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Salut la Compagnie,
Je relisais hier soir avec délectation les Aventures de Tom Bombadil quand je suis tombé sur ce passage dans "Perry-le-Bigorneau" :
Citation :Le vieux Troll attristé s'assit pour pleurer
devant la barrière de Trous-prisons,
alors, Perry-le-Bigorneau se hissa jusqu'à lui
et lui donna une petite tape sur la tête.
"Mais pourquoi pleures-tu donc, gros balourd ?
Tu est mieux dehors que dedans !"
Anciens tunnels d'entreposage transformés sous le règne tyrannique de Sharcoux en prisons dans lesquels fut notamment enfermé le maire Will Pied-Blanc, la mention des Trous-prisons ne laisse de m'étonner.
Après le Nettoyage de la Comté, on peut en effet supposer que ces cachots furent détruits dans le cadre des travaux de restauration du pays des Hobbits.
De fait, comment interpréter cette évocation des Trous-prisons (sous la mandature du maire Pott) dans le poème ?
L'enfant ignorant qui se fait un jeu des exploits de son père ne croit pas se moquer, mais pense qu'il est le fils de son père
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Bonne question... Le poème est signé S.G., d'après la préface de Tolkien qui estime cette attribution tout à fait plausible. Mais de ce que je trouve dans les calendriers indique qu'après le nettoyage de la Comté, Will Piedblanc resta Maire jusqu'à sa démission en 1427. Après, c'est Sam qui prit sa place... Pas de mention de "Old Mayor Pott" à un quelconque endroit.
J'en déduirai que Sam a tout inventé, des noms de personnages aux noms de lieu... et qu'il a gardé "Trous-Prisons" de l'épisode noir de l'histoire de la Comté. Peut-être le nom était-il resté de façon non officielle ? (comme une certaine... "Sharkey's end" ).
"[Faerie] represents love: that is, a love and respect for all things, 'inanimate' and 'animate', an unpossessive love of them as 'other'."
J.R.R. Tolkien, Essay on Smith of Wootton Major.
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18.11.2008, 19:25
(Modification du message : 18.11.2008, 19:30 par ISENGAR.)
L'étude du mot "lock" permet peut-être d'attenuer un peu l'interprétation "prison" qui est rendue à la fois par Ledoux - et qui se justifie par le contexte du roman - et par Dashiell Hedayat - et qui se justifie moins dans le contexte du poème du bigorneau.
En fait, en revenant à l'étymon vieil-anglais, on peut faire émerger un élément d'explication.
Lock provient en effet de loc "bolt (verrou), fastening (fermeture), enclosure (barrière, enceinte)" et suggère effectivement une contrainte de passage. Mais pas forcément une contrainte de type carcéral.
Toutefois, si on peut supposer comme Robert Foster (Complete Guide to Middle-earth) que ces trous étaient à l'origine des magasins et des réserves abandonnés et détournés de leur usage habituel, rien n'empêche d'envisager qu'ils étaient déjà, et encore par la suite après un éventuel abandon, protégés par des portes verrouillées.
Ainsi, la traduction en trou-prisons par Ledoux est peut-être abusive, même si je le répète, elle s'intègre tout à fait dans le contexte de l'occupation de le Comté par Sharcoux.
Les Hobbits donnaient donc peut-être déjà ce nom de façon traditionnelle à ces cavées sans doute déjà closes depuis longtemps du fait probable de leur contenu protégé (nourriture, réserves diverses) ou du danger potentiel après leur abandon (voir nos vieilles champignonnières souterraines abandonnées et fermées par de lourdes grilles).
Cette tradition expliquerait peut-être l'utilisation de ce nom dans un poème humoristique et donc dénué du contexte tendu des événements relatés dans le Retour du Roi. Auquel cas, la traduction en trous-prisons par Dashiell Hedayat serait, cette fois, plus que certainement abusive.
Caves-closes irait peut-être mieux que trous-prisons... du moins dans le poème du bigorneau.
I.
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Hé héé, Isencariño, pour une fois, Dashiel Hedayat n'y est pour rien Il avait traduit :
Citation :Le vieux Troll s'assit tristement et pleura
Devant la barrière de Trou-de-Serrures.
Perry-le-Bigorneau se glissa jusqu'à lui
et lui tapota la caboche
(bon, ça n'enlève pas que la traduction reste bizarre, Perry traite Troll de "pauvre vieux machin"...)
Tant que j'y suis, la vo :
Citation :The old Troll sadly sat and wept
outside the Lockholes gate,
and Perry-the-Winkle up he crept
and patted him on the pate.
La traduction de Lockholes en "Trous-prisons" est de Ledoux uniquement, et Leroy a utilisé le même terme pour harmoniser.
Mais si "Lockholes" se traduisait autrement (Caves-closes me plait, y'a une allitération dedans, et ça cadre avec le sens), ça permettrait alors de dater l'action du poème avant le Nettoyage de la Comté, et avant que Will Piedblanc soit maire. Ce qui résout mon interrogation précédente
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Personnellement, j'aurais tendance à penser qu'il s'agit simplement de nonsense, cher au Professeur comme à Bilbo, et dont il ne serait pas illogique de penser que Sam en ait hérité (vu sa tendance à citer les poème du vieux Hobbit).
Au moins, ça a l'avantage de résoudre les éventuels problèmes chronologiques liés au maire Pott et au dernier des Trolls.
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18.11.2008, 23:10
(Modification du message : 19.11.2008, 00:21 par Tilkalin.)
Dans la "Nomenclature of the Lord of the Rings" (Hammond & Scull, RC, p. 772), il y a une entrée pour Lockholes:
Citation :The hobbit version of "lock-up (house)" : a place of detention.
Ce terme évoque donc clairement une cellule.
Dans The Ring of Words, également (p. 154-155) :
Citation :The lockholes are the Shire equivalent of prison. In early drafts of "The Scouring of the Shire (LR VI, viii) it sounds as if the Lockholes had existed before Saruman's ruffians took over the Shire ("they've made the old Lock-holes into a regular fort") ; but in the final text Farmer Cotton says "there's the Lockholes, as they've made into prisons".
In the late 16th century, both lock-hole and key-hole were introduced as terms fort the hole into which a key is inserted, but it was "keyhole" that became standard, and lockhole was available for Tolkien to adapt. The new meaning is his own creation, but it makes perfect sense. The word is respectably old, it is reminiscent of lock-up (a word that would be too moderne to use, being recorded only from the early 19th century), and it is well-grounded hitorically, given that hole can mean "dungeon or prison-cell" (OED : HOLE n.1, sense 2b, first recorded in 1535) - and, of course, among hobbits a hole is the equivalent of a building among the "Big Folk".
La note sur le manuscrit du "Nettoyage de la Comté" est intéressante. Toutefois, "Perry-le-Bigorneau" est inspiré d'un poème plus ancien, "The Bumpus", écrit vers 1928 pour les Tales and Songs of Bimble Bay.
De fait, ce mot est-il spécifiquement lié au contexte de la Comté dans "Perry-le-Bigorneau" ou bien date-il de l'écriture de "The Bumpus" ?
Quelqu'un aurait-il ce poème en sa possession ?
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19.11.2008, 10:20
(Modification du message : 19.11.2008, 10:21 par ISENGAR.)
Mmmh... ça va être difficle de remettre la main dessus.
Pour lock, je reviens à un passage de The Ring of words :
Citation :and it is well-grounded hitorically, given that hole can mean "dungeon or prison-cell" (OED : HOLE n.1, sense 2b, first recorded in 1535) - and, of course, among hobbits a hole is the equivalent of a building among the "Big Folk".
(c'est moi qui emphase)
Ici, can laisse la place au doute, non ?
Hole peut éventuellement signifier prison.
Mais j'avoue que ce concept de prison me chiffonne pour la Comté pré-Sharcoux... j'idéalise peut-être trop ?
I.
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Pas de trace de Bumpus chez moi... le poème doit dormir à Marquette.
Is' : des prisons pour enfermer des chapardeurs de pommes, ça me semble un peu exagéré, effectivement. Mais peut-être que ça appartient à un passé lointain, quand le Roi gouvernait, que les Shirrifs ne faisaient pas que veiller à ce que la barrière soit en place et que le Thain rendait la justice ?
ça me gêne toujours un peu, ceci dit...
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(19.11.2008, 10:31)Laegalad a écrit : Is' : des prisons pour enfermer des chapardeurs de pommes, ça me semble un peu exagéré, effectivement.
Lis-donc Les Misérables : c'est même au bagne qu'on les envoyait.
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(19.11.2008, 10:20)ISENGAR a écrit : Mais j'avoue que ce concept de prison me chiffonne pour la Comté pré-Sharcoux... j'idéalise peut-être trop ?
Je partage ton avis. J'ai du mal à voir "l'intérêt" de la société hobbite à enfermer des gens.
Les Hobbits jugent et punissent par le bannissement (Sméagol), et non par l'emprisonnement.
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Oui, l'histoire de Sméagol peut être un indicateur.
Mais attention, la société de la Comté au temps de Bilbo ne fonctionnait très certainement plus de la même façon que celle des tribus assimilées aux Stoors qui vivaient autrefois près des champs aux Iris.
I.
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Et puis, je trouve le bannissement pire qu'une peine de prison : c'est un rejet total de l'individu, un reniement de son appartenance au groupe social. J'ai plus de facilité à croire en l'existence de prisons dans la Comté pré-Sharkey que dans la pratique courante du bannissement.
Elendil : les Misérables, non merci, sans façon
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20.11.2008, 02:22
(Modification du message : 20.11.2008, 09:10 par Tilkalin.)
Le thème des Tales and Songs of Bimble Bay où apparaît "The Bumpus" pourrait éventuellement apporter quelques éléments pour tenter de comprendre l'emploi du terme "lockholes".
En effet, les différents poèmes de ce recueil (jamais publié) traitent des conséquences déplaisantes de la modernité au quotidien (thème que l'on retrouve dans Mr. Bliss). La ville de Bimble serait ainsi inspirée de Filey, une station balnéaire du Yorkshire défigurée par les magasins, les touristes et les détritus (M.D.C. Drout, J.R.R. Tolkien Encyclopedia, p. 533).
Dans l'un de ces poèmes, " The Dragon's Visit", un dragon amical (du Finis-Terre !) est victime des habitants de Bimble, alors qu'il souhaite chanter. Peu de temps avant de mourir, il déplore la décadence du monde moderne. Or, dans "Perry-le-Bigorneau", il est également question d'un "gentil" monstre, un Troll, qui se voit rejeté par les habitants de Grand'Cave, alors que c'est un excellent boulanger-pâtissier.*
S'agit-il alors pour Sam Gamegie de "sensibiliser" ses contemporains aux risques de la perdition de la Faërie (que pourrait symboliser le rejet du Troll et sa réaction*) dans une société qui se mécaniserait et se viderait de son âme (et que représenterait alors les "trous-prisons"), à l'instar de celle qu'instaurent Sharcoux et ses ruffians en Comté à la fin de la Guerre de l'Anneau ?
* ses talents (et, au-delà, la thématique) ne sont pas sans m'évoquer sous certains aspects ceux d'un certain Maître Queux de Grand Wootton...
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Oooh, le joli poème du Dragon dans le cerisier ! Merci beaucoup, Tilk', pour la découverte Le ton ressemble à celui de Mr Bliss, effectivement (qui fait partie de ma liste de Noël, d'ailleurs ).
Tilk a écrit :S'agit-il alors pour Sam Gamegie de "sensibiliser" ses contemporains aux risques de la perdition de la Faërie (que pourrait symboliser le rejet du Troll et sa réaction*) dans une société qui se mécaniserait et se viderait de son âme (et que représenterait alors les "trous-prisons"), à l'instar de celle qu'instaurent Sharcoux et ses ruffians en Comté à la fin de la Guerre de l'Anneau ? L'idée est intéressante, mais peut-être un peu capilotractée ? Si l'on considère que Sam a écrit ces poèmes après la reconstruction de la Comté, je ne sais pas si un avertissement était nécessaire : c'est une période de renouveau (pour toute la Terre du Milieu, d'ailleurs ; en témoignent Mirkwood qui fut renommé en "Eryn Lasgalen", Legolas parti en Ithilien pour la reconstruire, l'amitié Elfes-Nains repartie de bon pied, le Roi de retour, les enfants Hobbits naissant avec la chevelure dorée, les mariages multiples et la qualité de la bière). Certes, les Elfes partent, mais leur influence bénéfique perdure encore*. La Faërie baigne de nouveau la TdM. Pourquoi un avertissement, et s'il doit en faire un, pourquoi serait-il si peu visible ?
Je veux dire : les Lockholes (quelque traduction que l'on fasse, Trou-prisons ou Caves-closes) existaient avant Sharkey. Il est probable que le terme soit employé sans que l'on réfléchisse trop au sens (après tout, réalise-t-on que Le Bessat signifie "boulaie", Les Rouches "lieu planté de joncs", ou pour prendre un toponyme qui te parlera mieux, qu'Asnière est lié aux ânes ? A part quelques passionnés de toponymie, qui vont chercher dans le patois d'où viennent les noms, la majorité des gens s'en contrefichent. Je suis sûre d'être la seule de mon quartier à savoir que "Baraban" signifie "Pissenlit" en lyonnais ).
Le thème de l'étranger rejeté alors qu'il a des qualités cachées me rappelle
Aragorn : "tout ce qui est or ne brille pas"... C'est Sam qui avait été le plus méfiant à son égard, il n'a pas dû l'oublier
Et puis en guise d'avertissement, The Sea-Bell est autrement plus flippant
J'aurais tendance à ne pas chercher plus loin... de façon interne.
Après, effectivement, si on place le poème dans le contexte que tu cites, peut-être Tolkien a-t-il voulu placer un avertissement... Là, même sans avoir l'ensemble des poèmes, ça me semble plus probant.
Citation :* ses talents (et, au-delà, la thématique) ne sont pas sans m'évoquer sous certains aspects ceux d'un certain Maître Queux de Grand Wootton...
Je n'y avais pas pensé ! (j'ai honte ). Je pensais plutôt à Beorn et ses pâtisseries à se pâmer...
* comme dans Princesse Mononoke, avec l'Esprit de la Forêt : il meurt, mais revivifie toute la terre ce faisant. Quand je dis que Miyazaki, c'est de la Culture
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