Note de ce sujet :
  • Moyenne : 0 (0 vote(s))
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
L'anneau de Barahir
#1
Bonjour.
Je me permet de vous poser une question qui me pose problème depuis un certain temps.
D'après ce que j'ai compris, cet anneau qui fut donné par Finrod à Barahir, était un anneau représentant deux serpents jumeaux.
Or, d'après ce que j'ai pu lire, notamment sur Tolkiendil, cet anneau fut forgé en Valinor par les Noldor.
Pourtant, il est dit, dans l'encyclopédie de David Day (qui ne fait pas l'unanimité) que tous les serpents furent créer en Utumno par Melkor.
Alors la question que je me pose, c'est comment les Noldors ont-ils pu créer un objets représentant des animaux qu'ils n'auraient pas pu voir car, il devrait normalement ne pas y avoir de serpents en Valinor.
Maintenant, si on part du principe, que les elfes auraient pu en apercevoir durant leur voyage vers Valinor, les serpents devaient probablement être des créatures maléfiques, n'inspirant certainement pas la sympathie et encore moins l'envie d'en faire un emblème sur une bague portés par les princes Noldor.

Pour finir, si nous partons du principe, que les serpents ne furent pas créer par Melkor mais par d'autres valar et que ces animaux étaient bien présent sur Valinor, on peut alors se poser la question du pourquoi de ce choix d'animaux pour un anneau de prince Noldor.

Quelqu'un saurait il m'éclairer à ce sujet.
Merci.
Répondre
#2
Il est précisé dans le Silm. que toutes les créatures, sauf les créatures maléfiques de Melkor, vivaient à Valinor. Par ailleurs, aucun texte de Tolkien postérieur à la rédaction du Hobbit n'affirme que Melkor est le créateur des serpents (snakes), même s'il est effectivement celui des dragons.

De plus, l'existence du radical à partir duquel dérivent les mots quenyarins et sindarins pour « serpent » garantit que les Elfes avaient rencontré des serpents avant même que certains d'entre eux ne passent la Mer pour s'établir à Valinor.

Sur la symbolique des serpents qui composent l'anneau en question, je laisse pour l'instant la question ouverte. Elle mériterait d'être creusée.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#3
Peut-être qu'il y a un problème de traduction qui aurait transformé "ver", utilisé parfois pour désigner les dragons, en serpents ? Il faudrait que je vérifie dans la VO de l'ouvrage de Day.

Les serpents se retrouvent aussi sur les dagues de l'Ouistrenesse qui sont retrouvées dans les Galgals.

J'aurais tendance à voir cela comme le fait d'avoir un dragon sur le Heaume de Dor-lomin, comme si le fait de l'avoir sur l'objet était une marque de victoire et domination sur la créature.
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
Répondre
#4
Je comprends dans le cas du heaume du dragon car celui ci fut crée au premier age du soleil sur la terre du milieu. Mais justement, l'anneau de Barahir lui est antérieur. Alors le symbolique de l'animal que l'on domine ne peut pas fonctionner dans ce cas ci, car en Valinor, les animaux ne devaient pas être maléfique...enfin, je crois, je n'ai lu cela nul part dans le silmarillion.
Par ailleurs, c'est l'emblème en lui même que je ne comprend pas, pourquoi un serpent avec une couronne de fleurs? A quoi cela devait il faire référence...
Répondre
#5
Je réunis ici quelques liens vers des pages à propos de l'anneau de Barahir :
http://www.jrrvf.com/compagnie/articles/...rahir.html
http://www.minastirith.com/cgi-bin/ultim...2;t=000609

Sur JRRVF, Sébastien Mallet émet l'hypothèse suivante :
Citation :Il représente deux serpents jumeaux sous une couronne d'or. Cela désigne peut-être les deux lignes des Enfants d'Ilúvatar (les deux serpents jumeaux) se partageant pour un temps la Terre du Milieu (la couronne d'or). Le serpent qui tient la couronne symboliserait les Elfes liés au monde, tandis que le serpent dévorant la couronne renverrait aux Humains appelés à le dominer et à le traverser.

Je n'ai pas encore épluché le lien de Minas Tirith.
"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles prévoir un délai."
Répondre
#6
Par contre, je n'arrive pas à trouver où, chez Tolkien, il est dit que l'anneau venait de Valinor. En vérité, dans le Silmarillion, seule les pierres vertes dont est serti l'anneau viennent de là-bas, "taillées à Valinor par les Noldor" (chap. 19, VO comme VF). On sait que les Noldor sont arrivés avec un certain nombre de richesses, ce qui inclut donc les émeraudes de l'anneau de Barahir. Mais en aucun cas avec l'anneau lui-même, qui a très bien pu être forgé en Beleriand (peut-être avec des joailleries venues de Valinor mais ce n'est que supposition). Cela expliquerait pourquoi il y a cette iconographie particulière qui fait un peu tâche en Valinor. L'article sur l'encyclopédie fait un raccourci en disant que l'ensemble de l'anneau provient de Valinor, ainsi que tous les gens qui disent pareil.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
Répondre
#7
Merci, pour les liens, je vais aller les lire.
Répondre
#8
(24.03.2014, 17:11)Druss a écrit : Par contre, je n'arrive pas à trouver où, chez Tolkien, il est dit que l'anneau venait de Valinor. En vérité, dans le Silmarillion, seule les pierres vertes dont est serti l'anneau viennent de là-bas, "taillées à Valinor par les Noldor" (chap. 19, VO comme VF). On sait que les Noldor sont arrivés avec un certain nombre de richesses, ce qui inclut donc les émeraudes de l'anneau de Barahir. Mais en aucun cas avec l'anneau lui-même, qui a très bien pu être forgé en Beleriand (peut-être avec des joailleries venues de Valinor mais ce n'est que supposition). Cela expliquerait pourquoi il y a cette iconographie particulière qui fait un peu tâche en Valinor. L'article sur l'encyclopédie fait un raccourci en disant que l'ensemble de l'anneau provient de Valinor, ainsi que tous les gens qui disent pareil.

Pour enfoncer encore un peu plus le clou, le précurseur de l'anneau de Barahir, dans le Lai de Leithian, est dit être forgé en Beleriand :

vers 298-303
Cet anneau au loin fut forgé,
dit-il, en Beleriand, voyez.
On n'en trouve pas même à prix d'or
car, dit-on, Barahir qui dort
de ma main, ce voleur jadis
à Felagund rendit service.

Apparemment, selon le commentaire de Christopher Tolkien, c'est également à cette période de rédaction qu'apparait le motif des deux serpents pour la première fois, bien que je n'ai pas réussi à trouver à quel endroit il fait allusion.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
Répondre
#9
Effectivement, Tolkien ne dit nullement que l'anneau de Barahir a été forgé à Valinor, uniquement que c'est l'endroit où furent taillées les pierres précieuses qui y sont serties. Mais cela ne résout pas le problème, car voici la citation complète du Silm. :

J.R.R. Tolkien a écrit :His words were proud, and all eyes looked upon the ring; for he held it now aloft, and the green jewels gleamed there that the Noldor had devised in Valinor. For this ring was like to twin serpents, whose eyes were emeralds, and their heads met beneath a crown of golden flowers, that the one upheld and the other devoured; that was the badge of Finarfin and his house.

Comme le dernier membre de phrase l'indique, les deux serpents sous la couronne de fleurs « étaient l'emblème de Finarfin et de sa maison. » Ce qui implique logiquement que le symbole en question était d'origine valinorienne. Par ailleurs, comme je ne vois guère le lien entre Finarfin et les Hommes, l'explication proposée par Sébastien Mallet ne me convainc guère. S'il y faut voir un symbole se rapportant à la parenté de Finarfin, les deux serpents pourraient aussi bien représenter les Ñoldor (tribu de Finarfin) côtoyant les Teleri (tribu de sa femme Eärwen) que l'opposition entre les caractères de Fingolfin et Finarfin (les deux fils d'Indis) ou encore la différence entre Fëanor d'une part et les deux fils d'Indis de l'autre. La multiplicité des interprétations envisageables laisse penser que ce n'est pas ainsi qu'on résoudra la signification de ce symbole.

(Incidemment, cet anneau comporte donc un symbole distinct du blason personnel de Finarfin, représenté dans J.R.R. Tolkien, artiste et illustrateur, ce qui sous-entend que les Eldar pouvaient aussi bien posséder des emblèmes géométriques que des emblèmes figuratifs. Encore un point qui mériterait qu'on s'y attarde.)
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#10
Effectivement, j'étais tellement fixé sur les émeraudes que je n'ai pas vu le reste Sad
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
Répondre
#11
Le lien vers Minas Tirith permet de relever quelques éléments.

- évidemment, le lien avec l'Ouroboros, le serpent qui se mord la queue, mais qui est seul.

- l'interprétation d'Imbëar, qui permet de mieux s'intéresser au fait que l'Anneau de Barahir n'est pas un simple artefact, mais un don, et une possession:

Citation :I interpret the Ring as a foreshadowing, as well as a continuation of the theme (or consequences) of possession. For, whenever a jewel or treasure is gained or gifted, it tends to draw the keeper into a greater Doom.
In this case, accepting the Ring draws Barahir's line into the Doom of Mandos - including the treachery of Gorlim. But it also seems to indicate something of Lúthien's choice later on. For the crown to flower, these two aspects are essential. Moreover, the devouring worm never takes the meal, and the upholding worm never loses its rose.

traduction rapide:

J'interprète l'Anneau comme présageant aussi bien une continuation du thème de la possession ou les conséquences de la possession. Car quand un joyau est obtenu ou donné, il tend à tirer le possesseur vers un plus grand destin.
Et dans ce cas, l'Anneau tirerait la lignée de Barahir vers le Destin de Mandos - y compris la trahison de Gorlim. Mais il semble aussi indiquer quelque chose du choix ultérieur de Lùthien, avec la couronne de fleurs, et plus encore le fait que le ver dévorant n'emmène pas son repas, et le ver couronné ne perd pas sa rose.

J'avoue ne pas avoir saisi son idée sur Lûthien.

- le même Imbëar produit un lien avec le caducée d'Hermès:

Citation :"The golden wand was the caduceus, a staff of riches and wealth that protected Hermes from harm. Legend has it that when Hermes used the caduceus to separate two fighting snakes, they entwined themselves around the staff, becoming part of it and symbolizing peace. In ancient times heralds and ambassadors carried the caduceus *symbolizing the office of the messenger of the gods to mark themselves with diplomatic immunity*.

Le bâton doré était le caducée, un bâton de richesse qui protégeait Hermès du mal. La légende dit que Hermès usa du caducée pour séparer deux serpents, qui s'enroulèrent autour du bâton, devenant une part de lui et symbolisant la paix. Dans les anciens temps hérauts et ambassadeurs portèrent ainsi le caducée "symbolisant l'office du messager des dieux"...

Ce qui peut se relier à son idée précédente, l'artefact symbolisant non seulement la paix entre les races mais également, peut-être, une immunité de la lignée de celui que le porte. Mais je n'ai pas vérifié l'exactitude de cette interprétation.
Répondre
#12
Le symbole du caducée me semble effectivement être ce qui existe de plus proche dans le Monde Primaire. C'est certainement une idée à poursuivre.

Néanmoins, je ne vois pas comment un symbole familial pourrait se rapporter à un événement futur, encore moins un événement ne se rapportant pas à la famille en question, mais à une personne à qui un des exemplaires matériels du symbole est donné. Car ce n'est ici ni le symbole de Lúthien, de Beren, de Barahir, ni même spécifiquement celui du donateur, Finrod, mais celui de toute la maison de Finarfin.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#13
Oui, mais ça ne m'étonnerait pas que le symbole n'ait aucun rapport avec la maison de Finarfin. Cela m'évoque le cas de Narsil, forgée par Telchar de Nogrod au Premier Âge et qui porte un nom et des propriétés étonnamment concordantes avec les fils d'Elendil le Grand...
Répondre
#14
C'est un raccourci que j'éviterais soigneusement de faire :
- On ignore si c'est Elendil qui a nommé Narsil ou si l'épée portait déjà ce nom avant
- Narsil n'est pas un symbole de la maison d'Elendil ou d'Elendil lui-même, juste une arme fameuse, qui s'avère être en possession des héritiers d'Isildur
- Narsil n'a absolument aucun lien avec Anárion ou ses héritiers directs
- Le symbole de la Lune et du Soleil ou des Arbres d'Argent et d'Or est l'un des plus fréquents dans le Légendaire, contrairement aux deux serpents qui ont (à juste titre) attisé la curiosité de Leignon

Les deux cas sont aussi dissemblables que possible, je trouve.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#15
Sans trop s'attarder sur la symbolique de Narsil vis-à-vis de la lignée d'Elendil, elle ne semble pourtant pas inexistante. Elle est "l'épée d'Elendil" selon toutes les sources, puisque l'épée n'a jamais été celle d'Isildur. Elendil prophétise qu'elle sera brandie au moment du retour de Sauron (The Treason of Isengard, VI). S'il ne s'était agi que d'une épée brisée, rien n'obligeait Isildur à l'emmener à Imladris, ni à demander à Ohtar de la sauver "à tout prix" (UT). Il n'est pas non plus dit qu'Isildur ait plus de rapport avec Narsil qu''Anarion, le fait que l'épée soit possédée par sa lignée est davantage un concours de circonstances. Elle est finalement un important rappel de la figure fondatrice d'Elendil lorsque brandie par Aragorn.

Pour le nom, la question est difficile et nous emmènerait loin de Barahir.

Mais même si les éléments qui entourent l'Anneau et l'épée sont très différents, on peut retrouver la problématique du sens de l'artefact ou de son symbole qui n'est vraiment trouvé qu'en passant de porteur. L'anneau existait mais ne symbolisait rien avant Barahir; il en est de même pour Narsil et Elendil. C'est pourquoi il est possible que la concordance entre le symbole des serpents et la Maison de Finrod soit nulle, comme le fait que Narsil, qui brillait particulièrement avec la lumière de la lune et du soleil (Silm), ne se soit pas "réalisée" dès l'époque de Telchar.

Évidemment, ce n'est pas étranger au fait que l'histoire des deux artefacts se construise principalement par rapport à Barahir et à Elendil...
Répondre
#16
Je ne suis décidément pas d'accord et je fais des sources une lecture significativement différente :

(24.03.2014, 22:40)Tikidiki a écrit : Elle est "l'épée d'Elendil" selon toutes les sources, puisque l'épée n'a jamais été celle d'Isildur. [...] Il n'est pas non plus dit qu'Isildur ait plus de rapport avec Narsil qu''Anarion, le fait que l'épée soit possédée par sa lignée est davantage un concours de circonstances. Elle est finalement un important rappel de la figure fondatrice d'Elendil lorsque brandie par Aragorn.

Si on exclut Anárion de la question, le problème est encore plus simple : Elendil signifie étymologiquement « Ami des étoiles » (mais voulait plutôt dire « Ami des Elfes »). Dans toute l'œuvre de Tolkien, le seul verbe quenya en rapport avec la lumière des étoiles est sil-. Les dérivés de nár « feu » ne se rapportent qu'au soleil, exclusivement. Le nom de l'épée n'a donc pas de lien particulier avec Elendil seul, vu que « étoile » ne correspond pas à une synthèse « lune + soleil ».

Par ailleurs, l'épée d'Elendil appartient bien à la lignée d'Isildur, de manière exclusive. C'est grâce à un de ses tronçons qu'Isildur coupe le doigt de Sauron qui porte l'Anneau. Si Narsil n'est nulle part appelée l'épée d'Isildur, c'est qu'étant brisée ce n'est plus une épée en tant que tel, juste « l'Épée-qui-fut-brisée ». Reforgée, elle se verra d'ailleurs attribuer un autre nom, tout en restant « l'Épée d'Elendil » aux yeux des Gondoriens. Au demeurant, on peut comparer Narsil avec Joyeuse, l'épée (légendaire) de Charlemagne : celle-ci est supposée avoir été conservée par les rois des France et l'épée (physique, réelle) portant ce nom servait pour leur sacre. Néanmoins, cette dernière est toujours nommée « épée de Charlemagne » et ne reprend pas le nom d'un des autres rois fameux qui l'ont un jour portée.

(24.03.2014, 22:40)Tikidiki a écrit : Mais même si les éléments qui entourent l'Anneau et l'épée sont très différents, on peut retrouver la problématique du sens de l'artefact ou de son symbole qui n'est vraiment trouvé qu'en passant de porteur. L'anneau existait mais ne symbolisait rien avant Barahir; il en est de même pour Narsil et Elendil.

Entièrement faux : il faut explicitement nier le texte de Tolkien pour arriver à une telle conclusion. Les deux serpents sont le symbole de la maison de Finarfin, pas juste de Finrod. C'est écrit noir sur blanc, contrairement au cas de Narsil, qui n'est nullement dite être le symbole de la maison d'Elendil (c'est l'Arbre Blanc surmonté des sept étoiles qui tient cette position). À partir de là, deux alternatives : on peut chercher humblement quelle signification Tolkien a pu envisager pour ces serpents en lien avec la maison de Finarfin ou décider arbitrairement qu'il n'y en a pas et que le symbolisme se trouve uniquement au niveau de Beren et Lúthien. Mais il convient d'admettre alors qu'on ne fait plus d'explication de texte et qu'on écrit de la fan-fiction.

Qui plus est, il convient de noter que c'est le même texte, dans le même paragraphe, qui introduit la description physique de l'Anneau de Barahir et le fait que c'était l'emblème de la maison de Finarfin. Tolkien avait toute liberté de dire que l'anneau était un symbole appartenant à Finrod, voir même un cadeau que Thingol avait jadis fait à Finrod : il aurait tout aussi bien rempli son office de rehausser la dignité de Beren et de rappeler la gloire de Barahir et du roi elfe qui lui avait offert cet anneau. Rien de cela : Tolkien décide que l'anneau correspond à un emblème familial, et que ce n'est pas seulement l'emblème de Finrod, mais celui de toute la famille de Finarfin. Il élabore simultanément la description de cet anneau. Si l'on accorde de la valeur à ce texte, il faut donc commencer par admettre que ces deux éléments pris de concert ont une signification, quand bien même elle ne se perçoit pas au premier abord.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#17
Moui enfin ce ne serait pas la première fois qu'un choix arbitraire de prime abord (comme le choix d'un nom ou d'un symbole) ne prend sens qu'a posteriori. L'exemple de Narsil me paraissait plutôt pas mal mais on en a d'autres (les noms des rois du Rohan dont on avaient déjà parlés par exemple). Pour le coup l'idée d'un lien entre les serpents jumeaux et les deux races qui se partagent le monde est beaucoup plus convaincantes que les autres en ce que c'est un motif qui se répète tout au long de l'histoire de l'anneau comme le signale Sébastien Mallet (Finrod-Barahir/Beren-Luthien/Beren-Finrod/Aragorn-Arwen) mais aussi parce que la maison de Finarfin est sans doute celle qui représente de la façon la plus large la race des Elfes (en réunissant en son sein les trois peuples Eldar et en gardant un pied en Valinor et un pied en Terre du Milieu) tout en ayant la relation la plus étroite avec les Edain de toutes les maisons des Noldor.
Tes autres propositions me semblent moins convaincantes (quoique bien essayés) :

- "Les deux serpents pourraient aussi bien représenter les Ñoldor (tribu de Finarfin) côtoyant les Teleri (tribu de sa femme Eärwen)" : Le problème c'est que le symbole serait ambiguë, Finarfin est certes des Noldor par son père mais sa chevelure rappelle quand même de façon insistante qu'il est à moitié Vanya, cette chevelure est même le signe distinctif de sa lignée, on devrait donc se retrouver avec trois serpents pour moi.

- "L'opposition entre les caractères de Fingolfin et Finarfin (les deux fils d'Indis)" : Mais si c'est le symbole de la Maison de Finarfin et non celle de Finwë pourquoi Fingolfin serait-il représenté à égalité sur celle-ci ?

- "La différence entre Fëanor d'une part et les deux fils d'Indis de l'autre." Même problème, d'autant que là encore on a deux fils de Finwë (dont Finarfin) représentés par un serpent unique alors que l'autre représente un personnage unique (même si suffisamment puissant pour épuiser la force vitale de sa mère plus que n'importe quelle autre). Pas très flatteur pour Finarfin, si ?

Sinon autre question : j'ai cru comprendre que l'Anneau restait à Imladris pendant toute la période des "chefs Dunedain" (du moins une fois recouvré des Lossoth), c'est bien ça ?
Répondre
#18
Je ne pense pas qu'il faille nécessairement confondre noms de choses et noms d'hommes : un nom d'homme peut être prédestiné (ex : Arvedui), modifié (ex : Anardil Tar-Aldarion), choisi (ex : Tarannon Falastur), en particulier lors d'un couronnement. Si nous n'avons pas de preuve qu'il en allait de même pour les Rohirrim, il n'est pas interdit de penser que ce pouvait être le cas. En revanche, je n'ai pas souvenir d'un seul nom de chose qui ait été prédestiné.

Dans tous les cas, l'explication concernant les deux races ne pouvait intéresser que Finrod, sûrement pas Finarfin. L'explication ne tient absolument pas, à moins d'accuser Tolkien de symbolique arbitraire, ce qui est fort peu probable. Au contraire, tous les symboles qu'il attribue à ses personnages sont parfaitement adaptés à ceux-ci (et parfois aussi à leurs descendants ou collatéraux, mais jamais aux seconds au détriment des premiers). Je doute qu'il soit possible de trouver un seul contre-exemple convaincant.

PS : Toutes les explications que j'ai aventurées pour les deux serpents ne me convainquent guère plus. Je pense que la solution n'est pas là et que pour l'heure elle nous échappe. Le caducée me paraît être la meilleure piste à l'heure actuelle.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#19
(25.03.2014, 13:59)Elendil a écrit : En revanche, je n'ai pas souvenir d'un seul nom de chose qui ait été prédestiné.
Je n'ai jamais supposé que le nom d'"Anneau de Barahir" ait pu être prédestiné si c'est ce que tu veux dire, il est évident qu'il date du don de l'Anneau, voire est postérieur à la mort de Barahir. Si par contre on parle de l'emblème on a au moins un autre cas (Narsil excepté puisque tu discute la pertinence de l'exemple) : le bouclier de Tuor laissé dans la salle du trône de Turgon qui est frappé d'un cygne (même si effectivement on a une intervention semi-divine qui s'est invitée dans l'histoire mais rien ne prouve que ça ne soit pas le cas pour l'Anneau).

N'est-il pas possible de supposer que l'utilisation de "Finarfin" soit ici une erreur ? Peut-être Christopher a-t-il choisi de transformer "Finrod" en "Finarfin" (puisqu'il y a une évolution dans ce sens si je ne m'abuse : Finrod -> Finarfin / Felagund -> Finrod Felagund) dans un texte où le changement avait déjà été fait par Tolkien ?
D'accord c'est tiré par les cheveux mais ce que je veux dire c'est qu'il ne faut peut-être pas tenter de rattacher coûte que coûte le symbole à Finarfin, dans la mesure où ce lien n'est fait que dans une unique phrase cherchant à expliquer l'origine de l'emblème et ce sans plus de détail. Il n'est pas certain que Tolkien ait envisagé que l'Anneau ait eu une signification antérieure à cet événement ("Ho tiens Eärwen c'est joli ce dessin de deux serpents se disputant une fleur ! Et si on l'adoptait comme emblème de ma maison ?").

Ceci étant l'Anneau peut aussi avoir changé de significations, si tu penses que le caducée est la clé du problème alors cet Anneau a pu être un symbole des capacités conciliatrices de Finarfin (soulignées par le départ de Fëanor), avant de symboliser l'amitié entre la maison de Finarfin et la maison de Bëor (et plus largement entre les Hommes et les Elfes).
Répondre
#20
(25.03.2014, 07:44)Elendil a écrit : Elendil signifie étymologiquement « Ami des étoiles » (mais voulait plutôt dire « Ami des Elfes »). [...]. Les dérivés de nár « feu » ne se rapportent qu'au soleil, exclusivement. Le nom de l'épée n'a donc pas de lien particulier avec Elendil seul, vu que « étoile » ne correspond pas à une synthèse « lune + soleil ».

Je ne pense pas qu'il faille tant exclure Anarion. Selon la lettre 347 (1972),

Citation : Narsil is a name composed of 2 basic stems without variation or adjuncts: √NAR 'fire', & √THIL 'white light'. It thus symbolised the chief heavenly lights, as enemies of darkness, Sun (Anar) and Moon (in Q) Isil.

trad. maison:

Narsil est un nom composé de deux racines sans variation ou ajout: "Nar", "feu" et "thil", "lumière blanche". Cela symbolisait les principales lumières célestes, comme ennemies des ténèbres, le Soleil (Anar) et la Lune (en Quenya) Isil.

Cela concorde avec le texte du Silmarillion, qui mentionne que Narsil renvoyait la lumière aussi bien du soleil que de la lune ("for it shone with the light of the sun and of the moon"). Les fils d'Elendil furent nommés en rapport même avec ces lumières "ennemies des ténèbres", d'après Narsil ou non. Mais Anarion autant qu'Isildur fait partie de cette division contre les ténèbres, comme le montre la division du territoire du Gondor: Anorien et Minas Anor, en face de l'Ithilien et de Minas Ithil. Et c'est Osgiliath, la Cité des Etoiles, lieu effectif de la souveraineté, qui les réunit, rappel non déguisé de la figure d'Elendil. Cette division est également visible dans l'Arnor et le Gondor: ce sont les deux lumières qui se battent.

Or la royauté se perd, Osgiliath est détruite, et il est tout sauf anodin de lire que la lumière de Narsil s'est éteinte également ("But Narsil was broken and its light extinguished, and it has not yet been forged again." SdA II, 2). Le terme "extinguished" peut être à cet égard valable pour la lumière comme pour la lignée.

La lumière "sil" d'Isildur ne fait pas rapport à celle des étoiles d'Elendil. Le Soleil et la Lune, Anarion et Isildur, sont comme des feux régents sous l'autorité de la lumière des étoiles, de la figure d'Elendil et de son Elendilmir. Isildur n'a pas la plus grande part, et Anarion n'en est pas exclu. En ce sens, l'épée d'Elendil constitue le symbole de la synthèse puisqu'elle est le seul élément à contenir les deux lumières ensemble, d'abord sous Elendil, puis sous Aragorn. Il est impossible de savoir d'où vient son nom, mais si ses qualités existaient dès Telchar cela rend possible qu'elle soit "prédestinée", et davantage encore si Elendil ne l'a pas nommée.

Peredhil a écrit :Sinon autre question : j'ai cru comprendre que l'Anneau restait à Imladris pendant toute la période des "chefs Dunedain" (du moins une fois recouvré des Lossoth), c'est bien ça ?

Il semblerait: Arahael was fostered in Rivendell, and so were all the sons of the chieftains after him; and there also were kept the heirlooms of their house: the ring of Barahir, the shards of Narsil, the star of Elendil, and the sceptre of Annuminas, App. A, I, 3).

Selon les CLI, c'est tout ce que l'on peut trouver à ce propos (UT2, I):

Citation :Other heirlooms there were beside: the Ring of Barahir; the great Axe of Tuor, father of Eärendil; and the Bow of Bregor of the House of Bëor. Only the Ring of Barahir father of Beren Onehand survived the Downfall; for it was given by Tar-Elendil to his daughter Silmarien and was preserved in the House of the Lords if Andunië, of whom the last was Elendil the Faithful who fled from the wrack of Númenor to Middle-earth. [Author's note.]—The story of the Ring of Barahir is told in The Silmarillion, Chapter XIX, and its later history in The Lord of the Rings Appendix A (I, iii and v)
Répondre
#21
(25.03.2014, 15:23)Peredhil a écrit : N'est-il pas possible de supposer que l'utilisation de "Finarfin" soit ici une erreur ? Peut-être Christopher a-t-il choisi de transformer "Finrod" en "Finarfin" (puisqu'il y a une évolution dans ce sens si je ne m'abuse : Finrod -> Finarfin / Felagund -> Finrod Felagund) dans un texte où le changement n'a pas été fait.

J'y ai pensé, mais je n'ai pas eu le temps de vérifier pour être honnête. Il est effectivement possible qu'il y ait un mélange entre les deux, car dans les brouillons du Silmarillion, Finarfin apparait sous le nom de Finrod, tandis que le futur Finrod Felagund est nommé Ingor Felagund. Mais même si c'était effectivement le cas, cela ferait de toute façon référence à la même personne, quelque soit son nom, non (je m'y perds un peu moi) ?

Tikidiki, Elendil, merci de vous recentrer sur l'Anneau de Barahir et ses serpents Smile
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
Répondre
#22
J'aime beaucoup ton explication Tiki. Smile

(25.03.2014, 15:34)Druss a écrit : J'y ai pensé, mais je n'ai pas eu le temps de vérifier pour être honnête. Il est effectivement possible qu'il y ait un mélange entre les deux, car dans les brouillons du Silmarillion, Finarfin apparait sous le nom de Finrod, tandis que le futur Finrod Felagund est nommé Ingor Felagund.
Pas si Christopher a traduit "Finrod" en "Finarfin" alors qu'il aurait du garder "Finrod" parce que si ce sont "les emblèmes de la maison de Finrod" plus besoin de s'embêter avec la question des serpents à Valinor. Smile Cela étant parler de "maison de Finrod" pourrait être abusif puisque celui-ci n'a pas de descendance (mais ça nous renvoi à toute la question du statut de Gildor Inglorion...)
Répondre
#23
Je me suis mal exprimé : j'aurais dû dire que je ne connaissais pas d'objet prédestiné. Même pour les objets trouvés par Tuor, il n'y a pas réellement prédestination, hormis dans le fait qu'ils sont destinés à être portés par le messager d'Ulmo. Mais Ulmo intervient volontairement pour faire de Tuor son messager et les cygnes que Tuor voit avant d'arriver à Vinyamar peuvent fort bien avoir été directement envoyés par Ulmo dans le but d'inciter Tuor à revêtir les armes frappées de cet insigne.

Pour Finarfin vs. Finrod, Kane indique que le passage correspondant à la description de l'Anneau de Barahir est tiré de la Route perdue (LRW, II/6/12-15). Le passage n'est pas intégralement cité dans RP et la description de l'anneau est absente. Mais Christopher Tolkien signale qu'il a justement procédé à la retouche Finrod -> Finarfin (LRW, p. 299), ce qui est cohérent puisque Finarfin se nomme encore Finrod à cette époque (Angrod et Egnor sont chacun nommés « son of Finrod » et le Felagund du Silm. est encore nommé Inglor Felagund, son of Finrod). En dépit du changement de nom, l'intention de Tolkien reste celle que j'ai exposée, sans hésitation possible.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#24
C'est un peu plus compliqué que ça. La description de l'anneau remonte à la première version du Lai de Leithian. La version publiée est une version un peu différente, je mets entre crochets les changements remontant à la première version que Christopher nomme A (p. 282-283 VF, vers 1087-1103). Pour éviter la déviation due à la traduction, je mets les vers en VO.

Citation :By this ring -
the token of a lasting bond
that Felagund of Nargothrond [< Celegorm of Nargothrond]
once swore in love of Barahir,
who sheltered him with shield and spear
and saved him from pursuing foe
on Northern battlefields long ago -
death thou canst give unearned to me
but names I will not take from thee
of baseborn, spy, or Morgoth's thrall!
Are these the ways of Thingol's hall?'
Proud are the words, and all there turned
to see the jewels green that burned
in Beren's ring. These Gnomes had set
as eyes of serpents twined that met
beneath a golden crown of flowers,
that one upholds and one devours:
the badge that Finrod [< Fëanor] made of yore
and Felagund [< Celegorm] his son now bore.

A la page 294 VF, Christopher note ainsi que :

Citation :Selon l'histoire antérieure présentée en A, l'anneau donné à Barahir était l’œuvre de Fëanor, le père de Celegorm. En B, l'histoire ultérieure fait surface, et l'insigne des serpents entrelacés est celui du père de Felagund, Finrod (Finarfin dans Le Silmarillion), qui apparaît maintenant pour la première fois (sans compter la note inscrite ultérieurement dans Les Enfants de Hurin, voir p. 108 et 182).

Si on en croit les textes, le motif qui est ultérieurement donné à Finarfin et sa maison n'a pas été inventé pour lui, mais bien pour Fëanor et sa maison, et qui plus est, forgé en Beleriand (cf. l'un de mes précédents messages).
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
Répondre
#25
Plus exactement, l'histoire en A affirme initialement que l'anneau a été fait par Finrod (le futur Finarfin), qui a ensuite transmis ce symbole à Felagund (le futur Finrod Felagund). C'est à ce moment qu'apparaît le motif sur l'anneau.

Dans un deuxième temps, l'ensemble de l'histoire est transmise à la famille de Fëanor, Fëanor lui-même remplaçant son frère et Celegorm son cousin.

Dans un troisième temps, Tolkien revient à la version antérieure et décide que le donateur de l'anneau à Barahir est bien (Inglor/Finrod) Felagund.

C'est décidément un problème complexe (un petit essai serait fort utile pour s'y retrouver), mais cela ne donne pas encore la clef de la signification de l'anneau.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#26
Oui mais dans la version antérieure avec Finrod et Felagund, le motif de l'anneau n'est pas identifié si je ne m'abuse ?
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
Répondre
#27
Faudra que je regarde ça en détail ce WE.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
Répondre
#28
Elendil a écrit :Plus exactement, l'histoire en A affirme initialement que l'anneau a été fait par Finrod (le futur Finarfin), qui a ensuite transmis ce symbole à Felagund (le futur Finrod Felagund).

J'essaie de suivre, et j'ai globalement compris. Mais ça, tu le vois où ? Tout ce que je trouve semble indiquer que Celegorm est le choix initial, c'est HoMe III, p. 169:
Citation :304 Celegorm A, emended to Felagoth and then to Felagund

Et p. 194 :
Citation :1087 A: that Celegorm of Nargothrond with Celegorm emended first to Felagoth and then to Felagund (as at line 304).

Où est-ce que la version A affirme initialement que l'anneau a été fait par Finrod ? Dans un autre passage ? Si oui, pourrais tu me l'indiquer ? Car là je sèche et je n'aime pas pas savoir. Smile

aravanessë
Répondre


Sujets apparemment similaires…
Sujet Auteur Réponses Affichages Dernier message
  Anneau de Barahir divitiac 1 4 999 27.01.2004, 11:22
Dernier message: Tar-Ciryatan
  Anneau Majeur contre Anneau Mineur Elesgal 3 8 283 28.11.2003, 17:45
Dernier message: Fëaros

Atteindre :


Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)