des deux œuvres les plus populaires de Tolkien dont on parle ici.
Un des procédés d'écriture au choix de l'auteur est faire passer une histoire par un ou deux personnages tout au plus, ce qui permet justement de s'attacher davantage à ces personnages principaux.
Le narrateur omniscient qui voit dans toutes les têtes amène le lecteur à ressentir l'histoire différemment.
Ceci dit, Tolkien a donc choisi d'être aligné sur quelques personnages seulement, démontrant ainsi ses connaissances de l'écriture. Mais rappelons nous que Tolkien ne se considère pas le narrateur de ces deux histoires, puisque sa source viendrait plutôt du "Livre Rouge de la Marche de l'Ouest" écrit par Bilbo pour le Hobbit et, par la suite, Frodo et Sam Gamegie pour SdA, ainsi que pour les poèmes des Aventures de Tom Bombadil. "Tolkien s'était désigné comme le rapporteur d'une ancienne tradition hobbite", propos rapportés par Jean-Christophe Turlin dans son article sur le Livre Rouge, du Dictionnaire Tolkien de VF, p.381...
Cordialement
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Les pensées des autres Compagnons sont évoquées, sinon développées, via leurs discours et monologues respectifs. C'est le moyen qu'utilise Tolkien pour s'attarder sur eux quand il ne peut pas leur réserver la même insistance dans le feu de l'action qu'aux vrais protagonistes.
Les récits de Gandalf (Conseil d'Elrond II,2) et particulièrement ceux de Legolas et de Gimli (V,9), montrent non seulement des remarques et réflexions qui leur sont propres, mais également les sentiments qu'ils ont éprouvés devant telle épreuve passée. C'est l'occasion pour eux et Tolkien d'introduire ce qu'ils "pensaient en leur cœur" et de témoigner leurs sentiments, notamment leur amour, ici pour Aragorn.
Amour qui semble être le ressort psychologique de prédilection de Tolkien!
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(02.04.2014, 17:04)Ingieris a écrit : propos rapportés par Jean-Christophe Turlin dans son article sur le Livre Rouge, du Dictionnaire Tolkien de VF, p.381...
--> Rodolphe, pas Christophe
I.
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Pardon Isengar !
Tikidiki,
Loin de moi d'inventer quoi que ce soit sur l'écriture de Tolkien et je sais que tu ne le penses pas. Avec tes remarques pertinentes, je m'aperçois que j'aimerais lire quelque essai, livre ou article sur le sujet. Je n'ai pas le temps de relire Hobbit et SdA et d'analyser sa démarche stylistique. Et, à date, je ne connais personne qui ait fait cette démarche intellectuelle.
Quelqu'un connaîtrait-il une étude ou autre qui analyserait l'écriture de Tolkien ?
Merci de votre aide !
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06.04.2014, 12:48
(Modification du message : 06.04.2014, 13:13 par aravanessë.)
Et bien, le dernier numéro de notre fanzine L'Arc et le Heaume édite un article de Laura Martin-Gomez (Forfirith) intitulé Figure du lecteur et du narrateur mais il se concentre sur la seule œuvre du Hobbit.
Ensuite, on commence à trouver pas mal de choses en anglais sur l'écriture de Tolkien, mais c'est très dispersé, des articles de ci, de là. Je pense que d'autres seront mieux t'indiquer où chercher, surtout que je suis peu au fait des publications des cinq dernières années.
Pour ce qui est de l'expression des sentiments chez Tolkien, il est vrai que le Silmarillion, notamment le récit des Temps Anciens avant même l'arrivée des Enfants d'Ilúvatar, peut paraître peu expressif. En fait cela tient surtout au statut interne des textes : beaucoup de textes de Tolkien sont des annales, ou se veulent des mises en ordre de traditions héritées, des travaux de pseudo-historiens ou du moins de compilateurs. Le parti-pris d'écriture est donc épique, voire mythologique, et non romancé et intimiste. A mesure que les traditions se précisent, voire que les auteurs sont contemporains des évènements qu'ils rapportent, ils peuvent davantage psychologiser leur récit.
Par ailleurs, d'un point de vue externe, les grands récits (Épopée de l'anneau, de Beren et de Lúthien, des enfants de Húrin, d'Aldarion et d'Erendis...) font plus part aux sentiments des héros car le parti-pris d'écriture se rapproche plus de celui du roman (ce que Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Les Enfants de Húrin sont), avec des alternances entre des moments très intimistes (notamment les dialogues au style direct qui effacent le narrateur) mais aussi des points de vue surplombant où le narrateur est omniscient et médiatise complètement le regard que l'on porte sur les personnages.
Il est vrai cependant qu'on est très loin du style de G.R.R. Martin où l'histoire est entièrement vue au travers des yeux de ses protagonistes, avec leurs lots de méconnaissances et d'erreurs d'appréciation qui font que l'on n'a pas accès à d'autres connaissances des évènements que celle, fragmentaire et filtrée émotionnellement, des personnages.
Chez Tolkien, le narrateur est très présent et prend parfois le pas sur les personnages : le long prologue de La Communauté de l'Anneau sur les mœurs et l'histoire des Hobbits en est un exemple frappant. On est plus dans le récit ethnographique que le roman. Pas de place aux sentiments.
aravanessë
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Merci Aravanessë !
Je remarque que tes commentaires nécessitent des connaissances sur les œuvres citées que je ne possède pas, faute de ne pas les avoir encore toutes lues. Ainsi, je crois que pour arriver à affirmer de telles remarques, il avoir lu, relu et analysé. C'est pour cette raison que je ne me suis pas aventurée trop loin en poussant les commentaires, et ai préférée demander des avis.
D'ailleurs, s'il existe des articles en anglais sur l'écriture de Tolkien, en français, presque rien à ma connaissance. Je lirai certainement Forfirith quand j'aurai l'A&H.
J'apprécie ton analyse qui pourrait faire l'objet d'un bel essai. Je t'encourage à le faire. La route est sans ombrage de ce côté-là...
Ingieris
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